Grand Raid du Guillestrois-Queyras : 5-7 juillet 2024

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Grand Raid du Guillestrois et du Queyras - 45 km 2024 - Guillestre
avec 16 récits au total, 2 vidéos, les résultats
Grand Raid du Guillestrois et du Queyras - 64 km 2024 - Guillestre
avec 1 kivaoù, 16 récits au total, 2 vidéos
Grand Raid du Guillestrois et du Queyras - 100 km 2024 - Guillestre
avec 5 kivaoù, 2 récits pour 2024 et 16 au total, 2 vidéos
Grand Raid du Guillestrois et du Queyras - 25 km 2024 - Guillestre
avec 1 kivaoù, 16 récits au total, 2 vidéos
Grand Raid du Guillestrois et du Queyras - 164 km 2024 - Guillestre
avec 4 kivaoù, 1 récit pour 2024 et 16 au total, 2 vidéos


Messagepar Spir » sa fiche K
» 06 Juil 2024, 12:50

st ar a écrit:Abandon pour ma part !
Plus de jus après le marlif. La descente vers abries est interminable je ne cours plus.
Malgré un bon plat de pâtes bolo et sieste de 40mi minutes à Ristolas, mon corps me lâche dans l’ascension du col vieux, la nuit le froid, mon mental me lâche à son tour
J’arrête là ! :(


Mince... Bon courage pour le rapatriement

Messagepar yves_94 » sa fiche K
» 06 Juil 2024, 12:55

st ar a écrit:Abandon pour ma part !
Plus de jus après le marlif. La descente vers abries est interminable je ne cours plus.
Malgré un bon plat de pâtes bolo et sieste de 40mi minutes à Ristolas, mon corps me lâche dans l’ascension du col vieux, la nuit le froid, mon mental me lâche à son tour
J’arrête là ! :(


haaa zut, dommage !

Messagepar Spir » sa fiche K
» 06 Juil 2024, 14:11

Bon, sportips ne fait plus remonter aucun pointage sur la grande traversée. Va falloir investiguer du côté de sources plus fiable...

Messagepar Spir » sa fiche K
» 06 Juil 2024, 14:17

Bubulle bien passé à Saint-Veran, le chabob fièrement planté sur la tête

Messagepar Spir » sa fiche K
» 06 Juil 2024, 16:04

Notre Bubulle est passé à Ceillac. Les pattes fonctionnent, les pâtes trépassent

Messagepar Vik » sa fiche K
» 06 Juil 2024, 20:31

Vrai question: y a un concurrent qui a mis ses crampons ? :mrgreen:

Bon moi c'était trop juste; j'ai laissé filer mon pote a basse rua. J'ai mis 15 ans a rejoindre Guillestre quand même en partant 10mn derrière.

Messagepar crazy_french » sa fiche K
» 06 Juil 2024, 20:48

DNF à la Barge à 18h30… les gars de la sécurité disent que ça va péter ce soir trop dangereux n’y allé pas et l’organisation dit vous pouvez y aller… pas clair je m’abstiens

Messagepar bubulle » sa fiche K
» 07 Juil 2024, 05:33

Nath et moi, avec 4 autres coureurs, évacués en hélico du col de serenne, en hypothermie.

La montée et la descente de ce col étaient un enfer. Je vous raconterai plus en détails.

Messagepar crazy_french » sa fiche K
» 07 Juil 2024, 07:35

Oui c’était pas sérieux de laisser partir les coureurs dans de telle condition… j’espère que tout le monde est en sécurité

Messagepar mic31 » sa fiche K
» 07 Juil 2024, 07:37

bubulle a écrit:Nath et moi, avec 4 autres coureurs, évacués en hélico du col de serenne, en hypothermie.

La montée et la descente de ce col étaient un enfer. Je vous raconterai plus en détails.


C'est cool de te savoir en sécurité. J'espère qu'il n'y aura pas eu de gros problèmes pour les autres coureurs.

Messagepar Spir » sa fiche K
» 07 Juil 2024, 07:58

bubulle a écrit:Nath et moi, avec 4 autres coureurs, évacués en hélico du col de serenne, en hypothermie.

La montée et la descente de ce col étaient un enfer. Je vous raconterai plus en détails.


Oh purée :shock: J'imagine très bien. Bon, je vois que vous avez pu trouver du réconfort dans la vallée. Heureux de vous savoir en bonne santé.

Messagepar yves_94 » sa fiche K
» 07 Juil 2024, 08:03

aie aie aie...remets toi bien

Messagepar elnumaa[X] » sa fiche K
» 07 Juil 2024, 09:08

crazy_french a écrit:DNF à la Barge à 18h30… les gars de la sécurité disent que ça va péter ce soir trop dangereux n’y allé pas et l’organisation dit vous pouvez y aller… pas clair je m’abstiens


Quand ya 1 doute ya pad'doute

Jcroise vraiment les doigts pr que ce soit sans drame cette fois :?
Jsais pas les conditions mais en savoie on a pris une dérouillée pendant 2h non stop

Messagepar st ar » sa fiche K
» 07 Juil 2024, 09:10

Ils sont bien là
Désolé j’arrive pas à mettre la photo à l’endroit :)
IMG_5826.jpg
IMG_5826.jpg (45.88 Kio) Consulté 1070 fois

Messagepar elnumaa[X] » sa fiche K
» 07 Juil 2024, 09:25

st ar a écrit:Ils sont bien là
Désolé j’arrive pas à mettre la photo à l’endroit :)


Ce quon appelle l'envers du décors !
Merci de news terrain

Messagepar Vik » sa fiche K
» 07 Juil 2024, 09:27

Faut des retours terrain pour connaître les conditions. En fin d'aprem/soirée c'était beau temps a Guillestre; col de vars... Chez moi il a plus toute la journée du samedi alors que quasi rien sur la course

A serenne c'était le PG en poste; étonnant que les organisateurs n'aient pas été au courant si c'était si merdique que ça.

C'était quoi les conditions du coup ?

Nous on a eu le coup de pluie et vent sur ce col mais c'était léger en restant en mouvement

Messagepar Vik » sa fiche K
» 07 Juil 2024, 09:29

Ils ont quand même pû envoyer l'hélico... Ou bien c'était des heures après; refuge dans la tente des militaires ?

Messagepar crazy_french » sa fiche K
» 07 Juil 2024, 10:17

Dernière info… le PGHM a imposé l’arrêt de la course à partir de Basse Rua. Beaucoup de chute dans la descente du col de Sarenne névé et boue une véritable patinoire. Les blessés ont passé la nuit là haut à la limite de l’hypothermie. Les finishers ont pris un chemin détourné pour rentrer à Guillestre.

Messagepar Filopat » sa fiche K
» 07 Juil 2024, 10:29

Bonjour, pour ma part sur le 160, j’ai abandonné au refuge Agnel. J’ai fait une grosse chute après le Col Garnier sur la tête avec torsion cervicales et choc au genou. Après j’avais l’épaule droite « tendue « et le genou douloureux sur les descentes. La montée du Col du Petit Malrif a été terrible, altitude ? Et pareil que Star j’ai trouvé la montée du Col Vieux interminable dans la nuit les pieds dans l’eau des névés en permanence et la température en fin de nuit près de zéro. Je n’en pouvais plus au refuge Agnel et étant à la BH j’ai donc abandonné . Au final pour le 160, 70 Finishers sur 188 partants. Bonne récup à tous

Messagepar philtraverses » sa fiche K
» 07 Juil 2024, 10:46

Filopat a écrit:Au final pour le 160, 70 Finishers sur 188 partants. Bonne récup à tous


La perf de PhilippeG_XXXX , 16ème, dans de telles conditions, n'en est que plus remarquable :shock:

Messagepar AureLynx » sa fiche K
» 07 Juil 2024, 10:48

Pour ma part j'ai abandonné à Basse Rua vers 23h30. Ça faisait 8h qu'on courait sous la flotte (depuis Ceillac !), j'étais gelée et j'en avais vraiment ras le bol. Le col de Serenne a été cauchemardesque : pluie très forte à partir du "replat" dans la montée, vent glacial. J'ai fait les 400 derniers mètres de dénivelé au max pour me dépêcher de me sortir de là. Clairement, à 2600m en pleine nuit en plein déluge, on faisait pas les malins avec nos frontales et nos goretex. Je me disais si l'un des coureurs faisait un malaise dans un coin il était mal barré :(
Descente glissante. je me suis cassée la figure, du coup j'ai mis les crampons qui m'ont bien sauvé la mise. les névés commencaient à être gelés avec le froid. Je ne sais pas qui demandait si quelqu'un avait mis les crampons ? Et bien moi, et je ne regrette pas je les ai gardés ensuite toute la descente dans la boue, jusqu'à ce qu'il y ait trop de pierres.
Bref, descente interminable et glaciale. Je me suis arrêtée à Basse Rua, en hypothermie (légère) avec les secouristes. Les bénévoles étaient aux petits soins. Une gentille dame m'a redescendue à Guillestre. Je ne regrette pas ma décision d'abandonner, même si c'est la première fois que cela m'arrive. Certes il ne restait "que" 16km et 900m de D+, mais l'idée de passer encore plusieurs heures gelée sous la flotte, avec à nouveau un passage à 2600m, sans y prendre aucun plaisir, a eu raison de ma motivation.
J'espère qu'il n'y a pas eu de blessés graves.

Messagepar bubulle » sa fiche K
» 07 Juil 2024, 12:34

crazy_french a écrit:Oui c’était pas sérieux de laisser partir les coureurs dans de telle condition… j’espère que tout le monde est en sécurité

Ne faites pas d'hypothèse, SVP'. C'est long à raconter, je le ferai, je l'ai même promis à Pierre et aux équipes de secouristes.

Messagepar crazy_french » sa fiche K
» 07 Juil 2024, 12:42

C’est pas une hypothèse j’étais bien présent à La Barge et il y avait bien des consignes de la protection civile de ne pas partir confirmé par le chef de poste. Pierre était le seul qui avait une vision contraire.

Messagepar loiseau » sa fiche K
» 07 Juil 2024, 14:00

AureLynx a écrit:Pour ma part j'ai abandonné à Basse Rua vers 23h30.

Moi aussi j'ai bâché à Basse Rua, sur le 65km. J'avais un peu mal au genou dans la descente du col de Serenne et je n'avais pas envie de faire la descente de 1800m de la fin, surtout de nuit. J'ai quand-même fait le retour Basse Rua - Guillestre à pied, par le GR.
Le col de Serenne était effectivement compliqué, avec une pluie battante et de beaucoup de vent. Par contre, en fin d'après-midi la descente était longue et trempée, mais rien de compliqué. Ça a dû se gâter après, s'il y a eu beaucoup de chutes.
Course magnifique quand-même, je reviendrai l'année prochaine si tout va bien.

Messagepar fonflo » sa fiche K
» 07 Juil 2024, 21:18

Finisher pour moi de cette édition sur le 166km, sur cette course rendue encore plus difficile par les conditions.
Pour ces conditions, et mon ressenti en course, je suis assez surpris des retours, puisque je n’ai pas ressenti de difficultés particulières à gérer cette météo.
Après un vendredi très chaud, j’ai eu une première averse dans le col des Estronques samedi matin, un retour du soleil puis le temps s’est gâté après. De la pluie, du grésil et du brouillard dans le col Girardin, mais rien d’exceptionnel à gérer de mon point de vue, c’était un temps dégradé mais sans risque.
Le seul moment un peu plus limite a eu lieu pour moi dans la descente avant la Barge, une énorme averse qui m’a trempé et a transformé le sentier en rivière, mais l’averse a finalement été assez courte. Par contre le ravito de la Barge était devenu un mouroir, entre les coureurs qui donnent chacun leur avis, les secours et les bénévoles un peu perdus à ce moment, c’était assez compliqué. Après avoir eu l’autorisation de continuer je suis vite parti, le col de Serenne s’est bien passé malgré la pluie et le vent en haut à la tombée de la nuit, mais encore de mon point de vue tout à fait abordable en étant équipé et préparé correctement. Et je suis le premier à avoir pris le shunt sous le pic d’Escreins, le baliseur m’a expliqué que le gent en particulier rendait les conditions difficiles en haut, l’orga a mis en place cette déviation vers minuit.
Voilà mon point de vue pendant ma course, des conditions certes difficiles, mais rien d’exceptionnel en montagne, et je n’ai jamais eu l’impression d’être à la limite.

Messagepar AureLynx » sa fiche K
» 08 Juil 2024, 08:16

fonflo a écrit:Finisher pour moi de cette édition sur le 166km, sur cette course rendue encore plus difficile par les conditions.
Pour ces conditions, et mon ressenti en course, je suis assez surpris des retours, puisque je n’ai pas ressenti de difficultés particulières à gérer cette météo.
Après un vendredi très chaud, j’ai eu une première averse dans le col des Estronques samedi matin, un retour du soleil puis le temps s’est gâté après. De la pluie, du grésil et du brouillard dans le col Girardin, mais rien d’exceptionnel à gérer de mon point de vue, c’était un temps dégradé mais sans risque.
Le seul moment un peu plus limite a eu lieu pour moi dans la descente avant la Barge, une énorme averse qui m’a trempé et a transformé le sentier en rivière, mais l’averse a finalement été assez courte. Par contre le ravito de la Barge était devenu un mouroir, entre les coureurs qui donnent chacun leur avis, les secours et les bénévoles un peu perdus à ce moment, c’était assez compliqué. Après avoir eu l’autorisation de continuer je suis vite parti, le col de Serenne s’est bien passé malgré la pluie et le vent en haut à la tombée de la nuit, mais encore de mon point de vue tout à fait abordable en étant équipé et préparé correctement. Et je suis le premier à avoir pris le shunt sous le pic d’Escreins, le baliseur m’a expliqué que le gent en particulier rendait les conditions difficiles en haut, l’orga a mis en place cette déviation vers minuit.
Voilà mon point de vue pendant ma course, des conditions certes difficiles, mais rien d’exceptionnel en montagne, et je n’ai jamais eu l’impression d’être à la limite.


je pense que les conditions se sont vraiment dégradées sur la nuit, notamment la température a baissé avec la nuit. Tu es passé au col Serenne avant la nuit. J' y suis passée quelques heures plus tard, la pluie était vraiment très forte et la température glaciale. Les névés commençaient à regeler, d'où les chutes. J'ai eu vraiment très froid, malgré un équipement correct. notamment aux mains malgré les gants + surmoufles étanches.
J'ai eu à ce moment le sentiment que ça devenait limite en terme de froid, surtout pour des coureurs passant ce col encore plus tard, certains encore plus fatigués.

Messagepar bubulle » sa fiche K
» 08 Juil 2024, 08:42

Un "petit" (AHEM) résumé de ce qu'il s'est passé au Col de Serenne. A la fois pour Nath et moi, et aussi largement pour d'autres coureurs.

Déjà, pour ceux qui ne connaissent pas le coin et qui n'y sont pas passés, une description du parcours sur cette section entre le ravito de La Barge et le Refuge (et ravito) de Basse Rua :

Comme cela a déjà été expliqué, ce changement de parcours était dû à l'impraticabilité du Col des Houers. Du fait de son altitude bien plus élevée (2871m eu lieu de 2674m à Serenne), les névés, notamment du versant Nord, étaient bien trop dangereux. Ce changement imposait une très très longue descente de la vallée de l'Ubaye, partiellement sur sentier plus ou moins le long du torrent, et partiellement sur la route. Ceux qui l'ont fait vous confirmeront que c'était une belle purge.

Le Col de Serenne lui-même est en gros en deux parties sur son versant Sud. Au départ de Saint-Antoine, on traversait la route pour entamer une montée extrêmement raide (à peu près 500D+ sur 1,6km, donc une moyenne de 30% environ). La deuxième partie est la longue (très longue) remontée du Vallon de Serenne, bien plus "facile" (530D+ sur 3,7km donc 10-15%). La descente est elle ausis en deux parties : d'abord celle du Vallon Laugier, peu pentue encore (520D- sur 5km) puis une plongée rapide sur le Vallon de Rif Bel (380D- sur 2,2km).

La longueur et la difficulté très importante de la montée et AUSSI la longueur très importante de la descente ont leur importance.

Nous avons démarré l'ascension de Sérenne aux alentours de 22h30 (je n'ai pas encore exploité ma trace). J'étais quelques minutes derrière Nath qui avait pris les devants dans la Col Girardin après que nous ayons fait la montée depuis Ceillac ensemble. Je pense avoir mis environ 2h pour monter (à confirmer : c'est ce que prévoyait mon roadbook et je le respectais plutôt bien).

L'ascension a démarré dans des conditions très légèrement pluvieuses. Précédemment au passage du Col Girardin, nous avions essuyé un vent très fort que j'estime orienté Nord-Est. Nous y étions passés sans pluie alors que, a priori, les prévisions météo les plus fraîches tablaient sur de possibles fortes averses en début de soirée, donc plus ou moins à notre passage. En pratique, pendant toute l'heure de descente entre La Barge et Saint-Antoine, je n'ai pas souvenir de pluie importante et, dans cette vallée très encaissée, nous étions protégés du vent.

Côté équipement, j'étais en t-shirt sans manche et veste de pluie Evadict, avec des gants assez légers (les gants Evadict avec sur-moufles imperméables intégrés). Sur la tête, un buff et en permanence la capuche de la veste (pour ceux qui connaissent, ces vestes sont pour moi très bien conçues et bien étanches....mais cela reste de la veste de trail classique 10000/10000). Dans le sac, un bas long et un haut long avec manches, dans des poches étanches. En gros, j'avais décidé de partir "dans une bulle" et ne pas en sortir.

Toute la partie raide s'est faite à allure très très lente après voir descendu la section de liaison en environ 1h en ne courant pas un mètre (mais en marchant très vite). J'estime avoir mis 1h pour monter cette section initiale et l'effort faisait que je n'avais aucunement froid. Il ne pleuvait quasiment pas et j'ai du la terminer vers 23h15 (à confirmer avec la trace). Pendant toute ces partie, nous avions des sommets à notre droite (donc, au NE) et pas de vent du tout. Ni, donc, de pluie.

Tout a changé dans le vallon de Sérenne. Certes, d'un côté, cela devenait beaucoup plus facile : terrain très roulant sans cailloux, pente faible. Mais, d'une part fatigue accumulée et, surtout, le vent de NE qui se mettait à nous déferler dessus pendant que la pluie est devenue progressivement de plus en plus forte.

Je ne ressentais pas particulièrement de froid sauf aux mains. Je suis déjà naturellement sensible de ce côté là, mais j'avais fait le maximum de ce que je pouvais faire (alors qu'il m'est parfois arrivé de mettre des gants trop tard). J'ai monté tout cela tout seul sans trop jamais même savoir où j'en étais de la montée car les conditions faisaient que même regarder la montre en mettant mes lunettes portables de vue pour lire l'altitude (je savais évidemment l'altitude d'arrivée) était un effort trop difficile. Seul objectif : les petites lumières des prochains fanions.

Pendant ce temps, la pluie n'a pas cessé de se renforcer. Sans être très très forte (je n'ai jamais senti que la veste ne résistait pas), elle était constante. Et les appuis commençaient à devenir de plus en plus difficiles en montée.

Et le vent était quasiment constant (si vous regardez la carte, les crêtes au NE de ce valon sont relativement loin).

Je me suis vu arriver au col presque par hasard et là, les événements se sont enchaînés très vite.

A peu près à quelques dizaines de mètre du col, j'ai commencé à voir plusieurs frontales bouger un peu de droite et de gauche et entendre des voix assez fortes. Dès mon arrivée à 10 mètres du col, ce qui était manifestement "quelqu'un de l'orga" était en train de dire au couple qui arrivait juste avant moi de ne plus avancer vers le col et attendre car il se produisait "quelque chose" au col et il ne fallait pas que les coureurs y montent. J'ai rapidement entendu mentionner le mot "hélico" sans plus de détails. Donc, avec le couple et avec l'aide de ce secouriste (V. : je préfère ne pas donner son prénom) nous avons donc essayé de nous trouver un endroit à l'abri du vent. V. nous a demandé de nous protéger le mieux possible avec nos couvertures de survie et nous serrer le plus possible entre nous. Il a commencé à aider la jeune femme du couple à se protéger (aller mettre une couv. de survie seul dans 50 à 80 km/h de vent, sous la pluie!).

Pendant ce temps, moi je galérais totalement rien qu'à sortir la couv. de survie du sac, puis à la déplier, puis à m'y enrouler assez vainement dedans : doigts gelés et extrêmement rapidement, je me suis mis à trembler de partout. Et c'était pareil pour la jeune femme.

Fort heureusement, j'avais un peu "fait le trou" en montant et aucun autre coureur n'arrivait. Donc, presque immédiatement, le responsable du poste (L.) a pris la décision de nous faire remonter en urgence dans leurs tentes. Le couple a été injecté à grande vitesse dans la tente de leur matériel et moi, encore plus vite, dans ce qui était initialement leur tente "de vie". Et V. m'a "pris en main" dans la tente où j'ai découvert.....un autre coureur (J.) dont j'ai appris qu'il était là depuis une heure et était enroulé dans un duvet, une couv. de survie et des couvertures "thermiques chauffantes".

En quelques secondes, le coureur trempé (et très boueux!) que j'étais a été transformé, avec ses faibles moyens (je tremblais énormément, sans contrôle), et l'aide de V. (et même de l'autre coureur), en un genre de saucisson, avec tout ce qui leur tombait sous la main (plus de duvet, mais des couv. de survie, des couvertures "chauffantes"), etc.

J'ai appris plus tard que ma température corporelle aurait été mesurée à 33°C à ce moment là. Aux dires de L., ils ont jugé que je devais être mis dans la tente qu'ils avaient déjà identifiée comme la tente des "cas les plus préoccupants", sous surveillance permanente d'un des secouristes.

Et tout cela, alors que 3 à 5 minutes avant, j'étais encore un trailer en train d'arriver, certes très mouillé et avec "très froid aux mains", à un col en pensant repartir de l'autre côté.

Tout en faisant le maximum pour essayer d eme réchauffer avec leurs faibles moyens, V. nous a expliqué que "de l'autre côté c'est encore pire pour le vent et la pluie", donc il a été très très vite évident que ni l'un ni l'autre d'entre nous ne repartirions. Sans parler des (a priori trois autres) personnes qui étaient dans l'autre tente, dont le couple avec qui j'avais tenté de m'abriter.

Pendant tout ce temps, je suis resté bien conscient de ce qu'il se passait autour (par les bruits), notamment parce que (je l'ai appris après), V. était resté justement pour cela, et vérifier que je ne m'endormais pas et que j'arirvais à me réchauffer. Et l'autre coureur, J. a été super en cela aussi alors qu'il m'expliquait que cela faisait en fait 1h qu'il était là, et initialement dans le même état que moi. En fait, c'est lui qui avait été arrêté le premier et c'est pour lui qu'il était en train de se décider un secours hélico.

Et, en gros, ce qui s'est alors organisé, c'était de préparer les lieux pour DES évacuations en hélico. L'alternative était de nous faire redescendre par nos propres moyens vers un point d'évacuation situé à 45 minutes à pied, près de la Cabane des Couriets (sur le versant de Vars). Mais cela voulait dire partir sur le versant le plus exposé au vent et obligatoirement avec un secouriste par "évacué". Or, on était potentiellement 6 à évacuer et cela voulait quand même dire de remettre nos vêtements trempés par desuss le peu de sec qu'on avait pu utiliser de nos propres sacs. Je crois que nous nous sentions tous incapables de faire cela et eux nous jugeaient à juste titre incapables de le faire, aussi. D'autant que cela voulait dire de déplumer une équipe de...3 secouristes.

Ce que j'ai appris après, c'est qu'ils ont alors choisi de profiter de disposer d'un endroit quasiment plat permettant à l'hélico de se poser. Et aussi qu'il n'y avait pas de brouillard (alors qu'il y en a parfois eu sur les cols, dans la journée). Par contre, cela nécessitait d'interdire le passage de tous les coureurs qui arrivaient et, surtout, l'extinction absolue de toute source de lumière (les hélicos du PGHM sont équipés de vision nocturne). Je crois que j'entends encore L. hurler des dizaines de fois "éteignez vos Petzl!".

L'avantage de l'hélico, aussi, est que cela a permis d'amener très rapidement un médecin (du PGHM, je crois bien) sur place pour évaluer nos états respectifs en complément du gros travail déjà fait par l'équipe sur place. Ce qu'a permis de faire une première rotation.

Entre les rotations, les secouristes sur place ont du gérer les coureurs qui continuaient à arriver. Là, je ne sais pas trop comment ça s'est passé très précisément, mais le jugement sur place étant que la descente par le tracé de la course étant jugée risquée (descente beaucoup plus longue et aussi, selon le jugement de l'équipe encore plus exposée au vent), le moins pire pouvait être de faire redescendre par où ils étaient montés, ceux qui arrivaient. Je ne sais pas si ça s'est fait, mais en tout cas, je crois que la décision d'arrêter dès que possible les coureurs à Saint-Antoine (où il n'y avait aucun bénévole en poste) a été prise très vite.

Je pense au final qu'en fait, ils ont fait passer les coureurs vers la descente avec le plus de recommendations possibles et en évitant d'en immobiliser trop longtemps (uniquement sur les rotations d'hélico). Et là aussi, c'était sûrement la bonne décision, à ce qu'il me semble.

La deuxième rotation est arrivée "quelques minutes" après la première et a embarqué mon "collègue de tente" qui a enfilé un peu ce qu'il trouvait de ses fringues éparpillées dans la tente, au milieu d'un bordel sans nom (et de moi qui recommençait ponctuellement à grelotter mais commençais à me stabiliser).

Et, dans le même timing, la troisième rotation : là, en gros on m'a dit de me préparer à sortir de la tente quand on me le dirait après avoir enfilé ce que je pouvais, en laisser toutes mes affaires autres sur place : "dès qu'on te le dit, tu te lèves, tu sors de la tente, je t'aide, on monte le plus vite possible 20 mètres au-dessus, tu t'accroupis, tu protèges les yeux, et dès que l'hélico se pose et reste baissé, tu montes dedans et tu laisses faire les gendarmes". Je dois dire que, sur le coup, on fait tout sauf le fier.

Sauf quand on entend juste après "bon, avec le Monsieur de le tente, on emmène aussi Nathalie". COMMENT CA, NATHALIE ? Et c'est là que je comprends que dans l'autre tente, celle qui reste, c'est notre FWN à nous qu'on a. Ce qui se confirme quand on se retrouve tous les deux accroupis en baissant la tête avec un hélico au-dessus de notre tête. Je ne vous dis pas la tête à Nath quand elle a vu que c'était moi qui partais avec elle!

Et, 3 minutes plus tard, on était avec Nath en un endroit inconnu (de moi, en tout cas, j'avais juste entendu "Jausiers") à faire le débarquement de victimes qu'on voit faire dans les films...et se retrouver groupés avec notre 4 autres compagnons d'infortune avec autour de nous des tas de gendarmes, des pompiers qui ont été aux petits soins pour nous 6 qui, en fait se remettaient plutôt bien.

En pratique, Jausiers, c'est dans le 04 parce que c'est le PGHM du 04 qui a géré ces secours, le col étant à la limite des 2 départements, mais nous venions du 04.

Au final, en discutant, on a à peu près refait le film des événements sur ce col.

Cela a commencé par J. qui passait 1h avant nous et qui en arrivant au col (il commençait à pleuvoir fort et le vent était très violent, il l'est resté tout le temps) a dit que ça n'allait pas fort. Il présentait tous les signes d'hypothermie.

L'équipe a commencé, donc par gérer son cas, tout en voyant progressivement arriver (toutes les quelques minutes) des coureurs en états de moins en moins bons.

C'est, je pense, au moment où l'évacuation de J. se décidait qu'ils ont vu arriver Nath au col, qui a répondu qu'elle avait vraiment très froid. Elle présentait a priori tous les signes d'hypothermie....et là, paf, ils se retrouvent avec 2 victimes.

Puis la préparation des conditions d'évacuation hélico, l'arrêt des premiers coureurs (nous) et là, bim......3 victimes de plus! Puis une sixième arrivée, il me semble dans les suivants. Cela sentait l'effet boule de neige qui pouvait devenir dramatique. Et....trois secouristes en haut de ce col.

Est-ce de la chance ou bien est-ce la bonne gestion par l'équipe (et aussi le PGHM et le PC Sécurité), là je ne sais pas dire. Mais j'ai par contre été témoin de la très grande efficacité de tout ce petit monde, le professionnalisme de tous et le sang-froid du chef d'équipe, là-haut.

Chapeau bas à tous car nous vous devons d'avoir pu passer une journée normale ce dimanche (et boire pas mal de bière avec les potes, et refaire le monde et la course, pour ce qui me concerne).

Et cela, pendant que, ailleurs, d'autres décisions devaient être prises : la fin de parcours qui posait problème, devoir décider d'arrêter ou pas la course à cause de cela, gérer les nombreux coureurs arrêtés dans l'Ubaye. Et même les divergences de point de vue sur ce qu'il fallait décider ou pas. Je ne sais pas dire, mais moi j'ai juste vu des gens gérer ce qui pouvait devenir un moment dramatique (avec moi dedans aux premières loges) et le bien gérer avec les moyens dont ils disposaient.

Est-ce qu'on pouvait anticiper cette évolution météo ? Il n'était pas a priori pas du tout prévu qu'il pleuve toute la nuit avec un vent pareil. Est-ce qu'on pouvait nous arrêter quand nous sommes passés à La Barge? Je ne suis pas certain non plus, ce n'était pas DU TOUT l'ambiance qu'il y avait alors au ravito. Quand j'y suis passé, cela blaguait un peu sur le temps, il me semble, mais je voulais entrer dans ma bulle de la nuit, donc je suis resté concentré sur ce que j'avais à faire et en gros à me dire qu'il me restit une nuit entière pour faire 30 kilomètres. Nous venions de passer le Col Girardin dans des conditions somme toute assez gérables : un vent très fort au sommet, mais pas de pluie. J'y avais discuté avec le seul bénévole présent là-haut qui m'avait dit avoir essuyé un moment très difficile pendant 30 minutes, vers 17h30 (nous étions alors à Ceillac) avec vent très fort et forte pluie (donc un peu ce que nous avons eu plus tard eu Sérenne). Mais j'ai l'impression que cet épisode était alors au vu des prévisions du moment, le dernier qui devait avoir lieu. Très clairement, donc, vers 21h à La Barge, c'était l'état d'esprit qui prédominait. Y avait-il des informations contraires, je ne sais pas. C'est sûr qu'a posteriori, il est facile de se dire qu'on n'aurait pas du nous envoyer monter au Sérenne. C'est d'ailleurs ce qu'on décidé, souvent d'eux-mêmes, les quelques dizaines de coureurs passés 2h plus tard pendant, d'ailleurs, que se prenait la décision de bloquer les coureurs au pied du Sérenne. Cela, je l'ai su d'un de ces coureurs, qui a arrêté de lui-même à La Barge avec une quinzaine d'autres....et qui, faut de navettes disponibles pour rapatrier tout le monde, a fini par être amené par....les gendarmes locaux au PGHM de Jausiers pour être rapatrié avec nous.

La suite de la nuit a été encore longue pour Nath et moi. L'équipe locale de gendarmes et pompiers s'est d'abord assurée que nous allions bien et que nous pouvions être rapatriés sans assistance médicale particulière. J'ai l'impression qu'on a vraiment été chouchoutés par tous ces professionnels qui sortaient de leur astreinte pour monter cette mini cellule médicale d'urgence dans le local d'instruction du PGHM. Merci encore à tous.

Nos 4 compagnons de baptême improvisé d'hélico ont été rapatriés par des proches qui étaient déjà du côté Ubaye et avaient donc relativement moins de route pour venir les récupérer. Après un peu d'hésitation, j'ai préféré jouer la prudence et ne pas demander à Elisabeth de venir nous chercher : nous logions à Ville-Vieille et cela signifiait quand même 2h45 de route aller-retour en pleine nuit, via un col de montagne à 2200m. Nous pouvions donc attendre qu'une solution côté orga puisse être trouvée pour nous ramener à Guillestre, sans urgence. On a donc vécu la vie (très calme à nouveau) du PGHM04 de Jausiers, avec la présence régulière de l'officier ou sous-officier de permanence qui s'assurait que nous allions bien et nous tenait au courant des possibilités de rapatriement. Finalement, c'est Lucie, de l'équipe d'organisation, qui est venue nous chercher avec, donc, le coureur revenu de La Barge et avec qui nous avions partagé son expérience de descente du Girardin sur l'Ubaye sous une pluie battante et dans des conditions devenues très délicates (risques de glissade, avec un passage assez court, mais un peu exposé au-dessus de barres rocheuses, où le faux pas est un peu interdit).

Et, en gros, vers les 6h30-7h du matin, nous étions de retour, en parfaite santé à Guillestre, en conclusion de ce qui aurait pu être vraiment dramatique si la situation avait dégénéré (pas tant pour nous que pour d'autres coureurs). Et on a eu tout le temps ensuite pour découvrir tout ce qu'il s'était passé par ailleurs sur la course, notamment l'arrêt définitif à Basse Rua après que les coureurs aient initialement été détournés sur une fin de parcours qui shuntait le passage sous le Pic d'Escreins. Découvrir aussi que la descente du Col de Sérenne s'était avérée moins exposée à des conditions météo très difficiles qu'imaginé (mais cela, au col lui-même, je défie quiconque de l'imaginer). Découvrir aussi que nos super secouristes du col avaient finalement du redescendre eux-mêmes et leur matériel complet (y compris les diverses affaires de trail de leurs victimes, donc nous!) par cette montée infernale. Le but était alors de s'assurer, tout simplement, qu'il ne restait pas de coureurs entre le haut et le bas du col. Rappelons en effet qu'il n'y avait pas de pointage en haut de Sérenne, donc pas de décompte possible des coureurs manquants à l'appel.

Je dois dire qu'ils étaient, eux, un peu énervés d'avoir du faire cela eux-mêmes pendant que l'équipe du PGHM redescendait beaucoup plus facilement par l'accès alternatif côté Vars. Il y a eu clairement des points de tension entre l'équipe d'organisation et les autorités de la gendarmerie (encore un peu plus compliquées, peut-être, par le fait qu'il y a deux départements concernés, donc deux PGHM). Mais là, je suis plus dans l'inconnue et les hypothèses gratuites.

En tout cas, pou rma part, je ne peux (et je pense que Nath est d'accord) être épaté par le professionnalisme et le sang-froid de tous ceux qui se sont occupés de nous....et de tous les autres coureurs. Vivre une crise de l'intérieur amène beaucoup à relativiser sur les jugements qu'on peut porter dans les situations d'accident. A nouveau (mais moins dramatiquement qu'à l'UTHG), la montagne nous a rappelé que l'ultra-trail en montagne n'est pas une simple activité de loisirs et qu'on doit y être prêt. Et que même si on y est prêt (je pense que nous l'étions), la bascule entre des moments simplement difficiles et un accident peut être très rapide.

Ne l'oublions peut-être pas quand on râle sur le prix des organisations et des courses que nous faisons. Les secours dont nous avons bénéficié, ils sont tout sauf gratuits. Il aurait même fallu plus de monde à ce col pour éviter ces moments très critiques ou, du moins, pouvoir les gérer avec moins de stress. Mais, pour cela, il n'y a aucun miracle : il faut de l'argent. L'ultra-trail est un sport cher? Oui. Mais il devrait même l'être encore plus, peut-être. Ou alors nous devons être prêts à en subir les conséquences, il faut choisir.

Il aurait certainement aussi fallu avoir 1 ou 2 bénévoles non secouristes en plus là-haut, pour que l'équipe de secouristes puisse se concentrer encore plus sur leur travail. Mais les bénévoles de "postes montagne", ça ne se trouve pas sous le sabot d'un cheval. Les 3 gars là-haut ont passé deux jours entiers au sommet de ce col, en incluant les trajets de montée et de descente, sans relève. Idem pour le bénévole, tout seul, de Girardin. Là aussi, si on veut que nos courses continuent à avoir lieu, il faut y penser. D'ailleurs l'organisation du GRGQ en est même à payer des bénévoles locaux pour être totalement certains qu'ils seront en poste pendant toute la course sur ces points particuliers, apparemment. Bref, on pourra certes faire du yakafokon à l'envie après ce week-end. Mais moi j'ai juste vu une équipe admirable pendant 3 jours, et des organisateurs passionnés qui méritaient bien qu'on leur montre toute notre admiration et notre estime hier soir (je fini ce très long "récit" ce lundi matin). Et cela, il fallait vraiment le dire.

Merci à vous si vous etes arrivé au bout de ce long pseudo récit de course. Le vrai récit viendra plus tard. Je n'ai pas terminé mon 100km, mais j'ai fait une superbe course dont je suis fier et, en fait, c'est comme si je l'avais terminé....et envisager le prochain. Et j'imagine que Nath, avec qui j'ai désormais un moment exceptionnel de plus, pense à peu près la même chose. Et c'est sans compter les moments "partagés" avec Elisabeth....imaginez ce que ça a été pour elle d'apprendre à 2h du matin que son chéri avait été évacué en hélico.

On avait vraiment bien mérité les 3 ou 4 bières à l'arrivée....et la connaissance ultime, juste au moment de partir, avec notre kikoureur DJ Gombert qui s'occupait de la caisse des bières (il me reste un bon pour 2 bières, d'ailleurs) !

Messagepar bubulle » sa fiche K
» 08 Juil 2024, 09:03

AureLynx a écrit:je pense que les conditions se sont vraiment dégradées sur la nuit, notamment la température a baissé avec la nuit. Tu es passé au col Serenne avant la nuit. J' y suis passée quelques heures plus tard, la pluie était vraiment très forte et la température glaciale. Les névés commençaient à regeler, d'où les chutes. J'ai eu vraiment très froid, malgré un équipement correct. notamment aux mains malgré les gants + surmoufles étanches.
J'ai eu à ce moment le sentiment que ça devenait limite en terme de froid, surtout pour des coureurs passant ce col encore plus tard, certains encore plus fatigués.


Précisément. Et bravo à toi pour cette présence d'esprit de mettre les crampons. Car cela a du être difficile, vu les conditions en haut, mais ils t'ont certainement fortement aidée car je peux bien imaginé ce que devait être la descente dans le valon sur ce qui devait être devenu une pationoire.

Je ne suis pas sûr que j'aurais eu cette présence d'esprit surtout que 1) je n'avais que des Yaktrax, faute de mieux et 2) j'avais choisi de ne pas les garder à Ceillac (et ça, c'était franchement une connerie même si je ne suis pas certain qu'ils auraient beaucoup aidé)

Et, oui, à 1h près tout pouvait avoir changé, ce que confirmaient les impressions des tout derniers coureurs qui ont pu encore arriver à Guillestre vers 8 ou 9h du matin et pour qui cette descente de Sérenne n'était "pas très difficile".

Messagepar yves_94 » sa fiche K
» 08 Juil 2024, 09:20

merci Bubulle pour ton récit, qui est un vrai hommage à la solidarité en (haute)montagne !

Messagepar Benman » sa fiche K
» 08 Juil 2024, 10:04

Merci pour ce retour lucide, argumenté et finalement très optimiste.
Il serait à montrer dans toutes les écoles de trail, ou au moins sur quelques réseaux sociaux où on peut encore se parler sereinement (y'en a?)

Messagepar Vik » sa fiche K
» 08 Juil 2024, 10:24

je suis un peu étonné de la tournure des évenements. "il se passe quelquechose", et on vous envoie vous abriter sous une feuille d'alu, je comprends pas. a moins que vous étiez tous visiblement déjà en hypothermie ?

Qu'est ce qui empêchait d'avancer ? ça sent un peu la temporisation avec le cas numéro 2 à gérer, mais temporiser c'est refroidir les lascars. Dans ce genre de condis, où je suis toujours le moins vétu d'ailleurs, ma principale préoccupation c'est d'avancer pour continuer à cramer de la calorie et par ce fait conserver une température corporelle correcte.
Si j'en venais à penser qu'il ne faut envoyer personne de l'autre côté, j'aurais direct fait faire demi tour, accompagné, pour chopper les gars qui montent et tous les faire redescendre.
Même sous tente avec couvertures alu et sac de couchage, avec l'humidité et la fatigue, l'hypothermie est vite arrivée à l'arrêt...

Difficile d'imaginer les conditions, quand on est passé c'était venteux et pluvieux mais surement bien moins froid, on avait qu'une nuit blanche et on y voyait bien. J'ai pas considéré une seconde la proposition de m'abriter dans la tente, pour moi c'était plus un piège qu'une solution.

Surpris aussi de la difficulté mentionné de la descente sur basse rua: c'est exposé au vent et long certes mais c'est facile et pas exposé du tout, les passages sur névés étaient pas longs du tout et plutôt pas raides, avec des belles marches déjà (il convient parfois de ne pas les utiliser car c'est parfois là que c'est le plus dur avec de la glace).

ps: a girardin, le bénévole nous a dit qu'il allait être relevé. ça n'a pas été le cas ?
c'est clair que d'avoir quelques bénévoles supplémentaires par endroits serait pas mal, personne sous le pic d'escreins par exemple, faudrait pas être zombie là haut

Messagepar samontetro » sa fiche K
» 08 Juil 2024, 10:26

Impressionant récit Bubulle mais dans lequel on ressent bien une maitrise très professionnelle de la situation dans la gestion de l'imprévu. Ça me rappelle des souvenirs difficiles sur l'UTV... même si l'histoire s'était au final bien terminée également. Un très grand coup de chapeau à l'organisation, aux bénévoles et au PGHM qui vous a sorti de là.
C'est vrai que dans le froid et l'humidité, dès que l'on s'arrête la "machine" refroidit très très vite et que l'on se retrouve rapidement dans des situations d'urgence à gérer.
Ta remarque sur le manque de bénévoles est tellement vraie... quand remplacerons nous ces foutus runnig-stones de consommateurs par des "volontary-stones" pour que chaque participant s'implique réellement dans son sport en amont d'une inscription ?

Messagepar AureLynx » sa fiche K
» 08 Juil 2024, 10:31

merci bubulle pour ce récit très intéressant.
c'est compliqué quand on est dans sa course, d'imaginer ce qui se passe pour les autres. Dans la montée au Col de Serenne, quand les conditions sont vraiment devenues difficiles, je me suis dit "il faut que l'organisation arrête d'envoyer les coureurs monter ici". ça devient dangereux d'envoyer des gens trempés, grelottant et fatigués subir ce froid. je pensais le dire aux personnes présentes au col (mon simple avis n'aurais peut être servi à rien ). mais le fait est qu'en arrivant au col, j'ai eu si froid que je n'ai plus pensé qu'à une chose, partir au plus vite. Surtout descendre pour perdre de l'altitude et retrouver une température plus supportable.
J'ai hésité à mettre les crampons, et j'ai galéré parceque j'avais les doigts tellement gelé que c'était difficile. Mais après être tombée une première fois je me suis dit que ce n'était vraiment pas le moment et l'endroit pour se blesser sérieusement.
côté équipement pour la part j'avais un collant 3/4 + short par dessus, tee shirt + manchettes, veste gore tex Dynafit (étanchéité 30000), gants + surmoufles étanches, buff et capuche.
Je crois que le fait d'être sous la flotte depuis Ceillac + la fatigue n'ont pas aidé à supporter le froid.

Messagepar Vik » sa fiche K
» 08 Juil 2024, 10:32

ça devait quand même être vachement impressionant de faire de l'helico sous la pluie, le vent, et en pleine nuit !

Messagepar jano » sa fiche K
» 08 Juil 2024, 11:15

j'avais commencé à répondre ce matin mais j'avais peur de faire une analyse sans avoir vu le truc...donc le but n'est pas de faire des yavaika, ça devait être difficile et les décisions dans ce cas sont prises au mieux.
mais comme le disent vik et samontetro, l'arrêt en haut ne vous a pas vraiment aidé même si on ne peut pas présager de ce qui se serait passé en continuant.
Mais continuer, c'est garder un peu sa chaleur et potentiellement gagner quelques degrés en ressenti en descendant 100 ou 200m sous un col. Vik le dit aussi, quand tu t'arrêtes humide, même emmitouflé et dans une tente, c'est quasi impossible de se réchauffer...enfin peut-être quelques personnes mais pas toutes celles qui arrivent derrière !!
peut-être un truc quand même, c'est la veste D4 (tu en parles dans ton analyse donc peut-être tu t'es posé la question)...elle est sûrement très bien mais j'ai l'équivalent d'une autre marque et je ne la prends limite que quand la météo annoncée est bonne.
Ce we, j'étais aussi en montagne, dans des conditions plus clémentes et pas au milieu de la nuit mais j'avais pris ma veste "intermédiaire" (pourtant à peine 100g de plus que la light 10k) et lorsque je l'ai mise en passant un col avec du vent et de la pluie, je me suis bien dit qu'avec l'autre, j'aurais été moins isolé du froid et du vent même si elle est étanche aussi.

Messagepar Kevin-Pilat » sa fiche K
» 08 Juil 2024, 13:08

Et bah .... quelle année .... la nature n'épargne personne ...
Pour rebondir sur ce que VIK dit, effectivement, sur l'UTLAC quand c'était la merde mon seul mantra était "avancer avancer avancer, s'arrêter c'est se refroidir" donc comme VIK je pense qu'il fallait aller dans un sens ou dans l'autre mais pas rester là ... il est fort possible que l'épisode UTHG ait fait des "dégâts" au niveau de la perception des risques au PGHM ... je sais qu'il y a eu des débriefing par unité et au niveau national sur les événements de l'UTHG et encore bon nombre de traileurs sont entendus encore maintenant. Désormais, à la peur de l'hypothermie s'ajoute la "peur" de la glissade ou de la chute lorsqu'on est fatigué mais je me pose une question :

- Cette année, la météo est réellement plus pourrie que les 20 dernières années en montagne pendant des courses? ...

Je reste persuadé que bon nombre d'entre nous ont déja vécu "l'enfer" en montagne mais que les événements actuels "nous" ont traumatisé et parfois à trop penser ou se retenir plutot que d'agir en "mode survie" et bien ça peut être pire... tout ça n'est que ma pensée personnelle

:)

Messagepar samontetro » sa fiche K
» 08 Juil 2024, 14:08

Je ne sais pas si cette année c'est plus pourri que d'autres.... par contre:
- il y a de plus en plus de courses organisées
- les évennement météo sont un peu plus violents que par le passé sans doute avec le changement climatique
- les organisations accueillent de plus en plus de gens peu expérimentés aux conditions en montagne et qui viennent avec un mental de consommateur et elles doivent en tenir compte dans la gestion de la sécurité. Aujourd'hui des décisions doivent être prises qui ne l'auraient jamais été il y a 15 ans, pour la sécurité globale des participants.

Je suis convaincu que s'il n'avait pas été arrêté au col, Bubulle aurait enchainé la descente et aurait juste vécu un moment difficile dans le froid. C'est un traileur qui connait la montagne et qui est capable de s'adapter à ce type d'événement. Mais une fois qu'on t'a arrêté, que tu t'es refroidi, l'engrenage infernal est lancé avec le froid qui s'insinue, les muscles qui durcissent et il n'y a plus que la sécurité de l'organisation pour résoudre le problème.

J'ai déjà vécu ce type de situation, que ce soit en 2017 côté organisation ou en 2006 coté coureur en portant assistance à la permière féminine en hypothermie dans la tempête et il y a des moments en course où il faut savoir (pouvoir aussi) ne pas s'arrêter pour sortir d'un passage où on est en danger. Le demi-tour fait partie aussi des stratégies possibles.
Dernière édition par samontetro le 08 Juil 2024, 15:01, édité 1 fois au total.

Messagepar Kevin-Pilat » sa fiche K
» 08 Juil 2024, 14:30

L'année dernière j'ai stoppé volontairement à Ristolas, je savais la suite plus difficile que le début et je connaissais "mes capacités" du moment.
Il faut effectivement que chacun se responsabilise sur ses capacités et je n'ai aucun doute sur celle de Bubulle ou les autres membres du forum, nous sommes tous reflechi et en connaissance de nos moyens (je trouve) et oui ...

En tout cas c'est assez fou tout ça et comme dit VIK, le retour en hélico dans ces conditions c'est aussi couillu je pense :o

Messagepar crazy_french » sa fiche K
» 08 Juil 2024, 14:58

Merci bubulle pour ce compte-rendu factuel de la situation.
Les éléments se sont déchaînés, prévisible ou pas (chacun son ressenti) tout le monde a su faire faire face.
En ce qui me concerne, j’espère en tirer enseignement pour la suite:
- garder la lucidité pour faire les bons choix,
- anticiper le matériel nécessaire,
- rester en mouvement et ne pas paniquer,
- rester solidaire des autres concurrents.
Rien de bien compliqué mais utile d’être rappelé.

Messagepar samontetro » sa fiche K
» 08 Juil 2024, 14:59

Kevin-Pilat a écrit:L'année dernière j'ai stoppé volontairement à Ristolas, je savais la suite plus difficile que le début et je connaissais "mes capacités" du moment.
Il faut effectivement que chacun se responsabilise sur ses capacités et je n'ai aucun doute sur celle de Bubulle ou les autres membres du forum, nous sommes tous reflechi et en connaissance de nos moyens (je trouve) et oui ...

En tout cas c'est assez fou tout ça et comme dit VIK, le retour en hélico dans ces conditions c'est aussi couillu je pense :o


Il y a deux ans sur l'UTV j'ai participé à l'hélitreuillage d'un concurrent de nuit sur la crête qui monte au Pic St Michel dans le Vercors et l'hélico a ammorcé son départ vers le CHU avant la fin du treuillage. Le gar, pendu à son bout de câble sous l'hélico, s'est soudain retrouvé avec plus de 1600m de gaz sous les pieds :mrgreen:
Et ça l'a marqué (tu en oublie que tu as mal!) :D
Mais même en tant que bénévole, quand tu es sous les spots avec un hélico en stationnaire une dizaine de m au dessus de toi pendant que le secouriste termine d'attacher la victime, tu fais pas le fier non plus! Même si au final tout est millimétré avec ces grands professionnels du secours en montagne.

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