Récit de la course : UFO Ultra Méga Toff - Ecouché-Planches 2009, par Mustang

L'auteur : Mustang

La course : UFO Ultra Méga Toff - Ecouché-Planches

Date : 15/4/2009

Lieu : Ecouche (Orne)

Affichage : 1266 vues

Distance : 45km

Objectif : Pas d'objectif

12 commentaires

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LA NUIT AMERICAINE

La nuit américaine

Relais 12.5 de  la Ultrafondus Méga Toff 2009/ Ecouché – Planches

14/15 avril 2009

 

 

Un an déjà que j’avais rallié Sées  à La Bazoge en compagnie de  -loulou-, d’autres amis s’étaient  joints tour  à tour  le  long de ce  périple  nocturne. Ce soir, pour ce relais, les choses sont différentes. Le fil est en  pointillé ! En arrivant  à Ecouché, nul ne sera  là pour  nous passer  le relais ; en effet, l’équipe venant de Domfront est arrivée vers 22h10 et n’a pas  jugé utile de  nous attendre pour un passage de relais symbolique puisque le fanion n’est que virtuel ! C’est bien dommage. L’an dernier, -loulou- et moi étions arrivés  à 8h30 à la Bazoge et avions attendu nos relayeurs avec café et croissants, jusqu’à midi pour effectuer la passation de fanion. Aussi,  lorsque  nous garons  notre voiture dans  une petite rue, au pied de l’église d’Ecouché, j’ai un léger goût d’amertume. Quoiqu’il en soit, mon fanion, lui,  ne sera  pas virtuel, c’était une question de  principe. Dans  l’après-midi, j’en ai fabriqué un avec  un  morceau de  jersey et deux transferts du  modèle 2009  pris sur  le site d’UFO. Je  l’ai fixé  à une tige accrochée elle-même  à mon sac. Pendant notre course, ce  fanion flottera ! Na ! Quant au café et aux  pains au lait, ils attendent dans  l’autre voiture que  nous avons garée auparavant  à Planches.

Certes,  il a  plu beaucoup en soirée, ce  mardi soir 14 avril. Mais, la  pluie a cessé lorsque  nous  nous  préparons  à partir. Le ciel  même commence  à se dégager et quelques étoiles scintillent au-dessus de  nous. Au départ, je devais être seul à courir, car aucun des coureurs amis n’était dispo pour m’accompagner, faut dire qu’ils devaient tous participer à un off autour du pays d’Alençon, samedi dernier. La plupart a accompli un périple de 80 km mais –loulou- s’était contenté d’un petit bout du parcours, 38  km quand  même ! Aussi, alors que  j’étais encore  à Montpellier, il m’a appelé pour me dire qu’il n’était pas question de me laisser partir seul la nuit dans la campagne argentanaise. Dans  un premiers temps, il devait me suivre en VTT mais finalement, ayant bien géré sa sortie du samedi, il s’est décidé à m’accompagner à pied pour ce relais ! Voilà, il est à mes côtés ce soir comme  il l’avait été l’an dernier  pour le premier relais, comme  il l’avait été lors du  trail noir d’Ecouves de  juin dernier où il m’avait sauvé de  mon naufrage.

Dans  la  bonne  humeur, nous  nous  préparons. J’hésite comme d’habitude sur  l’équipement à revêtir. Il  ne fait  pas froid. Je  laisse  ma veste dans  mon sac et reste en t-shirt  manches  longues. Je  porte en-dessous  un sous-vêtement technique  pour  me tenir au chaud. Je  laisse dans  le coffre  le gilet fluo, j’ai suffisamment de  lumières sur  moi pour  me faire repérer dans  la  nuit. Mon compagnon adopte  la  même tenue. Il est 23h42, nous  partons ! Pas  longtemps car  nous  nous arrêtons  à la sortie d’Ecouché pour des  photos. Ce  n’est pas évident, la  nuit est  bien  noire. Cependant, nous voulons fixer  nos étapes sur la pellicule, bien virtuelle celle-là ! –loulou- m’a  prévenu, et  je  le sais bien sûr, ce n’est pas  un bavard. Donc, notre conversation tout au  long  de  notre périple sera  modeste. Nous quittons  le petit bourg discrètement, seules quelques fenêtres sont  éclairées. J’ai choisi  mon parcours avec soin en  janvier dernier. Ce  ne seront que  des petites routes, certaines  me sont connues depuis  mon enfance car ce  trajet va traverser  les  lieux qui  m’ont vu  naître et grandir.

Nous voilà sur  la route de Goulet, -loulou-  mène  l’allure. Je trouve qu’il file un bon train : nous sommes  à plus de 11,5 km/h, c’est un peu élevé. Je  lui en fais la remarque afin qu’il réduise  la voilure. Rapidement, nous voilà dans  la  nuit totale. Cependant, vers  l’est, des  lueurs  orange jaillissent  à  l’horizon de temps en temps, ce sont les éclairs des orages qui ont filé  au loin. Sinon, la campagne est  paisible. La route est  légèrement vallonnée. J’avais vraiment envie d’être  là, j’attendais avec  impatience ce  moment, certainement, comme je l’ai dit, car ce  parcours est significatif  pour  moi et  puis, courir dans  la  nuit, librement, m’est complètement jubilatoire. Après Goulet, nous  prenons  modestement  un peu de  hauteur. Nous traversons  le chantier de  la future  autoroute A88. Bientôt, nous apercevons  les  lumières d’Argentan, le clocher de  l’église Saint-Germain mais aussi  le toit souligné de  rouge du Buffalo-grill ! Soudain, deux voitures viennent  à notre rencontre. Au vu de  l’expérience de  l’an dernier, nous sommes très prudents. Il  ne s’agit  pas de surprendre  les conducteurs. Nous courons sur  le côté gauche de  la route, nous avons  nos frontales, des réflecteurs fluo, et je  porte des  brassards clignotants  rouges. Mais nous ne doutons que  cette vision au  milieu de  la  nuit  à de quoi  interpeler ! La  première  voiture  passe en ralentissant légèrement puis  la seconde mais soudain  un grand coup de frein retentit : simplement, après  nous avoir passé, l’automobiliste a du nous regarder dans son rétro mais  la route tournait ! Il s’est rattrapé au dernier  moment, heureusement pour  lui.  Nous approchons d’Argentan. Il va falloir  être  prudent car  nous allons longer  le  périphérique. Le Buffalo grill tout en  lumière est une  provocation à l’heure de  la  maitrise de  la consommation des énergies. Au  moment  où nous passons devant, quelques clients sortent et  nous regardent avec étonnement, on le serait  à moins. Nous traversons  la voie rapide et  la  longeons  jusqu’à l’entrée de  la ville. Nous choisissons  de  prendre  le boulevard extérieur  plutôt que  le centre-ville  pour être  plus tranquilles. Voilà une heure que  nous courons et  nous avons parcouru un peu  plus de 10 km. Voilà  une  bonne  moyenne. Nous arrivons au rond-point de  l’avenue de Paris. Une  patrouille de  la  police  municipale  y effectue des contrôles.  Nous  les croisons  en  les saluant,  ils  nous répondent, l’air amusé et étonné  à la fois. La rue Mézerette est à notre droite. Je passe donc  à  quelques centaines de  mètres de cet autre chez  moi. A cette  heure, ma  mère dort bien sûr,  ignorant que son fiston court  dans  la  nuit  non loin d’elle,  à la  poursuite de  je ne sais quoi . Ton sommeil est certainement agité dans  les épreuves que tu traverses, mes pensées  vont vers toi comme elles  le seront  tout à l’heure quand je serai à Exmes.

Les grilles du stade Gérard-Saint font face  à la caserne des C.R.S.  Sur ce stade, je n’ai guère  brillé étant adolescent. Je n’ai pas eu la chance d’avoir des  professeurs de gym suffisamment  intelligents  pour  me faire aimer  le sport et  le goût de  l’effort, pourtant, je  ne demandais que cela. Chacun a ses dispositions  propres, que faut-il pour  les faire éclore ?  Ils  ne  l’ont pas su. Je garde  envers  eux  une rancune tenace, même si  longtemps après. Mon dernier  prof de lycée est toujours  à Argentan, en retraite, il y même  une activité  politique comme villiériste, m’étonne pas de  lui ! Pour revenir  à ce  beau stade qui  porte  le  nom d’un grand coureur cycliste né  non loin de  là et mort dans  un accident  à 25 ans en 1960, je me revois sur cette  piste qui  n’en finissait  pas ! Ces 400  m me  paraissaient  interminables ! Comme quoi ! Une seule  fois, en seconde, mon  prof nous avait emmenés sur  un parcours en campagne. Le tour devait faire dans les 10 km. J’avais vraiment aimé ce moment et avait vécu cette sortie comme  un grand  moment de  liberté. Je ne   me souviens pas d’avoir été à la peine ! L’exaltation du moment a  certainement  oblitéré la souffrance de  l’épreuve. Nous quittons  le boulevard  pour  emprunter  la route de Crennes. Quelques centaines de  mètres et  là, les  odeurs, le bruit du galop des chevaux  lancés  à tout allure  m’assaillent. Non,  l’hippodrome est silencieux et désert. Mais  les souvenirs sont  là. Je  me revois, jeune  lycéen quand  mon  prof de dessin conduisait sa  petite  troupe d’élèves-  nous n’étions pas  plus de 6  à suivre  l’option dessin au  lycée -  le  mercredi  matin sur cet hippodrome afin d’y effectuer des croquis des chevaux à l’entraînement. Je revois ces  pur-sang tout  luisants de  l’effort qu’ils venaient d’accomplir, fumant de tous  leurs  naseaux. Les  odeurs étaient fortes. Mais surtout, le  plus  exaltant c’était quand  je  me tenais au bord de  la piste pour les voir courir : c’était  le tonnerre, le sol vibrait,  le bruit sourd,  intense du galop emplissait  mes  oreilles, mon corps  entier vibrait. C’était de  l’énergie  pure ; le regard  fou, ils passaient devant  moi à toute allure, les  muscles saillants, le souffle  puissant, les  jambes  lancées  le  plus loin possible  à  la recherche d’un nouvel appui dans  le  mâchefer. Je  ne voyais  pas  les  jockeys, seuls comptaient  les chevaux. Ils sont  passés.

Nous quittons Crennes  par  la petite route  montante qui conduit  à la forêt de la Grande Gouffern. Combien de fois  l’ai-je empruntée autrefois en vélo ! Les  paysages n’ont  pas changé, comment  pourraient-ils changer  à ce  point ? Seules, les zones  pavillonnaires se sont étendues. Pas  le  long de cette  petite route heureusement, mais, là-bas, à droite, où  brillent  les  nombreuses  lumières orange de  l’éclairage  public, le  long de  l’ancienne  nationale, à Urou. L’obscurité est telle que  nous  ne distinguons  pas  l’obstacle qui se dresse devant  nous : une haute colline recouverte par  la forêt. Nous arrivons dans Crennes endormie. De suite,  la route  monte. Mon compagnon est devant  moi et grimpe en  petites  foulées. Je  le suis  à distance mais sur cette  pente  à 8%, il est  plus sage de  marcher ! La forêt elle aussi est silencieuse. Parfois,  un léger fracas de feuillages révèle l’envol lourd d’un oiseau de  nuit. Faute de  les voir, je décris  à –loulou-  les endroits que  nous traversons. A droite, se trouve un élevage de faisans, puis dans  le virage sur  la gauche se tient  une  très  belle  propriété. La route amorce sa descente vers  la  plaine de Chambois. Sur  notre gauche, se tient Trun, face  à nous, Tournai-sur-Dives puis  légèrement  à droite, Chambois-Fel et son donjon  moyenâgeux. Derrière, se dresse  la côte 262 !

Nous  obliquons  à droite sur une route encore  plus  modeste que celle que  nous venons de quitter. Au  loin, les  lueurs  orangées des  orages  lointains   soulignent par  intermittence l’horizon. Il  y a 65 ans,  ici, exactement  ici, l’orage était là, furieux, insensé, un orage de  feu et de fer, transformant cet endroit paisible en chaudron de  la  mort. La côte 262. Les armées allemandes  en déroute déboulaient de  notre droite de  la forêt, fonçaient dans  la plaine. Seulement, il y avait  la Dive à traverser ! Pourtant cette rivière est  bien  modeste  à cet endroit. La côte 262. Les  mots  ne  peuvent  pas décrire  l’horreur. Mais  les  images surgissent ! Toute  la famille d’un de  mes copains est  morte, sept  personnes dans  le  bombardement d’une tranchée  où elle s’était réfugiée, au fond de leur jardin, à Tournai. Nous croisons  la route de Sainte-Eugénie.  Sur  la côte 262, entre  le 19 et le 22 août, la division polonaise tente de fermer  la  poche. Le silence est total, seul le bruit de  nos  pas sur  le goudron se fait entendre. Comment  ne pas penser, l’enfer était  là ! Le  mémorial de Montormel-Coudehart, seul là-bas sur la côte 262, veille sur ce drame.

Bientôt deux  heures que  nous sommes partis et  le compteur affiche 20km. C’est  une bonne allure. L’air calme, il fait doux. Nous approchons de Fougy. Autrefois,  mon  père  m’amenait  ici en septembre  pour ses  parties de chasse avec ses amis dans  la  plaine. Je  me souviens seulement de la ferveur de chacun avant la chasse. Les discussions allaient  bon train. Les chiens étaient déjà aux aguets. Le café fumait dans les gobelets. Les  tables disposées étaient couvertes de terrines de  pâtés et de rillettes. Puis c’était le départ  à travers champs. Je suivais docilement, heureux et insouciant dans la terre fraîchement labourée et dans  les chaumes. Mon  père était  piètre tireur. Je  ne me souviens pas qu’il ait ramené grand-chose de ses chasses ! Nous entrons dans Fougy. C’est  un petit, tout petit village au creux d’un vallon, adossé  à la forêt. Il  m’a toujours donné cette  impression curieuse d’être hors du temps, d’être  un village tout droit sorti du Moyen-âge ! Sa situation  à  l’écart de tout n’y est pas étrangère. Nous venions aussi ici pour partir  à la cueillette des giroles, des  pieds-de-moutons. C’était l’automne. Quels enfants vont  maintenant  à la cueillette des champignons ? Dans  la traversée du bourg,  j’ai  un peu d’inquiétude car, lors de  ma reconnaissance de  la semaine passée, j’y ai vu des chiens un peu vindicatifs. J’avoue que c’est ma hantise de croiser un chien en  liberté. Il  n’est pas question d’aimer  ou de  ne  pas aimer  les chiens, et  les donneurs de  leçons auront beau dire, la menace est  bien réelle ! Notre  passage  pourtant furtif en éveillera certains mais  les barrières sont bien fermées ! Nous sortons du village tranquillement en  nous  nous restaurant. Nous croisons  bientôt  la route qui va du Bourg-Saint-Léonard  à Chambois. Nous  poursuivons  en face sur la route de Villebadin.  C’est aussi  une route que  je connais  bien. Tout  petit, installé dans mon siège  métallique fixé  à  l’arrière de  sa  mobylette,  ma  mère  m’emmenait  à Chambois. Bien calé dans son dos,  je voyais défiler  le  paysage  à toute  allure. C’était grisant ! De temps  en  temps,  je me  penchais sur  le côté pour sentir  la vitesse du vent sur  mon visage. Nous allions ainsi à Chambois, parfois à la fromagerie Lavalou où les camemberts se bonifiaient sur les clayettes.

La brume s’installe et nos  frontales  ont  peine  à éclairer. Nous cheminons silencieux. Une voiture arrivant dans  notre dos va  perturber  notre allure. Il est 2h30 du matin, que doit  penser cet automobiliste ? Petit  à  petit, la route se redresse. J’ai  prévenu -loulou- que  la  montée  à Exmes était  le gros  morceau  du  parcours ! Toute proche, une vache meugle  lamentablement. Voilà, nous arrivons sur la départementale. Qui aurait  pu dire qu’un  jour, je viendrai à pied au  milieu de  la  nuit monter au village qui m’a vu  naître ! Je connais chaque  mètre de cette longue côte. Je  laisse filer  mon compagnon sachant  bien que d’ici quelques dizaines de  mètres, il marchera ! Au fur  et  à mesure que  nous progressons, je sens comme  une exaltation  m’envahir. Je raconte  mes souvenirs, rappelle  l’histoire de ce vieux village. Voilà, il est 2h45 et  nous entrons dans Exmes. Quelques  photos devant  le  panneau et nous  montons vers  le faubourg. Les fantômes du passé surgissent : le cantonnier R., les femmes au lavoir, le curé en soutane dans sa traction avant, madame C. et sa  tarte aux  oignons- cela  m’avait tellement paru incongru qu’on  puisse  faire  une telle tarte  -, le garagiste Bibi T. qui  m’emmenait parfois  à Deauville voir  les courses de chevaux, la  mère B et ses dindons  glougloutants, tant d’autres…. J’indique  à  -loulou- que  nous passons au-dessus d’un  tout  petit cours d’eau au  nom très évocateur de Roule-merde, puis sur  notre gauche  l’ancienne épicerie avec ses bocaux remplis de  bonbons ! Nous  marchons dans  la rue. L’ancienne forge que  j’ai vue en action a disparu. Après  le garage, se trouve  une petite  bâtisse qui abritait le Crédit Agricole que  mon  père  a créé  ici en 1946. En face, c’était  la maison de mon copain Jacques F. Et  là-bas, dans  le virage, se trouve  l’école. Nous  nous arrêtons devant  la grille et  j’indique  à Sylvain la fenêtre de  la chambre  où je suis  né. J’y ai vécu mes dix  premières années. Nous reprenons notre périple à la sortie du bourg. C’est difficile de reprendre  la course après  avoir  marché ! Cependant,  la venue d’un camion au  loin donne des ailes  à -loulou- qui se  jette sur la route de droite. Je  pensais avoir atteint  le  point  le plus  haut du parcours mais en regardant  par  la suite  le profil , nous  ne ferons que  monter  même si  une bonne descente nous attend  là . Je raconte encore  mes souvenirs d’enfance à Sylvain. Le croisement  de  la route de Ginai était  l’endroit le  plus éloigné où j’allais enfant  à vélo ! Sur la  gauche, se trouve  une  petite ferme que ravitaillait chaque semaine  l’épicier avec sa camionnette. Pendant qu’il « était » avec  la fermière, ses enfants dévalisaient les bocaux de  bonbons dans  le véhicule !

A 3h30 du  matin, nous croisons  la grande route  qui  va  à Gacé, là où travaille Sylvain ! Elle est déserte à ce  moment. Un  léger vent froid s’est  levé. Bas sur l’horizon, caché derrière  les  nuages, la  lune apparaît, toute diffuse.  Il  nous reste  moins de 15 km à accomplir. La course sur  le goudron a usé  nos  organismes  plus  habitués aux terrains souples des trails.  Notre allure  a fléchi. Après  le  petit village de Saint-Germain-de-Clairefeuille, nous  obliquons à gauche afin d’éviter la grande route  pour gagner  Le Merlerault.  Des  lueurs attirent  notre attention bientôt, il s’agit des  phares des camions sur l’autoroute. Sur  le  pont qui  l’enjambe, je  m’attarde  un peu au passage des  lourds véhicules.  La route serpente dans le paysage  bocager. C’est toujours  le silence, rompu par quelques aboiements de chiens qui  ont  perçu  notre passage, mais des chants d’oiseaux annoncent  l’aube qui est  pourtant encore bien  loin. Nous entrons dans  Le Merlerault. Quelques fenêtres sont allumées. Des gens se  lèvent tôt  pour aller travailler. Justement, devant  nous,  une camionnette fait demi-tour et s’arrête à quelques  pas. C’est  le  livreur d’Ouest-France. A la sortie du bourg, un panneau indique Planches 6 km. Cependant, nous  n’emprunterons  pas cette route trop fréquentée et donc dangereuse  pour des  piétons. Nous passerons  par  le petit village des Authieux-du-Puits, ce qui nous rallongera de 2 km environ. Cela sent la fin. De  nouveau,  un brouillard nous enveloppe. Un  mollet commence  à faire souffrir  -loulou- et  moi, un tendon d’Achille se rappelle  à mon bon souvenir. La route  se redresse. La  lune orange se dégage  petit  à petit de sa  gangue  nuageuse. Il nous reste à gravir  une dernière côte. Tout en étant serein, j’ai  un petit  pincement au coeur. Notre aventure est  proche de son terme. Il reste  un peu  plus de 3km avant d’arriver  à Planches.  Voilà, nous apercevons  le  panneau d’entrée. Nous  obliquons  à gauche  vers  le  parking  où est  garée  ma voiture. Il est 5h06. C’est  la fin du relais 12.5 ! Planches entre dans  l’histoire de  la course  à pied !!! J’appelle  Frenchie et Le Breton. Ils sont près de  L’Aigle, ils vont arriver d’ici  une  vingtaine de  minutes. En  les attendant, nous  nous changeons. Les voilà ! Poignées de  main, photos  pour  la passation de  fanion, un petit café, et nos relayeurs partent  pour Verneuil !

 


 

12 commentaires

Commentaire de le G.G.O. posté le 17-04-2009 à 15:45:00

Merci pour ce récit émouvant ! q'elle devait être belle cette nuit !!

l'GGO_un UFO fier de te connaitre

Commentaire de ouster posté le 17-04-2009 à 18:19:00

une grande nuit celle la, bravo :)
ouster

Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 17-04-2009 à 18:29:00

C'est très beau Mustang ! Tu excelles dans ce type de récit. Je t'envie d'avoir un passé.
Bravo à -loulou- fidèle et solidaire comme à l'accoutumée.
Tu aurais aussi pu surprendre ton public en écrivant que Exmes se prononce "M" ou que l'on pouvait à la fois être instituteur et banquier après guerre.
Le bouffon enlève son bonnet à clochettes pour saluer Mustang le conteur qui nous émeut.

Commentaire de Françoise 84 posté le 17-04-2009 à 19:35:00

Bien joli voyage que tu viens de nous faire faire, merci!!!

Commentaire de xav04 posté le 17-04-2009 à 19:37:00

Merci pour ce trés beau récit et cette belle aventure qui continue...
Au plaisir de te croiser un jour
xavier

Commentaire de chtigrincheux posté le 17-04-2009 à 23:03:00

Quand dimanche en soirée je l'aurai en mains ma première pensée sera pour toi.......

Commentaire de -loulou- posté le 18-04-2009 à 00:33:00

Que du plaisir ! Cette petite balade nocturne au pays de mustang. Merci pour la visite commentée d’Exmes.

Commentaire de frankek posté le 19-04-2009 à 14:15:00

j'aime beaucoup ton réçit ! vraiment émouvant de lire tes aventures...

Commentaire de patcap21 posté le 19-04-2009 à 20:23:00

Je connaissais Exmes pour avoir assisté à sa course de côte auto pluusieurs fois, aujourd'hui je le redécouvre autrement par ton superbe récit.

Pat bas-normand de coeur

Commentaire de la mouette posté le 23-04-2009 à 21:45:00

Du pur Mustang! prolixe et en grande forme, Planches j'ai vécu là bas , un village calme , des bons et des mauvais souvenirs, c'est dans ce village que j'ai forgé mon mental!

Commentaire de Farfadet78 posté le 25-04-2009 à 12:55:00

Récit très poignant, d'autant que les routes empruntées me sont bien connues. Gamin, je les ai parcourues à vélo en long en large et en travers. Ecouché, Goulet, Moulins, Argentan (le stade Gerard Saint, sa piste sur laquelle j'ai usé qqes paires de pointes et ses terrains où j'ai usé qqes paires de crampons), l'hippodrome, Chambois, Villebadin, Exmes où collégien, je passais le samedi midi dans un sens et lundi matin dans l'autre pour quitter et rejoindre ma pension Gacéenne. Beaucoup de souvenirs ...

Commentaire de tintinmar75 posté le 17-11-2009 à 22:12:00

Je suis tombé un peu par hasard sur ton récit. Il m'a fait rêver, a ouvert des perspectives, donné envie.
Merci !

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