par meocli » sa fiche K
» 23 Oct 2018, 08:48
J+2: après une journée de pluies torrentielles, trop de voiture et la gastro de mon fils (sympa la voiture de location!), nous voilà à Saint-Philippe pour une semaine: repos.
(D’ailleurs, s’il y a des kikous vers le sud sauvage, amateurs de bonne bouffe, n’hésitez pas...)
Je ne rentrerai pas dans les détails trop personnels, mais me voici de retour à la Réunion, 25 ans plus tard (j’avais 14 ans) et un traumatisme à affronter.
Ce t-shirt, je le voulais; c’est probablement la principale raison pour laquelle je me suis mis à courir.
Ce J’AI SURVÉCU prend enfin, pour moi, tout son sens.
Bref, vous l’aurez compris, énormément de psychologique à gérer; peut-être probablement pour ça aussi qu’il me fallait me rajouter la Ronda et le Tor la même année. 3 ultras des plus difficiles pour atteindre un apaisement que je n’imaginais pas.
J’ai pleuré comme jamais: ça fait un bien fou!!
Voilà pour la séquence émotion.
Côté course, un laxisme dans mon organisation que je ne me connaissais pas:
Arrivée à l’arrache à 11h55 au retrait des dossards.
Pizza Vapiano à 2h du départ (très bien d’ailleurs).
Chargeur de frontale dans le sac de Cilaos: c’est bien, mais je fais comment à Sans-souci?
Me voilà en quête de piles parce que je n’en ai pas pris de rechange (j’ai dû me croire au Tor mais là, le sac ne suit pas). Merci d’ailleurs à ceux qui m’ont dépanné, même si ça n’a servi à rien: c’est la frontale qui a lâché sur le chemin des anglais!!
iPod HS après 2h de musique, iPhone 4 (même pas S) en mode survie car pas pris le chargeur non plus, pas de buff, rien pour la douche à Sans-souci, etc.
Quand j’ai ouvert le sac à la base-vie, je me suis marré tout seul.
Je me place quand même très correctement dans le sas de départ.
L’attente est supportable et je pars au taquet (enfin, pour moi). Ambiance de folie!
Mais quelle idée, je ne sais pas courir (en pointe sans sac, je suis à 12km/h)?! Alors là, je bourrine comme je peux jusqu’à Vidot. Je ne suis pas dans le rouge (je ne sais pas faire), mais ça ne sert vraiment à rien!
Tant pis, j’aurais essayé et puis finalement pas tant de bouchons que ça (on est quand même à la Réunion!) En gros pendant une heure, c’est la file indienne, mais ça avance.
Je me suis quand même vautré méchamment en essayant de doubler (aïe, aïe, la sciatique...) Du coup, je me calme définitivement.
Et jusqu’à Kerveguen, je fais mon chemin: bonne montée (en tout cas, je double; confirmé par Bouzin); dès que ça redevient plat, je trottine à allure marche. Bref, je gère; comme d’hab.
Les pieds font mal (fameux ulcère du Tor), mais c’est tout-à-fait gérable (je ne suis pas obligé de chercher mes appuis à chaque pas comme en Italie). Surtout, ça ne s’aggrave pas (confirmé par le changement de chaussettes à Mare-à-boue). Je vois que ça a été bien attaqué en profondeur, mais la nouvelle peau en surface tient le coup (et cela jusqu’au bout: ouf).
Mon seul regret sur cette première partie: ne pas avoir croisé de Kikous alors que nous étions plusieurs à moins de dix minutes: la prochaine fois je me mettrai un panneau!!
Mais voilà qu’arrive la decente sur Mare-à-Joseph.
Déjà que je suis hyper prudent habituellement, là, je ne suis pas loin d’être tétanisé. Le sol est humide, ça glisse, mes chaussures sont beaucoup trop usées, je me fais doubler de partout et perds un temps monstre.
Le moral en prend un coup; les ravitos rébarbatifs me gonflent; pour revenir un peu je décide de faire simple à Cilaos: pas de douche, une assiette de pâte, je me change et basta (en zappant le chargeur et les piles...)
La montée au Taïbit se passe; pas si dur finalement. On est loin des 1800 D+ des Alpes et il fait (un peu) moins chaud en fin de journée.
Et là, c’est le drame: catastrophe à Marla, pas de pâte. Enfin, à peine une louche pour partager.
Moi, je m’en fous de partager; j’y retourne trois fois. Je sais que ça ne suffit pas (mon quota de 350g avant cuisson n’est pas atteint.) Je repars vénèr.
Et ça ne manque pas: la montée jusqu’à la plaine des merles avec les rondins me tue; je titube.
J’ai la nausée et que du sucré sur moi qui ne passe pas du tout. Les cacahuètes trop pâteuses et j’en chie... Grave.
Bêtement, je m’obstine à avancer car je n’ai pas l’impression d’être fatigué.
Je ne vois pas du tout que nous sommes tous dans le même état, et qu’en plus je remonte sensiblement au classement (ce que Bouzin m’a appris ce matin).
Finalement, j’arrive à Grand-place. Du retard sur mes prévisions (et pas loin de la BH), toutefois, je prends enfin une bonne décision: je range mon sac, la lampe, etc. Je dors 20 mn et repars avec le lever du jour: magnifique.
Vues imprenables de Mafate sous un ciel sans nuage.
J’ai des jambes de feu et les marches ne me font même pas mal; j’enchaîne jusqu’au Maïdo sans difficulté (en plus, ça se couvre pour nous éviter la chaleur). Grosse ambiance en haut!
Ça, c’est fait.
La descente sera moins glorieuse; la famille m’attend. Je dois pourtant m’arrêter pour dormir.
Et je peste contre l’orga qui empêche même mes enfants de renter dans l’espace coureur. Pas très glamour le rougail chacun d’un côté du grillage.
J’hésite à dormir, mais ils m’ont attendu 2h; je repars donc avec eux (17h30) pour passer la montée avant Kaala de jour. Tout va très bien même si les portions techniques commencent sérieusement à me gonfler...
Un bon quart d’heure de prise de tête avec la frontale, les piles récupérées, pour finalement finir avec la Petzl à 25 euros y a 6 ans! Et petite averse juste pendant la descente sur Grande chaloupe qui me fait définitivement maudire les semelles Asics usagées!
Sinon, globalement, cette troisième nuit se passe bien. Dommage que Bouzin ait planté parce que je pense que je reprends des places au Colorado.
Sur la dernière descente, je prends, cette fois, volontairement mon temps. La famille est en retard et c’est la première fois qu’ils viennent me voir. Ça serait con qu’ils me ratent!!
J’ai même placé un gag à l’arrivée (prévu cette fois); ça marche moins bien qu’au Tor, mais ça a fait marrer quand même (s’il y en a qui trouve la vidéo, n’hésitez pas (j’suis une ouiche en informatique): dossard 282).
Dodos sous toutes ses formes à l’arrivée!
Malgré les points qui m’ont fait râler, course géniale, sûrement organisée de mains maîtres car la foule ne m’a quasiment jamais dérangé (pas plus qu’au Tor, alors qu’on était quatre fois moins nombreux sur deux fois plus long!), paysages et parcours dantesques, public fou (j’ai beaucoup aimé la montée vers Kaala le samedi soir où j’ai eu droit aux marmailles distribuant de la limonade), ravitos parfaits et créoles à partir du Maïdo...
Cool, cool, cool!
C’était tout simplement génial.
Maintenant: rien. Et ça, c’est bon!
(Enfin je surveille quand même de près cette rumeur de Tor XL; pour mes 40 ans, ça serait beau.)