Récit de la course : Marathon de Lyon 2015, par Mamanpat

L'auteur : Mamanpat

La course : Marathon de Lyon

Date : 4/10/2015

Lieu : Lyon 01 (Rhône)

Affichage : 2980 vues

Distance : 42.195km

Objectif : Faire un temps

22 commentaires

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Le RIL 2015 : Une première sur marathon !

Réponse du lapinou au lièvre ! :-)


Inscrite sur un coup de tête au marathon de Lyon, j’ai du mal à être au niveau que je souhaite. Trop tôt, trop lourde… Bref...
Et puis ces derniers temps, j’ai eu la tête à autre chose qui pourtant m’a beaucoup allégée (la tête, pas la balance !).
C'est donc sans prétentions que j’aborde le Run in Lyon (3h45 envisagés initialement), pour plutôt envisager la distance à la sensation et surtout retrouver mon lièvre de luxe avec qui j’ai plus l’habitude de partager les sentiers ou les papotages délires.
Jean Phi a lui laisser tomber l’idée des 3h15 n’étant pas au top de sa forme et de ses envies et préférant m’aider à atteindre le joli défi d’un sub 4h même si je suis une habituée des épreuves longues.
Il faut bien dire aussi que le marathon est une course de patience, ou tout est minuterie, horlogerie et fait payer cash tous les débordements !
Je lui donne carte blanche pour m’emmener, je n’ai pas pris son cardio.
Bref, j’ai confiance et la pression…


Km 0 au km 10


Départ dimanche 4/10, nous essayons de nous faufiler dans le sas des 3h15 mais je suis vite repérée. Ni une ni deux, nous partons donc vers mon sas des 3h45. A posteriori, c’était préférable de partir dans ce sas, on se serait très certainement laissé emporter par le flot des coureurs.
Nous y retrouvons Papakipik qui filera de suite la ligne de départ franchie et que nous ne reverrons pas. Pont Kitchener et direction le vieux Lyon par les quais pour 10 kms de ligne droite jusque chez Bocuse. Les 2 1ers kils sont avalés à presque 12 km/h et pourtant ça double de partout ! J’en suis toute décontenancée, on est dessus de l’allure cible du sas dans lequel nous sommes placés, ils vont tous exploser ? On m’a pourtant bien expliqué que le marathon c’est 30 km d’échauffement et 10 km de course… Jean Phi temporise pourtant encore afin de nous caler sur le rythme prévu : 5’30 par kilomètre les ravitos compris.

Objectif : 3h52’30’’ !
C’est précis mais il faut l’être pour ce genre d’épreuve (enfin ça c’est donc le boulot de Jean Phi !). Cela signifie aussi qu’il faudra courir sur un rythme légèrement supérieur de l’ordre de 2s au km pour gérer les ravitos.

Puisque l’on en parle… On zappe le 1er ravito mais Jean Phi est strict sur la marche à suivre : on ralentit à l’approche du ravito, on prend ce dont on a besoin, on mange et boit en marchant et on reprend l’allure à la sortie du ravito. « Perte de temps » 10s, mais surtout un cardio redescendu plus bas et une faculté à repartir plus facile.

Pour le moment le rythme est bon, nous avons une petite marge de manœuvre mais pas trop importante non plus. Jean Phi m’indique que nous oscillons entre 5’20 et 5’25 (dans le deal, je ne suis pas censée regarder ma montre même si je vérifie que mes sensations sont en phase avec l’allure, que je trouve malgré tout un peu rapide). Ca déboule encore de toute part et ça souffle déjà bien fort ! La faute à un départ très rapide pour certains mais aussi au rythme plus soutenu des semi marathoniens présents.

Jean Phi se retrouve régulièrement quelques dizaines de mètres devant, je reste sereine (et surtout bon gros diesel) et il me confie « j’ai accéléré tant que ça ? ». Le lièvre a les papattes qui démangent !
Il me confie tout de même : « Tu vois tous ceux qui nous ont dépassé, après le semi, on va tous les ramasser, mieux on ne devrait que très peu se faire doubler. Le marathon, c’est 32 bornes d’échauffement et une course de 10 kms pour finir (et 195m de fractionné pur !). ».
Mouais… pas convaincue mais ça me va bien de ne pas me faire embarquer car je garde en mémoire cette erreur commise lors de ma tentative en 2010 !


KM 10 au km 21.1

On papote (enfin Jean Phi parle), on fait les fous (enfin seulement Jean Phi qui passe réellement pour un fou) mais on a passé le pont Paul Bocuse, autrefois Pont de Collonges et c’est retour par les mêmes quais de Saône mais sur l’autre rive, direction Vaise ! C’est long (ben moi je n’ai pas trouvé long et pour l’instant je trouve le parcours plutôt agréable, ça passe bien, il fait bon et même si le peloton s’étire on a un ou 2 goulots d’étranglements où il faut piétiner pour ne pas se gêner). Qui plus est, il y a du monde tout le long pour encourager. Et Jean Phi ne manque pas de les chambrer quand il les trouve trop calmes !
Bref, du tout bon pour ce nouveau parcours

Tunnel de la Cx Rousse, 15° km, je suis vraiment bien. Jean Phi m’intime l’ordre de rester derrière lui et de ne surtout pas se laisser pousser des ailes. Je lui réponds : « D’habitude tu me cries dessus pour accélérer sous le tunnel »
En fait, on se rapproche un peu trop du meneur d’allure 3h45 qui nous a passé au ravito juste avant le tunnel et ce n’est pas du tout l’objectif. Donc prudence et pondération.

De fait, personne ne nous double y compris les ½ marathoniens (p’tites bites ! ben quoi, j’ai aussi le droit de déconner un peu non ?!) qui pourtant en terminent dans quelques kilomètres ! Les places commencent à se figer un peu, le pac man va bientôt pouvoir commencer, mais c’est encore trop tôt.
Sortie de tunnel, nous prenons tout droit sur le pont de Lattre de Tassigny pour aller vers le traditionnel tour du parc de la tête d’or. Cette partie est un peu plus longuette mais nous avançons toujours bon rythme. Je tiens le choc mais je m’attends au coup de bambou sous peu, je sais qu’il m’attend dans le parc…
Jean Phi fait quelques pas chassés pour soulager ses adducteurs, il va bien. En direction du parc, nous croisons chouchou qui vient d’en terminer avec le parc et s’en va chercher sa belle performance du jour en direction de Gerland. Give me five mon chouchou ! Il dit que c’est dur (l’inverse aurait été surprenant de sa part !) mais le visage est serein ! Trop contente !


Km 21.1 au km 30

L’entrée dans le parc marque donc le début d’une autre course. Plus dure, plus tendue aussi. D’abord dans les jambes des uns et des autres, les 1ers coureurs commencent à marcher, les explosions ont commencé. Le mur est arrivé beaucoup trop tôt pour ceux-là, ils vont malheureusement payer le prix fort et la fin de course sera longue, très longue. Le semi est passé en 1h55’ et 30s.

Malgré le léger ralentissement, nous avançons toujours aussi bien. Jean Phi m’informe que nous sommes sur un rythme très calibré autour de 5’28 au km, les ravitos se font toujours de la même manière et les kms sont à 5’38.

C’est parfait. Parfait ? Ah non ! Je me durcis un peu et me prends donc mon mur comme je m’y attendais. Nous ne sommes qu’au 23° km, ça inquiète Jean Phi. Il pense que nous sommes partis sur un rythme qui ne laissait pas de marge mais il trouve que c’est un peu tôt.

Il me rappelle de boire comme nous le faisons depuis le début mais aussi quoi prendre aux ravitos. Péremptoire peut être mais il fait carrément bien son job et je lui obéis au doigt et à l’œil ! Ne pas vivre un échec, je dois être marathonienne !

Et j’ai du ressort ! Je relance la machine et d’une position stabilisée, nous recommençons à doubler des coureurs. Jean Phi essaie d’en emmener quelques-uns dans notre sillage mais ça ne suit pas.
La sortie du Parc n’est pas top du tout. Alors moi je n’ai absolument pas été embêtée concentrée que je suis sur ma foulée !
Mais en parlant de point d’amélioration : Au secours !! Mettez des conteneurs à déchets de partout ! C’est l’horreur tous ces coureurs qui jettent leurs déchets n’importe où ! Dans le parc j’ai gueulé sur un type qui jetait son emballage au sol alors qu’il y avait une poubelle sur notre droite à 2 m ! Incroyable….


KM 30 au km 40


Les berges du Rhône sont vraiment bien passées ! C’est la portion que j’appréhendais le plus mais il y a tellement de monde qui encourage et d’animation (un groupe de musique tous les 5 km à peu près sur le parcours, c’était génial !). Vers le pont Raymond Barre, nous avons la belle surprise de retrouver Alan !
Ça fait plaisir et surtout que les premières paroles sont dans la tonalité de nos échanges scabreux humoristiques et ça le fait bien à ce moment-là pour dérider les traits qui commencent à se figer ! Les jambes tirent et je commence à être dans le dur même si je ne suis pas dans le mur. C’est la preuve d’une bonne gestion.
Jean Phi commence à faire des projections sur un rythme à 6’ au km depuis quelques temps et il est optimiste.

Au début des berges du Rhône, nous étions sur une estimation de 3h56’. Nous sommes désormais sur une estimation plus proche des 3h54’. Pas loin du tout de l’objectif (très) ambitieux que Jean Phi a annoncé. Pour moi c’est maintenant une certitude : je vais bientôt en chier grave mais je vais être marathonienne en moins de 4h !
Alan a la gentillesse de nous accompagner 5 ou 6 kms avant d’aller retrouver une tartiflette et un Saint Chignan. Moi je ne pense qu’à la bière à l’arrivée…
En attendant, il fait le lièvre pour aller chercher de l’eau et autres amuse bouches pour nous.

Depuis quelques kms, Jean Phi me fait boire ma boisson énergétique toutes les 7 à 8mn. Il me donne les tops systématiquement.
Alan nous a « abandonné » au km 36, non sans plein de recommandations sur le parcours restant (merci !). Ca fait déjà 2 km que mes cuisses ont tétanisé, je l’annonce à demi-mots les lèvres serrées mais de suite Jean Phi me booste et Alan me dit que c’est dans la tête et que je ne vais pas faire comme Etienne !

C’est de plus en plus dur pour tout le monde. Les coureurs marchent beaucoup. Quant à nous, nous courons et, depuis le parc de Gerland, Jean Phi un nouveau jeu : il compte les féminines dépassées depuis que l’on nous a annoncé que j’étais 55° ! Pas à tortiller (oui mais bon, je vais vous le dire combien de fois que je ne peux pas faire autrement que de tortiller ! J’y peux rien, c’est morphologique !!! )

On va s’arracher pour aller chercher le top 50 (et moi de fredonner sur le pont le générique : tatataaaa, tatatataaaaa).
Ah vous chantez !!! Et bien courez maintenant !!!!
Seulement mes cuisses ne veulent plus rien savoir et j’ai l’impression d’avoir 2 poteaux en béton armés en lieu et place de mes p’tits jambonneaux… Même les mini faux plats descendants sont un supplice ! La passerelle de Confluence est passée en marchant mains sur les cuisses et j’ai l’impression de gravir une des dernières combes de l’UTCO !

Jean Phi relance la machine et m’invite, sans me nommer, à revenir à mon niveau. Mort de rire, c’est un petit jeune qui écoute ses conseils depuis un petit moment et qui prend cela pour lui.


KM 40 au km 42.195

Jean Phi me harcèle désormais. Je ne lui en veux pas loin de là mais putain, mes cuisses ne veulent absolument plus faire ce que ma tête voudrait !
« Allez, on va le faire ! Allez on s’accroche !! »

C’est apparemment mort pour les 3h52, Jean Phi a le nez collé à sa montre, mais les 3h54 sont touchables.

C’est dur d’accélérer dans ces derniers mètres qui paraissent des km. J’essaie d’accélérer, me donne du courage et poussant (ou plutôt éructant) mes cris saugrenus de cochon qu’on égorge. La dernière ligne droite est là, enfin ! Virage à droite et au bout de la place Bellecour, la délivrance ! L’arche d’arrivée avec le public qui encourage (et quel public !!) et cette ligne qui n’en finit pas de s’éloigner alors que l’on croit s’en rapprocher !
Dans un ultime effort je m’arrache pour couper la ligne. Nous tombons dans les bras l’un de l’autre. Nous l’avons fait !!

3h54’03’’ !!

Merci Jean Phi !!!

http://www.kikourou.net/recits/ajout.php?idcourse=88836#

Et Top 50 largement atomisé !

Scratch : 1036e / 2128
Femmes : 38e / 224
V1F : 18e / 82


22 commentaires

Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 06-10-2015 à 12:29:11

Bravo à tous les deux ! Je ne savais pas que Jean-Phi faisait le gynécoach comme moi... J'espère pour toi qu'il ne cause pas autant que le Lutin en courant. En tout cas, c'est toujours une expérience formidable.

Commentaire de Jean-Phi posté le 06-10-2015 à 13:39:34

Malheureusement pour elle (et les autres) je suis un indécrottable bavard !

Commentaire de Mamanpat posté le 06-10-2015 à 14:02:41

Le seul moyen de savoir s'il est aussi bavard serait de courir avec toi ! Et je suis sûre que cela me plairait également ! Merci !

Commentaire de Jean-Phi posté le 06-10-2015 à 13:39:04

Merci encore ma Rifi ! tu vois, on t aurait dit que ça allait passer comme ça, tu signais de suite !
;-)

Commentaire de Mamanpat posté le 06-10-2015 à 14:26:11

Les yeux fermés même que ! Ca donne presque envie de recommencer (mais pas tout de suite, j'ai encore un pied et des cuisses à récupérer...) !

Commentaire de tidgi posté le 06-10-2015 à 14:27:18

Good job les jeunes !
Ca méritait bien de reprendre une deuxième 56cl de ce houblon fruité...
:) :) :)

Commentaire de Mamanpat posté le 07-10-2015 à 07:17:34

Le meilleur ! Une 3ème serait bien passée d'ailleurs... :-)
Et bravo pour ton défi réussi ! Et de 3 ! (3, le numéro gagnant !)

Commentaire de Trixou posté le 06-10-2015 à 15:31:44

Bravo Pat ! Et Jean-Phi un peu aussi ;o)

Commentaire de Mamanpat posté le 07-10-2015 à 07:18:56

Merci beaucoup Trixou ! Et un peu beaucoup Jean Phi aussi ! ;-)

Commentaire de lalan posté le 06-10-2015 à 21:43:15

Bravo lapinou, tu as tenu jusqu'au bout. Ravi d'avoir tenu compagnie sur un petit bout de chemin. Bonne récup

Commentaire de Mamanpat posté le 07-10-2015 à 07:23:23

Merci lalan, c'était super sympa !

Commentaire de Arclusaz posté le 06-10-2015 à 22:43:16

Pourquoi j'ai l'impression d'avoir déjà lu ça, moi ? étrange sensation.....

Mais celui qui t'a expliqué que "le marathon c’est 30 km d’échauffement et 10 km de course…", c'est peut être un bon coureur mais en maths il vaut pas tripette !

Et puis quand même, bravo , belle marque !

Commentaire de Mamanpat posté le 07-10-2015 à 07:25:14

Une sensation de déjà lu ? Déjà vu ? Et que dire des photos d'arrivée des 1ers du semi alors ? J'ai cru voir double ! :-)
En fait c'est 30 km de plaisir, 10 km de serrage de dents et 2,195 km d'horribles souffrances !!!!
Merci !!!

Commentaire de TomTrailRunner posté le 06-10-2015 à 22:46:13

C'est du copier/coller à la touche féminine : bravo le duo...

Commentaire de Mamanpat posté le 07-10-2015 à 07:26:36

C'est comme au boulot : faut capitaliser sur l'existant, surtout quand il y a du bon !
Merci Tom ! A très vite dans nos chemins !!!

Commentaire de ejouvin posté le 07-10-2015 à 10:00:54

Bon bah voilà, ça c'est fait.

Place aux vacances et au voyage. Profites en bien chouquette et à très vite pour un nouveau trip prout prout

Commentaire de Mamanpat posté le 07-10-2015 à 10:39:48

Merci t'es chouette ! Pouet pouet !

Commentaire de Jean-Phi posté le 07-10-2015 à 13:54:13

Comme je veux pas décrocher, je viens de tout relire et je trouve ça toujours plaisant !
Je pense encore aux estafettes d'Etienne et tes cris de cochon qu'on égorge, bref c'est chouette ! :)

Commentaire de Mamanpat posté le 07-10-2015 à 21:58:38

Qui a dit que le marathon c'était dur, c'était chiant, monotone ?... :-)

Commentaire de franck de Brignais posté le 07-10-2015 à 21:36:00

Quelle belle marque tu as faite sur une épreuve aussi compliquée à gérer.
Tu as su faire cohabiter tes "préoccupations" du moment avec une vraie prépa, Bravo !!

Commentaire de Mamanpat posté le 07-10-2015 à 21:57:49

J'ai un peu triché quand même, je n'ai pas tout géré !
Bon, on part sur un 3h45 ensemble pour le prochain ? ;-)
Merci !

Commentaire de Jeje_stp posté le 02-11-2015 à 14:47:03

Moi, petite bite sur le semi, j'ai doublé Mamanpat et son collant multicolore au niveau de vaise (après le pont clémenceau)! :p

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