Récit de la course : Saintélyon 2009, par Pierrot69

L'auteur : Pierrot69

La course : Saintélyon

Date : 6/12/2009

Lieu : St étienne (Loire)

Affichage : 4416 vues

Distance : 69km

Objectif : Pas d'objectif

10 commentaires

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Le récit

Hum, hum, désolé pour la longueur!

Préambule :

SaintéLyon, SaintéLyon, ce nom résonne en moi depuis pas mal de temps déjà...
Des discussions entre coureurs, des récits lus ça et là. Pendant bien longtemps ce nom est resté un rêve qui me semblait complètement inaccessible. Un truc de dingue ! Au bout de combien de temps on peut se lancer dans cette aventure ?

Quand j'en parle en famille on acquiesce pour dire que c'est un truc complètement fou et quand je dis que j'aimerai bien faire cette course on me suggère plutôt de la faire en relais. Mes frangins seraient presque prêts à m'accompagner. Enfin... c'est dit en rigolant à la fin du repas de famille après avoir bien bâfré et en dégustant un bon gâteau ! De toute façon peu importe, moi ce qui me branche c'est de faire ça en solo, le relai ne m'intéresse pas ! Notez que je n'ai rien contre les relais, j'ai même plutôt apprécié de voir passer les premiers lancés comme des bolides même si c'était souvent chaud dans les dépassements, mais  c'est juste que pour moi « SaintéLyon » résonne en solo.

Alors, et si c'était cette année ?  Me voilà avec 2 ans révolus de course à pieds à m'entrainer sérieusement et mon 3ème marathon est programmé pour Septembre à Berlin. Celui-ci se passe étonnamment bien et j'en regretterai presque de n'avoir pas été plus ambitieux après coup. Mais j'ai compris qu'il valait mieux être modeste sur ce genre de distance. En tout cas cette fois-ci il n'y a plus de doutes possibles, mon collègue Olivier et moi nous irons à la SaintéLyon !

Préparation :

J'avoue que je compte beaucoup sur l'endurance acquise dans la préparation marathon et je ne vais faire que l'entretenir sans suivre un plan rigoureux mais en ne négligeant rien des fondamentaux malgré tout. Il me manque surtout du dénivelé, faire du chemin cabossé pour habituer mes chevilles, me frotter à des conditions climatiques plus rudes ; m'endurcir en quelque sorte !
Je m'inscrits donc à quelques courses nature autour de Lyon sans réels objectifs chrono (enfin, quand j'ai le dossard sur le ventre, ce n'est plus la même chose !) ; « 9 clochers », « Val'Lyonnaise », « Foulées Majolanes », « Jogg'iles » seront au menu et celui-ci sera complété les WE sans courses de sorties type trail autour de Crémieu de 3h environ. Celles-ci me permettent de tester tout mon équipement et trouver mes allures.

L'équipement : (aucun intérêt pour le récit, c'est juste informatif)

Ça va faire un peu pub mais pourtant ce n'est pas le propos. C'est simplement pour moi l'occasion de partager ici ce qui pour moi m'a convenu. Je le fais en remontant des pieds à la tête.

  • Pour les baskets, je n'ai pas tergiversé longtemps, c'est Asics Trabuco et rien d'autre. Tout simplement parce que ce sont de véritables pantoufles et surtout qu'elles sont super stables. Et comme j'ai les chevilles qui ont une fâcheuse tendance à se dérober, je bannis mes chaussures route aussi légères et confortables soient elles. Je n'ai d'ailleurs pas l'once d'une ampoule après la course et, bien sûr j'ai manqué un peu d'amorti sur la fin, mais cela ne m'a pas marqué plus que ça.
  • Chaussettes Monnet Expert Trail Confort. Voilà une chaussette qui porte bien son nom! Top! En plus c'est «made in France» alors...
  • Mini guêtres raidlight. On ne les sent pas, bonne protection. C'est rassurant de savoir qu'on n'aura pas un vilain caillou ou une brindille qui va pénétrer dans la chaussure. Un peu fragiles? On verra bien dans le temps.
  • Manchons de compression Booster. Intox ou réel effet, qui peut dire? En tout cas moi je suis convaincu. Non pas que je cours plus vite (malheureusement) mais comme anti-crampe c'est certain en ce qui me concerne.
  • Corsaire Odlo Active Run. Rien à dire, simple, efficace, jamais trop chaud, jamais trop froid. Il manque juste une poche un peu plus grande mais là je n'en avais pas besoin.
  • Sous-vêtements. C'est bête mais c'est important ce genre de petits détails... Boxer X-Bionic. Aucun frottement, je ne passe même pas de crème tellement c'est confortable.
  • En haut, c'est Odlo aussi. 1ère couche MC Evolution light, un must de confort et de régulation thermique. 2ème couche ML modèle Détroit, il est windstopper sur le devant et bien confortable mais abrasif si porté seul. Pas de soucis dans cette configuration.
  • Je complète par des gants et bonnets toujours chez Odlo. J'aime bien ne pas avoir froid et ils ont une super régulation thermique.
  • Un sac à dos Diosaz Raid 17l de Décathlon. C'est un peu grand pour cette course mais c'est le seul que j'ai et je ne le sens pas une fois sur le dos. Malgré la météo clémente, j'y glisse un coupe vent Adidas, un ML Helly Hansen (un kayakiste ne pars jamais sans!) et une paire de chaussette de rechange. C'est du superflu mais c'est pour moi une sécurité en cas d'abandon. Quand je repense aux coureurs frigorifiés sous leurs couvertures de survie je ne regrette pas d'avoir transporté ces deux articles...
  • J'ai oublié la frontale! Une Led Lenser H7 avec des bonnes piles Lithium. Le faisceau n'est pas super large mais la puissance est là et c'était parfait. Le régulateur permet d'économiser les piles et d'adapter à tout moment l'éclairage au terrain. J'avais également pris une Petzl tikka xp en secours que j'avais attaché à la ventrale du sac mais elle ne m'a pas servi. D'une parce quelle n'éclaire rien du tout et deux parce que la frontale me suffisait. Je m'en passerai sans hésiter la prochaine fois.
  • Dans la poche à eau, j'ai fait un mélange St-Yorre dégazéifiée, Poudre Hydra Energy de Décathlon sous dosée, le tout complété avec un peu d'eau plate pour avoir 1,5l environ. Ce n'est pas écœurant et ça passe bien. A tester avant bien sûr!
  • Quelques barres Gerblé Amande, des pâtes de fruit, un paquet de Tuc, des gels énergétiques... auxquels je n'ai pas touché, nous verrons pourquoi!
  • Je complète pour les étourdis! Mouchoirs en papier, Téléphone, Carte d'identité, Couverture de survie, Sifflet.

Voilà, c'est beaucoup mais j'avais tout pour faire face à pas mal de déboires... Pour une première il faut peut-être cette prudence...

Oups ! J'allais oublier l'indispensable !!! Un buff kikourou au poignet et un autre attaché au sac sur lequel est déjà cousu l'écusson!

Pré-course :

J-10, tout s'est plutôt bien déroulé jusque là, j'ai pu faire tous mes entrainements malgré mes déplacements pro, pas de blessures en vue, pas de fatigue excessive. Je relâche un peu, surveille mon alimentation et... les virus hivernaux s'immiscent dans ma petite famille ! Me voilà garde malade. J'ai beau faire attention, je n'y coupe pas moi non plus et me voilà bien travaillé du ventre. Petite gastro, heureusement pas trop sévère mais là c'est la tuile ! Un léger rhume par-dessus et voilà toute ma belle confiance qui s'écroule ! Je tourne au régime smecta, doliprane, gouttes pour le nez jusqu'au mercredi précédent la course. A partir du Jeudi je commence malgré tout mon gavage sucres lents mais j'ai des doutes sur les dégâts causés par cet épisode sur ma flore intestinale... On verra bien !

Je me suis forcé à me coucher tôt toute la semaine pour arriver bien reposé mais plus l'échéance approche et plus je me réveille tôt... Serais-je en train de stresser ? Samedi matin, me voilà les yeux grands ouverts à partir de 4h du matin et impossible de me rendormir pour faire une grasse mat'. Pfiouu, c'est malin... A 11h tout mon barda est prêt et nous filons au restaurant pour une méga fête de famille, un de mes cousins fête ses 30 ans ! Je l'ai prévenu que je ne ferai que regarder les plats. Grrrrr, pas de petits fours, champagne et autres délices qui défilent sous mes yeux... Je me contente de la salade de pâtes que j'ai préparé sous les yeux étourdis des serveurs qui apportent le foie gras !
Vers 17h, je me sépare de tout ce petit monde qui me souhaite bon courage en pensant (tout haut) qu'ils saluent un fou et me rends à Gerland pour attendre Olivier. Ce dernier va se faire Munich-Lyon-Sainté-Lyon-Munich en moins de 24h en empruntant avion, bus et pédibus...
Il tarde un peu à arriver, la nuit commence à tomber mais finalement le voilà et nous embarquons dans une navette qui nous amène directement au départ à Saint-Etienne. Ça y est cette fois-ci nous y sommes. L'aller était paisible, espérons que le retour le soit tout autant. Hum

Retrait des dossards, Nickel. Digne d'une organisation à l'Allemande !
Avec tout ça il est l'heure de se diriger vers le restaurant où a lieu l'AAB kikourou. Nous nous y rendons avec d'ailleurs quelques kikous croisés dans le hall (merci les buffs !) et sommes accueillis royalement par Patricia et Bertrand. Tout a été dit sur cette organisation mais là mon collègue Olivier est vraiment bluffé, il ne savait pas trop à quoi s'attendre (moi non plus finalement !)

22h, nous retournons dans le Hall nous préparer. C'est carrément impressionnant cette foule de coureurs qui attendent le départ. J'arrive à dérouler un bout de couverture sur laquelle nous nous installons pour enfiler méthodiquement tout notre équipement. 

22h30, nous sommes fin prêts. Comment tuer le temps ? Nous commençons par aller déposer nos sacs dans les bus. A cette heure là il n'y a pas encore la cohue puis nous dirigeons vers les stands partenaires et notamment vers celui d'Areva pour une photo que je redoute. « Même pas peur », mon œil oui ! On n'a pas intérêt à abandonner pour le coup car sinon c'est un peu la honte ! D'ailleurs ça doit être un signe, je n'arrive plus à remettre la main dessus dans tout mon barda... La queue encore pour les toilettes et voilà qu'il est 23h30. Nous allons alors nous placer sur le départ car il ne fait pas froid et l'attente ne sera pas trop pénible. Nous sommes déjà à une bonne longueur de la ligne de départ au milieu de la troupe qui s'agglutine peu à peu.

23h55, le speaker fait monter l'ambiance, on allume les frontales, on applaudit, la musique envahie l'aire de départ et voilà enfin la libération !

La course :

Objectif 1 : Arriver !
Objectif 2 : Si possible moins de 8h30'
Pour ça j'ai regardé les temps de passage sur softrun et, comble du comble, j'ai calibré la trace GPS du parcours 2009 avec ce petit outil bien pratique. Chargée dans le 305, il n'y a plus qu'à suivre le partenaire virtuel ! Simple, non ?! C'est à se demander si ça vaut le coup de courir !

Saint Etienne - St Christo : (01:45:52)

1er km tranquille dans le paquet puis nous prenons notre rythme de croisière autour de 10km/h. Très vite, je sens que quelque chose ne va pas. J'ai le souffle un peu court (pourtant on ne va vraiment pas bien vite !) mais surtout le ventre qui gargouille et qui me travaille...
Au bout des 5km de plat, j'ai déjà un point de côté. Le truc que je n'ai plus connu depuis... pfff, j'men souviens plus ! Ça promet !
Je préviens Olivier que je risque d'en baver et on adopte un rythme très tranquille pour que je fasse passer ce foutu point ! Première montée sur bitume, à ce rythme là ça passe bien et au contraire ça me permet de changer un peu ma respiration et décontracter mon diaphragme. Le point finit par passer mais pas le mal de ventre... On attaque les premiers chemins, c'est large, roulant, mais je ne profite pas et ne prends pas de plaisir... Nous arrivons finalement à St-Christo près de 5' après mon estimation... Bien que j'ai tout pour sauter le ravitaillement, je prends un grand verre de thé bien chaud généreusement tendu par une bénévole. On ne s'attarde pas (moins de 2') et repartons aussi sec sur notre rythme de sénateur.

St Christo - Moreau : (00:46:14) (02:32:06)

Toujours des larges chemins bien boueux mais finalement il est facile d'éviter les flaques. Il faut prendre un peu ses distances ou se décaler du coureur qui précède et ça passe sans problèmes. Ça me permet de voir que ma frontale est suffisante d'autant que la nuit n'est pas complètement noire. Toujours est-il que je subis sur cette partie, constamment en train de freiner Olivier qui aimerait bien qu'on avance un peu...
Encore un arrêt rapide (2') au ravito mais cette fois-ci je prends un Coca. Je me suis rendu compte de mon erreur au premier ravito. J'espère que celui-ci fera effet et permettre de calmer mes douleurs et mes nausées...

Moreau - Ste Catherine : (00:44:19) (03:16:25)

Nous progressons toujours très tranquillement malgré le profil plutôt descendant. Je regarde de temps en temps le partenaire virtuel qui a 800m d'avance sur moi. Je suis dépité car on approche des 30kms de course et je n'en ai pas vraiment profité jusque là. Je songe une seconde à abandonner à Ste Catherine... mais je n'en parle surtout pas à Olivier connaissant évidemment sa réaction et surtout j'ai entendu la réflexion de Michel Delore dans le palais des sports, « si on n'est pas blessé, on n'abandonne pas ! ». Sur le coup j'ai presque honte d'avoir eu cette idée et bien vite elle est refoulée très loin ! Je ne sais pas si c'est cette nouvelle rage ou l'effet du coca mais ça commence à aller un peu mieux du côté du ventre même si ce n'est pas encore ça... On essaye de ne pas s'arrêter à Ste-Catherine mais il y a foule et traverser le ravito nous prends 3min. Une pâte de fruit tirée du sac et nous voilà repartis.

Ste Catherine - St Genoux : (01:14:45) (04:31:10)

Olivier fait l'allure et je me traine toujours autant derrière. Il faut en plus être hyper concentré car les relais déboulent et la place est parfois comptée sur les chemins. Arrive alors la descente du bois d'Arfeuille sur laquelle j'ai lu tant de choses. Mais finalement c'est pile le moment ou je commence à me sentir mieux et malgré une descente en file indienne au pas, c'est enfin un endroit où je me fait plaisir. Après celle-ci c'est encore de longs chemins qui vont nous emmener jusqu'au ravito de St Genoux mais celui-ci tarde un peu à venir... Finalement c'est dans une grange qu'il est positionné. En entrant dans celle-ci ma première réflexion est qu'on va perdre ici pas mal de temps et que c'est un peu exigu pour un ravitaillement. Mais très vite je me dis qu'il est 4h30 du matin et qu'il y a des bénévoles qui sont là à nous attendre alors la moindre des choses c'est qu'ils soient au chaud ! J'en profite d'ailleurs ici pour les remercier, c'est vraiment une belle générosité de nous accompagner de la sorte. Du coup je regarde cette grange d'un autre œil. Je me rappelle qu'une ribambelle de petites lumières nous y a conduits. J'y vois de la paille, des coureurs qui soufflent tels des bœufs, un attroupement au fond celle-ci comme si il se passait quelque chose d'important et, à quelques jours de Noël, je souris à cette association d'idées qui m'est venu à ce moment là ! Après analyse, nous ne nous sommes finalement arrêtés que 2' dans cette grange !

St Genoux - Soucieu : (01:00:10) (05:31:20)

A partir de maintenant, je me sens un peu investi d'une mission, aller annoncer la bonne nouvelle (je me demande bien laquelle, d'ailleurs !) à Gerland ! Alors Gerland, nous voilà !
Cette fois-ci ça y est, mes problèmes gastriques sont définitivement passés, les jambes vont encore bien malgré le fait qu'elles viennent d'effectuer un marathon. Le profil est plutôt roulant et en descente. Notre moyenne remonte enfin un peu. Et il va falloir car le petit bonhomme de ma montre a 1,5km d'avance sur moi le bougre! Cela aurait pu me démoraliser mais au contraire ça me motive et, malgré l'impossible challenge, je me dis que ça vaut le coup de le relever et de croire que c'est encore possible ! Le parcours alterne routes et chemins, la nuit est douce et je profite enfin à plein de cet événement incroyable qu'il nous est donné de vivre. L'arrivée dans Soucieu est magique, il y a un max de spectateurs, on est encouragé, applaudi, soutenu.

Je suis saisi et pris d'une grande émotion à cet instant. Je sais qu'il reste le plus dur à faire mais j'entrevois ce rêve qui se matérialise peu à peu. On cafouille un peu au ravito, j'ai besoin de refaire le plein de ma poche à eau. Olivier s'écarte, je le perd, je tourne un peu pour le retrouver. 5' d'arrêt au total. Aïe, si en plus on se rajoute des handicaps...

Soucieu - Beaunant : (01:27:24) (06:58:44)

La sortie de Soucieu se fait sur la route. Il faut redonner un peu de rythme mais le profil est en descente et cette partie se fait bien. Lorsque nous quittons la route, c'est pour prendre un chemin qui va nous emmener dans un creux pour traverser le garon. Passage sur la passerelle puis remontée sévère juste derrière mais elle n'est pas très longue. Derrière c'est la descente sur Chaponost. Je crois me souvenir que c'est par là que je croise blob et son acolyte mais je ne suis plus très sûr, c'était peut-être avant Soucieu. En tout cas c'est sympa de se retrouver à cette heure avancée de la nuit. En revanche, dans une petite bosse vers Chaponost, j'entends une petite voix qui m'interpelle à ma gauche. Mais, mais..., mais c'est Anne tout sourire qui est là! Alors ça ! Je n'en reviens pas ! Nous sommes 5000 solos et je croise une collègue de travail ! Je savais qu'elle faisait la course mais j'avais peu d'espoirs de la croiser vu le monde. Bon, Anne il faut quand même savoir qu'elle a plusieurs STL à son actif, « finisheuse » du MDS, que quand elle s'embête le we elle va randonner. « Qu'est-ce que tu as fait ce we ? », traditionnelle question du Lundi matin autour de la machine à café. « Ah, on a marché avec des amis, on a fait le mont-blanc ! ». Ben voyons ! Du coup on papote un moment. Elle a malheureusement du abandonner au GRR quelques semaines plus tôt car son mari était blessé et elle ne se sentait pas de continuer seule... Du coup elle vient terminer la saison avec cette STL. Respect ! Avec tout ça nous sommes vite à Beaunant.
Petit arrêt au ravito mais on ne traine pas trop (3'). Les jambes commencent à être dures et il y a encore de la distance à parcourir.

Beaunant - St-Georges : (00:54:29) (07:53:13)

Ouille, ouille, ouille. Ça ça fait mal ! Montée des aqueducs à Beaunant. C'est très beau et chargé d'histoire mais je ne suis pas sûr de l'apprécier à sa juste valeur... Pourtant je m'accroche et j'invite Olivier à en faire autant. Mais dans Ste-Foy il est usé et veut terminer tranquille. J'ai beau l'invectiver et l'encourager mais ça coince pour lui et il va finir mais à son rythme. J'ai mon bon de sortie et je le regrette un peu car sans lui je ne sais pas si je serais arrivé jusque là et j'aurais bien aimé qu'on termine ensemble... Mais il ne peut plus rien lui arriver maintenant alors je sais qu'on se retrouvera au bout.
L'arrivée sur Lyon est magique avec une belle vue dominante, mais il nous faut encore remonter du côté de Fourvière... Bof, au point où en sont mes jambes de toute façon... Il n'y a plus que le mental maintenant et rien d'autre.

St-Georges - Gerland : (00:32:04) (08:25:17)

Je ne m'arrête pas au ravito. Pas la peine, seule l'arrivée compte maintenant et la lutte contre le chrono pour passer sous les 8h30'. Traversée de la Saône. Des zigs et des zags pour arriver sur la place Carnot qui s'éveille doucement. Je pense à la chanson de Bénabar « Couche-tard et Lève-tôt » en traversant celle-ci.
Passage sur le Rhône et puis encore 3kms à se battre sur les quais et dans le parc de Gerland. Je regarde mon petit bonhomme sur la montre et cette fois-ci c'est moi qui ai 600m d'avance sur lui ! Na ! Non mais !

Je cours comme un robot et me traine lamentablement jusqu'à l'arrivée mais ça y est enfin, me voilà dans le palais des sports ! Whaou ! C'est fort !
Je récupère mon tee-shirt, avale 2 coca et ne reste pas trop car j'ai besoin d'aller m'isoler. Je file dans le gymnase où se trouvent nos sacs et savoure là de longues minutes à réaliser ce qui vient de m'arriver. Lorsqu'Olivier arrive quelques minutes après, on se congratule et on prend la décision de ne pas rester. Il est claqué, et doit prendre son avion dans l'après-midi alors il souhaite vite aller se reposer.

Épilogue :

Une fois la ligne d'arrivée franchie, point de bonne nouvelle à annoncer finalement. Je sais que ceux qui m'ont précédé et ceux qui vont suivre la connaisse déjà ! Dans cette grange ou pendant cette nuit ils ont trouvé ce petit grain de folie qui est semé en chacun d'eux. Pas sûr que celui-ci puisse changer le monde mais plus modestement agrémenter nos vies du plaisir simple de se mesurer à soi-même et se prouver qu'on existe ce qui est déjà en soit une belle expérience...

After :

Il va sans dire que malgré mes soucis gastriques, j'ai adoré cette course, cette ambiance et le défi personnel qu'elle représente. Alors bien sûr j'y repense déjà pour l'année prochaine en mettant la barre toujours un peu plus haute...
Je pensais naïvement que mon fidèle Olivier serait calmé et qu'il se passerait un bon moment avant que l'on reparle de projets un peu fous. Oui mais voilà... 3 jours après son retour en Allemagne où il vit, voici ce qu'il m'a envoyé ... Un petit descriptif en Français 
C'est un format de course à peu près similaire avec beaucoup plus de sentiers qu'à la STL mais celle-ci à lieu de jour. Et tout comme la STL c'est une doyenne des courses de longue distance en Allemagne. Alors... au 31/12 le prix d'inscription augmente de quelques euros, ce serait vraiment dommage, non ?

 

10 commentaires

Commentaire de gdraid posté le 17-12-2009 à 11:16:00

Merci toystorie, pour ce très long récit, que j'ai d'abord lu (pour voir) de bas en haut, puis que j'ai relu normalement, de haut en bas, tellement ce film de ta course m'a intéressé.

Bravo pour ta réussite, de cette difficile course nocturne !
JC

Commentaire de @lex_38 posté le 17-12-2009 à 13:07:00

Nickel ce récit!
Je ne sais pas si c'est les pâtes de l'AAB ou le petit bonhomme de ta montre qui t'a le plus aidé, mais tu es allé au bout dans le temps prévu! Chapeau pour ta découvert de la distance! Et je vois que maintenant que tu y as goûté, on ne va plus t'arrêter...
Au plaisir de se recroiser!

Commentaire de jean-chris05 posté le 17-12-2009 à 13:32:00

J'ai passé ton récit a essayer de te rattrapper sans jamais y parvenir. Toujours quelques minutes d'avance qui te permettent de terminer en moins de 8h30.
Félicitations,

Jean-Christophe.

Commentaire de langevine posté le 17-12-2009 à 16:38:00

ah ben ça valait le coup d'attendre!! j'ai même réussi à tout lire sans piquer du nez!
bravo Pierre pour cette première et rendez vous pour les prochaines courses du mois de janvier, on est servi dans le coin! ;-)
bises et vite vite que les entrainements reprennent, à nous la joie des séances VMA dans le froid et la frontale .... coooooool !!!
Karine

Commentaire de yves_cool_runner posté le 17-12-2009 à 18:41:00

Bravo. Et ben, tu as mieux géré les arrêts et les ennuis gastriques que moi : j'ai passé 42' arrêté au total ! Encore un candidat au moins de 8h00 pour 2010.

Commentaire de Mustang posté le 17-12-2009 à 21:34:00

sympa ce récit très détaillé!! bravo pour ta course!

Commentaire de canoecl posté le 18-12-2009 à 18:08:00

Compte rendu magistral avec tous les détails....
Performance superbe !
Tu devais être descendeur en kayak pour aller aussi vite en trail.....

Commentaire de Pierrot69 posté le 19-12-2009 à 10:36:00

Yes! C'est effectivement ce que je préférais ;)
Être seul contre soi-même sur la rivière c'est magique! Et finalement les efforts se ressemblent avec le trail je trouve, endurance et mental...
Merci pour tous vos commentaires!

Commentaire de julsocks posté le 23-12-2009 à 23:58:00

super CR, bien rythme. Merci pour le lien du course generator, c'est ce qu'il me manquait. Je vais regarder ca de plus pres. J'aurais peut etre des questions :)

Commentaire de Arclusaz posté le 08-11-2011 à 22:47:05

J'ai lu ce récit il y a presque deux ans : je le re-découvre après avoir fait la connaissance de l'auteur...
ce récit m'avait marqué à cause de phrases comme celles-ci :

Dans cette grange ou pendant cette nuit ils ont trouvé ce petit grain de folie qui est semé en chacun d'eux. Pas sûr que celui-ci puisse changer le monde mais plus modestement agrémenter nos vies du plaisir simple de se mesurer à soi-même et se prouver qu'on existe ce qui est déjà en soit une belle expérience.

Tu écris aussi bien que tu cours !!
à bientôt j'espère.

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