par bubulle » sa fiche K
» 08 Juil 2024, 08:42
Un "petit" (AHEM) résumé de ce qu'il s'est passé au Col de Serenne. A la fois pour Nath et moi, et aussi largement pour d'autres coureurs.
Déjà, pour ceux qui ne connaissent pas le coin et qui n'y sont pas passés, une description du parcours sur cette section entre le ravito de La Barge et le Refuge (et ravito) de Basse Rua :
Comme cela a déjà été expliqué, ce changement de parcours était dû à l'impraticabilité du Col des Houers. Du fait de son altitude bien plus élevée (2871m eu lieu de 2674m à Serenne), les névés, notamment du versant Nord, étaient bien trop dangereux. Ce changement imposait une très très longue descente de la vallée de l'Ubaye, partiellement sur sentier plus ou moins le long du torrent, et partiellement sur la route. Ceux qui l'ont fait vous confirmeront que c'était une belle purge.
Le Col de Serenne lui-même est en gros en deux parties sur son versant Sud. Au départ de Saint-Antoine, on traversait la route pour entamer une montée extrêmement raide (à peu près 500D+ sur 1,6km, donc une moyenne de 30% environ). La deuxième partie est la longue (très longue) remontée du Vallon de Serenne, bien plus "facile" (530D+ sur 3,7km donc 10-15%). La descente est elle ausis en deux parties : d'abord celle du Vallon Laugier, peu pentue encore (520D- sur 5km) puis une plongée rapide sur le Vallon de Rif Bel (380D- sur 2,2km).
La longueur et la difficulté très importante de la montée et AUSSI la longueur très importante de la descente ont leur importance.
Nous avons démarré l'ascension de Sérenne aux alentours de 22h30 (je n'ai pas encore exploité ma trace). J'étais quelques minutes derrière Nath qui avait pris les devants dans la Col Girardin après que nous ayons fait la montée depuis Ceillac ensemble. Je pense avoir mis environ 2h pour monter (à confirmer : c'est ce que prévoyait mon roadbook et je le respectais plutôt bien).
L'ascension a démarré dans des conditions très légèrement pluvieuses. Précédemment au passage du Col Girardin, nous avions essuyé un vent très fort que j'estime orienté Nord-Est. Nous y étions passés sans pluie alors que, a priori, les prévisions météo les plus fraîches tablaient sur de possibles fortes averses en début de soirée, donc plus ou moins à notre passage. En pratique, pendant toute l'heure de descente entre La Barge et Saint-Antoine, je n'ai pas souvenir de pluie importante et, dans cette vallée très encaissée, nous étions protégés du vent.
Côté équipement, j'étais en t-shirt sans manche et veste de pluie Evadict, avec des gants assez légers (les gants Evadict avec sur-moufles imperméables intégrés). Sur la tête, un buff et en permanence la capuche de la veste (pour ceux qui connaissent, ces vestes sont pour moi très bien conçues et bien étanches....mais cela reste de la veste de trail classique 10000/10000). Dans le sac, un bas long et un haut long avec manches, dans des poches étanches. En gros, j'avais décidé de partir "dans une bulle" et ne pas en sortir.
Toute la partie raide s'est faite à allure très très lente après voir descendu la section de liaison en environ 1h en ne courant pas un mètre (mais en marchant très vite). J'estime avoir mis 1h pour monter cette section initiale et l'effort faisait que je n'avais aucunement froid. Il ne pleuvait quasiment pas et j'ai du la terminer vers 23h15 (à confirmer avec la trace). Pendant toute ces partie, nous avions des sommets à notre droite (donc, au NE) et pas de vent du tout. Ni, donc, de pluie.
Tout a changé dans le vallon de Sérenne. Certes, d'un côté, cela devenait beaucoup plus facile : terrain très roulant sans cailloux, pente faible. Mais, d'une part fatigue accumulée et, surtout, le vent de NE qui se mettait à nous déferler dessus pendant que la pluie est devenue progressivement de plus en plus forte.
Je ne ressentais pas particulièrement de froid sauf aux mains. Je suis déjà naturellement sensible de ce côté là, mais j'avais fait le maximum de ce que je pouvais faire (alors qu'il m'est parfois arrivé de mettre des gants trop tard). J'ai monté tout cela tout seul sans trop jamais même savoir où j'en étais de la montée car les conditions faisaient que même regarder la montre en mettant mes lunettes portables de vue pour lire l'altitude (je savais évidemment l'altitude d'arrivée) était un effort trop difficile. Seul objectif : les petites lumières des prochains fanions.
Pendant ce temps, la pluie n'a pas cessé de se renforcer. Sans être très très forte (je n'ai jamais senti que la veste ne résistait pas), elle était constante. Et les appuis commençaient à devenir de plus en plus difficiles en montée.
Et le vent était quasiment constant (si vous regardez la carte, les crêtes au NE de ce valon sont relativement loin).
Je me suis vu arriver au col presque par hasard et là, les événements se sont enchaînés très vite.
A peu près à quelques dizaines de mètre du col, j'ai commencé à voir plusieurs frontales bouger un peu de droite et de gauche et entendre des voix assez fortes. Dès mon arrivée à 10 mètres du col, ce qui était manifestement "quelqu'un de l'orga" était en train de dire au couple qui arrivait juste avant moi de ne plus avancer vers le col et attendre car il se produisait "quelque chose" au col et il ne fallait pas que les coureurs y montent. J'ai rapidement entendu mentionner le mot "hélico" sans plus de détails. Donc, avec le couple et avec l'aide de ce secouriste (V. : je préfère ne pas donner son prénom) nous avons donc essayé de nous trouver un endroit à l'abri du vent. V. nous a demandé de nous protéger le mieux possible avec nos couvertures de survie et nous serrer le plus possible entre nous. Il a commencé à aider la jeune femme du couple à se protéger (aller mettre une couv. de survie seul dans 50 à 80 km/h de vent, sous la pluie!).
Pendant ce temps, moi je galérais totalement rien qu'à sortir la couv. de survie du sac, puis à la déplier, puis à m'y enrouler assez vainement dedans : doigts gelés et extrêmement rapidement, je me suis mis à trembler de partout. Et c'était pareil pour la jeune femme.
Fort heureusement, j'avais un peu "fait le trou" en montant et aucun autre coureur n'arrivait. Donc, presque immédiatement, le responsable du poste (L.) a pris la décision de nous faire remonter en urgence dans leurs tentes. Le couple a été injecté à grande vitesse dans la tente de leur matériel et moi, encore plus vite, dans ce qui était initialement leur tente "de vie". Et V. m'a "pris en main" dans la tente où j'ai découvert.....un autre coureur (J.) dont j'ai appris qu'il était là depuis une heure et était enroulé dans un duvet, une couv. de survie et des couvertures "thermiques chauffantes".
En quelques secondes, le coureur trempé (et très boueux!) que j'étais a été transformé, avec ses faibles moyens (je tremblais énormément, sans contrôle), et l'aide de V. (et même de l'autre coureur), en un genre de saucisson, avec tout ce qui leur tombait sous la main (plus de duvet, mais des couv. de survie, des couvertures "chauffantes"), etc.
J'ai appris plus tard que ma température corporelle aurait été mesurée à 33°C à ce moment là. Aux dires de L., ils ont jugé que je devais être mis dans la tente qu'ils avaient déjà identifiée comme la tente des "cas les plus préoccupants", sous surveillance permanente d'un des secouristes.
Et tout cela, alors que 3 à 5 minutes avant, j'étais encore un trailer en train d'arriver, certes très mouillé et avec "très froid aux mains", à un col en pensant repartir de l'autre côté.
Tout en faisant le maximum pour essayer d eme réchauffer avec leurs faibles moyens, V. nous a expliqué que "de l'autre côté c'est encore pire pour le vent et la pluie", donc il a été très très vite évident que ni l'un ni l'autre d'entre nous ne repartirions. Sans parler des (a priori trois autres) personnes qui étaient dans l'autre tente, dont le couple avec qui j'avais tenté de m'abriter.
Pendant tout ce temps, je suis resté bien conscient de ce qu'il se passait autour (par les bruits), notamment parce que (je l'ai appris après), V. était resté justement pour cela, et vérifier que je ne m'endormais pas et que j'arirvais à me réchauffer. Et l'autre coureur, J. a été super en cela aussi alors qu'il m'expliquait que cela faisait en fait 1h qu'il était là, et initialement dans le même état que moi. En fait, c'est lui qui avait été arrêté le premier et c'est pour lui qu'il était en train de se décider un secours hélico.
Et, en gros, ce qui s'est alors organisé, c'était de préparer les lieux pour DES évacuations en hélico. L'alternative était de nous faire redescendre par nos propres moyens vers un point d'évacuation situé à 45 minutes à pied, près de la Cabane des Couriets (sur le versant de Vars). Mais cela voulait dire partir sur le versant le plus exposé au vent et obligatoirement avec un secouriste par "évacué". Or, on était potentiellement 6 à évacuer et cela voulait quand même dire de remettre nos vêtements trempés par desuss le peu de sec qu'on avait pu utiliser de nos propres sacs. Je crois que nous nous sentions tous incapables de faire cela et eux nous jugeaient à juste titre incapables de le faire, aussi. D'autant que cela voulait dire de déplumer une équipe de...3 secouristes.
Ce que j'ai appris après, c'est qu'ils ont alors choisi de profiter de disposer d'un endroit quasiment plat permettant à l'hélico de se poser. Et aussi qu'il n'y avait pas de brouillard (alors qu'il y en a parfois eu sur les cols, dans la journée). Par contre, cela nécessitait d'interdire le passage de tous les coureurs qui arrivaient et, surtout, l'extinction absolue de toute source de lumière (les hélicos du PGHM sont équipés de vision nocturne). Je crois que j'entends encore L. hurler des dizaines de fois "éteignez vos Petzl!".
L'avantage de l'hélico, aussi, est que cela a permis d'amener très rapidement un médecin (du PGHM, je crois bien) sur place pour évaluer nos états respectifs en complément du gros travail déjà fait par l'équipe sur place. Ce qu'a permis de faire une première rotation.
Entre les rotations, les secouristes sur place ont du gérer les coureurs qui continuaient à arriver. Là, je ne sais pas trop comment ça s'est passé très précisément, mais le jugement sur place étant que la descente par le tracé de la course étant jugée risquée (descente beaucoup plus longue et aussi, selon le jugement de l'équipe encore plus exposée au vent), le moins pire pouvait être de faire redescendre par où ils étaient montés, ceux qui arrivaient. Je ne sais pas si ça s'est fait, mais en tout cas, je crois que la décision d'arrêter dès que possible les coureurs à Saint-Antoine (où il n'y avait aucun bénévole en poste) a été prise très vite.
Je pense au final qu'en fait, ils ont fait passer les coureurs vers la descente avec le plus de recommendations possibles et en évitant d'en immobiliser trop longtemps (uniquement sur les rotations d'hélico). Et là aussi, c'était sûrement la bonne décision, à ce qu'il me semble.
La deuxième rotation est arrivée "quelques minutes" après la première et a embarqué mon "collègue de tente" qui a enfilé un peu ce qu'il trouvait de ses fringues éparpillées dans la tente, au milieu d'un bordel sans nom (et de moi qui recommençait ponctuellement à grelotter mais commençais à me stabiliser).
Et, dans le même timing, la troisième rotation : là, en gros on m'a dit de me préparer à sortir de la tente quand on me le dirait après avoir enfilé ce que je pouvais, en laisser toutes mes affaires autres sur place : "dès qu'on te le dit, tu te lèves, tu sors de la tente, je t'aide, on monte le plus vite possible 20 mètres au-dessus, tu t'accroupis, tu protèges les yeux, et dès que l'hélico se pose et reste baissé, tu montes dedans et tu laisses faire les gendarmes". Je dois dire que, sur le coup, on fait tout sauf le fier.
Sauf quand on entend juste après "bon, avec le Monsieur de le tente, on emmène aussi Nathalie". COMMENT CA, NATHALIE ? Et c'est là que je comprends que dans l'autre tente, celle qui reste, c'est notre FWN à nous qu'on a. Ce qui se confirme quand on se retrouve tous les deux accroupis en baissant la tête avec un hélico au-dessus de notre tête. Je ne vous dis pas la tête à Nath quand elle a vu que c'était moi qui partais avec elle!
Et, 3 minutes plus tard, on était avec Nath en un endroit inconnu (de moi, en tout cas, j'avais juste entendu "Jausiers") à faire le débarquement de victimes qu'on voit faire dans les films...et se retrouver groupés avec notre 4 autres compagnons d'infortune avec autour de nous des tas de gendarmes, des pompiers qui ont été aux petits soins pour nous 6 qui, en fait se remettaient plutôt bien.
En pratique, Jausiers, c'est dans le 04 parce que c'est le PGHM du 04 qui a géré ces secours, le col étant à la limite des 2 départements, mais nous venions du 04.
Au final, en discutant, on a à peu près refait le film des événements sur ce col.
Cela a commencé par J. qui passait 1h avant nous et qui en arrivant au col (il commençait à pleuvoir fort et le vent était très violent, il l'est resté tout le temps) a dit que ça n'allait pas fort. Il présentait tous les signes d'hypothermie.
L'équipe a commencé, donc par gérer son cas, tout en voyant progressivement arriver (toutes les quelques minutes) des coureurs en états de moins en moins bons.
C'est, je pense, au moment où l'évacuation de J. se décidait qu'ils ont vu arriver Nath au col, qui a répondu qu'elle avait vraiment très froid. Elle présentait a priori tous les signes d'hypothermie....et là, paf, ils se retrouvent avec 2 victimes.
Puis la préparation des conditions d'évacuation hélico, l'arrêt des premiers coureurs (nous) et là, bim......3 victimes de plus! Puis une sixième arrivée, il me semble dans les suivants. Cela sentait l'effet boule de neige qui pouvait devenir dramatique. Et....trois secouristes en haut de ce col.
Est-ce de la chance ou bien est-ce la bonne gestion par l'équipe (et aussi le PGHM et le PC Sécurité), là je ne sais pas dire. Mais j'ai par contre été témoin de la très grande efficacité de tout ce petit monde, le professionnalisme de tous et le sang-froid du chef d'équipe, là-haut.
Chapeau bas à tous car nous vous devons d'avoir pu passer une journée normale ce dimanche (et boire pas mal de bière avec les potes, et refaire le monde et la course, pour ce qui me concerne).
Et cela, pendant que, ailleurs, d'autres décisions devaient être prises : la fin de parcours qui posait problème, devoir décider d'arrêter ou pas la course à cause de cela, gérer les nombreux coureurs arrêtés dans l'Ubaye. Et même les divergences de point de vue sur ce qu'il fallait décider ou pas. Je ne sais pas dire, mais moi j'ai juste vu des gens gérer ce qui pouvait devenir un moment dramatique (avec moi dedans aux premières loges) et le bien gérer avec les moyens dont ils disposaient.
Est-ce qu'on pouvait anticiper cette évolution météo ? Il n'était pas a priori pas du tout prévu qu'il pleuve toute la nuit avec un vent pareil. Est-ce qu'on pouvait nous arrêter quand nous sommes passés à La Barge? Je ne suis pas certain non plus, ce n'était pas DU TOUT l'ambiance qu'il y avait alors au ravito. Quand j'y suis passé, cela blaguait un peu sur le temps, il me semble, mais je voulais entrer dans ma bulle de la nuit, donc je suis resté concentré sur ce que j'avais à faire et en gros à me dire qu'il me restit une nuit entière pour faire 30 kilomètres. Nous venions de passer le Col Girardin dans des conditions somme toute assez gérables : un vent très fort au sommet, mais pas de pluie. J'y avais discuté avec le seul bénévole présent là-haut qui m'avait dit avoir essuyé un moment très difficile pendant 30 minutes, vers 17h30 (nous étions alors à Ceillac) avec vent très fort et forte pluie (donc un peu ce que nous avons eu plus tard eu Sérenne). Mais j'ai l'impression que cet épisode était alors au vu des prévisions du moment, le dernier qui devait avoir lieu. Très clairement, donc, vers 21h à La Barge, c'était l'état d'esprit qui prédominait. Y avait-il des informations contraires, je ne sais pas. C'est sûr qu'a posteriori, il est facile de se dire qu'on n'aurait pas du nous envoyer monter au Sérenne. C'est d'ailleurs ce qu'on décidé, souvent d'eux-mêmes, les quelques dizaines de coureurs passés 2h plus tard pendant, d'ailleurs, que se prenait la décision de bloquer les coureurs au pied du Sérenne. Cela, je l'ai su d'un de ces coureurs, qui a arrêté de lui-même à La Barge avec une quinzaine d'autres....et qui, faut de navettes disponibles pour rapatrier tout le monde, a fini par être amené par....les gendarmes locaux au PGHM de Jausiers pour être rapatrié avec nous.
La suite de la nuit a été encore longue pour Nath et moi. L'équipe locale de gendarmes et pompiers s'est d'abord assurée que nous allions bien et que nous pouvions être rapatriés sans assistance médicale particulière. J'ai l'impression qu'on a vraiment été chouchoutés par tous ces professionnels qui sortaient de leur astreinte pour monter cette mini cellule médicale d'urgence dans le local d'instruction du PGHM. Merci encore à tous.
Nos 4 compagnons de baptême improvisé d'hélico ont été rapatriés par des proches qui étaient déjà du côté Ubaye et avaient donc relativement moins de route pour venir les récupérer. Après un peu d'hésitation, j'ai préféré jouer la prudence et ne pas demander à Elisabeth de venir nous chercher : nous logions à Ville-Vieille et cela signifiait quand même 2h45 de route aller-retour en pleine nuit, via un col de montagne à 2200m. Nous pouvions donc attendre qu'une solution côté orga puisse être trouvée pour nous ramener à Guillestre, sans urgence. On a donc vécu la vie (très calme à nouveau) du PGHM04 de Jausiers, avec la présence régulière de l'officier ou sous-officier de permanence qui s'assurait que nous allions bien et nous tenait au courant des possibilités de rapatriement. Finalement, c'est Lucie, de l'équipe d'organisation, qui est venue nous chercher avec, donc, le coureur revenu de La Barge et avec qui nous avions partagé son expérience de descente du Girardin sur l'Ubaye sous une pluie battante et dans des conditions devenues très délicates (risques de glissade, avec un passage assez court, mais un peu exposé au-dessus de barres rocheuses, où le faux pas est un peu interdit).
Et, en gros, vers les 6h30-7h du matin, nous étions de retour, en parfaite santé à Guillestre, en conclusion de ce qui aurait pu être vraiment dramatique si la situation avait dégénéré (pas tant pour nous que pour d'autres coureurs). Et on a eu tout le temps ensuite pour découvrir tout ce qu'il s'était passé par ailleurs sur la course, notamment l'arrêt définitif à Basse Rua après que les coureurs aient initialement été détournés sur une fin de parcours qui shuntait le passage sous le Pic d'Escreins. Découvrir aussi que la descente du Col de Sérenne s'était avérée moins exposée à des conditions météo très difficiles qu'imaginé (mais cela, au col lui-même, je défie quiconque de l'imaginer). Découvrir aussi que nos super secouristes du col avaient finalement du redescendre eux-mêmes et leur matériel complet (y compris les diverses affaires de trail de leurs victimes, donc nous!) par cette montée infernale. Le but était alors de s'assurer, tout simplement, qu'il ne restait pas de coureurs entre le haut et le bas du col. Rappelons en effet qu'il n'y avait pas de pointage en haut de Sérenne, donc pas de décompte possible des coureurs manquants à l'appel.
Je dois dire qu'ils étaient, eux, un peu énervés d'avoir du faire cela eux-mêmes pendant que l'équipe du PGHM redescendait beaucoup plus facilement par l'accès alternatif côté Vars. Il y a eu clairement des points de tension entre l'équipe d'organisation et les autorités de la gendarmerie (encore un peu plus compliquées, peut-être, par le fait qu'il y a deux départements concernés, donc deux PGHM). Mais là, je suis plus dans l'inconnue et les hypothèses gratuites.
En tout cas, pou rma part, je ne peux (et je pense que Nath est d'accord) être épaté par le professionnalisme et le sang-froid de tous ceux qui se sont occupés de nous....et de tous les autres coureurs. Vivre une crise de l'intérieur amène beaucoup à relativiser sur les jugements qu'on peut porter dans les situations d'accident. A nouveau (mais moins dramatiquement qu'à l'UTHG), la montagne nous a rappelé que l'ultra-trail en montagne n'est pas une simple activité de loisirs et qu'on doit y être prêt. Et que même si on y est prêt (je pense que nous l'étions), la bascule entre des moments simplement difficiles et un accident peut être très rapide.
Ne l'oublions peut-être pas quand on râle sur le prix des organisations et des courses que nous faisons. Les secours dont nous avons bénéficié, ils sont tout sauf gratuits. Il aurait même fallu plus de monde à ce col pour éviter ces moments très critiques ou, du moins, pouvoir les gérer avec moins de stress. Mais, pour cela, il n'y a aucun miracle : il faut de l'argent. L'ultra-trail est un sport cher? Oui. Mais il devrait même l'être encore plus, peut-être. Ou alors nous devons être prêts à en subir les conséquences, il faut choisir.
Il aurait certainement aussi fallu avoir 1 ou 2 bénévoles non secouristes en plus là-haut, pour que l'équipe de secouristes puisse se concentrer encore plus sur leur travail. Mais les bénévoles de "postes montagne", ça ne se trouve pas sous le sabot d'un cheval. Les 3 gars là-haut ont passé deux jours entiers au sommet de ce col, en incluant les trajets de montée et de descente, sans relève. Idem pour le bénévole, tout seul, de Girardin. Là aussi, si on veut que nos courses continuent à avoir lieu, il faut y penser. D'ailleurs l'organisation du GRGQ en est même à payer des bénévoles locaux pour être totalement certains qu'ils seront en poste pendant toute la course sur ces points particuliers, apparemment. Bref, on pourra certes faire du yakafokon à l'envie après ce week-end. Mais moi j'ai juste vu une équipe admirable pendant 3 jours, et des organisateurs passionnés qui méritaient bien qu'on leur montre toute notre admiration et notre estime hier soir (je fini ce très long "récit" ce lundi matin). Et cela, il fallait vraiment le dire.
Merci à vous si vous etes arrivé au bout de ce long pseudo récit de course. Le vrai récit viendra plus tard. Je n'ai pas terminé mon 100km, mais j'ai fait une superbe course dont je suis fier et, en fait, c'est comme si je l'avais terminé....et envisager le prochain. Et j'imagine que Nath, avec qui j'ai désormais un moment exceptionnel de plus, pense à peu près la même chose. Et c'est sans compter les moments "partagés" avec Elisabeth....imaginez ce que ça a été pour elle d'apprendre à 2h du matin que son chéri avait été évacué en hélico.
On avait vraiment bien mérité les 3 ou 4 bières à l'arrivée....et la connaissance ultime, juste au moment de partir, avec notre kikoureur DJ Gombert qui s'occupait de la caisse des bières (il me reste un bon pour 2 bières, d'ailleurs) !