Récit de la course : Sur les Traces des Ducs de Savoie 2012, par samontetro

L'auteur : samontetro

La course : Sur les Traces des Ducs de Savoie

Date : 30/8/2012

Lieu : Courmayeur (Italie)

Affichage : 1691 vues

Distance : 109km

Objectif : Faire un temps

13 commentaires

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TDS pluvieuse, TDS heureuse !

Au plus profond de moi, j'ai toujours su que c'était impossible. Et puis ils m'ont forcé à croire que j'étais capable de le faire. Alors je l'ai fait.

« Ils » c'est Bertrand, l'hémérodrome, Monsieur « Traces de cîmes », qui m'a fait profiter de ses plans de préparation et qui, quelques jours avant la course, me décortique les points clés du parcours, l'air de rien, en terminant par un « tu vas aimer... »

« Ils » c'est Éric, le vertacoltraileur de la vallée d'à coté, celui là même qui entrait dans Bourg Saint Maurice en tête lors d'une précédente édition, avec ses « tu peux le faire ! »

 

Mais pour l'instant, il est 3h du matin, l'orage gronde à Chamonix. Hier soir il pleuvait si fort que j'ai du utiliser la bâche qui servait de tapis de sol pour la mettre au dessus de ma vieille tente avec l'aide de mon voisin. Un Nantais inscrit sur la CCC. Merci Fred ! Je n'ai pas le courage de sortir, je fais chauffer un peu de café et je déjeune sous la tempête, recroquevillé dans la tente. Le dernier SMS de l'organisation est alarmant : « tenue hivernale de rigueur » qu'ils ont dit ! J'aligne les vêtements que j'ai amenés : il faut choisir. Je n'ai pas d'assistance, je n'ai pas le droit à l'erreur. J'enfile un collant épais, un tee-shirt technique manches longues que j'utilise pour mes entrainements l'hiver. Une micropolaire dans le sac avec le coupe-vent étanche plus le matériel obligatoire : gants de soie et sur-gants goretex, pantalon de K-Way, matériel de sécurité, réserve alimentaire pour toute la course... etc. La pluie se calme momentanément et je pars prendre le bus, direction Courmayeur.

 

J'erre dans la zone de départ et retrouve Éric. « Vient, on part devant » me dit il et je me retrouve entre lui et Agnès (qui va nous faire un très très gros truc) à quelques têtes de Dawa. Eric me décrit la situation :

  • « Celui là, à gauche avec les chaussures claires, tu ne le lâches pas, il est V2 ! L'autre, là bas, avec la casquette, c'est un gros client ! Faut que tu l'accroches ! »

  • « C'est ça, oui, c'est ça ! »

 

Et ça part ! Je sais qu'il faut essayer d'aller vite (sans se cramer) jusqu'à Bourg Saint Maurice et qu'après ça va devenir franchement technique. Les yeux rivés sur les hokas d' Éric je cours sans réfléchir dans les rues de Courmayeur. Avancer ! Puis la piste se met à monter et je le laisse partir. Je sais très bien quel est son niveau, très au dessus du mien. Je marche vite, trottine chaque replat. A partir du col Chécrouit la pente se calme et j'essaie d'en profiter pour relancer. Puis c'est le raidillon du col de la Youlaz et le retour de la pluie. J'enfile le coupe-vent pour affronter ce hors-piste droit dans la pente. Ça monte assez vite, ça double même (enfin, je me fais doubler plutôt!). Au sommet je replie les bâtons (une paire de diagonal des cimes sur mesure, enfin, à ma taille quoi ! Merci Brice!) . Je les place sur le sac et c'est parti pour la descente avec délectation ! Mais le terrain est gras, terriblement piégeux. Avancer, mais si possible rester sur les pieds !

 

Au ravitaillement de la Thuile je rejoins Éric qui a décidé de faire une course très en dedans pour tester un protocole d'alimentation sur le très long. On repart ensemble vers le col du Petit Saint Bernard. J'ai décidé de courir le plus souvent possible mais je ne parviens pas à l'accrocher et dès la première côte il s'envole inexorablement avec cette petite foulée rapide de tueur ! Il pleut toujours. Le dernier raidillon au dessus du lac est terrible. Ravitaillement express au col où je reprends un peu d'eau et j'enchaine vers Bourg Saint Maurice car je commence à être humide et préfère ne pas me refroidir. La descente est d'abord très sympa puis on aborde une longue portion de bitume. Un coureur me passe à grandes enjambées puis baisse le rythme rapidement. Je repasse devant, je ne le reverrais plus. L'arrivée à Bourg Saint Maurice est « sympa » avec un superbe moulin à eau que j'admire quelques instants.


Passage au dessus du lac au col du Petit Saint Bernard

A Bourg Saint Maurice encore, je fais un arrêt très bref. J'échange quelques mots avec Juliette Blanchet qui est alors en tête de la course. La pluie fait une pause, il faut en profiter ! Un rapide contrôle du matériel obligatoire par l'organisation et c'est parti pour le gros morceau : le col de la Forclaz et le Passeur de Pralognan dans la foulée ! Il fait plutôt chaud et je quitte pour un court moment le coupe-vent. La pluie va revenir très vite. On est un petit groupe et je fais le yoyo avec un autre V2. C'est raide, il monte plus vite et je le laisse doubler en m'écartant du sentier. Ça monte moins, je le rattrape et il me rend la politesse. Et ainsi de suite. On pointe ensemble au fort de la Platte puis on se perd de vue. Avec la pluie, le brouillard, je ne sais plus s'il est devant ou derrière. On se reverra bien... La Forclaz dans le brouillard, pas trop de souvenirs si ce n'est que la descente derrière est assez technique. Puis c'est la cote qui n'en finit pas vers le Passeur !

 

Et là, je vois débouler Agnès derrière moi, le couteau entre les dents ! L'impression qu'elle fait un kilomètre vertical ! Je la laisse passer en l'encourageant et je m'accroche derrière elle.

 

  • « Elle est loin la première ? »

  • « On était ensemble à Bourg Saint Maurice, mais elle grimpe vite... »

 

La descente sur le Cormet de Roselend est technique, glisssante. Je repasse devant un moment mais je dois m'arrêter pour repositionner mes bâtons posés trop vite sur le sac. Agnès passe et quelques instants après me fait une énorme figure, les semelles des chaussures par dessus les bâtons ! Elle a visiblement très mal mais repart aussi sec ! Je reste un moment avec elle jusqu'à ce que le terrain devienne moins technique et qu'elle s'envole au loin...

Au Cormet je retrouve Éric et son assistance. Et Aurélie me rempli la gourde pendant que je déplie mes bâtons à l'abri sous la tente du ravitaillement. Yessss ! Comme les vrais ! Merci Auré ! Et je repars rapidement sous la pluie pour ne pas me refroidir.

Le col de la Saulce n'est pas très difficile mais je me rends vite compte que ma poche à eau est quasiment vide. Je pensais que cela tiendrait jusqu'au prochain ravitaillement et n'ai pas vérifié. Erreur. Je n'ai que 500ml d'eau dans la gourde.Il faudra faire avec et c'est complètement à sec, du moins pour la gourde, que j'arrive à la Gittaz. J'avale un bol de soupe et monte au bassin où deux enfants me remplissent gourde et poche à eau avec un tuyau. Merci les enfants, merci aussi pour vos encouragements sous la pluie qui s'intensifie !

Je repars vers le col de la Gittaz : c'est long et je commence à sentir l'humidité qui s'infiltre de partout. Il fait de plus en plus froid et je commence à avoir les mains gelées. Mais enfiler les gants c'est comSous la pluie qui s'intensifie...pliqué avec ces bâtons et je préfère garder du sec au cas ou la situation météo s'agraverait. Une longue traversée permet de courir et de se réchauffer puis on reprend l'ascension vers le col de la Fenêtre. Le vent s'est levé et amplifie encore la sensation de froid. La pluie redouble et le brouillard devient de plus en plus épais. Le jour qui décline rend le décors lugubre. Soudain je distingue une énorme ombre devant moi sur le sentier. C'est une vache, puis une seconde... Nous sommes plusieurs à cheminer et nous les évitons tant bien que mal en passant au dessus ou au dessous de la trace. Je commence à avoir des frissons quand j'entends de la musique : le Col du Mont Joly est là, c'est le ravitaillement. Enfin, presque. Nous allons cheminer encore un moment sur une large piste dans le brouillard avant de l'atteindre. Et là, mon portable se lâche ! On vient de retrouver du signal : Un message, deux, cinq, dix c'est une mitraillette ! Mais je dois le laisser enroulé dans son sac plastique, à l'abri des trombes d'eau qui nous assaillent.

 

Enfin le ravitaillement ! Je prends une soupe et pour la première fois je m'assoie. J'ai froid, je tremble, la nuit tombe. C'est infernal cette pluie, cette boue, ce vent, ce brouillard qui masque toute visibilité. Et le téléphone qui sonne à nouveau. Je suis à l'abri alors je le sors de mon sac et je décroche. C'est ma grande fille de 15 ans !

 

  • « Félicitations ! »

  • « Pourquoi ? Je suis encore loin de Chamonix et je ne sais pas si je vais continuer dans cette tempête. »

  • « Tu es premier V2 papa ! »

  • « Hein ?????? »

  • « T'étais 4, puis 3 et là t'es le pemier ! »

 

Je range le portable, j'enfile le sac, salue les bénévoles et repars sur le champ ! Je n'ai plus froid, ni mal, oublié la pluie froide qui cingle le visage ! La descente c'est mon truc et ma chance elle est là, dans les kilomètres qui suivent, car la descente j'aime ça ! Vous ne vous rendez pas compte, je suis premier V2 sur la TDS !

 

Je suis assez vite calmé : en allumant la frontale je n'ai qu'un halo de brouillard devant les yeux ! Je la prend à bout de bras pour voir le sol mais c'est une vieille frontale poussive et je n'y vois rien ! Je prends une plaque de boue et m'étale de tout mon long dans l'argile gluante et froide. On se calme ! OK ? Léonce, un jeune réunionnais, me rejoint à ce moment là et me demande s'il peut faire route avec moi. Bien sûr ! Mais on essaie d'avancer vite ! Et je lui explique ma situation. Et on va descendre aussi vite que possible jusqu'à Notre Dame de la Gorge. Puis sur le plat c'est moi qui donne le rythme : ça va être long jusqu'aux Contamines mais il faut courir. On discute de plein de choses, de l'UTMB, de la Réunion, du GRR... une petite incursion des tropiques dans la nuit froide et pluvieuse.


On entre enfin aux Contamines. Ravitaillement express. Le téléphone sonne : c'est LE PtiJean : « t'as 25mn d'avance ! Alleeeezzzz samontetrooooooo ! »

Oui mais là, ça monte trop ! Les chalets du truc c'est 500mD+ et c'est raide ! Léonce, sans bâtons, s'accroche. Quelle caisse ! Puis c'est la petite descente avant le dernier morceau, 500mD+ à nouveau. Et ces frontales que l'on voit la haut dans le noir... L'ultime bosse ! Je double un concurrent, puis deux. Léonce décroche, sans bâtons dans cette pente terrible. Au sommet je pense l'attendre mais le vent est glacial. Et puis 25mn, ça veut dire que le second est peut être déjà dans cette pente que je viens de gravir. Alors GO ! Il faut à nouveau envoyer dans cette descente où je doute du parcours à plusieurs reprises dans le brouillard.


Je débouche sur une passerelle plutôt aérienne au dessus d'un torrent en furie et... ça remonte ! Mince ! Pas prévu ça ! C'est très dur, mais ce n'est pas le moment de lâcher. Je suis seul. J'aperçois des frontales derrière mais elles ne remontent pas sur moi. Puis le chemin fait une longue traversée vers Bellevue avant un ultime raidillon. Je retrouve Juliette, je lui demande :

- « Ça va ? »

- « Je suis cramée, faut que je mange. »

- « Ça va aller ? Le pointage est à 100m. »

- « Oui, oui ! Vas y ! »

 et je l'abandonne derrière moi.

 

Maintenant tu te calmes ! J'ai décidé d'assurer dans cette ultime descente. Au Tour des Glaciers de Vanoise j'ai failli tout gâcher à cause d'une grosse chute à 3km de l'arrivée et terminé plutôt sanguinolant ! Pas question de remettre ça. Je ne traine pas mais je ne prends aucun risque. Une frontale revient sur moi à grande vitesse et je m'arrête pour laisser le passage, la frontale toujours à bout de bras.

  • « T'as un souci de frontale ? »

  • « Heu... non. »

C'est Juliette qui s'est refaite une santé express et qui fonce sur Chamonix !


Arrivée

Dernier ravitaillement aux Houches. Je prends un bol de soupe et me lance dans l'ultime section de 8km. C'est dur. Je m'oblige à courir au moins au plat dans ces montagnes russes. Un coureur me passe à grande vitesse, impossible d'accrocher ce TGV ! Ça monte, ça descend... les cuisses tirent, ça remonte... Je marche aussi vite que possible en poussant sur les bâtons quand je remarque que je longe une grande flaque d'eau. Et là je me dis « si t'es au bord d'une flaque, c'est que c'est plat ! » et je me botte le cul pour trottiner ! Enfin Chamonix ! Une bande de jeunes fêtards m'applaudit et se met à courir avec moi avec des « Allez ! Allez ! » sur les dernières centaines de mètres. Virage à gauche, la place du triangle de l'amitié, l'arche... Je l'ai fait les mecs !

 Vincent Delebarre m'accueille et je lui dit :

-  « Félicitation pour ton superbe GRP! »

- « A non ! Ici c'est moi qui félicite ! »

 

Je rentre au camping et quand j'arrive à la tente mon voisin part pour sa première CCC. « C'était comment ? » me dit il. Je n'ose pas le lui dire et je répond par une question:

- « Tu as ce qu'il faut pour le froid et la pluie ? »

- « Oui. J'ai pas de gants étanches mais j'ai pris des gants de vaisselle. »

- « Mais tu vas macérer dedans, et avec le froid... »

Je plonge la main dans mon sac et lui tend mes sur-gants goretex.

- « Emmène les, ça ne pèse rien et je ne les ai pas utilisés ! »


PodiumSamedi matin. Je croise son épouse dans le petit matin pluvieux. Je sais les conditions que les coureurs ont eu sur la CCC : pluie, vent, neige... Je n'ose rien dire. Elle me glisse :

 - «  Il est arrivé, il est finisher ! »

- « YESSSSSSS ! »

 Fred me racontera plus tard que dans le Grand Col Férré, sous la neige, les mains trempées et gelées il remplacera ses gants par une paire de chaussettes et mes sur-gants....

 Samedi midi, je suis au pied du podium. Fred a tenu a être là aussi malgré la fatigue. Je l'ai vu tellement de fois cette remise des prix, à applaudir tous ces gars ! J'ai les jambes en coton, l'estomac noué. J'attends mon tour pendant que Béné38 se moque de mon trac. Un SMS d'Éric : « Celui là c'est du hight level ! Profiiiiiiite ! ».

P..tain faut y aller, c'est moi qu'ils appellent. Mais une fois la haut ce n'est que du bonheur !

Un énooorme bonheur !

 

 


13 commentaires

Commentaire de Arclusaz posté le 21-10-2012 à 22:08:41

"Vous ne vous rendez pas compte, je suis premier V2 sur la TDS !"

si, si, on se rend compte !! c'est géant, bravo !

Commentaire de P38 posté le 21-10-2012 à 22:28:32

Chapeau!!!

Commentaire de the dude posté le 22-10-2012 à 10:51:59

Wahou!!! Quelle aventure!
On peut dire que c'est amplement mérité, tu t'es battu comme un beau diable dans cet enfer.
Quelle saison 2012 tu nous fait, qu'est ce que ça va être en 2013? ;-)

Commentaire de Jean-Phi posté le 22-10-2012 à 11:18:55

Tu es aussi grand par le talent et la modestie taille que par le talent et la modestie. Plus même ! C'est énormissime ce que tu as fait ! Quelle belle confirmation ! Bravo et merci de ce CR.

Commentaire de ptijean posté le 22-10-2012 à 15:27:08

Grand, Géant, Immmence, gIIIgantEEEsque, énOOOOrmissime,mEErveilleux, fAAAbuleux....

Stop les sUUper-latifs, mais je n'en pense pas moins. Avec hémé, on t'a suivi via internet et tu nous as tenu en haleine toute la nuit. Je suis aussi contant que si c'était moi...mouarf...qui avais gagné..remouarf.
En espérant recourir rapidement avec toi...

Commentaire de totoro posté le 22-10-2012 à 17:22:08

Et beh, quel récit aussi beau et retentissant que ton résultat !!! Un grand BRAVO : quelle belle victoire :-)

Commentaire de tidgi posté le 22-10-2012 à 20:09:47

Bravo ! Un géant parmi les V2, sur une course qui fut loin d'une partie de plaisir.
Et tu la mérites vraiment cette place, et ce bonheur partagé !
Un GRAND respect...

Commentaire de Pierrot69 posté le 22-10-2012 à 21:09:39

Les vaches du col du Joly tenaient sans doute un conciliabule pour savoir quelle cloche elles allaient bien pouvoir te décerner... À l'unanimité et sans contestation possible elles ont choisi la plus belle!
Merci pour ton large sourire et ta joie communicative sur le podium au milieu de tous ces champions dont tu fais vraiment partie et un grand bravo pour ta course magistrale dans ces conditions bien délicates.
Félicitations!

Commentaire de francois 91410 posté le 24-10-2012 à 21:49:07

Merci de nous avons fait rêver et vibrer avec ce récit très sensible, on revit en accéléré le film de ton aventure et de cette apothéose "imprévue". Et très content d'avoir fait ta connaissance dans le Vercors à peine un mois après !

Commentaire de agnès78 posté le 01-11-2012 à 07:01:44

t'es géant patrick dans tous les sens du terme! super contente pour toi... quel sourire sur le podium et quel plaisir de partager cela avec toi, avant, pendant et après la course et avec le coach! ... et merci beaucoup pour la descente du Passeur, vraiment.

Commentaire de agnès78 posté le 01-11-2012 à 07:06:04

PS. pour les photos du podium : <iframe src="https://skydrive.live.com/embed?cid=2018CE3B01F5C867&resid=2018CE3B01F5C867%213289&authkey=AIAySiLCTqUq5RM" width="165" height="128" frameborder="0" scrolling="no"></iframe>

Commentaire de agnès78 posté le 01-11-2012 à 07:07:10

ou là : https://skydrive.live.com/redir?resid=2018CE3B01F5C867!3289&authkey=!AOdqmvh5m2z0O6k

Commentaire de JLW posté le 22-11-2012 à 21:39:05

1er de la TDS, quel rêve fabuleux exaucé, bravo Patrick.

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