L'auteur : patrovite69
La course : Ultra Trail du Mont-Blanc
Date : 26/8/2016
Lieu : Chamonix Mont Blanc (Haute-Savoie)
Affichage : 2322 vues
Distance : 168km
Objectif : Pas d'objectif
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A l’origine je ne voulais pas faire ce récit, après mes 2 récits de l’Echappée Belle je pensais avoir fait le tour de tout ce que je pouvais raconter en tant que suiveur. Mais comment ne pas revenir sur ce temps fort familial, sur l’aboutissement d’un rêve muri au fil des années.
Depuis que Franck (de Brignais) s’est mis à la course à pied son objectif était de boucler l’UTMB. Des années qu’on en entend parler. Depuis 3 ans les courses s’enchainent en vue de cette course mythique, avec des suivis de toute la famille qui, petit à petit, y prend gout et se prend au jeu.
Cela fait un an que mes deux ados l’attendent ce suivi. Qu’ils se font des plans sur la comète avec des chamallows grillés, des nuits en voiture….Le WE judo n’a pas fait le poids…
Nous sommes sur Cham pour la semaine, déjà plein de rendez-vous incontournables sont mis en place : déjeuner entre Kikou, retrait du dossard entre Kikou, aller à la rencontre des kikous de la TDS (notamment Spir que nous accompagnerons sur quelques kilomètres) , la glace porte bonheur dans Cham avec les Kikous….Rien de tel pour se mettre dans l’ambiance et préparer le suivi avec Madame Bubulle (Elisabeth avec qui j’avais fait une partie du suivi de l’Echapée Belle l’année dernière) pour qu’on puisse se croiser.
Et puis c’est le jour J. Franck prépare ses affaires et moi je range tout l’appart. On fera le suivi sur deux jours, il faut donc rendre les clés et stocker les affaires chez la marraine du grand qui habite à 100m.
Départ pour Cham centre, ce sera en train depuis les Bossons, aujourd’hui ce sera infernal en centre-ville donc hors de question d’y aller en voiture ! Une fois arrivés, nous suivons le flot de coureurs qui vont déposer leur sac d’allégement puis direction la ligne de départ.
Après un dernier bisou chacun part de son coté, Franck vers le départ et nous derrière les barrières. On sera juste au niveau du virage au premier rang, les garçons sont super contents, ils verront tout. Commence l’attente, il fait chaud mais personne ne se plaint, tout le monde se met dans la peau des coureurs qui, eux, vont devoir courir avec cette température. Ça va être rude.
Puis ça y est, Vangelis résonne dans les haut-parleurs, le décompte et lancé j’en ai des frissons ! Les voilà qui arrivent, impressionnant, le flot de coureurs ne semble pas vouloir s’arrêter. Et on scrute, on cherche les têtes connues, Franck, Ptitdenis, Bubulle, Sabzaina, Fa², tient Fildar…je ne savais pas qu’il serait là ! Enfin les derniers, aller on file à la gare pour prendre le train on a 10min ! C’est le début de notre course à nous aussi, il faut qu’on soit à l’heure pour les ravitos.
Arrivés aux Bossons on file voir les coureurs on aperçoit et encourage Sabzaina et Jean-mi qui partent prudemment. Puis on prend la route direction les Contamines ! Pas d’arrêts aux Houches ni à St Gervais, il y aura trop de monde et Franck n’aura pas encore besoin de notre soutien. Le passage à proximité de ces deux ravitos me confirme le bien fondé de notre décision. Je décide de ne pas entrer dans St Gervais et prends la direction de St Nicolas de Véroce pour prendre le petit chemin qu’on avait pris lors du suivi de la Montagn’ Hard deux mois avant. Pas de bol, fermé pour cause de travaux ! Retour sur St Gervais mais en évitant le centre. Comme les premiers ne sont pas encore là, on peut passer facilement.
Arrivés aux Contamines, la chance nous sourit une place se libère juste devant les barrières, on ne pouvait rêver mieux. Il n’y a pas beaucoup de monde, c’est très bien on va pouvoir se changer pour la nuit et se faire à manger tranquille. Les garçons sont excités comme des puces, cette année on innove : pour les diners et petits dej on a un réchaud ils ont hâte de s’en servir. Petit coin sur la place, pas trop loin de l’écran pour suivre l’évolution de la course. Initiation camping, le diner chauffe tranquilou sous le regard amusé de certains suiveurs. La famille de Ptitdenis nous rejoint, Christelle a préféré faire le suivi avec les navettes, mais nous resterons en contacts SMS durant toute la course comme à chaque fois que nos maris courent sur la même course. Denis arrive rapidement en pleine forme, s’arrête à peine et repart. Du coup sa petite famille repart. Je retrouve Elisabeth facilement et nous reprenons nos habitudes de l’année dernière dans l’attente de nos maris, on voit ensemble les endroits où l’on pourra se rejoindre. Christian arrive puis ce sera au tour de Franck. Il n’est pas dans les temps, il va trop vite ! il va se griller ! J’essaye de lui dire mais le ravito est bondé, c’est pas évident, je regrette ceux de l’année dernière plus intimistes…Avant de repartir Franck me dit qu’il a perdu son gobelet, je lui en donnerai un autre sur le prochain ravito ( à noter pour la prochaine fois , avoir un gobelet de rechange dans mon sac), et qu’il va profiter de la nuit au frais pour bien avancer, il lèvera le pied quand il fera chaud. Et il repart.
Après avoir envoyé un SMS à toute la tribu Kikou et familiale, pour informer tout le monde, nous repartons vers Chapieu. Première difficulté, le GPS, connait pas Chapieu ! On essaye la carte routière, mais mes copilotes ne sont pas de cette génération là, pas la peine de compter dessus. Du coup merci le téléphone et google map qui connait tous les coins paumés…..ils me sauveront plus d’une fois durant le périple.
Arrivés à Chapieu je mets tout le monde en mode couchage, les deux garçons à l’arrière de la voiture (j’ai rabattu les sièges) avec les duvets et moi sur le siège conducteur. Je mets le réveil en avance sur les prévisions de Franck, vu comme il est parti….Ca y est c’est l’heure , je sors doucement de la voiture sans réveiller les garçons et je me poste à l’arrivée du ravitos pour attendre. Arrive Bubulle, ça va, j’envoie un message à Elisabeth pour l’informer et je reprends mon attente. Comme prévu Franck arrive largement en avance, en pleine forme. Je profite qu’il soit sous la tente inaccessible pour aller chercher les garçons. Après quelques mots échangés, le gobelet donné, le voilà qui repart après m’avoir donné ses estimations sur ses heures de passage.
Allez, 2 Chamallow grillés au feu de bois pour chacun, les garçons se recouchent et je prends le volant. Le passage du col du Gd St Bernard est difficile le brouillard s’est levé et côté Italien le manque de marquage au sol rend la progression incertaine. Encore une fois Google Map me sauve la mise ! Je me gare au milieu de nul par, laisse les garçons ronfler, charge mon sac et c’est parti ! Sur le roadbook c’est indiqué à 2km mais en réalité c’est plutôt le double…C’est pas grave, le frais me réveille et le jour qui se lève révèle un paysage à couper le souffle. En chemin je croise Fildar et Tom Trailrunner, échange un petit mot avec eux et repart. Arrivée au ravito je rejoins Elisabeth, on échange les dernières nouvelles autour d’un thé chaud (bonne idée d’avoir pris le thermos, ça caille !) en regardant le soleil qui se lève sur les montagnes. Nos coureurs, s’ils ne sont pas trop fatigués, doivent s’en mettre plein les mirettes ! Christian arrive, s’enfile deux soupes et repart. Franck arrive, encore en avance sur ses prévisions… « Je suis super bien, c’était magnifique la haut ! » oui mais tu vas trop vite, « je ralentirai avec la chaleur …» Pendant qu’il mange je lui donne des nouvelles de notre équipage, puis on repart ensemble jusqu’à la bifurcation. J’espère qu’il va ralentir, s’il se grille et qu’il ne peut pas finir ça sera dur à digérer.
Nous redescendons aux voitures avec Elisabeth en papotant, j’adore faire le suivi à deux comme ça. On se donne rendez-vous à Courmayer. Je repars, les garçons ouvrent un œil, je leur donne des nouvelles de leur père. Arrivé à Courmayer les indications ne sont pas très claires, on se gare en centre-ville mais le ravito en plus loin. Quelle foire !!! On essaye de voir pas où arrive les coureurs pour se positionner pour le petit déjeuner histoire de ne pas rater Franck. Petit SMS avec Elisabeth pour se rejoindre et l’attente recommence. Comme à tous les ravitos Christian arrive le premier suivi par Franck quelques minutes après. C’est là que le plus dur commence, arriver à rejoindre Franck. Sur certains ravitos les suiveurs sont autorisés, un par coureur, ils doivent se présenter avec un ticket 10 minutes avant l’arrivée de leur coureur. Mais là ! C’est du grand n’importe quoi, Franck est obligé de m’attraper la main pour me faire rentrer, il y a des poussettes, des familles entières avec des mioches qui braillent assis sur le peu de chaises réservées aux coureurs…. C’est dans ce bazar qu’on essaye de se parler un peu, refaire le plein du sac , changer le T-shirt et les chaussettes. J’en profite pour lui masser les jambes, ben oui, il a une femme kiné , autant qu’il en profite.
Ce qui devait être une pause pour souffler est un enfer, il fait chaud et tout ce cirque est infernal. Ne pas s’éterniser. Franck part à l’étage pour se restaurer et moi je rejoins les garçons. Elisabeth est là elle aussi, hors d’elle après avoir subi comme moi ce grand n’importe quoi . Et pour en rajouter une couche, l’organisation a mis en place des courses enfants dont le parcours passe entre les spectateurs et les coureurs, comme si ce n’était pas suffisant. On a tous hâte de partir. Après s’être redonnées rendez-vous avec Elisabeth, nous accompagnons Franck un bout de chemin, la voiture étant en centre-ville près du parcours. Les enfants en profitent pour parler avec leur père, ils sont un peu déçus de ne pas pouvoir rentrer sur le ravito comme d’habitude. Mais vu ce qu’il se passe ici c’est mieux d’être au calme dehors.
Aller un dernier bisou et on repart tous chacun de notre coté , rendez-vous refuge Bonatti. C’est dur d’y arriver ! Il faut se garer en bas dans le haut de la vallée, le souci c’est que c’est le week-end et que tous les gens du coin se sont donnés rendez-vous pour pique-niquer au bord du torrent au frais. C’est vrai qu’il fait chaud, les coureurs doivent souffrir…. Encore une fois la chance est là, j’essaye d’aller le plus loin possible, et juste au départ du sentier une voiture part. Yes ! On prépare les sacs pour pique-niquer là-haut et s’est parti pour la rando. En principe heure prévue par le road-book, ce sera 40 minutes. Après avoir repéré un coin stratégique pour voir les coureurs arriver on entame notre déjeuner. Et les coureurs défilent, arrivée de Fildar puis Tom, on discute ils repartent et j’envoie un SMS à Arclu s’il veut mettre des nouvelles sur le fil. Puis vient Bubulle, j’envoie un SMS à Elisabeth. Enfin Franck, un peu dans le dur, il a chaud, ça ne l’empêche pas d’être encore en avance sur ses horaires. Il faut qu’il ralentisse. Mais il ne s’attarde de pas, on se met d’accord pour le prochain ravito et on repart. Une fois redescendus une toilette s’impose, il fait chaud, il y a de la poussière partout et on a encore pas loin de 24h de course tenir encore. Je décide, à la surprise des garçons, que tout le monde ira se laver dans le torrent. J’attrape une savonnette et une serviette et nous voilà partis. Au départ les garçons sont sur la réserve mais ils se prennent vite au jeu, jusqu’à se laver les cheveux malgré la température très fraiche de l’eau. Ils sont ravis de leur expérience et seraient bien restés à jouer avec l’eau si je n’avais pas surveillé l’heure. Rangement de la voiture et direction le tunnel du petit Saint Bernard. Oui je sais ça fait un bon détour, mais surtout j’évite la queue du tunnel du mont blanc dont tout le monde m’a parlé. J’ai bien fait Elisabeth a attendu plus d’une 1h45 pour repasser en France.
J’apprécie l’autoroute, j’avoue que je commence à avoir ma dose de virage… En fait non, les virages m’obligeant à rester vigilante, la succession de tunnels avec leurs lumières me fait somnoler. Je demande donc à Alex et Thom de me parler, de ce qu’ils veulent mais surtout de ne pas me laisser m’endormir. Pour dire à quel point je n’étais plus très lucide c’est quand le douanier, au début du tunnel m’a demandé où j’allais je lui ai répondu en Suisse….Les garçons hilares me demandent si j’ai une autre solution au bout du tunnel… Le douanier aussi, quand je lui réponds que je suis mon mari sur l’UTMB il me laisse passer. Heureusement qu’il n’a pas décidé de fouiller la voiture comme les deux sur le côté, il n’aurait pas été déçu du voyage vu l’état de la voiture après 24 h de course….
Nous voici à la Fouly, très sympa comme coin et on sent bien qu’on est en Suisse, tout est propre, plus de bazar c’est calme et reposant. Je décide, après l’épisode du tunnel, de dormir un peu en donnant la consigne aux garçons de me réveiller l’arrivée de Franck. Ce sera plus tôt , Alex vient me dire , paniqué, que Fildar veut arrêter ,trop mal aux pieds. Je lui dit qu’il y des podologues qu’il devrait aller voir, Alex repart comme une flèche, il ne veut pas d’abandon !
J’essaye à nouveau de me rendormir mais pas pour longtemps, Tom et Bubulle arrivent ensemble et me disent qu’ils ont lâché Franck en haut car il avait du mal à descendre. Ca y est, c’est fait, il paye son allure trop rapide, j’espère que ça ira, il faut que je le force à se reposer ! Et on attend, rien et toujours rien….je propose aux garçons de partir à sa rencontre et les voilà partis. Moi je reste là, j’ai un coup de mou moi aussi ! Mais c’est long, ça fait un bout de temps qu’ils sont partis, j’espère que Franck n’a rien. Finalement je pars à mon tour à la rencontre de tout le monde. Je les rejoins en 5 min, ils arrivaient. Franck est vraiment fatigué, il a mal aux jambes. Ah bon ! C’est étonnant….. Je lui dit de prendre son temps, il est large, il faut qu’il souffle. J’en profite pour donner des nouvelles de tout le monde, les pieds de Fildar, Tom et Bubulle, l’arrêt à la BH de Sabzaina. A la sortie du ravito il profite d’un banc « je me pose 20 min pas plus et je repars ». Ouais c’est pas énorme mais c’est déjà ça de pris ! Je lui propose un T–shirt sec, récupère sa casquette et lui propose de lui masser les jambes. Pas de refus, j’attaque mon massage sous l’œil envieux de certains coureurs…Les 20 min sont passées, il faut repartir. On recale nos horaires et go ! on y va !
Champex-Lac n’est qu’ ¼ h de la Fouly, génial ce sera rapide. De la route on voit les coureurs à flanc de montagne sur un petit chemin creusé dans la montagne, ce doit être impressionnant de là-haut... Et là toujours le problème pour se garer mais toujours ma bonne étoile. Je trouve une place à 100m du ravito. Pendant que les garçon gèrent le réchaud et les raviolis ,je range la voiture pour la nuit et c’est pas une mince affaire, j’imagine encore le douanier s’il avait dû mettre son nez là-dedans….Pendant le dîner les éclairs et le tonnerre font leur apparition, il ne manquait plus que ça…J’espère que ça ne va pas se transformer en orage comme pour le trail de l’Etendard où Franck avait dû être arrêté à cause de la violence de l’orage, c’est vraiment pas de chance. Pour l’instant il ne pleut pas, tant mieux. J’envoie un SMS à Elisabeth pour lui dire que je vais dormir un peu mais que les garçons partent pour le ravito. Je programme mon réveil pour dans 1h15 , j’ai prévu que Franck arrive avec peu d’avance. Je somnole, m….il pleut et Franck qui n’a pas sa casquette, avec les lunettes ça va être galère….Je dors mais me réveille 1/4h avant la sonnerie, pas la peine de se rendormir j’enfile ma veste et j’y vais. Alex arrive à ma rencontre en courant « vite ! papa est déjà arrivé » Non !!! Mais qu’est ce qui lui arrive, c’est la pluie qui l’a réveillé ? Il est vachement en avance ! J’entre dans le ravito et je le vois attablé tranquilou en train de discuter avec Elisabeth un grand sourire au lèvre. « Ton massage...tip-top…je sens plus mes jambe… » Ah ! Bon ! Si tu le dis…Dehors c’est le déluge , les garçons ont négocié une place à l’abri dans la tente du départ. Je redonne à Franck sa casquette, il sort sa veste. Pourvu que ça n’empire pas…. Après un nouveau massage il repart serein, sauf blessure il sera finisher, sans Bubulle qui se fait chouchouter par les podologues. Je laisse Elisabeth, on se donne rendez-vous au prochain ravito, et on file à la voiture sans trop se faire tremper.
Position nuit dans les duvets à l’arrière pour Alex et Thom, je reprends le volant direction Trient. Le trajet est court et vue l’heure je n’ai aucun mal à me garer. Réglage de réveil, en avance sur les horaires, ça devient une habitude. Le réveil est dur, il fait froid et humide, les visages sont marqués par les heures de course pour les coureurs comme pour les suiveurs. La fatigue est là. Le speaker a un petit mot sympa pour chaque arrivant, le tout agrémenté par un morceau de musique du pays dont il est originaire. Franck arrive dans le noir, je sens sa fatigue mais il ne lâchera rien, trop près du but ! Le rituel est mis en route, il va se chercher à manger, je lui donne les différentes infos que j’ai, massage…Un italien essaye de nous parler en vain, on a beau lui dire qu’on ne comprends rien il continue ça nous fait rire ce dialogue de sourds…Il va essayer de se reposer, plie les bras sur la table et y pose la tête « dans 1/4h tu me réveille »… mouais comme si tu allais dormir…mais bon c’est déjà mieux que rien. Tout le monde est au ralenti on sent la fin de course…1/4h , ça y est ! faut repartir, « et au fait t’as des nouvelles de Bubulle ? » , bah il est déjà reparti ! « Non je suis parti avant lui, je ne l’ai pas vu me doubler… » C’est pourtant la réalité, Christian est devant reboosteé par les soins du dernier ravito. Le départ est dur, les kilomètres ont fait leur effet… aller vas-y, tu as fait le plus long.
Vallorcine. Dernier ravito, après ce sera l’arrivée. Je m’accorde encore un peu de sommeil, il faut que je ramène tout le monde ce soir sur Lyon. Le ravito est silencieux, les suiveurs dorment où ils peuvent, les coureurs ont l’air hagards avec la lumière blafarde du jour c’est le ravito où je me suis sentie le moins bien. J’ai eu l’impression d’une longue attente, mais non Franck est arrivé un peu en avance, comme d’habitude. Et notre rituel se met en route. Aller, la prochaine fois c’est Cham, dernier coup d’œil sur le profil du dernier tronçon, « je vais prendre mon temps, ça grimpe ». Pas de souci, c’est ta course. « Aller, j’y vais… ». C’est bon, il va boucler son rêve et en meilleur état qu’il y a 4 ans pour la TDS !
Un dernier SMS collectif pour tenir tout le monde au courant et je repars. SMS de retour de Peggy, la marraine d’Alex qui a suivi la course derrière son écran « je monte à la Flégere avec les Loulou pour le petit déjeuner et pour encourager Franck ». Incroyable il est 4h20 et elle ne dort pas. Je lui donne les horaires approximatifs de passage. Génial, ça lui redonnera un dernier coup de pouce et surtout, je sais c’est égoïste, mais on finira la course, notre histoire, tous les quatre ensemble. On en avait discuté hier avec Elisabeth et on est d’accord toutes les deux : quand on est dans ce genre de trip, on est dans notre bulle, c’est quelque chose que l’on veut vivre qu’entre nous. Le partage c’est après, avec les messages, ou une fois la course terminée. C’est vrai que pour les coureurs c’est génial d’avoir plein de monde qui les encourage. Mais pour nous, suiveurs, on a préparé cette course depuis des mois, porté tout ce qu’on pouvait porter d’amour, de dévouement, d’encouragement, c’est devenu notre histoire et toute intrusion est ressentie un peu comme une atteinte à notre intimité, ça se vit entre coureurs et suiveurs.
Chamonix !!! On y est !!! Les garçons se réveillent, demandent des nouvelles. Il est tôt, je demande aux garçons encore 1h pour dormir, pas de problème, les portables sont là pour les occuper…Dernier petit déjeuner dans la voiture, lavage de dents, après on range tout. Il faut tout remettre en ordre pour pouvoir récupérer le reste des affaires chez Peggy tout à l’heure. Entre temps mes beaux-parents débarquent, pas prévus au programme. J’avoue ne pas avoir été enchantée encore dans ma bulle et voulant finir à 4 notre périple. De toute manière il était prévu avec les garçons qu’on irait à sa rencontre pour finir en courant tous les quatre. Peggy m’avait envoyé un SMS me disant à quelle heure Franck repartait. C’est décidé on remonte la course le plus loin possible après un détour sur l’arrivée pour féliciter Tom et Bubulle qui eux sont déjà arrivés. Je conviens avec Elisabeth de lui envoyer un SMS dès qu’on l’aura rejoint pour qu’elle puisse faire des photos de l’arrivée.
On remonte le parcours en félicitant les coureurs que nous croisons. Certains courent d’autres marchent mécaniquement. Comment va être Franck après cette descente ? Nous sortons de Cham et remontons quelques mètres sur un chemin bien caillouteux. Et on attend une dernière fois, cette fois c’est sûr il ira au bout, son rêve va se réaliser. Qui aurait pensé, il y a quelques années quand il fumait et ne faisait pas de sport, qu’on serait là à l’attendre sur une course pareille ! Qu’il l’aura faite plus rapidement que ce qu’il avait prévu…Le voilà il trottine, on lui emboite le pas « c’est encore loin l’arrivée ? » un peu, au bout du chemin on entre dans Cham et on arrive par la piscine, « c’est une blague ? » non, non il faut encore avancer mais ce sera sous les applaudissements du public, les encouragements et félicitations. Il a chaud, rêve de mettre la tête dans l’eau. Aller tiens bon c’est bientôt fini. On se rapproche du centre, le monde est de plus en plus dense, et le sourire de plus en plus radieux. Enfin l’arche, ça y est c’est bouclé ! Incroyable il courait sur la fin presque en disant « même pas mal…. » Je suis bluffée par son état, courir 41h35 et finir comme ça ! Les Kikous sont là pour l’accueillir, cette tribu de coureurs avec laquelle des liens se sont tissés au fils des courses. Au fait merci Sabine pour cette magnifique photo de l’arrivée.
Je suis admirative de tout ce chemin parcouru depuis ses débuts en course à pied. Cette volonté d’aller jusqu’au bout, cet acharnement course après course à toujours faire plus et mieux. Tout simplement BRAVO, c’est super tout ce que tu as accompli.
Et après ? Maintenant que le rêve est réalisé…. C’est la question. Je ne me fais pas trop de souci, une idée va vite germée avec l’aide de certains Kikous. Pour l’été prochain j’ai ma petite idée la dessus….Quoiqu’il en soit sache que tu peux compter sur nous, nous serons toujours là pour te suivre dans tes projets fous….
Petit clin d’œil d’Alexandre et Thomas
40 commentaires
Commentaire de franck de Brignais posté le 06-09-2016 à 19:28:46
Whaouuuu... non seulement il est suivi, encouragé, chouchouté... mais en plus il a droit aux extras et bonus !! Super récit, c'est génial de savoir comment c'était de votre côté, et la vidéo, c'est du GROS collector !! Mille mercis... encore !!
Commentaire de fildar posté le 06-09-2016 à 20:00:23
Magnifique ce partage en famille.
merci à Alex de m'avoir boosté à la Fouly, mais malheureusement le mal était fait.
Commentaire de patrovite69 posté le 06-09-2016 à 20:55:22
Merci
Alex à vraiment été déçu que tu arrêtes...
Commentaire de Renard Luxo posté le 06-09-2016 à 20:23:33
Houlalalalalala, dèjà que le récit est génial, mais que dire de la vidéo des "kids" !!! En plus c'est du tout bon son venu du plat pays :-)
C'est quand même beau non d'un patou une famille unie comme un seul Franck derrière son homme ! Et on ne change pas une équipe qui gagne ;-)
Commentaire de patrovite69 posté le 06-09-2016 à 20:57:18
Merci
L'équipe est déjà prête à repartir, mais je crois que le meneur a besoin d'un nouvel objectif....
Commentaire de tidgi posté le 06-09-2016 à 20:25:38
Ahhh ! La glace porte-bonheur ! Hé ! Hé !
Merci pour le récit de la team de choc :)
Bravo !
Commentaire de patrovite69 posté le 06-09-2016 à 20:59:14
Pour la glace, avec 2 boules et sans chantilly ça marche quand même....tu ne sera pas obligé d'en prendre trois la prochaine fois ;-)
Commentaire de bubulle posté le 06-09-2016 à 20:37:38
Génial, tout simplement génial.
On a passé une semaine exceptionnelle et vous en êtes tous quatre les acteurs. Ce suivi croisé a été au delà même de ce qu'on imaginait, avec le duo superbe que vous faisiez toutes deux avec Elisabeth. Franck a quand même bien fait d'aller trop vite, finalement..:-)
Comme je l'écrivais dans son récit à lui, je cherche toujours où je l'ai dépassé. C'était probablement pas loin après Champex, peut-être dans le bout de descente qui précède la montée à Bovine. C'est que, moi, je n'avais pas ma kiné personnelle, donc j'avais du attendre Champex pour me faire refaire des jambes neuves (et pour ça, je dois dire que vous êtes forts, dans votre métier).
Merci encore et encore pour ce récit que tous les apprentis suiveurs à l'UTMB devraient lire, tellement vous avez optimisé.
Eh, juste un détail que je ne peux laisser passer, psychopathe de la carte que je suis : tu as inversé les deux cols du Saint-Bernard. C'était d'abord le Petit, puis le Grand (bonne idée, au final de passer par là...sauf à connaître l'astuce qui va bien pour passer le tunnel du MB).
Bises à toute la famille.
Commentaire de bubulle posté le 06-09-2016 à 20:38:08
Et, sinon, pour mon récit, va falloir être patients. J'en suis à La Balme....
Commentaire de Renard Luxo posté le 06-09-2016 à 21:13:19
Heureusement qu'y a pas de BH pour les récits, tu serais bien mal embarqué sur ce coup-là ... :-)
Commentaire de Bert' posté le 06-09-2016 à 21:44:17
MDR
Commentaire de patrovite69 posté le 06-09-2016 à 21:01:52
J'ai passé aussi une super semaine en votre compagnie,et j'ai vraiment apprécié les ravitos avec Elizabeth. J'espère qu'il y en aura d'autre....
Commentaire de Arclusaz posté le 06-09-2016 à 22:16:14
et pour faire mon Bubulle... c'est normal que ton GPS ne connaisse pas Chapieu, c'est "les Chapieux" sur la commune de Bourg St Maurice.
Cette imprécision de ta part, toute surprenante qu'elle soit, donne un côté humain à votre suivi sans faille : de vrais pros, très très impressionnants.
Commentaire de TomTrailRunner posté le 06-09-2016 à 21:35:10
Cherchez pas le coureur, derrière il y a un homme et derrière l'homme il y a la femme & the kids. Magnifique miroir de cette aventure familiale.
Je me souviens encore de ton sourire en repartant du lac Combal : tu avais l'air tellement heureuse :)
Commentaire de patrovite69 posté le 06-09-2016 à 21:41:26
Il faut dire que le paysage était magnifique, il faisait oublier l'heure matinale et le manque de sommeil.
Commentaire de Arclusaz posté le 06-09-2016 à 22:04:06
bande d'affreux, vous m'avez encore fait pleurer !!!!!!!!
récit top et vidéo phénoménale
bravo à tous
Commentaire de Turtle1975 posté le 06-09-2016 à 22:29:46
C'est dingue comme il y a de la poussière avec les DeBrignais...
... alors on pleure !
Merci Caro pour le récit
Bravo les gones pour la vidéo
Commentaire de anthodelb posté le 06-09-2016 à 22:18:15
Bravo à toute la petite famille. Très sympa la video !
Commentaire de Bert' posté le 06-09-2016 à 22:57:53
Grand bravo encore à tous les 4 !!
Chacun a apporté une belle pierre à votre très belle histoire :-)
J'ai été d'autant plus privilégié d'en partager quelques instants...
Et je confirme la glace pré-course aura été bien bénéfique ;-)
PS : on apprend aussi plein de chose sur l'art de suivre l'UTMB en voiture !
Commentaire de Bert' posté le 07-09-2016 à 13:25:16
La vidéo est... comment dire... géniale et magique !!!
Commentaire de Warthog posté le 06-09-2016 à 23:22:28
Vraiment génial !
Merci pour le partage et pour la vidéo, félicitations à tous les 4 !
Commentaire de Bérénice posté le 06-09-2016 à 23:49:08
Génial de faire partager ce récit de suiveur. Quelle aventure ! Et pas de la tarte pour toi de manquer ainsi de sommeil...
Seul regret: il manque une photo de toi pour mettre un visage derrière ce joli récit.
En tout cas bravo car toi et tes garçons avez posé une pierre à l'édifice de cette victoire.
Commentaire de kelek posté le 07-09-2016 à 05:51:21
Nous, les coureurs, on oublie trop souvent ce que cela représente pour nos proches de nous suivre sur ces grands formats... c'est une aventure en soit... et elle méritait bien un récit. merci à toi.
un grand bravo à tes fils pour la vidéo, la chanson est top!
Commentaire de Mazouth posté le 07-09-2016 à 08:04:50
Bravo à tous les trois ! Vous avez vraiment assuré, du beau boulot, mené de main de maître(sse) ;-) Et pendant ce temps la, not' Franck faisait tranquillement sa petite balade pour digérer sa glace... non mais j'vous jure celui-là !
Bref, suivi au top, récit au top, vidéo au top du top :-))
Commentaire de Mams posté le 07-09-2016 à 08:24:40
Je suis bluffée par tant de persévérance! C'est un sacré challenge de suivre comme ça pendant deux jours!
Je n'ai fait que deux ravitos pour mon mari sur l'UTMB (bon, dans la foulée de ma CCC, donc j'étais déjà bien morte;) ), mais c'est un sacré challenge! Chapeau aussi aux garçons, pour le suivi et pour la vidéo!
Mon grand a bien rigolé avec les paroles très à propos... mais quel fierté pour eux, pour vous à la fin de la course, cette victoire, c'est aussi la vôtre. Je partage complètement le besoin d'intimité pour passer la ligne. Je retrouve la discrétion de Bubulle qui s'éclipse quand les garçons me rejoignent sur la fin de la TDS! ;)
Merci pour ce récit!
Commentaire de jano posté le 07-09-2016 à 09:22:18
super de lire les 2 récits à la suite.
que d'enthousiasme à faire l'assistance, c'est pourtant difficile, on s'en rend bien compte d'ailleurs.
Autant de route, de fatigue, de stress pour voir passer le coureur parfois très peu de temps.
bravo pour la vidéo des gars.
Commentaire de ch'ti Gone posté le 07-09-2016 à 11:02:36
En lisant le CR de Franck, on comprend l'importance de l'assistance familiale dans sa perf. En lisant celui de Caro, on se pose la question : qui a le plus de merite??? Franck ou sa famille?
Un tel niveau d'assistance, c'est juste incroyable! je vais augmenter mon niveau d'exigence pour mon assistance familiale (déjà bien rodée).
Une telle communion familiale, c'est beau, ca remue les tripes, merci de nous faire partager ces moments.
Commentaire de paulotrail posté le 07-09-2016 à 12:55:22
Faut dire qu'il est aussi au moins aussi fort que son assistance.
Surtout, surtout : ne changez rien !
Z'êtes trop parfait.
Commentaire de a dreuz posté le 07-09-2016 à 13:19:42
Super récit, vous formez une équipe de choc !
Commentaire de Reg posté le 07-09-2016 à 13:34:34
Superbe récit. Bravo à toute la famille
Commentaire de Papakipik posté le 07-09-2016 à 14:15:49
ENORME la DeBrignais Family !
Commentaire de paulotrail posté le 07-09-2016 à 15:00:13
Faut dire qu'il est aussi au moins aussi fort que son assistance.
Surtout, surtout : ne changez rien !
Z'êtes trop parfait.
Commentaire de paulotrail posté le 07-09-2016 à 15:01:55
Pinaise, je sais pas comment je fais mais je poste toujours mes commentaires en double...
Veuillez m'en excuser :-(
Commentaire de Mazouth posté le 07-09-2016 à 16:23:06
En fait si tu postes un commentaire, et qu'ensuite tu rafraichit la page, ça re-poste le commentaire (déjà fait...) ;-)
Commentaire de paulotrail posté le 07-09-2016 à 17:27:57
Ok, je vais éviter la touche F5.
Merci.
Commentaire de paulotrail posté le 07-09-2016 à 17:26:56
Pinaise, je sais pas comment je fais mais je poste toujours mes commentaires en double...
Veuillez m'en excuser :-(
Commentaire de Bikoon posté le 07-09-2016 à 16:16:21
Bravo et merci de nous faire vivre d'une telle manière cet autre côté de la course !
Je sais, du moins j'imagine, ce que ça représente de fatigue, stress, attente...
Mais quel plus pour celui qui est en course !
Vous formez une magnifique équipe !!
Et bravo les gars pour la vidéo, j'adore :o)
Commentaire de xian posté le 07-09-2016 à 21:08:00
que du bonheur à lire vos 2 CR : c'est à la fois une aventure pour pour Franck, une autre pour toi et les 2 gars (quoi ? ils n'avaient jamais mangé de raviolis au réchaud ? ;-) ) et une troisième aventure familiale !!!
Super... comme quoi, ça me conforte dans l'idée que le trail c'est jamais aussi intense que lorsque c'est partagé !
si j'osais, je piquerais une maxime à un illustre coureur : "on fait un bien beau sport, toussa toussa..."
(mais là, la De Brignais family met la barre très haut... pour les courses, les accompagnements et les récits, vous allez devenir la référence !)
Commentaire de Arcelle posté le 09-09-2016 à 21:06:44
MAGNIFIQUE !
La course et le récit de Franck, le récit des suiveurs, cette vidéo, BRAVO et merci pour le partage !
On attend la suite !
Commentaire de Spir posté le 10-09-2016 à 23:56:49
C'est toujours impressionnant quand on lit un récit écrit par ce qui se fait de mieux dans le domaine des suiveurs ! Quelle organisation et quelle course pour vous aussi ! Gérer l'attente, les temps de repos, les trajets... Merci pour ce récit et ce partage. La vidéo est fantastique ! Je comprends bien ta remarque sur la "bulle" coureur/suiveur. C'est pour ça que je disais à Ingrid "cette course c'est autant la tienne que la mienne" quand elle hésitait à passer la ligne d'arrivée avec moi.
Merci aussi pour le km partagés en fin de course et pour les encouragements !
Bises
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