Récit de la course : 6666 Occitane 2012, par the dude

L'auteur : the dude

La course : 6666 Occitane

Date : 2/6/2012

Lieu : Vailhan (Hérault)

Affichage : 2556 vues

Distance : 118km

Objectif : Pas d'objectif

14 commentaires

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Le courage de commencer...

   Il y a quelques temps en lisant un post de sab sur le fil de la 6666 je remarquais la signature qu’il utilise, une citation de John Bingham : « The miracle isn't that I finished. The miracle is that I had the courage to start.”

Et bien je crois que mon récit de cette 6666 pourrait se limiter à cette simple citation qui résume parfaitement le cheminement qui m’a amené jusque sur ces sentiers rocailleux et ensoleillés du Caroux.

Pour un coureur comme moi plutôt familier des courses au saucisson locales et dont le grand fait d’arme se limite à un seul « vrai » ultra – certes costaud – Le Grand Duc 2010 ; le simple fait d’imaginer prendre le départ d’une course comme la 6666 constitue déjà une épreuve difficile à surmonter .

La confiance en soit étant loin de représenter ma qualité première il en a fallu du temps avant que je n’ose m’imaginer en train de boucler une telle épreuve, des hésitations, des renoncements, des doutes, des peurs même ; et puis un jour, sans trop savoir pourquoi,  on se sent enfin prêt à l’affronter.

Pas prêt physiquement, non, ça c’est encore une autre partie de l’épreuve, mais prêt mentalement, juste capable de se dire : « je peux y arriver ».

Une fois la décision prise j’organise tout mon entrainement autour de cette course : en avril et mai je bats tous mes records en terme de volume d’entrainement malgré le printemps le + pourri qu’on n’ait vu depuis 20 ans, je me souviens par exemple d’une sortie longue de 5H dans les Landes sous une pluie battante, si après ça j’ai pas un mental d’acier (inoxidableClin d'œil) c’est à désespérer.

Je ne participe qu’à 2 autres épreuves au printemps avec l’idée de me tester et de peaufiner les détails sportifs et logistiques sur des distances de + en + longues : en avril Mirmande (42 km 1900m D+)  et en mai Crest (66 km 3200m D+).

Evidemment l’objectif numéro un sur une telle course est de terminer, mais j’ai envie d’essayer de faire un peu mieux et surtout la perspective de passer deux nuits blanches consécutives m’effraie un peu.

J’établis donc trois plans de marche,

-       le minimum vital : c'est-à-dire terminer dans les délais qui sont de 32H

-       l’objectif ambitieux : terminer en moins de 24H, d’après mes séances d’entrainement ça

        semble jouable

-       l’objectif super ambitieux : moins de 21H, là c’est sur le fil du rasoir et au moindre doute je

        laisse tomber cet objectif-là pour me rabattre sur l’un des 2 autres

 

          Et puis voila, en ce vendredi 1ier juin, nous nous baladons mon épouse et moi sur les  routes tortueuses de l’Hérault en direction de Roquebrun où nous allons retirer nos dossards respectifs (en effet Mme Dude participera à la Roquebrune le samedi matin avant de faire l’assistance logistique tout le reste de la journée, quel courage).

    Nous en profitons pour repérer les villages par lesquels passera la course : Faugères, Lamalou, Colombières, Mons…et bien sûr Vailhan lieu du départ.

    L’après-midi sera consacré à essayer de faire la sieste, mais la chaleur caniculaire laisse peu de répit, j’arriverai quand même à dormir 2H.


                   23H00, mon épouse me dépose à Vailhan, équipé de pied en cape et paré pour la grande aventure.

Dire que je n’en mène pas large est un doux euphémisme, je suis carrément stressé, j’ai l’estomac noué, je n’arrive pas à mesurer l’ampleur de ce qui m’attend.

    L’heure qui me sépare du départ semble ne jamais devoir se terminer, je patiente en encourageant les héros du GRO qui passent à Vailhan après 30km de course et vont désormais suivre le même itinéraire que nous.

Antoine Guillon prend le micro pour un ultime briefing et nous rappelle que la course peut se décomposer en trois gros tronçons :

Vailhan – Lamalou : 46km /2000m D+ : partie assez roulante pour une bonne mise en jambe, attention à ne pas trop s’enflammer

Lamalou – Olargues : 43 km / 3170m D+ : la partie vraiment dure de la course, sous la chaleur qui plus est

Olargues – Roquebrun : 29km / 1660m D+ : un peu moins dure que la précédente mais le pic de Naudech peut faire mal et la fatigue va peser

Après le discours d’Antoine, le speaker nous demande rejoindre l’arche et entame le compte à rebours.

C’est parti.

 

 

 

Le peloton est bien compact et progresse raisonnablement, ça trottine sur le plat et ça marche dans les côtes.

J’attend avec un brin d’impatience les premières difficultés, histoire que le peloton se disperse un peu car je n’affectionne pas particulièrement de courir à la queueleuleu en subissant les blagues grasses du gros lourd de service (y en a toujours un Déçu) et la respiration bruyante, voire inquiétante de l’asmathique de service (y en a souvent plusieurs).

Autre inconvénient, on soulève beaucoup de poussière, ça pique la gorge.

Il faudra bien 2 heures avant que des groupes éparses ne commencent à se former et qu’on retrouve le plaisir de courir de nuit : le silence juste perturbé par les bruits de pas, l’obscurité à peine transpercée par nos frontales.

Je passe plusieurs coureurs du GRO déjà bien entamés, ça va être dur pour eux.

Pas grand-chose à signaler jusqu’à Faugères, premier ravito au km 19, où je m’arrête très brièvement prendre quelques morceaux de fruits.

Dès la sortie du ravito, je retombe sur …mister gros lourd En pleurs.

Heureusement il ne se sent pas super bien et annonce à son pote (ainsi qu’à toute personne se trouvant à moins de 3km) qu’il va continuer piano piano, bonne idée.

Nous passons ensuite devant les magnifiques moulins à vent et continuons à dérouler sur des chemins relativement roulants, si ce n’est quelques passages un peu compliqués qui ressemblent un peu à de la désescalade, pas mal de coureurs ronchonnent, personnellement je trouve ça super ludique.

Après un passage sous un tunnel, voici un mini ravito liquide, j’y rencontre LudoH qui courre le GRO et s’est posé là pour grignoter quelques graines.

Je prend un gobelet d’eau gazeuse et repars illico, je tiens ma vitesse moyenne pour les 21H mais avec très peu de marge, et comme je me sens bien physiquement j’essaie de relancer dès que possible.

Vers le km 35 on aborde la première (petite) difficulté du jour : le pic de la Coquillade, ça monte bien raide vers la fin et certains coincent un peu.



En arrivant sur le sommet je rejoins un coureur plus âgé avec qui je vais faire toute la descente jusqu’à Lamalou ; la dite descente est assez roulante avec une bonne portion de bitume sur la fin, je crains un peu pour mon fragile genou gauche mais aucune douleur ne se signale.

Lamalou les Bains :46km et 2000m D+ avalés, une bonne chose de faite.



Il est 06H du matin je suis pile poil dans les temps pour boucler en 21H, les voyants sont au vert excepté un début d’ampoule sur le côté du talon gauche.


Le trail: un sport vraiment sexy


Je prend un peu plus de temps au ravito pour m’alimenter, faire le plein du camel , remettre de la Nok, ranger la frontale et sortir les bâtons, car maintenant on va entrer de plein pied dans le vif du sujet.

Direction la première difficulté : la montée vers Madale.

Elle se passe sans encombre, je chemine avec 3 autres coureurs qui semblent bien se connaitre, ça discute tranquillement, lorsque la montée se durcit je les laisse partir ensemble pour ne pas me cramer.

Je rejoins vite un coureur du GRO qui s’endort un peu tout seul, comme ça devient plus roulant il prend ma foulée histoire de se relancer un peu.

Lorsque l’on sort des bois on aperçoit la colline d’en face illuminée par le soleil levant, superbe je m’arrête pour une petite photo.



Par contre la descente me plaît beaucoup moins, elle est constituée de grosses dalles et de gros blocs, on a l’impression de descendre un escalier géant, ça tape méchamment dans les genoux et les cuisses, de plus je sens qu’une bonne grosse ampoule s’est formée sur mon talon ; si toutes les autres descentes sont comme ça il va y avoir de la casse ; heureusement que j’ai rejoins les 3 compères avec qui j’étais dans la montée on se soutient.


On peut toujours compter sur le soutient d'un bon gros Bouk!


Peu de temps avant Colombières mon GPS s’éteint subitement, batterie vide, il est à peine 08H30 !

Un peu agacé par ce bug, j’accélère le pas jusqu’au ravito de Colombières où je sors le GPS prêté par mon pote Fred espérant qu’il aura plus d’autonomie, et prévient ma femme pour qu’elle pense à prendre un le chargeur lorsqu’elle viendra m’attendre à Mons.

Je repars peu avant 09H pour attaquer le plat de résistance : le fameux Caroux !!!

J’attaque prudemment cette montée qui s’annonce comme relativement longue, 850m D+ d’un coup.

Je suis seul et progresse relativement lentement, mon ampoule me gène de + en +, je finis par me décider à faire un arrêt : une bonne couche de Nok, de nouvelles chaussettes et c’est reparti.

Deux coureurs passent pendant que je suis en train de remettre mon sac, je n’arrive pas à les suivre mais comme ils se perdent 200 m plus loin je fais finalement la jonction et m’accroche à eux.



Pour l’instant ça se passe bien, le parcours est ombragé et parcouru de nombreux ruisseaux où l’on peut se rafraîchir, on longe des gorges magnifiques sur single assez roulant.

Les 2 de devant finissent par me lâcher alors que je me trempe un peu trop longtemps dans une fontaine.

Dernière partie de la montée, on est maintenant au soleil qui commence à cogner fort bien qu’il soit à peine 10H00, ça promet !

Enfin après 01H30 d’effort le sommet !!!

La vue est absolument magnifique, je me sens encore bien et pars en trottinant sur le plateau car la vitesse moyenne a quand même bien chuté dans la montée, je ferai quand même un nouvel arrêt pour me faire immortaliser par un relayeur que je trouve assis sur des blocs en train de s’alimenter.



On y est presque



Au sommet du Caroux







Lorsque je repars un petit groupe m’a rejoint, on va faire une très belle balade sur le plateau du Caroux – un peu plus longue que prévue suite à une erreur d’orientation – puis aborder une nouvelle descente très cassante.

Je suis en compagnie de Bruno, un coureur qui comme moi en est à son premier ultra de ce calibre, on discute pas mal et le temps passe plus vite.


Nous arrivons enfin au ravito de Mons km 72, il était temps j’en avais vraiment plein les baskets de cette maudite descente.

Ça me fait plaisir de retrouver mon épouse qui m’attend ici pour une assistance logistique et surtout morale.



Il est environ midi , j’ai 30 minutes de retard sur l’objectif 21H, il est dorénavant beaucoup plus raisonnable de viser les 24H.

Je prend mon temps au ravito, fais le plein du camel, recharge en gels et barres, change de T-shirt et chaussures.

Bref c’est un homme neuf qui repars 20 minutes plus tard pour affronter une nouvelle grosse difficulté : le pic de Montahut.

 

 

La montée se fera en 2 temps, d’abord 500m D+ jusqu’à Bardou puis on redescendra de 200m avant de refaire 500m D+ jusqu’au pic.

Dès la sortie de Mons c’est du costaud, environ 1km de bitume très raide en plein soleil, sur le moment ça ne semble pas trop m’affecter mais lorsque que je rejoins les chemins dans les bois je coule une bielle.

Gros coup de moins bien, impossible d’avancer, on est à l’ombre mais on sent que le soleil tape très fort sur les châtaigners  et la chaleur est étouffante, pas un souffle de vent et contrairement à la montée du Caroux pas le moindre ruisseau pour se rafraichir.

Je finis par m’asseoir quelques minutes au bord du chemin, un coureur en blanc pas sympa passe sans même m’adresser un mot, déjà tout à l’heure je m’étais pris un vent en essayant d’engager la conversation.

Lorsque je repars un nouveau coureur me rejoint, je le laisse passer « merci Môssieuw » lâche-t-il avec un accent anglais (australien en fait) à couper au couteau, avant de se manger une branche basse en pleine poire, il jure en anglais tout en continuant sa route, ça me fait sourire.

En arrivant vers Bardou je suis accueilli par les cris des paons, sympa, j’aperçois en contrebas une rivière dans laquelle je rêve de me tremper mais le chemin la surplombe et ne semble jamais vouloir descendre vers elle.

Puis finalement, ô joie, on part droit dans la pente jusqu’à la fameuse rivière.

J’y rejoins le coureur australien – Will - qui tente de traverser sur les rochers et… se vautre !

Décidément c’est pas son jour !

Je prend le temps de bien me tremper avant de repartir, à vrai dire j’ai bien envie de tout laisser tomber et de rester m’ébattre dans cette jolie rivière avec les jeunes qui sont là et ont l’air de bien plus s’éclater que tous ces types en baskets qui grimacent.

Mais le pic de Montahut m’attend et je me remets en route avant que le doute ne devienne trop fort

Très vite l’effet bénéfique de l’eau fraiche se disperse et je recommence à souffrir de la chaleur.

La fatigue, la chaleur, le manque de sommeil et le fait d’être seul (02H sans voir un coureur) me font vivre un calvaire, le moral est au plus bas.

C’est décidé plus jamais je ne m’inscris sur un ultra ; les courses de 20 bornes tout à fond dans le rouge c’est vachement plus marrant.

Enfin un peu de plat, mais impossible de courir, les jambes ne répondent plus, je ne pense plus à finir en moins de 24H mais tout simplement finir, et c’est mal engagé.

Un SMS d’encouragement de Richard me remonte un peu le moral mais ça va pas suffire, j’arrive près d’une maison en ruine (qui pouvait bien habiter dans un tel endroit ?), je me pose sur une grosse pierre plate à l’ombre d’un châtaigner, envoie un SMS à Richard : « seul, cramé, n’avance plus. Juste finir ».




Il me répond, m’encourage, je repars.

Au bout de 2 siècles et demi environ, j’entend le chant d’une cascade, éh oui je ne rêve pas, il y a bien un ruisseau !!!

Je me vautre dedans, me trempe de la tête aux chevilles, il faut garder les pieds secs.

La montée est de plus en plus raide, je finis par tomber sur un mini ravito, avec juste un peu d’eau et de coca tièdes mais beaucoup de chaleur humaine et ça fait un bien fou.

On plaisante un peu sur les vautours qui tournaient il y a peu autour du pic, sans doute alléchés par un coureur en perdition, moi par exemple.

Allez un dernier effort droit dans la pente et on est au sommet.

Par bonheur la descente est beaucoup moins cassante que les 2 précédentes, et petit à petit je me sens mieux, pas encore la grande forme bien sûr mais j’arrive à trottiner et lâche « pas sympa » que j’avais rattrapé en haut du pic.

J’arrive dans un petit village où les gens m’accueillent chaleureusement, un type m’offre un coca, génial ! et acceptent en rigolant lorsque je leur demande l’autorisation de piquer quelques fruits sur le splendide cerisier qui borde la route, c’est bon !!!

A Olargues, km90,  je retrouve avec joie mon épouse, ainsi que Will dont les pieds ont énormément souffert suite à son passage dans la rivière ; son épouse m’offre quelques fraises que j’accepte avec joie.

Cette ambiance amicale et chaleureuse me redonne des forces, j’ai conscience d’être passé tout prés de la catastrophe mais de m’en être tiré et maintenant ça va être dur de m’arrêter !!!

Je suis même encore en course pour finir en moins de 24H.

 




Les plus grosses difficultés sont passées, il n’y a plus qu’à finir, enfin facile à dire il reste tout de même 30 bornes.

Je reprend mon chemin en compagnie et ma femme qui va m’accompagner jusqu’au pied du pic de Naudech et de Will.

Une bonne nouvelle n’arrivant jamais seule Samuel m’informe par SMS que je suis pointé à la 31ième place, je croyais être bien plus loin que ça !

Will semble plus frais que moi, je lui dit de partir à son allure, et continue en compagnie de ma femme.

On papote tranquillement sur des chemins bien roulants, le moral est bon et les jambes tournent à nouveau bien.

Après 5km, ma femme rebrousse chemin pour aller chercher la voiture et m’attendre à Vieussan, ce petit intermède m’a vraiment regonflé, je suis prêt pour terminer le boulot.

Les 300m D+ pour monter au pic de Naudech représentent l’ultime difficulté, la pente est vraiment forte, je double encore un coureur qui scotche et atteins le sommet où un petit ravito nous attend, on est gâtés !

La descente jusqu’à Vieussan, km104, se fait sans problème, si ce n’est une petite erreur d’orientation sans conséquence.



Au ravito ma femme m’indique que j’étais pointé 29ième à Olargues !

Incroyable ! Je suis sur un nuage.

Un bénévole très serviable vient spontanément me voir pour me faire un petit topo de la fin du parcours.

Je range la casquette, change les piles de ma frontale, la pose sur ma tête et en avant, pas de temps à perdre je suis encore en course pour les 24H mais ça va se jouer à très peu de chose.

Ma femme m’accompagne jusqu’à la sortie du village, puis je continue seul.


Le prochain village c'est Roquebrun!!!


Maintenant que je suis bien et que ça sent l’écurie, ça ne me gène pas d’être seul, je suis concentré sur mon effort et sur les rubalises parfois difficiles à repérer.

A la faveur d’une montée, la dernière du parcours !!!, je rejoins et dépose « pas sympa » sans lui accorder un regard (« s’il y en a un que je ne veux pas emmener dans ma foulée c’est bien lui, non mais).

Puis j’atteins le sommet en même temps qu’un autre coureur (en fait il s’agit d’un kikou : inwood, mais je ne le sais pas encore), on se lance ensemble dans la descente et on déroule.

C’est bon de prendre un peu de vitesse sur ce large sentier forestier, c’est grisant, tellement grisant qu’on ne voit même plus les rubalises…

Heu attends un peu, c’est vrai ça, ça fait une paye qu’on n’a plus vu une rubalise.

J’alerte inwood, il est confiant « c’est normal sur un large chemin comme ça c’est pas la peine d’en mettre partout », heu oui mais au début y en avait partout !

Il n’ a pas trop envie de remonter, moi non plus mais là je ne le sent pas du tout ; finalement on rebrousse chemin.

Cette ultime erreur d’orientation m’a mis les nerfs, j’ai bêtement perdu du temps et ça va peut-être me couter mon objectif chrono, je remonte en marchant mais au taquet, inwood ne suit plus.

Effectivement après 5-6 minutes de marche j’aperçois les rubalises sur un petit chemin de traverse, je gueule : « c’est bon c’est par là » pour avertir inwood et m’engouffre sans plus attendre dans le chemin.

Il fait bien nuit maintenant et avec la fatigue il faut redoubler d’attention pour trouver son chemin (après l’arrivée inwood m’avouera s’être reperdu presque aussitôt !).

Enfin je tombe sur 2 coureurs perdu dans la nuit qui me demandent de l’aide en m’engueulant presque !?!

Comme je veux rester concentré sur ma course je ne relève pas et continue à chercher mon chemin, lorsque je trouve la rubalise, les deux grossiers ne me remercient même pas et tentent de prendre ma foulée.

Ces deux-là non plus j’ai pas envie de es emmener avec moi, je pars donc à fond dans le petit single en descente et les décrochent assez vite.

C’est incroyable j’ai vraiment de bonnes sensations dans cette descente, je me permet même de sortir mon portable quand Samuel m’appelle.

Les kilomètres défilent mais on ne perd quasiment pas d’altitude, en plus j’aperçois parfois une frontale sur mes traces, je ne veux rien lâcher pour que les 2 malpolis ne me reprennent pas et puis avec l’égarement de tout à l’heure je suis vraiment limite pour l’objectif 24H.

 

Enfin au moment où la pluie fait son apparition on se met à descendre sérieusement vers Roquebrun.

Lorsque j’arrive à la route principale qui traverse le village, j’aperçois ma femme qui ne me reconnait pas tout de suite, je la hèle et l’invite à venir terminer avec moi.

Mais soudain une frontale débouche dans le village juste derrière, il va falloir se battre jusqu’au bout, heureusement j’ai maintenant de bonnes jambes et ma femme est à bloc pour me suivre jusqu’à l’arche.

Il est 23H23 (l’heure idéal pour un creusois), je suis comblé !!!

En fait la frontale derrière moi n’était autre que Géraldine Leroy qui gagne le GRO.

La petite accélération finale m’a complètement détruit les jambes, j’avais la sensation d’être encore frais mais ce n’était qu’une sensation.


Celle-ci je l'ai méritée!


Comme cette journée se devait d’être géniale  jusqu’au bout, lorsque nous allons prendre le repas d’après course je me retrouve assis près d’Antoine Guillon, je n’ose pas le déranger mais c’est lui qui tout naturellement vient me parler.

Je viens de boucler un ultra de 120km / 6200m D+ et je papote tranquillement avec un des tous meilleurs trailers mondiaux, voila  une journée que je n’oublierai pas.

 


Il me faudra pas mal de temps pour réaliser ce que je viens de faire et le savourer pleinement.

Et même à ce moment-là je ne serai pas euphorique, pas « enflammé », je resterai zen, calme mais avec une sensation de bien être et de plénitude difficile à décrire, l’impression d’avoir vécu un très grand truc, surmonté les moments les plus difficiles que j’ai jamais rencontrés en course, avoir accompli quelque chose qui remonte bien en amont de la course et qui va au-delà.

 

 

Pour terminer je veux bien évidemment remercier toute la famille Guillon pour leur accueil, leur gentillesse, leur disponibilité, ainsi que tous les bénévoles réellement aux petits soins pour les coureurs, et bien sûr le public : chaque encouragement vaut de l’or sur une telle épreuve.

Enfin le plus important pour la fin : un immense merci à ma femme pour son aide, ses encouragements, sa patience, sans elle je n’aurai pas eu le courage de commencer.

 

 

 

14 commentaires

Commentaire de LudoH posté le 08-06-2012 à 21:58:40

Merci pour le CR! c'est interessant de lire une course .. differente!

Bravo a toi
LudoH

Commentaire de gmtrail49 posté le 08-06-2012 à 22:21:48

Superbe récit et chapeau pour ta gestion de course.
Je me suis revu sur l'édition 2010 que j'ai courue. Sauf que nous n'avions pas souffert de la chaleur puisque la course était plus tôt dans la saison. Ce qui relève encore davantage ta performance.
Ton récit met bien en évidence ce balancier oscillant entre "qu'est-ce que je fous là, c'est le dernier ultra que je cours" et des moments d'euphorie ! Et c'est pour ça qu'on aime l'ultra !
C'était ton second ultra, sûr qu'il y en aura d'autres...
Bonne récup avant de te fixer d'autres challenges.
JP.

Commentaire de stéphane85 posté le 09-06-2012 à 08:41:59

Excellent, reste cool... à l'année prochaine sur le GRO. Stéf

Commentaire de Eric Kikour Roux posté le 09-06-2012 à 09:01:10

Félicitations pour cet excellent résultat! Tu ne sembles pas avoir trop souffert, contrairement à beaucoup d'autres; ça montre bien que ta préparation était la bonne! Terminer la dernière portion en accélérant dans de telles conditions le confirme aussi...
Un grand bravo!
Eric

Commentaire de richard192 posté le 09-06-2012 à 09:11:02

Sacré perf Bruno, effectivement rien que s'inscrire à une course comme la 6666 il faut avoir du courage et après l'assumer. Mais tu as fait tout ça avec brio. On t'imagine maintenant à l'UTMB 2013.

En limitant les pauses photos (surtout celles avec le pied sur la grosse pierre), je pense que les 21H étaient jouables ;-)
Bon maintenant on attend de voir si cette petite prépa à la 6666 va porter ses fruits sur les courses aux saucission!

Commentaire de the dude posté le 09-06-2012 à 11:52:44

Merci à tous pour vos commentaires, ça fait plaisir.
C'est vrai que l'ultra nous met dans de drôles d'états ;-)
Richard: encore merci pour le soutien, ça compte vraiment sur ce genre d'épreuve.

Commentaire de le_kéké posté le 10-06-2012 à 14:53:49

Bravo bruno-le dude qui vient de passer en très peu de temps en king of course au saucisson à roi de l'ultra en plein cagnard. Très belle course, bien géré comme un chef, on dirait que tu as fait ça toute ta vie. Comme quoi la course au saucisson c'est l'école de l'ultra (lol) qu'est ce que ça va être quand le bouk va franchir le pas, tremble Dava. Sinon rien de mieux qu'une bonne course de 24h pour se faire pleins d'amis avec par ordre d'apparition, gros lourd, asmathique, le bouk, coureur en blanc "pas sympa", les 2 qui gueulent (car perdus quand même), t'étonne pas si l'année prochaine on te retrouve dans un ravin avec un bâton planté dans la cuisse, esprit trail.
En tout cas merci pour la balade, ça à l'air joli aussi par là bas.

Commentaire de the dude posté le 10-06-2012 à 17:24:36

Salut Philippe,
Bon c'est vrai que présenté comme ça on dirait bien que je déteste la Terre entière mais c'est pas vrai: y avait des tas de gens adorables sur cette course et autour de cette course!!!
Bon courage pour la chasse au Hibou, je serai sur le 1ier relais à 5, on se croisera sûrement + tard dans la journée.

Commentaire de LtBlueb posté le 10-06-2012 à 16:45:09

merci pour le texte et les images (ca change un peu de nos paysages locaux !)
et bravo pour ta course , super bien gérée, et même pas mal on dirait :))

Commentaire de the dude posté le 10-06-2012 à 17:26:59

Salut mon Lieutenant,
En effet les paysages sont assez différents de nos bonnes vieilles Alpes et c'était aussi une des raisons pour choisir cette course: découvrir un nouveau coin de notre beau pays. Je ne le regrette pas car c'est vraiment une splendide région.

Commentaire de Miche posté le 10-06-2012 à 19:46:49

Chapeau pour ta perf, en plus en prenant des photos ! Je me souviens que tu m'as doublé lors de la photo du bouc.
Je suppose que tu es impatient maintenant d'attaquer le prochain ultra ?

Commentaire de the dude posté le 11-06-2012 à 15:22:03

Merci pour ton comm', j'étais "obligé" de prendre le bouc en photo pour une blague perso!
Je ne sais pas encore quel sera le prochain ultra, j'aimerai bien aller visiter un nouveau joli coin que je ne connais pas...

Commentaire de BOUK honte-du-sport posté le 19-06-2012 à 10:19:35

Recevoir un hommage personnel du nouveau King de l'Ultra en fluo... What else ? Je crois qu'une telle reconnaissance pourrait me faire arrêter le trail...!!
Et pour redevenir sérieux, je comprends mieux ton absence des courses à saucisson ! Je ne peux que rester ébahi devant un si long effort, et comme dirait Franck Derrien, "grrrrr au méchant traileurs qui gueulent alors que tu es gentil" !!!

Commentaire de Jean-Phi posté le 21-06-2012 à 14:24:54

Chapeau et bravo pour ta course ! Belle gestion, gros mental ! Félicitations !
A se revoir sur le Gd Duc un de ces 4 ?

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