Récit de la course : Chassieu Running 2009, par Baobab

L'auteur : Baobab

La course : Chassieu Running

Date : 10/5/2009

Lieu : Chassieu (Rhône)

Affichage : 1234 vues

Distance : 10km

Objectif : Pas d'objectif

8 commentaires

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Le récit

Chassieu Running 2009

 

1ère édition pour la nouvelle équipe organisatrice. Chassieu est une commune de l'est lyonnais, proche de l'aéroport Saint Exupéry, au sud de Décines et à l'est de Bron. Je ne connaissais pas du tout le coin, n'y ayant jamais bossé, et surtout n'y connaissant personne. C'est mignon je dois dire, surprenant aussi, de part la verdure qui n'est pas une caractéristique évidente de l'est de Lyon. Je ne veux pas vexer les habitants de Décines/Meyzieu et cie, mais tout de même Chassieu est moins bétonné et surtout plus "vert".

 

Je me rends sur place à vélo (10km), ce qui me permet de me réveiller tranquillement, et d'assurer un début d'échauffement. Arrivé sur place, je retrouve des amis. Nous retirons nos dossards (et nos T-shirts souvenirs), buvons un café (merci à l'organisation qui a prévu ce qu'il fallait), puis partons à l'échauffement autour de la piste d'athlé sur laquelle nous arriverons tout à l'heure.

 

08h51, il est temps de rejoindre la zone de départ.

 

Km0 Je suis placé à quelques mètres de la ligne de départ. L'ambiance est bon enfant. Je fais la connaissance d'Yves (coolrunner). Heureusement qu'il avait une casquette de kikou sans quoi je passais à côté sans le remarquer en particulier. Rencontre agréable, discussion sympa. On se souhaite bonne course. (Le Mc s'assure de l'attention de tous, coureurs, signaleurs, motos etc... ça va partir, ça va partir, boum, ça paaaaaart !!!!! Toujours la même impression de piétiner, d'être ralenti par la masse, englué dans les pattes à l'eucalyptol. Je me contrains à assurer la trajectoire la plus rectiligne possible, histoire d'éviter des décamètres en trop. Tout se passe bien, le groupe s'aère et prend forme rapidement. Longtemps je vois les premiers, et comme j'ai de bonnes sensations, je me dis que peut être me voilà dans un jour faste qui pourrait  me réserver une belle surprise.

 

 

 

Km1 03'38

 

Belle surprise en effet... Gloups, j'y suis pas allé un peu fort pour commencer ? C'est sûr que si je maintiens je peux éclater le chrono, mais malheureusement ça sent le traquenard...méfiance. Je décide de lever un poil le pied, histoire de retrouver une base plus soutenable. Allez...au hasard 4'/km. Je me vois bien partir pour 40' : il fait beau, la température est idéale, le parcours est annoncé sur le sitecomme étant platissime (avec humour en plus! ), il n'y a pas de vent (pour l'instant), et surtout je suis complètement dégagé de tout stress. Comme je l'ai écrit plus haut je suis venu à Chassieu sans aucune pression, ce qui peut se révéler un plus.

Je continue, en cherchant mes jambes, que je crois bien trouver, contre toute attente. C'est marrant ça, je me fais bien plaisir à 15km/h alors que ça fait un mois que je rame sur mes séances à allure spécifique. Evidemment ça serait pure naïveté de croire que des sensations du deuxième kilomètre décident du chrono final, mais on aime bien se laisser raconter des histoires avant de s'endormir .....

 

 

 

Km2 07'34

 

J'ai passé le 2ème km en 3'56. C'est un poil plus lent que mon temps sur séries 6*1000 ou 3000/2000/1000, donc ça me convient. Et surtout ça signifie que j'ai assez bien contenu l'explosion du 1er kilo. Je me sens en forme, et je pense de plus en plus être en mesure de concrétiser mes espoirs.

 

 

 

Km3 11'45

 

Je conserve une avance confortable, mais j'ai suffisamment d'expérience pour être alerté par ce temps. Je viens de passer le 3ème en 4'10, ce qui est bien inquiétant. Ralentir de 14 secondes/km entre le 2ème et le 3ème doit faire passer les voyants au rouge : si ça continue c'est l'explosion assurée ! Il ne s'agit plus à présent de se la raconter. Il faut prendre les décisions, les bonnes, et rester à l'écoute de tous les paramètres. Courir sans mp3 dans les oreilles me permet d'analyser le régime des proches concurrents. Après réflexion, ils me semblent tous sur la brèche, sans réserve, proches de l'asphyxie pour certains. J'ai l'impression pour ma part d'être un peu plus confortable. C'e serait un bon signe si je ne me sentais pas si fatigué. Les jambes sont en forme, le moteur ronronne gentiment, mais je me sens crevé. J'ai envie de dormir, ce qui me permettrait de récupérer un peu de ce fameux influx nerveux. C'est pas le moment d etraîner, il faut que je me secoue sinon je vais terminer en marchant. Il est  strictement interdit de se prendre un mur sur 10 bornes (mdr) !!!!

Alors que le parcours nous mène vers l'est, empruntant une piste cyclable toute droite, il nous faut lutter contre un des pires ennemis du coureur : le vent. Il est plus faible qu'à Villeurbanne, mais il faut faire avec sur 1,5km. C'est pas rien, d'autant que comme le 10bornes se fait sur une boucle de 5km, il faudra se retaper la même épreuve entre les km 7 et 9. J'essaye au maximum de me placer derrière d'autres coureurs, mais je suis quand même géné (le coureur de fond n'est pas réputé pour ses rondeurs).

 

 

 

Km4 16'00

 

Dernier km en 4'15 : c'est très bien pour finir en moins de 43mn, mais c'était pas vraiment l'objectif de mes rêves. Je décide d'attendre le passage au 5ème pour mettre un coup de rein. On aura alors un vent favorable, juste avant le dernier tiers qui promet des étincelles !

Nous prenons assez rapidement à gauche, chemin du trève, pour arriver sur la zone de départ. Nous sommes encouragés par quelques spectateurs, et attrapons au vol un gobelet rempli d'eau. Je bois le demi verre, et me prépare pour la deuxième mi-temps.

 

 

 

Km5 20'21

 

Immédiatement je multiplie par deux et me fixe le produit pour objectif. Ça serait un poil mieux qu'à Villeurbanne, pas transcendant mais honorable.

Dans l'ensemble je me sens bien. Je manque de jus, de vitalité et de gnaque mais c'est pas nouveau. Voilà un mois que je n'assure plus sur mes séances rapides. Je me sens cramé. Peut être ai-je été imprudent dans la gestion de mon entraînement après Villeurbanne (15/03) : 0 semaine allégée, une compétition le 31/03, puis reprise des blocs calibrés 4'/km, mais avec des profils plus exigeants 2*3000 r2' en lieu et place des 6*1000 r1'30 dont j'ai abusé cet hiver. J'ai aussi intégré des séances d'endurance plus rapides, et surtout beaucoup plus longues.

J'arrête là les justifications, je ne veux pas sombrer dans le pathétique ; )

Bon, on ma dit qu'on devait courir, alors je vais peut être m'y mettre moi ! C'est pas fini la plaisanterie ? Non ? Plus que 5km? ah...

 

J'enclenche la vitesse supérieure, sachant 1) que j'ai le vent dans le dos  et 2) qu'il faut assurer le même train que lors de la première boucle si je veux terminer en moins de 40'45. Je serre bien dans les virages, ne me laisse pas distraire par les petites combines de certains qui veulent impressionner la galerie (genre je te colle alors que la route est très large...mon pote je t'aime bien, mais on n'est pas mariés. En plus tu sens la sueur, c'est pas glamour.)

 

 

Km6 24'30

 

C'est marrant, on s'attendait à un déluge, et en dehors de trois gouttes, on n'a rien pris sur la tronche.

 

 

 

Km7

 

Retour dans la zone exposée au vent. Ne pensez pas à des bourrasques à coucher un arbre. Après coup j'ai consulté la météo qui parlait d'un zéph' à 25km/h...pas de quoi décorner les boeufs, certes, mais tout de même, ça fane de lutter contre les éléments. Comme si on n'avait rien d'autre à faire que de courir contre le temps.

Contrairement à la première boucle, je suis complètement isolé. Pas une aisselle à respirer, pas un attrape-mouches après qui rouspéter, rien, que dalle. Je me sens scotché au bitume. Je dois être à 4'30/km...génial, je vais bientôt trouver mon allure marathon !!! aie aie aie....ça va faire mal au chrono cette ligne droite./ cela dit je ne suis pas tout seul : devant ça plafonne aussi, et derrière c'est poussif.

Tout de même je me fais doubler par JC du récit de yvescoolrunner (http://www.kikourou.net/recits/recit-7478-la_ronde_vaudaise_-_10_km-2009-par-yves_cool_runner.html) . Madame C. est motivée par son entraîneur qui depuis son VTT lui indique que si elle continue comme ça, elle sera dans les 40. J'aime bien le « dans les » (parcequ'entre 40 et 40'59, il y a un monde !!!). J'encourage Madame C. J'aime bien être doublé avec la classe. Sauf que là, Madame C. a oublié le savor-vivre : pourquoi  se sent-elle obligée de se mettre dans mes jambes. « Attention je suis là » émets-je. Pas de réaction. Ok, on la refait. Je mets un coup de cul en ronchonnant histoire de repasser un poil devant. Je crois bien que JC n'est pas dans son assiette : elle me refait  le même coup sans vergogne. Je déteste ça, même venant d'une féminine. On n'est pas des moutons, même si c'est sûr : le cerveau est parfois en mode off une bonne partie du temps qu'on passe en course! Je cède finalement la place à Madame C , ça ne sert à rien de s'énerver. En plus c'est balèze ce qu'elle fait, elle est en train de remonter plein de monde en dépit du vent. Chapeau !

Moi, j'attends le km8. J'en aurai alors plus que pour 1km de vent dans la tronche, et surtout je me préparerai mentalement pour l'ultime accélération, qui devrait se faire progressivement du km9 à l'arrivée.

 

 

 

Km8

 

Je regarde vaguement ma montre, et constate que l'écart s'est encore creusé...sans surprise. Il reste 1000m à gérer. Il ne faut pas faiblir, mais surtout, le mental doit être préparé à commander la machine sur un final qui ne pourra pas laisser de place à des regrets ultérieurs. Je préserve mes maigres ressources. C'est pas grave : le chrono est à demi-enterré, mais je peux encore sauver les meubles. C'est difficile pour tout le monde, le bilan se fera aussi en étudiant le classement et les chronos de l'élite. Je remonte vers une grappe de coureurs, imperceptiblement d'abord, puis plus franchement. Le final pourra se faire en groupe, ça sera motivant...cool.

 

Km9

 

Consciemment,  je ne regarde pas le chrono.

J'allonge peu à peu la foulée, retrouvant des groupes qui m'avaient doublé entre le 6ème et le 8ème.  Bientôt, voila l'entrée du stade. Il doit rester environ 400m. Je fonce jusqu'à la piste, puis je décide à lancer le sprint final, persuadé de devoir lutter contre d'autres coureurs. L'allure est  bien peu relevée tout d'abord, puis alors que j'aperçois simultanément l'arrivée et la concurrente féminine de tout à l'heure, je me sens comme un devoir de gagner le plus possible de places (oui, ça a un côté dérisoire et bestial, mais je rappelle que mon objectif c'est d'arriver le plus vite possible, pas avant le maximum de personnes, et on utilise les motivations du moment même si elles manquent de panache). JC et moi arrivons tout pile en même temps sur la ligne; Sur le sprint j'ai bien dû récupérer 5 ou 6 places. (personne ne m'a emboîté le pas)

 

Km10 41'30

 

Le chrono est particulièrement mauvais. Dans les moments de doute je craignais encore pire, mais tout de même, c'est vraiment maigre. 16 semaines de prépa intensive pour passer de 40'21 à Vénissieux en Novembre 2008 à 40'45 (15/03/2009 Villeurbanne) puis 41'30aujourd'hui !!!! je m'en veux terriblement.

 

 

Je sais bien, mon bilan est clair et formulé depuis plusieurs semaines, mais le coup est rude à encaisser. Je suis conscient de ce qui m'a manqué, de ce qui a été mal fait, mal interprété.

Le soir, je relativise un peu mon mécontentement à la lecture des résultats officiels. Le premier est rentré en 32'29 ( beaucoup moins que ce qu'il avait fait à Vénissieux), et je me place honorablement dans le classement, bien mieux en fait que sur mes autres 10km. Petite consolation donc.

J'apprécie la course à pied entre autres pour la connaissance qu'elle me donne de moi-même, pour les défis qu'elle me propose de relever, pour la sueur dans les yeux, pour l'éclate totale qu'elle procure sur certains types de séances. Je suis donc un homme comblé. A travers les circonstances , j'apprends à m'entraîner, je me rends compte qu'un défi sportif ne se réalise que par un travail poussé ET soigné, et que j'ai encore beaucoup de sueur à faire couler avant d'être las, repus et pacifié.

 

 

    Bilan :

     

    ++ le parcours, plat, roulant, varié

      ++ l'arrivée sur piste : j'adoooooore !!!

    + l'organisation

    ++ la bonne ambiance, la gentillesse des bénévoles

    + + le site internet clair et complet, les résultats en ligne le soir même et même un lien vers les photos de Bernard (du site Radio Parilly)

 

      - - ma perf

    - le ravito d'arrivée, un peu léger à mon sens.

 

Merci aux organisateurs et aux bénévoles pour cette belle course. Je vous souhaite une bonne continuation. Votre course, à bien des égards,  mérite de devenir un incontournable du calendrier des courses hors-stades 69.

 

8 commentaires

Commentaire de Matov posté le 11-05-2009 à 16:40:00

comme on dit... "à chaque course sa vérité"! Malgré les voyants qui passaient au rouge, tu as eu le grand mérite de ne rien lacher et de te défoncer jusqu'au bout. C'est dans ces moments-là qu'on voit le mental du battant! Bravo!

Commentaire de yves_cool_runner posté le 11-05-2009 à 18:36:00

Bravo pour ce récit vivant et plein d'humour.... Et pour un résultat plus qu'honorable : beaucoup de coureurs n'ont pas atteint leur objectif, donc ne soit pas trop déçu. On remet ça à Bron le 22 ?

Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 11-05-2009 à 19:26:00

Un premier kilo en 3'38 et tu t'étonnes d'avoir du mal à terminer ? Enfin, 41 minutes c'est pas mal, j'aimerais bien y arriver en ce moment !
A plus !

Commentaire de lechamois posté le 12-05-2009 à 10:20:00

Bravo, certes un parcours roulant mais nous avons tous souffert de ce vent de face dans cette interminable ligne droite de retour !!!

Pour le premier km, peut-être un peu rapide, mais nous avions aussi le vent arrière et je peux te dire que c'est parti très vite et que nous avons tous fait un premier kilo un peu rapide.

J'espère que nous ferons connaissance sur une prochaine course.

A+

Le_chamois_qui_a_aussi_trinqué_sur_les_2,5_derniers_kms ;-)

Commentaire de Belet posté le 12-05-2009 à 13:24:00

Encore un peu de vent, toujours difficile de se battre contre cet ennemi invisible. Mais une course de plus, une expérience de plus.

N'oublie pas que t'es arrivé sans objectif, le mental de finisseur s'improvise rarement au milieu d'une course, on a vite tendance à lacher quand ça devient dur.

Allez, la prochaine, c'est la bonne pour exploser le chrono !

Ara

Commentaire de Fimbur posté le 12-05-2009 à 21:15:00

Bravo pour ton récit, à chaque récit, tes 10km sont de véritables épopées, bien vivant, bien dedans.
C'est pas encore la barre fatidigue des 40', mais il doit être écrit quelque part que tu feras cette perf dans ta prochaine région :)

Bonne récup
Fimbur

Commentaire de JIHEL posté le 14-05-2009 à 17:05:00

Salut,

Super récit,très complet.J'ai aussi mangé en fin de course:(18'00 au 5000 et 37'22 à l'arrivée avaec un premier kilo en 3'28).Il faudra rectifier le tir à Bron.
A+

Commentaire de astra wally posté le 20-05-2009 à 13:13:00

bah c'est pas grave Vincent, l'important est de se faire plaisir avant tout. Il te manque pas grand'chose. Vivement l'air de l'est pour faire exploser le chrono. Promis on fera un joli 10km tout les 2 (dès que je serais remis,sic !). J'ai vu que t'étais sur le marathon de la Ferrette ? à bientôt en terre alsacienne

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