Récit de la course : Megal O Night 2009, par La Tortue

L'auteur : La Tortue

La course : Megal O Night

Date : 19/12/2009

Lieu : saint benoit la foret (Indre-et-Loire)

Affichage : 1110 vues

Distance : 0km

Objectif : Pas d'objectif

6 commentaires

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Leçon d’orientation sous les flocons !

 

Megalonight, CO nocturne en 10h maxi.

J’ai gardé un excellent souvenir des 2 précédentes éditions courues avec l’Ourson puis l’Hipo. Mais, à force de perdre mes petits camarades dans la forêt, et bien cette année, personne ne voulait venir m’accompagner à la chasse aux balises dans la nuit noire ;-(

Heureusement, je trouve, à quelques jours du départ, grâce au Blueb, un équipier, Thierry (kikoureur Qosqo) au palmarès d’orienteur réputé.

1 ou 2 mail et quelques coups de fil plus tard, l’affaire était conclue, mais je compris vite que vu le niveau de mon co-équipier, j’allais plutôt jouer au poinçonneur qu’à l’orienteur cette année. ça me plaisait d’autant plus que, grâce aux 2 jeux de carte commandées, je comptais bien apprendre en observant Thierry à l’œuvre et suivre sa progression sur la carte.

 

Comme tous les ans, il fait un froid de canard, mais cette année une couche de neige de plus en plus marquée recouvre la campagne au fur et à mesure que je me rapproche d’Azay le Rideau. A la salle, je fais connaissance de Thierry qui se prépare déjà, puis je retrouve par hasard le gros camion (domi) et quelques connaissances d’orientation de la région nantaise que je sais bien plus fortes que moi.

 

Une contrariété vient perturber ma préparation : je me rends compte que mon GPS est déchargé, alors que je pensais bien l’avoir remis en charge après ma dernière sortie. Moi qui voulais analyser à tête reposée le parcours et les choix de Thierry, je suis bien déçu.

 

20’ avant le départ, on reçoit nos cartes pour choisir notre itinéraire. Les règles sont simples : c’est une vraie course au score, sans aucune contrainte de passage ou de temps. Il faut ramener le plus de balises possible et être rentré avant le lever du soleil soit 10h de course maxi. L’expérience des rogaines est très intéressante pour réaliser le tracé idéal. Je sais maintenant que le plus court est de relier les balises en limitant les angles et en choisissant l’angle droit lorsqu’un angle est indispensable pour relier des balises disposées en grappe. On trace pour tout prendre, soit 88 balises, ce qui est très ambitieux, mais on se dit qu’on avisera au bout de 4h de course. On choisit de partir dans le sens anti-horaire en commençant par les balises au nord du village puis de parcourir la forêt d’est en ouest, au nord de la nationale à l’aller puis au sud de la nationale au retour. La seule contrainte donnée au briefing est de ne pas courir sur la nationale.

 

22h, pétante, c’est parti. Je connais bien le village d’Azay le Rideau pour y avoir couru le marathon en 2008 et avoir fait le prologue dans les rues de la ville sur la mégalonight de l’an dernier. « j’oriente » donc jusqu’à la première balise, orienter est un bien grand mot, il suffit de lire la carte pour attraper la balise 1 tout en haut du village. Très vite, je sens que je ne suis pas dans une grosse condition physique. D’abord, j’ai les cookies dont je me suis empiffrés chez ma maman juste avant de venir qui ont du mal à glisser et surtout je suis encore sous AtB après 10 jours de grippeA qui m’a bien ramolli les guiboles. Je ne dis rien à Thierry pour ne pas l’inquiéter et à partir de la balise 2, je me mets dans sa foulée et je le suis. Les premières balises ne sont pas très techniques, mais la précision de Thierry m’épate déjà ! On est sur de l’IGN, il n’y a pas de chemin, et déjà, on arrive droit sur les balises, là où les autres équipes farfouillent ! En quelques minutes, les 10 premières balises sur carte IGN sont ramassées et nous rentrons dans la forêt et sur la carte IOF.

 

C’est là que je vais vraiment me rendre compte du talent d’orienteur de Thierry. L’enchainement 14/15/13/12/11 se fait en très peu de temps, sans aucune hésitation ni jardinage. ça parait tellement simple. Son orientation est un mélange d’azimut, de lecture de carte et de lecture de terrain.

 

Et zou, nous voilà déjà sur la deuxième carte. Là encore, c’est très technique, tout en forêt. A de très rares occasions j’interviens pour donner mon avis sur une option d’itinéraire ou pour corriger une trajectoire. Je suis sur ma carte tout se que fait Thierry, j’apprécie et j’apprends ! le seul bémol, je tousse comme un rat crevé et je ne peux absolument pas courir plus vite que ce que je fais car je m’asphyxie vite. Les jambes vont bien pourtant ! A part une toute petite erreur après avoir dépassé la 46 et perdu au maximum 2 ou 3 mn dans l’affaire, les 15 balises de la carte 2 sont ramassées sans coup férir, et sans en laisser une seule. On est maintenant pratiquement toujours tout seul. Je me rends bien compte qu’on va bien plus vite que les autres équipes. En plus, la forêt enneigée est superbe. Le terrain est gelé juste ce qu’il faut pour ne pas être boueux, mais pas trop pour ne pas être trop dur ! le pied ! mon bide commence à aller mieux, et hormis mes quintes de toux, tout va bien !

 

Déjà la troisième carte, et sur les balises 55 et 56, Thierry va encore m’épater. Ces deux balises sont dans du vert foncé coupé de multitudes de minuscules layons ! Autant trouver une aiguille dans une meule de foin. Et bien la 55 ne lui résistera pas un instant et il s’y reprendra à 2 fois pour la 56, mais il pense que la balise n’était pas placé sur le bon layon par rapport à la carte car en effet, quand on ressort du bois, on ne tombe pas au bon endroit sur le chemin ! Chapeau !

 

Nous longeons ensuite la voie de chemin de fer sur un long poste à poste. Ce chemin est large et je le connais car avec l’ourson, on l’avait déjà pratiqué en 2007, la couche de neige fait plusieurs centimètres et les seules traces de pas que l’on peut y voir sont celles d’animaux ! Pas de doute, nous sommes les premiers à passer par ici ! Décidément, j’ai pas la grande forme car sur ce grand boulevard, je n’arrive vraiment pas à aller plus vite ;-(

 

Thierry compte ses pas, compte les layons, repère les petits ruisseaux, les différences de végétations et chemine de balise en balise d’une façon qui parait presque instinctive. D’ailleurs, pour en avoir discuté avec lui après la course, il m’avouera que parfois il le fait au feeling et il sent la balise !!! waouh !

 

Nous voilà au début de la quatrième carte, cela fait environ 4 heure que nous sommes parti ! On a pas trainé, mais les balises sur cette dernière carte présente de longs postes à postes et après réflexion, nous décidons de ne pas aller jusqu’au bout car il reste beaucoup de balise à prendre sur le retour et on veut se garder un solide matelas de sécurité. On décide quand même d’aller chercher au moins 1 balise sur cette quatrième carte, ce qui nous ferait 80 balises tout rond à l’arrivée si on prenait tout au retour et surtout je me dis que cette balise peut faire la différence par rapports aux équipes qui décideront de shunter entièrement la quatrième carte.

 

Nous voilà ainsi rendu à St Benoit la Forêt. Je connais bien le coin puisque c’est de là que l’édition 2007 est partie avec un prologue dans le parc autour du village. Thierry a son seul petit coup de moins bien physique car trop occupé à orienté, il ne s’est pas rendu compte qu’on est sorti de la forêt et qu’il fait plus froid. Le temps qu’il mette ses gants et qu’il se réchauffe, je vais prendre la tête pendant 2 balises. Des balises faciles, puisqu’il s’agit essentiellement de lecture de chemin, mais j’arriverais à merdouiller un poil la deuxième balise, que Thierry récupèrera en peu de temps !

 

On repasse sur la carte 3, et Thierry reprend la tête pour ne plus la quitter jusqu’à l’arrivée. On passe le terrain militaire et alors qu’on pensait trouver un large chemin qui nous mène à la balise 72, on tombe sur un terrain très difficilement pénétrable dans lequel je vais laisser quelques forces. La cartographie autour de St benoit perturbe un peu Thierry, mais notre progression se ralenti plus à cause de ma vitesse de course qu’à cause de l’orientation.

 

Balise 74, nous re-rentrons dans la forêt et mon poisson pilote retrouve tout son punch, enchainant les balises sans aucune hésitation.

 

Nous revoilà sur la carte 2 avec un enchainement 76/77/78, très technique, perpendiculaire aux layons, avec des fossés partout et des points d’attaque peu visibles et c’est là que Thierry m’épate le plus.

 

Balise 79, on jardine un petit moment, pas de balise, pas de pré-balisage visible mais je suis sur du positionnement et je suis sur aussi que la balise n’y est pas. Thierry insiste pourtant, mais pour avoir vécu la même chose sur une balise l’an dernier, j’arrive à le décider à quitter la zone en abandonnant. C’est la première balise souhaitée que nous ne prenons pas, mais à l’arrivée, on nous confirmera qu’elle n’y était pas, la seule fausse note de l’organisation !

 

Balise 81, une zone très difficile avec plein de petits layons. Nous allons passer à quelques mètres de la balise et ne pas la voir malgré nos phares surpuissants (merci à Ouster pour le prêt de sa Sylva Alpha, chouette joujou) car elle est dans une zone encombrée en végétaux. Thierry se recale sur la route à l’est, attaque la balise différemment et tombe dessus cette fois ! Joli rattrapage, ma fois, mais la fatigue est peut être la cause de ce premier petit loupé, attention !

 

Enchainement 82/83/84/85/86/87/88, magique ! Je continue à observer et à essayer de tout enregistrer ! Mais on s’est pris un peu de dénivelé, et mes jambes et ma tête commencent à être lourdes.

 

On repasse sur la carte 1, celle qui nous mène à l’arrivée, mais il reste beaucoup de balise et pas mal de chemin pour les relier entre elles. Une analyse du temps qu’il nous reste laisse à penser qu’on est très large quand même et qu’on peut même s’autoriser 1 ou 2 petits jardinages si besoin. Est-ce pour ça ou à cause de la fatigue, mais Thierry va faire sa seule petite erreur d’appréciation dans le cheminement jusqu’à la 18. Résultat, on n’attaque pas la zone de façon aussi précise que d’habitude, et on loupe la balise de quelques mètres au premier passage. On jardine au hasard et on décide finalement de se recaler à l’intersection de ruisseau plus au nord. De là Thierry attaque la zone par le haut, et moi par le bas en remontant le ruisseau. Et on finit par trouver cette fichue dépression dans laquelle la balise était bien cachée. En lisant mieux la définition et en observant bien le terrain au premier passage, je pense qu’on l’aurait eu tout de suite (donc la fatigue a joué sur notre lucidité). On a cramé pas mal de notre matelas de sécurité sur le coup, mais il nous reste 1h30 pour rentrer quand même. On décide donc de ne pas changer de stratégie et de continuer d’essayer de tout ramasser jusqu’à l’arrivée.

 

Balise 27, après un long poste à poste, on doit trouver un layon après 500 m de ligne droite, sans point d’arrêt évident. A la distance estimée, on enfile le layon, très difficilement praticable. Rien ! on jardine un peu, mais toujours rien. L’heure tourne, je suis physiquement cuit et je ne me sens pas capable de finir à fond s’il faut rentrer dans les délais. Je demande donc à Thierry d’abandonner la zone. C’est la première balise que nous ne trouvons pas !

 

Je suis cuit, après mes poumons, ce sont mes jambes qui me trahissent, mais il faut dire qu’avec Thierry c’est quasiment tout le temps droit dans la forêt et même si celle-ci est très propre, lever les jambes au dessus des branches et des fougères, ça finit par pomper. En plus j’ai mal à une cheville (celle qui m’avait lâché à l’UTMB) et j’ai super mal à la tête (la réverbération du puissant phare sur la neige peut être?). Je tombe régulièrement car j’ai du mal à lever les pates, et je le retarde beaucoup. Je lui propose donc de faire le chapelet de balise 28/29/30 seul pendant que je l’attendrais à la balise suivante. Pris par le temps, il laissera en route une deuxième balise.

 

J’ai eu le temps de souffler un peu, et je prends plaisir à courir à côté de lui sur la route qui ramène à Azay et où l’on grappille les dernières balises. La 31 nous pose quelques problèmes car la zone a entièrement été remaniée par rapport à la carte avec un lotissement d’habitations et des routes récents.

 

On a quelques minutes de marge, mais Thierry court encore pour rentrer au village ! Je force donc pour ne pas le ralentir, et j’arrive complètement exténué à la salle, 8’ avant la limite. Je vais rester un bon ¼ d’heure hébété sur ma chaise à reprendre mon souffle et mes esprits !

 

Après s’être restauré, je propose à Thierry d’attendre les résultats parce que je pense qu’on est pas mal. En effet, le verdict tombe : 3ème au classement général avec 76 balises. On est 6 balises derrières les deuxièmes. Pas de regret donc car même avec une meilleure forme physique de ma part et sans aucune erreur d’orientation, on n’aurait pas pu tout ramener.

 

J’ai passé une nuit superbe, sous la neige. J’avais prévu de faire cette mégalonight comme dernière compétition avant le raid28 pour m’entrainer à l’orientation. Je n’ai finalement pas beaucoup orienté, mais j’ai pris une grande leçon d’orientation en suivant les traces de Thierry.

 

Je connaissais le géni un peu fou du Poc à la boussole, et maintenant j’ai vu la rigueur de Thierry. Il me reste maintenant à faire l’alchimie des techniques de ces 2 grands orienteurs pour devenir un peu moins mauvais ! Y’a encore du boulot….et quelle belle leçon d’orientation sous les flocons.

 

 

 

6 commentaires

Commentaire de ouster posté le 26-12-2009 à 07:48:00

Chouette CO celle-ci, bravo :)

Vous avez fait quelles balises sur la 4 ?

Et bravo pour le podium aussi !!

Commentaire de robin posté le 26-12-2009 à 11:43:00

Ah oui cela devait être bien sympa !
j'ai encore du boulot avant d'arriver à ce niveau. Cela me fait rêver quand je lis ce genre de navigation où les balises s'enfilent comme des perles !

Merci pour le CR et bravo pour le podium !

Commentaire de l'ourson posté le 26-12-2009 à 11:43:00

Bravo pour le podium !! avec moi, c'est sur que c'était même pas la peine d'y penser ;-)

L'Ourson_kiavé_ramené_une_tendinite_en_2007...

Commentaire de leptitmichel posté le 26-12-2009 à 14:31:00

Félicitations pour cette perf ma tortue...

J'aime bien les cartes avec le mélange IGN/CO... Jamais eu l'occasion d'en utiliser et il m'a fallu quelques instants avant de comprendre que c'étai un mélange des deux... ;-))

A bientot j'espère

Michel

Commentaire de Qosqoruna posté le 27-12-2009 à 20:22:00

Bravo pour le récit: Pfiouuuu...!
(La fatigue et surtout l'oubli de l'échelle (17000) sur le retour à la carte 1 ont généré je pense les erreurs.)
A bientôt la Tortue.

Commentaire de Karllieb posté le 28-12-2009 à 17:32:00

Bravo La Tortue. Belle course. Je confirme ton état à l'arrivée... cuit à point. C'est vrai que c'est beau l'orientation quand c'est à haut niveau.

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