L'auteur : Yvan11
La course : Trail des Hospitaliers
Date : 30/10/2016
Lieu : Nant (Aveyron)
Affichage : 2820 vues
Distance : 75.5km
Objectif : Pas d'objectif
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J'aime quand le nom des courses veut dire quelque chose et ne se résume pas à un insipide acronyme, et il y a parfois aussi des noms de lieux qui restent gravés dans ma mémoire pendant des années, faisant revivre à leur simple évocation l'envie initiale suscitée par leur association en un circuit qui fut pendant quelques années la Mecque du trail.
Ainsi, depuis 2008 était resté en moi l'envie de relier à la force de mes seules jambes les villages de Nant, Sauclières, Dourbie, Trèves et Cantobre. Pour diverses raisons (et blessures !), cela n'avait pas été possible jusque là, et quand j'ai repris l'entrainement en Avril, je m'étais dit que c'était l'année idéale pour faire le Trail des Hospitaliers sans être déjà fatigué par une longue saison.
Malheureusement, si j'arrive depuis avril à contourner mon problème d'orteil en griffe, j'ai eu d'autres soucis sans gravité mais qui, accumulés, m'ont empêché de me préparer correctement et aussi contraint à renoncer à participer à la Skyrhune fin septembre.
Après une courte embellie début octobre, ce qui m'a permis de courir le Trail du Rempaillou le 16 Octobre, j'ai ensuite totalement stoppé . Je me présente donc au départ avec environ 90km de course à pied réalisés en septembre suivi de 70km sur la première quinzaine d'octobre.
De quoi aborder l'événement avec le plein d'humilité !
Le but : prendre le départ pour profiter de l'ambiance, avancer lentement et voir ensuite ce qu'il advient avec une première porte de sortie à Sauclières au 16e km (ou à Saint Jean de Bruel au 22e), avant de se lancer dans la portion du Saint Guiral. Voici donc le menu du jour :
Je compte donc profiter de l'entrée, éventuellement gouter au plat de résistance mais franchement le dessert me parait réellement inaccessible.
Après un bon aligot-saucisse, je regarde le départ de la Larzac Dourbie puis prends la direction de Cantobre pour aller voir passer les coureurs, non sans avoir fait une petite sieste au soleil avant.
Evidemment j'ai pris un Nikon avec moi et ne peux m'empêcher de mitrailler le festival de grimaces à la sortie du petit mur sous Cantobre.
Toutes les photos sur ce lien : Galerie LARZAC DOURBIELe soir, de retour sur Nant, nous fuyons le Bar du Claux où pleuvent les tournées de bière pour aller faire notre pasta party au calme. Ensuite dodo tôt car le départ est à 5h le lendemain.
L'heure est donc venue de se confronter à ce parcours. Après un réveil à 4h, je grignote un peu de pain d'épices, me masse généreusement les épaules et la nuque avec un mélange Huile Weleda Arnica/Huile Essentielle de Gaulthérie, me strappe l'orteil et enfile la tenue de trailer avant d'aller rejoindre dans le froid les collègues près de la zone de départ.
Avec Romain, dont la préparation a aussi été perturbée, nous prenons place "au fond du bus", juste devant le serre file.
On déroule tranquillement, d'abord sur bitume puis sur de larges pistes, à l'exception de quelques passages en monotraces humides. Règle du jour : je marche dès que çà monte et trottine sur le plat et dans les descentes.
Les kilomètres défilent sagement et nous amènent sur les hauteurs avant Sauclières, où les températures sont étonnamment plus douces qu'en vallée.
Nous faisons route commune avec Romain, sans rester collés l'un à l'autre. Nous ne faisons ni l'un ni l'autre partie de ces trailers qui parlent autant qu'ils marchent.
L'immersion dans la nature silencieuse est autrement plus agréable qu'une conversation pour ne rien dire.
Peu avant Sauclières, je ressens une douleur au ventre qui m'inquiète un peu. Je tente donc une pause technique au ravito, mais tout rentre dans l'ordre finalement. Romain me rassure en me disant que c'est juste parce que j'ai bu de l'eau trop froide. Je fais donc attention à partir de là à garder un peu l'eau en bouche pour la réchauffer avant d'avaler. Je n'aurais plus mal au ventre ensuite.
De Sauclières à Saint Jean de Bruel le cheminement se fait sans passage marquant, et sans piège.
Juste le plaisir de se laisser réchauffer par les premiers rayons de soleil qui magnifient les couleurs automnales.
Une fois de plus, on retrouve le froid en descendant, le temps d'un crochet à St Jean de Bruel.
Ensuite c'est le début de la montée qui doit nous conduire au Saint Guiral.
Pour l'instant, je me sens bien, sans douleur particulière, donc je continue l'aventure.
Steve, qui a malheureusement abandonné hier à Cantobre, est au bord du chemin juste avant le ravito de la Croix des Prisonniers.
Il commence à faire bon, et je profite donc de l'arrêt pour enfiler une tenue plus légère. Je prends aussi le temps de bien refaire les niveaux en eau (poche + flasque). Romain, plus rapide aux stands, prend alors un peu d'avance.
Les bénévoles insistent bien auprès des coureurs pour qu'ils fassent le plein d'eau, 20 km nous séparant (en théorie) du prochain ravito.
Je repars confiant, toujours à un rythme tranquille, marchant majoritairement.
Nous nous élevons lentement, avec seulement un ou deux murs à gravir.
Globalement on monte 100 à 200 de D+ pour en redescendre la moitié tout de suite, ce qui use un peu le moral, quand habitué à la montagne, on aime bien monter le dénivelé annoncé d'une traite.
Je rattrape ainsi Romain, qui apprécie peu ces montagnes russes, et qui rechigne de plus belle devant une belle piste horizontale qui se présente à nous.
Photo Romain
On attaque enfin ce qui ressemble à la montée finale vers le Saint Guiral.
Mais on a droit a un contournement par le Sud avant d'y monter. Avant, au 33e km, est installé un ravito en eau ( + Perrier à condition de passer avec les premiers).
J'accélère un peu sur la fin de l'ascension, pressé que je suis de faire la pause pique-nique prévue. En effet, devant la configuration des ravitos, et l'absence de solide avant le 44e km, j'ai emporté deux parts de cake au thon, car je sais d'expérience que les barres de céréales, même en nombre, n'empêche pas au bout d'un moment la sensation de ventre vide.
Je fais une pause façon rando, profitant du beau temps pour faire sécher tee-shirt et sac à dos.
J'ai le temps de finir mon "repas" avant que Romain arrive à son tour, et m'annonce qu'il va jeter l'éponge, le dos en vrac. Je reste encore 5 minutes, puis je reprends mon chemin, laissant Romain se reposer un peu avant de descendre tranquillement vers le premier point où il pourra rendre son dossard.
La descente nous fait parcourir de beaux paysages, et seul un beau mur à gravir "gâche" un peu cette partie par l'effort qu'il demande.
Dourbie est enfin en vue et je me sens toujours bien.
Mes bonnes sensations sont confirmées par Estelle qui commence ici son rôle d'assistante et qui me trouve étonnamment frais. Je mange une soupe, une compote, un gâteau et bois du Perrier. J'en profite également pour me faire une nouvelle application d'huiles sur les épaules, la nuque mais aussi sur les cuisses qui commencent à tirer et pour finir sur le genou gauche qui est douloureux.
Malgré ces petits soucis auxquels je suis habitué, je suis content de mon état général à ce stade de la course et je repars confiant pour la prochaine section jusqu'à Trèves.
Je chantonne même tout en trottinant sur la longue portion de route qui suit.
La nature est belle, la météo au top, pas de cons en vue, donc tout va bien.
J'arrive ainsi assez rapidement en surplomb de Trèves.
Le village semble tout proche mais il faudra encore 4 km pour y arriver.
Je retrouve Estelle à l'entrée du village mais la devance en courant jusqu'au ravitaillement. Je profite à nouveau de son assistance ainsi que de la bienveillance des bénévoles, prompts à anticiper nos besoins.
Je mange une compote, des morceaux de banane et bois du Perrier et peut-être un peu de Coca aussi.
Estelle a pris l'initiative de m'apporter un maillot pour me changer, et je vais apprécier le soutien apporté au haut du corps par celui-ci.
Je suis assis sur un banc quand un bénévole s'approche de moi, me désigne ma flasque vide posée à côté de moi et me dit :
"Je vais aller vous la remplir"
Moi : "Non,c'est bon je..."
Il me coupe sèchement : "Si vous la remplissez pas, je ne vous laisse pas repartir"
Moi : "C'est bon, j'ai ma poche à eau dans le sac à dos et je vais, en plus, aller remplir ma flasque de Perrier !"
Lui : "Ok, mais comprenez qu'on oblige les gens vu qu'il faut arriver à Cantobre"
Nous repartons de Trèves le long du Trèvezel, alors que la fraicheur commence à se refaire sentir sur ces parties ombragées et humides.
Rapidement au bout d'un kilomètre, on prend de la hauteur pour emprunter un étroit sentier en balcon au dessus de la route. Je n'apprécie pas du tout cette partie qui va durer environ 5 ou 6 kms. Le passage est souvent étroit avec du vide à coté, et la fatigue aidant je ne me sens pas du tout à l'aise. Au niveau de La Verrière, au milieu de cette portion, un bénévole propose de l'eau au coureur.
On aborde un passage en bord de falaise, assez joli.
Des bénévoles sont en poste à cet endroit, à coté d'un feu de bois, et j'entends non loin des bruits de chute dans le ravin, parmi lesquels des sons de bris de verre. J'espère que ce n'est pas le bénévole aperçu qui balance des bouteilles vides dans la nature. Çà la foutrait mal après le discours moralisateur du speaker au départ de la Larzac Dourbie, sur les 400 ans nécessaires à la dégradation d'un déchet plastique qui tomberait de nos sacs. (temps de dégradation du verre : 4000 ans)
Un peu plus loin, vers le 65e km, sur une portion en bord de causse, un ravito "surprise" propose à nouveau de l'eau. Je n'ai besoin de rien, je trace, commençant à un peu m'inquiéter de la barrière horaire de Cantobre.
J'ai mémorisé que les barrières horaires étaient calculées sur un rythme de 5km/h. Si en début de course ma moyenne était de 7km/h, elle n'a cessé de baisser depuis. 6km/h au passage au Saint Guiral, et à ce moment là moins de 5.5km/h. Autrement dit le couperet se rapproche.
Ainsi, même s'il me reste quasiment une heure pour faire les 4 kilomètres me séparant de Cantobre, je décide de hausser un peu le rythme.
Ainsi quand la coureuse que je suis de manière quasi automatique depuis quelques kms me demande pour la troisième fois si je veux passer devant, je m'exécute et accélère.
Cantobre est enfin en vue. La luminosité baisse rapidement et je ne tarde pas à sortir la frontale dans la descente qui suit, que je dévale d'une manière inédite aujourd'hui. Arrivé dans le creux de la vallée, il fait quasi nuit noire et je double des coureurs sans frontale. Sur la partie plane sous Cantobre, je cours à bonne allure, comme pour un sprint final vers ce pointage qui mettra fin au stress horaire.
Je fais un arrêt relativement rapide au ravito, prenant quand même le temps de savourer les fameuses crêpes. Pas mal de coureurs ont l'air installés, occupés à se changer et pas pressés de repartir. Pour ma part, étant maintenant assuré d'aller au bout, il me tarde de couvrir cette dernière portion.
Évidemment, fini d'apprécier les paysages, il suffit maintenant d'avancer et d'avancer encore.
Quand enfin apparaissent les lumières de Nant, je sais que la libération est proche.
Les derniers hectomètres ne seront que plaisir, portés par l'encouragement chaleureux de petits groupes de spectateurs. J'en viens même à courir dans la montée entre le pont et la place, accélérant encore pour, enfin, poser mes pas sur cette esplanade herbeuse qui a vu tant de coureurs la fouler.
Sitôt passé la ligne, je retrouve Estelle aussi heureuse que moi de la conclusion positive de cette longue journée. Je suis finisher du Trail des Hospitaliers.
J'ai pris mon temps, gérant à l'économie mes moyens du jour, mais je suis allé au bout. La journée a été longue, mais elle a été belle. J'espère que vous aurez apprécié de la revivre avec moi au travers de ce récit.
Même mal préparé, j'avais à cœur de faire le maximum sur cette course, la considérant un peu comme un bouquet final avant de faire une pause.
Je vais maintenant prendre le temps de régler tous les soucis physiques que je traine depuis quelques temps avant de reprendre l'entrainement et de recourir.
Il faudra donc peut-être attendre quelques semaines ou quelques mois avant de relire ici un récit de course.
12 commentaires
Commentaire de Angeblanc82 posté le 03-11-2016 à 21:14:23
Superbes photos! Bravo !
Commentaire de Yvan11 posté le 10-11-2016 à 14:17:41
Merci !
Commentaire de laulau posté le 04-11-2016 à 16:31:06
Finisher...c'était pas gagné au vu de ta préparation ! Donc un grand bravo !
merci pour ces belles photos qui m'ont rappelé de beaux souvenirs des Templiers et des Hospitaliers (2012)
Commentaire de Yvan11 posté le 10-11-2016 à 14:18:11
Merci !
Commentaire de philtraverses posté le 05-11-2016 à 08:57:37
Les photos sont très belles, de quoi donner envie de s'inscrire l'année prochaine. Bravo d'être allé au bout malgré ton manque d'entrainement. Je te souhaite de régler tous tes problèmes physiques et de repartir de plus balle. Je partage ton point de vue sur le parler pour ne rien dire ( lol)
Commentaire de Yvan11 posté le 10-11-2016 à 14:18:38
Merci !
Commentaire de La Tortue posté le 06-11-2016 à 19:53:10
très jolies couleurs de l'automne. je me demande si finalement, ce ne serait pas ma saison, préférée ?
bravo
Commentaire de Yvan11 posté le 10-11-2016 à 14:23:25
Merci !
Commentaire de robin posté le 10-11-2016 à 13:47:21
Merci pour ce récit illustré d'une belle façon. Je l'ai avec d'autant plus d'attention que les hospitaliers seront peut-être au programme de 2017.
Commentaire de Yvan11 posté le 10-11-2016 à 14:24:07
Merci ! Attention, cela fait deux années de suite avec une météo au top. çà ne durera peut-être pas...
Commentaire de robin posté le 20-10-2017 à 11:25:06
Merci pour ton C.R et les photos. J'espère que le temps sur 2017 sera aussi beau pour profiter un max de ces paysages.
Commentaire de Yvan11 posté le 20-10-2017 à 17:47:44
Tu es donc fidèle à ton commentaire du 10/11/16 et tu seras au départ cette année. ;-)
Je te souhaite de réussir ta course.
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