Récit de la course : Enduroman 2011, par La Tortue

L'auteur : La Tortue

La course : Enduroman

Date : 11/6/2011

Lieu : tyrell (Angleterre)

Affichage : 2896 vues

Distance : 452km

Objectif : Pas d'objectif

7 commentaires

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so british !!!

Week end britanique !!! 

L’ultra triathlon, c’est un peu comme « l’ultra » en course à pied ; sauf qu’au lieu de parler de distances supérieures au marathon, on parle de distance supérieures au format IronMan  (3.6 km natation ; 180 km vélo ; 42 CAP). Comme beaucoup, j’ai été impressionné et sidéré de savoir qu’il existait des DécaIronman en lisant en 2009 dans Paris Match, un article sur Pascal Pich. Depuis, Ufoot (Christian Mauduit - http://ufo.ufoot.org/ufoot?lang=fr ) a gagné le Déca de Mexico et Paulo, son papa ultrafondu aussi, m’a aussi parlé du triple IM de Lenshan. J’ai échangé quelques mails avec Guy Rossi (ultratriatlète bien connu dans le milieu - http://rossi.guy.free.fr/ ). Ainsi, à force d’en entendre parler, l’idée à commencer à germer et, toujours à la recherche de nouveaux challenges, je me suis dit que ce serait chouette de se lancer dans l’aventure de l’ultratriathlon après  mes premières expériences enrichissantes sur le format ironman (Embrun 2008 et 2010 ; Altriman 2009 ; Roth 2010).

Relativement peu expérimenté en triathlon (jen suis à ma quatrième saison) et surtout totalement novice dans la discipline et ne ne connaissant personne au club pour me guider, je me suis mis en quête d’information en farfouillant sur le net.  J’ai ainsi découvert qu’il existait une fédération internationale de triathlon (IUTA) !

http://www.iutasport.com/

Différents formats sont proposés pour devenir ultratriathlète : double, triple, quinta, déca, et même double déca Iron Man... Pour une première, un double IM me suffirait largement : 7,6 km de natation, 360  km de vélo et 84 km de CAP, cela fait déjà un joli programme (451.6 km!). Certes, chaque distance prise individuellement me parait dans mes cordes, mais enchaîner les 3, ça sera l’aventure. Ceux qui me connaissent savent que je suis loin d’être un rapide, mais je compense par mon endurance, ma régularité et mon mental. En me lançant dans un tel projet, je ne suis donc pas plus inquiet que ça. Je me dis qu’il faudra aborder chaque discipline l’une après l’autre, et dans chaque discipline ne pas se projeter trop loin dans la course ; bien s’alimenter, bien s’hydrater, toujours être patient, et ça devrait passer !!!

Restait à savoir quelle course choisir. Sachant que je n’en ai pas trouvé en France, deux paramètres vont influencer ma décision : la date et le lieu. Comme  j’espère faire Paris-Brest-Paris (PBP) fin aout, j’élimine les courses de l’été trop proche de PBP et j’élimine aussi les couses trop loin en distance car déjà Roth l'an dernier, j'avais trouvé ça compliqué à gérer(Hongrie, Slovénie, Autriche…)

Je repère une course en Angleterre, à côté de Bournemouth (donc pas si loin que ça de Nantes, il suffit de monter à ST Malo et de traverser le Chanel) à la mi-juin. L’Enduroman de « New Forest » sur le site d’Avon Tyrell-Dorchester. Je parcours le site rapidement. Bien sur, c’est tout en anglais, langue dans laquelle je ne suis pas un très grand expert, mais ce que je comprends me suffit pour conforter ma décision. J’envoie mon inscription très tôt et je me dis que je verrais plus tard les problèmes de logistique et le détail de l’épreuve.

http://www.enduroman.com/uk

 

 

 

Pour la préparation, je ne vais pas trop me prendre la tête, contant sur mon expérience de l'ultra et ma grosse préparation vélo sur 2011 !

En effet, le gros objectif de l’année, c’est PBP. Pour cela, il faut accumuler des km en vélo (300 à 400 km par semaine répartis en 3 ou 4 sorties et du htv). Je pense que je serais au départ de PBP avec peu ou prou 12000 km au compteur depuis janvier. Pour ce double IM, j’en suis à 7000 km. 15 jours avant, j’ai fait le Brevet qualificatif de 400 km en faisant 320 km tout seul devant pour voir et cela s’était pas mal passé à part le sommeil qui m’avait rattrapé au petit matin. Donc pour le vélo, je pense avoir ce qu’il faut dans les cannes pour ce double IM et je ne me fais pas trop de souci.

Pour la CAP, j’ai fait une grosse préparation marathon à l’automne 2010 pour enfin descende sous les 3h30 au marathon de la cote d’Azur. Mais depuis, je ne cours plus qu’une fois ou deux par semaine : des petites sorties de moins de 10 km avec « Boussole », ma nouvelle petite chienne. On y va tranquillement avec de nombreuses pauses car elle est d’humeur « renifleuse ».

  

 

« Boussole » en « double » comme pour l’IM !   

 

 

En CAP, je ne fais jamais de fractionné ou autre exercice traumatisant qui pourrait me blesser. Juste un peu de fartlek à la sensation et selon l’envie. Je commence à connaître ma vieille carcasse, il ne faut pas trop que je la secoue.

A cet entrainement hebdomadaire CAP assez léger, ce sont rajoutées quelques belles promenades de préparation depuis début 2011 :

-          le raid28 en janvier (110 km) (que j’ai fini à l’agonie cette année ?!)

http://www.raid28.com/

 

 

La « zoo team » sur le podium du  raid 28 : Blueb, Sprolls, Virginie, Papy, Tortue 

 

-          le raid Normand en février (60 km)

http://www.raid-normand.com/

 

-          le tour de la Brière en off pendant les vacances de Pâques (57 km dans la boue et les marais)

 

-           l’étape 3 du relais « aRett de courrir » en mai (50km dans la journée en 5 tronçons)

http://www.aretttoipourcourir.fr/

https://picasaweb.google.com/bagnard.armand/ArriveeEtapeBeauvaisAntony?feat=directlink#5605172876846274146

 

Mais, au final, assez peu de km en CAP cette année par rapport au vélo (je ne peux pas être partout, j’ai quand même une famille et un métier !). Mais pour la CAP aussi, je ne me fais pas trop de mouron car j’ai l’expérience de la gestion de l’effort sur des épreuves bien plus longues comme l’UTMB (39h).

Reste mon gros point faible : la natation. Certes depuis quelques temps,  j’ai changé de ligne d’eau au TCN (mon club de triathlon). Avant j’étais dans les moins lents de la ligne des lents, maintenant je suis dans les plus lents de la ligne des moyens. Cependant, voilà 4 ans que j’ai commencé le triathlon, et je ne vais pas beaucoup plus vite qu’à mes débuts. En revanche, mes maigres progrès techniques, s’ils ne me permettent pas de nager beaucoup plus vite, font que j’ai une nage de plus en plus économique. Je ne ressens quasiment jamais de fatigue après une séance de natation.

Je vais donc continuer mon entrainement habituel au TCN (3 piscines par semaine).

http://triathlon-club-nantais.onlinetri.com/

 

A chaque fois que mon planning professionnel me le permet, j’essaie de rajouter 500 ou 1000 m à la fin de l’entrainement de Rodolphe pour habituer les muscles à tourner longtemps. Comme je n’ai jamais nagé plus de 3,8 km de suite (au cours de mes 4 précédents IM), je vais quand même faire 3 sorties longues en eau libre pour voir comment réagit mon organisme : 2 sorties en mer à la Baule où je vais finir geler et un peu inquiet sur mes possibilités après 1h30 non stop, et 1 sortie, 8 jours avant l’enduroman, au Lac de Maine à Angers, dans une eau bien plus chaude, où je vais nager 1h45 en faisant quelques pauses et en ressortant relativement frais. Cette partie natation sera donc une découverte, mais en y allant doucement, et en gérant (alimentation, hydratation, mouvements d’assouplissement régulièrement), je me dis que ça devrait passer.

 

Claire, ma femme, ayant exprimée (à ma grande surprise et à ma grande joie) l’envie de m’accompagner en Angleterre, je me suis mis à la recherche d’un camping car pour ce long week-end pour assurer un bon confort à notre expédition. Après Roth et Embrun, l’an passé, je confirme qu’à mon avis, le camping-car est le meilleur moyen d’aborder les triathlons loin de ses bases : voyage moins fatigant, grande soute pour transbahuter tout le binz nécessaire, gestion en autonomie de l’alimentation (sans dépendre de pasta party aléatoire aux pates trop cuites par exemple). Et nous voilà parti à l’assaut de la perfide Albion en ce jeudi 9 juin 2009.

 

Claire (l’écrevisse) et Damien (la Tortue) traversent le Chanel.

Weymouth, arrivée du ferry

Le retard du ferry nous fera arriver à la nuit tombante sur le site. Tout est calme. La réception est fermée. Nous croisons quelques triathlètes qui « tournent » comme des zombies (ce sont les concurrents du déca qui en sont à leur 6ème jour de course !). Nous posons le camping car sous les arbres à la va-vite et dodo.

Comme toujours, je suis réveillé très tôt, et dès 5h du mat, je quitte discrètement le camping-car pour découvrir le site. Il s’agit d’un immense parc avec un vieux château au milieu qui sert de site d’accueil pour des classes vertes ou des colonies de vacances. La bâtisse est superbe, un peu austère et mystérieuse. En voyant les photos, ma fille me dira que ça lui fait penser à l’école des sorciers de « Harry Potter » !

 

On y est !

 

 

Le bâtiment principal du site d’Avon Tyrell

 

Le lac de natation au premier plan et le château en haut au fond 

 

Je tombe par hasard sur le départ du triple IM, et ce sera un heureux hasard car cela va me permettre de mieux envisager comment m’organiser. En effet, après avoir rencontré Steve, l’organisateur qui va être très sympa avec moi en me montrant et en m’expliquant pendant un long moment comment la course allait se dérouler (un vrai briefing anticipé pour moi tout seul), je vais pouvoir mettre en place une stratégie « topographique » selon les particularités du terrain.

En effet, contrairement à un triathlon « normal », il n’y a pas de zone de transition officielle avec une chaise et une place bien déterminée. Seul le vélo est déposé dans un endroit précis et fermé à clef, sinon pour le reste c’est « chacun se débrouille ». Sur le plan suivant, vous pouvez mieux comprendre comment je me suis organisé par rapport au site.

 

 

Plan du site d’Avon Tyrell

En bleu, le circuit vélo (accès et retour au site par une route privée) ; en rouge, le circuit CAP et la position du camping-car dans le campement, ainsi que  mes deux bases haut et bas.

 

 

A 150 m du lac de natation et à 50m du tapis de chronométrage du circuit CAP, je me fais mon camp de base « du bas ». Sous un parasol, coincé dans une barrière de sécurité, je m’installe une chaise avec de la bouffe et mes affaires pour la natation et la CAP.

 

Mon camp de base du bas pour la nat et la CAP 

 

Cette installation est assez dérisoire par rapport à d’autres qui ont tour prévu :

tente, réchaud, barbecue, lit de massage, etc…

 

Camp de base un peu plus perfectionné que le mien !

 

Devant le château, sur le rond point du demi-tour vélo, je me prépare mon camp de base « du haut » constitué des quelques habits de rechange pour le vélo pour palier aux changements météorologiques et avec mon alimentation pour le vélo. Volontairement, je ne mets pas de chaise à cet endroit car je n’ai pas l’intention de faire de longs arrêts en vélo. En vélo, on est tout le temps assis ! Je ne vois pas l’intérêt d’une chaise à part de la perte de temps. Je compte ne m’arrêter que pour remplir mes poches de nourriture que je mangerais en roulant ! Tout est dans des sacs poubelles à l’abri de la pluie car la météo s’annonce très changeante.

Ceci n’est pas une décharge publique, mais bien mon camp de base du haut pour le vélo 

 

Chacun prévoit sa petite zone près du circuit vélo 

 

 

Le support logistique arrière en place sous les pins 

 

 

Le cours de tennis où sont stockés les vélos 

 

La journée du vendredi, la veille de la course, s’écoule tranquillement et sereinement. Je prépare toutes mes petites affaires. J’encourage les gars du triple qui sortent de l’eau et qui commencent à tourner en vélo. On va se faire une petite ballade en vélo au village avec Claire pour changer des Euros en « Pounds » (et oui, l’Euro ne marche pas de l’autre côté du Chanel !). On s’arrête pour laisser passer une grosse averse dans un salon de thé très « british » manger des « scones » (petits gâteaux secs) avec de la confiture et de la crème (il faut mettre confiture ET crème sinon, c’est tellement bourratif que c’est impossible à avaler) ! Miam ! Avec ce que je vais cramer dans les prochaines heures, je peux commencer à faire le plein de carburant !

Le village de Bransgore : la dame au parapluie, le « post office », la BAL rouge, quelques clichés de l’Angleterre…

 

 

Ballade au village, on roule…à gauche bien sur !

 

 Mes affaires sont prêtes, j’ai bien vérifié toutes mes check-lists. Je suis hyper zen. Je me fais le « reps du condamné »  riz complet + lentilles + légumes. Pour digérer cette belle platée, je descends une dernière fois voir les gars du triple qui continuent à tourner en vélo. Les visages se creusent. Les arrêts au stand sont un peu longs à mon goût. J’en vois même certains pratiquement attablés en train de faire des vrais repas chauds, entourés et dorlotés par leurs supporters. Certains dorment ! Je me jure de ne jamais faire comme ça. La perte de temps est énorme. Ma stratégie pour demain est simple : avancer, toujours avancer, même lentement et limiter les arrêts au strict nécessaire physiologique (recharge alimentaire dans les poches, remplacement des bidons, changement vestimentaire, pipi, popo). Je me dis que la fatigue ou le mal de jambes ne doivent pas être une source d’arrêt. Quant à dormir, il en est hors de question ! Dormir, c’est mourir dans une course pareille !!! Je me connais, je peux tourner pendant des heures, gavé d’endorphines, je ne sens pas le mal. Mais dès que je m’arrête, je me refroidi et j’ai mal partout. Repartir serait alors trop dur !

 

Repas confortable et plats cuisinés : A éviter !

 

 

A éviter encore plus, saif quand on ne peut pas faire autrement comme ce gars du quintuple qui dort sous la pluie ! 

 

 

Autant la journée du vendredi avait été hyper zen, autant en ce samedi matin, jour du départ, je vais me faire un triple stress pré-course !

1/ ça commence par une erreur de réveil. Il y a une heure de décalage entre la France et l’Angleterre. J’ai mis ma montre à l’heure anglaise mais pas mon téléphone qui me sert de réveil. Je me lève donc une heure trop tôt. Quand je m’en rends compte, je décide de me recoucher, mais du coup, je me rendors si bien que  je me réveille en retard par rapport à mes prévisions.

2/ je me dépêche pour rattraper le temps perdu, mais au moment où je m’apprête à descendre mon vélo dans la zone officielle de dépôt, je ne retrouve plus la clef de l’antivol avec lequel je l’avais attaché. Après avoir retourné le camping-car trois fois et sentant la transpiration monter, je décide, quitte à passer pour un couillon, d’aller chercher de l’aide auprès des organisateurs. Je dois vraiment être dans un état de nerf bien visible car ils essaient de me rassurer en me disant qu’ils vont s’occuper de tout. « relax ! keep cool ! » me répètent-ils plusieurs fois. Et en effet, ils vont être super de gentillesse et d’efficacité. A 7h45, mon antivol est coupé par Dave et je me dis que je vais enfin pouvoir être cool.

3/ Mais Dave me dit de descendre rapidement au départ et qu’il s’occupe d’amener mon vélo à la zone de dépôt. Je ne pige pas pourquoi il me dit de me dépêcher car pour moi le départ est à 9h, et j’ai donc encore 1h15 devant moi. Mais il me dit que c’est 8h ?!?!?! A nouveau, je me fais une belle montée d’adrénaline ! Renseignements pris par radio au PC course, on me confirme bien que le départ est à 9h comme je le pensais ! ouf !

Bon, ça fait 3h que je suis debout et j’ai déjà commencé ma course avec toutes ces émotions ! Mais cette fois, tout est bon, je me prépare doucement et je descends vers mon camp de base « natation/CAP ». Il fait un temps superbe, le lac est plat comme une limande. Les dernières recommandations de Steve. Un dernier bisou à Claire. Je pose mon bidon de malto, quelques gels et quelques tranches de pain complet au bord du lac. 5’ avant le départ, tout le monde se met à l’eau. Elle est bonne, peu profonde et un peu saumâtre ! Je sers la main de tous les gars : « good luck boys ! ». Apparemment, ce n’est pas la coutume locale car ils ont l’air surpris du geste, mais la mayonnaise prend et le geste de camaraderie  se propage.

Elle est bonne mais un peu vaseuse (la tortue : combi orca, bonnet jaune)

 

9h pétantes : five, four, tree, two, one, biiiiiiiiiiiiiiiip ! c’est parti, l’aventure commence !

  

Une petite pause dans le récit est nécessaire pour donner un peu les objectifs de cette course. A mon premier Embrunman, j’étais parti sans aucun objectif ni prévision chronométrique, j’y étais juste pour finir. A l’arrivée, ma joie de finir avait été tout petit peu diminuée par le fait que j’avais eu le sentiment de ne pas avoir tout donné et d’avoir pu aller plus vite, notamment en vélo. A l’Altriman, l’année suivante, là encore, petite frustration. J’y étais juste pour finir, mais là le parcours vélo est tellement monstrueux que le finir oblige déjà à se faire mal. Ensuite,  j’avais été malade sur le marathon que j’avais fini très difficilement. L’an dernier à Roth et à Embrun, avec l’expérience qui commençait à arriver, je m’étais fixé des objectifs que j’avais atteins voir même dépassés (10h43 à Roth), mais pas atteints à Embrun (13h20 au lieu de 13h). Mais dans les deux cas, j’avais bien ressenti que j’avais fait des courses pleines en allant chercher ces objectifs. Sur du long, comme sur du court, je pense si l’on veut vivre pleinement sa course et avoir le sentiment du devoir accompli, il faut se fixer des objectifs suffisamment élevés tout en restant raisonnable et lucide par rapport à ses capacités physiologiques. Le triathlon reste un sport chronométrique et partir en se moquant complètement du chronomètre est certes peu stressant mais limite l’intérêt de la course. Pour ce double IM,  je partais dans l’inconnue totale, et j’y allais avant tout pour finir, mais pour ne pas tomber dans le train-train et pour m’obliger à relancer dans les coups de mous, je m’étais fixé un objectif chrono initial au plus près possible des 24h, que j’avais déduit de mes 10h43 à Roth ! Objectif beaucoup trop optimiste, voire même prétentieux sur la distance et après avoir découvert la difficulté des parcours vélo et CAP, je l’ai revu très largement à la hausse : 27/28 heures.

En effet, le parcours vélo est un tour de 18 km avec une route d’accès au centre complètement défoncée, des passages de « rails » métalliques pour empêcher les animaux de passer sur lesquels à 40 km/h on a l’impression de passer dans un mixer. Rajoutez à ça que le parcours est complètement ouvert à la circulation, sans aucun signalisateur aux carrefours. Heureusement tous les carrefours se prennent à gauche, ce qui évite de croiser le trafic (n’oubliez pas que nous somme en GB). Les routes sont assez étroites et sinueuses et comportent de nombreuses chicanes ralentisseuses, avec un trafic parfois dense et avec un dénivelé qui n’est pas énorme, mais qui présente quelques petits raidillons et un très long faux plat sur la fin du tour pour revenir au centre. Rajoutez à ça un revêtement au rendement très irrégulier allant du très bon au très moyen, et enfin, des chevaux un peu partout, en liberté qui paissent dans les champs ouverts et les fossés. Canassons qui sont en général assez paisibles mais dont il faut se méfier car la route leur appartient. J’oubliais, il y a aussi différents animaux : lapins, écureuils, blaireaux, faisans qui m’ont débouché de nulle part, mais qui étaient apeurés et qui filaient se refugier dans les fourrés et qui ne m’ont pas vraiment gêné (il y a juste le faisan qui a eu chaud aux plumes et qui eu juste le temps de décoller avant que je lui roule sur ses belles plumes !).

La « route » d’accès au château

 

Attention chevaux, on est prévenu !

 

 

Voitures et chevaux : faut faire gaffe !

 

 

Beaucoup de petites routes peu roulantes 

 

 

Le pire à passer : les grilles anti-animaux ! un vrai vibro-masseur ! 

 

 

Voilà pour le parcours vélo qui ne se prête vraiment pas à la performance comme Roth, mais encore, ce n’est rien par rapport au parcours course à pied qui est en fait un véritable trail sur les 2/3 du tour et avec un dénivelé cumulé de 1300m sur les 84 km. Le tour fait 1 mile (1.6 km environ). La partie en forêt pour faire le tour des lacs est très souple au niveau du terrain mais est très piégeuse avec des racines et des trous partout. En plus, la pluie continue et même diluvienne sur la fin va transformer le parcours en champ de patates ! Et puis il y a cette longue remontée depuis le lac jusqu’au château où je vais m’efforcer de toujours courir, mais ce sera de plus en plus dur au fil des tours. Après, pour passer derrière les courts de tennis et revenir devant le château, il y a deux gros raidards que je monterais systématiquement en marchant. La pente étant trop raide et surtout trop courte pour que ça vaille le coup de se cramer à courir dedans pour le peu de temps que cela fait gagner. Ensuite, il y a une longue descente très cassante jusqu’au lac avec des drains plein de gros cailloux. Bref, il faut relancer pas mal et toujours bien regarder où on met les pieds.

 

 

 

La partie trail dans la forêt autour des lacs

 

Il faut bien lever les pieds !

 

 

Le petit pont de bois, 50 cm de large !!! Avec ma petite tikka, j'ai été peu à l'aise la nuit.

 

Pour le « circuit » natation, là en revanche, c’est cool. Le lac est tout petit, il y a 26 tours de 300m à faire ce qui est une excellente distance psychologiquement et qui permet de découper le trajet un petit tronçon de 2 ou 3 tours. Le lac est très peu profond, il y a même des endroits où j’ai le bout des doigts qui frottent le fond. La plus grande distance entre 2 bouées est de moins de 100m donc c’est très facile de nager droit. Quand j’ai vu le lac et son circuit, la natation qui était ce que j’appréhendais le plus m’est apparue moins inquiétante.

Le petit lac

 

 

La zone de départ / arrivée / mise à l’eau natation 

 

 

Fin de l’aparté explicatif, reprenons le fil de la course.

 

9h pétantes : five, four, tree, two, one, biiiiiiiiiiiiiiiip ! c’est parti, l’aventure commence !

 

La natation vient de partir. J’ai opté pour un départ prudent mais pas trop sachant très bien que quelque soit la vitesse des premiers kilomètres, il va falloir que je pioche pour finir. J’essaie toutefois d’appliquer au maximum les conseils de Rodolphe mon entraineur pour corriger mes principaux défauts : toujours essayer de me grandir car j’ai tendance à nager « bras courts », allonger la pointe des pieds pour pas me freiner avec les pieds en porte-manteaux, et maintenir une cadence de bras pas trop basse. J’essaie de glisser au maximum en étant le plus économique possible. Au bout de 3 ou 4 tours les premiers me doublent déjà ! Mais, consolation, je double aussi 1 gars de temps en temps ! On est que 50 au départ, mais malgré ça, on est souvent gêné pour nager. En effet, le tour est court et en plus la trajectoire idéale n’est pas très large, surtout entre les nénuphars du fond du lac. Cependant, rien à voir avec d’autres triathlons où c’est la baston. Là dès que deux nageurs se gênent, chacun s’écarte pour ne pas ennuyer l’autre. Vraiment une bonne ambiance dans ce monde de l’ultratriathlon !

Pour le comptage des tours, c’est très simple. A chaque tour, il faut s’arrêter 2 secondes devant le ponton des canoës pour annoncer son numéro à une charmante bénévole aux cheveux rouges. Elle répète alors à haute voix le numéro, signifiant qu’elle a bien enregistré le passage et un deuxième bénévole tient le tableau de marque. Pour moi ce sera le « five / one » à annoncer à chaque tour. Les tours passent, je me sens bien, le soleil brille.

 

« la tortue : five / one » 

 

 

Au septième tour, je m’arrête comme prévu manger un peu de pain et ½ gel et boire une bonne rasade de malto. Le bénévole me donne mes affaires, cela se passe dans une zone où on a pied, on n’a même pas besoin de sortir du lac pour manger comme je le pensais. J’ai mangé un peu vite et j’ai un peu de mal à respirer sur le tour suivant. En plus des 3 arrêts alimentation/hydratation programmés, tous les 2 ou 3 tours, je fais une vingtaine de mouvement de dos à deux bras pour me délasser et surtout éviter le mal de dos.

Ravito natation pour un concurrent du triple 

 

 

Mais au bout de 10 tours environ, mon éternel problème en natation revient : les crampes ! C’est systématique quand ne nage, au bout d’1 heure environ, j’ai des crampes dans les mollets. Cela m’oblige à mettre le pied en équerre pour la faire passer et cela me ralentit ! Cependant, je les connais bien ces foutues crampes et j’arrive à les gérer au fil des tours.

13ème tour, c’est la moitié, la distance IM. Je regarde ma montre : 1h20 depuis le départ. Vu l’arrêt ravito, cela correspond à peu près à mes temps sur IM (1h15 à 1h18). Je ne suis donc pas parti aussi lentement que je le pensais, ou alors c’est que j’ai fait quelques progrès ?! Je précise ici que je fais la course avec une montre standard, pas de cardio ou autre instrument à prise de tête. Je n’ai pas déclenché de chrono. Sur mon vélo non plus, je n’ai pas de compteur. Je veux tout faire à la sensation.

14ème tour, je m’arrête à nouveau 2’ comme prévu pour boire et manger. J’attaque la zone inconnue sur une telle distance en natation. Les crampes vont et viennent mais ne sont pas pires au fil des tours. Je ne ressens pas de fatigue et je commence à connaitre le tour par cœur. Steve est souvent là au bout du ponton des canoës pour nous encourager.

A ce que je crois être mon 20ème tour, je demande au stand le comptage de mes tours, mais on m’en annonce que 19 de fait ! Ça me met un petit coup au moral, d’autant que je commence à trouver le temps long et surtout j’ai les épaules qui commencent à chauffer !

21ème tour, troisième et dernier arrêt alimentation. Le bénévole qui aide les gars à sortir de l’eau pense que j’ai fini mais je lui dis qu’il me reste encore 5 tours ! C’est à ce moment là que je vois Claire qui est revenue de faire ses petites courses au village et qui vient voir où en est son fêlé de mari. Elle se met sur un banc au soleil sur la berge et à chaque tour qui sont de plus en plus difficiles ce sera un bonheur de lui faire un petit coucou en lui indiquant avec les doigts le nombre de tours qu’il me reste.

3 tours ! 2 tours ! 1 tour…je passe une dernière fois devant le stand de comptage. Je tente une dernière plaisanterie, mais je commence à être bien cramer. Je sens que j’avance encore pas mal mais ça me coute de plus en plus.

Fin de la natation, je suis bien content d’en avoir fini !

Au fond : le ponton des canoes où s'effectuent le comptage des tours. 

 

Ouf ! terminé : 2h50 à nager. Ce qui me fait 1h30 pour le deuxième IM. 10’ de plus qu’au premier ? Ça me parait beaucoup car je n’ai pas l’impression d’avoir tant ralenti que ça et je me dis qu’au 20ème tour, j’étais peut être dans le vrai et que j’ai peut être fait un tour de plus par rapport au comptage de l’officiel ?! Bof, pas grave. Je reste quelques instants debout sans bouger car j’ai surtout mal dans « les reins » et je ne veux pas sortir trop vite de peur d’avoir la tête qui tourne un peu. Un sympathique scottish m’aide à « enjamber » la berge (1 petit mètre qui parait bien haut !) Je retrouve Claire. A peine 1' après être sorti de l’eau, je me surprends à trotter en tong les 150 m  qui me sépare de ma base ! J’ai des super jambes, pas du tout fatiguées ; il faut dire que je ne bat quasiment pas des jambes en combi, où alors un tout petit battement 2 temps de temps en temps.

Je m’assois, mange et bois un peu. Je m’habille complètement pour le vélo car j’ai décidé de partir sec et pas en tri-fonction. Je suis sur un tempo bien plus lent que sur une transition d’IM. J’ai cependant bien hâte d’être sur mon vélo ; d’autant que j’ai prévu d’être en selle à midi et que l’heure tourne vite. Je mets les runnings car il y a encore au moins 300m pour rejoindre le vélo. Je fais toute la distance en trottant et je suis surpris de voir que je suis le seul à courir ? Je récupère mon vélo sur le court de tennis. Il faut encore le pousser dans les allées jusqu’au rond point du circuit vélo où m’attendent mon casque, mes lunettes et mes chaussures de vélo, à ma base du haut. Là encore, je suis surpris de constater que je suis le seul à trottiner ! A 12h05, je mets mon premier coup de pédale. Ca fait 15’ entre le dernier coup de bras et le premier tour de roue. A l’échelle d’un IM, ça parait beaucoup, mais vue la topographie des lieux (600 m de montée + séchage + habillage complet en tenue de vélo + récupération du vélo + chaussage des chaussures de vélo), je n’ai pas trop traîné !

Bon, mon point faible, la natation, est passé, maintenant je compte bien faire parler les watts sur le vélo. Depuis janvier, 70% de mon entrainement se fait sur le vélo dans l’optique de Paris-Brest-Paris, on va voir si cela va porter ses fruits !?

Je n’ai pas fait de reconnaissance, et je compte sur ce premier tour pour découvrir le parcours, et je vais le faire prudement  pour mieux en découvrir ses pièges et ses atouts :

Il faut d’abord se taper un petit raidillon pas bien méchant pour sortir de la propriété. Ensuite, il y a environ 500 m de route complètement défoncée. C’est la route privée qui permet d’accéder au centre. Elle est très étroite et il faut faire attention à ceux qui arrivent en face car pour éviter les nids de poule tout le monde choisit une trajectoire différente. A la fin de cette route d’accès se situe la première « barrière » métallique à chevaux. Elle ne se passe pas trop mal car il est impossible de rouler vite à  ce moment là. Il s’en suit une longue descente bien roulante toute droite où je dois atteindre le 50/60 km/h. Mais il faut être très vigilant car il y a des chicanes pour ralentir le trafic et le croisement d’une voiture y est délicat et surtout on traverse une lande superbe et austère mais avec des chevaux en liberté partout. Au bout de cette longue ligne droite, on arrive au village de Burley précédé d’un petit coup de cul où je mets le 42 systématiquement. Dans le village, il y a pas mal d’animation dans la journée et on rejoint une route à beaucoup plus grande circulation avec des grosses plaques d’égout métalliques en forme de trèfle. Il faut être vigilant et de toute façon le trafic empêche d’aller bien vite. Deux petites grimpettes où je mets à nouveau le 42 permettent de rejoindre un autre petit hameau et ensuite, c’est mon passage favori dans une lande encore plus sauvage que celle de tout à l’heure. C’est désertique et pelé. Dans la journée, un fort vent de face est gênant et oblige à pédaler dur  alors que la route est en descente. Le paysage est vraiment très beau, et là aussi il faut faire attention aux chevaux en liberté.

Après, le parcours est complètement différent, dans un terrain de bocage avec des petits hameaux de 2 ou 3 maisons. La deuxième « barrière » métallique à bestiaux est dans le bas d’une descente et ça secoue dur dessus. Ensuite, il y a un bon km très roulant en faux plat descendant sur un bitume tout neuf où je m’alimenterais à chaque tour. Un virage gauche/droite très rapide permet d’accéder à un hameau avec une magnifique chaumière sur la droite.

Ensuite virage à 90° à gauche et la route devient très étroite et sinueuse mais heureusement moins fréquentée. C’est tout plat avec des courbes sans visibilité mais pas dangereuses. Il faut mettre du braquet et bien appuyer sur les pédales sur un revêtement irrégulier. C’est un passage de plusieurs km, difficile, mais que j’aime bien.

Un nouveau virage à 90° ramène sur la zone du château, mais avant, il y a un long faux plat à monter d’au moins 1 km qui paraitra l’Alpe d’Huez au vingtième tour ! Reste à se taper la route d’accès avec ses nids de poule en faisant attention aux gars qui arrivent en face et qui attaquent le tour suivant. Une petite descente, et c’est le rond point devant le château et passage sur le tapis de chronométrage.

 

L’accès au demi-tour devant le château : au centre les vélos qui rentrent (un gars en noir en termine), à droite les vélos qui repartent, à gauche, le circuit CAP.

 

Le rond point du demi-tour avec le tapis de chronométrage 

 

Le gars de tout à l’heure qui repart 

 

 

C’est donc un parcours vélo difficile, assez technique où il faut être vigilant. Les 30 km/h de moyenne hors pause que j’avais envisagés initialement sont impossibles à tenir. Il faut plutôt viser un 27/28 km/h de moyenne roulante. A signaler qu’à aucun endroit sur le parcours, il n’y a de tapis de chronométrage intermédiaire. Je reconnais bien là le célèbre fairplay britannique car pour quelqu’un qui aurait reconnu la région,  il serait extrêmement facile de « couper », voir même de « sauter » un tour de temps en temps. Si vous faites la même chose en France, je suis persuadé qu’il y en a quelques uns qui tenteraient le coup. Là, cela ne vient apparemment à l’esprit de personne, en tout cas, je n’ai vu personne le faire ! Chapeau messieurs les Anglais !

Je fais les sept premiers tours pratiquement sans m’arrêter. Ces tours sont faits de façon assez régulière (entre 37 et 39’).

Je m’arrête juste quelques secondes pour refaire un peu le plein de nourriture et varier mon habillement en fonction de la météo qui est très changeante. Le soleil joue à cache-cache avec les nuages et on a même eu quelques petites gouttes de pluie ; mais rien de bien méchant. C’est surtout le vent dans les landes qui est le plus gênant. A chaque tour, je scrute le ciel pour savoir comment m’habiller pour le tour suivant mais les variations sont tellement localisées que ce n’est pas évident de savoir.

Au septième tour, je décide d’un premier stop un peu plus long, où je mange ma salade de quinoa/noix/fayots. Un petit passage aux toilettes, un petit bisou à Claire et c’est reparti, en tout, pas plus de 5’ d’arrêt.

Je vais enchainer à nouveau 7 tours sans arrêt notoire, toujours régulièrement mais en passant un peu au dessus des 40’ au tour ; La fatigue commence à arriver, mais je sens bien que ça avance encore même si la dernière côte du retour parait de plus en plus longue !

14ème tour : je m’arrête car la nuit arrive. Je vais me changer presque complètement, mettre des jambière car la nuit s’annonce claire mais très fraiche. Je sors même les gants d’hiver. Je mange à nouveau de la salade. J’équipe le vélo en éclairage pour la nuit et je fais un long stop aux toilettes.

Je repars, 20’ plus tard, ragaillardi, prêt à affronter la nuit. J’aime beaucoup rouler la nuit. On a l’impression, comme en CAP, d’être seul au monde. Mais dans ces premiers tours, c’est encore la pénombre. La visibilité n’est pas très bonne. Il faut être très prudent car il y a beaucoup de circulation en cette fin de journée.

Petit à petit, le vent tombe, l’obscurité s’épaissit, la circulation se fait rare et ça y est, le meilleur moment de la course arrive. On a la route pour soit tout seul, même les chevaux semblent être aller se coucher. La lune est presque pleine, les étoiles brillent, c’est magnifique, j’en oublierais presque que ça fait 10 ou 11 heures que je suis sur ma selle. Claire avant d’aller se coucher m’apporte un bidon de thé très chaud qui me brulera la bouche mais qui me réchauffera le corps et le cœur pendant de nombreux km. Elle a eu le Blueb au téléphone qui lui a dit que j’étais 4ème en vélo à ce moment là. Sur le coup, je crois que c’est le quatrième temps vélo et ça ne me surprend pas car personne ne m’a doublé et que j’ai doublé sans arrêt du monde. En fait, après être sorti à la 26ème place en natation, je suis sans le savoir à la 4ème place provisoire du scratch.

Il reste 100 bornes environ à se taper : une p’tite sortie du dimanche matin ! Certes avec la fatigue et la nuit, la vitesse a baissé, mais je reste régulier, aux alentours des 45’ au tour. Je faiblis, mais je ne craque pas contrairement à certains qui sont scotchés sur le bitume dans la moindre bosse. Je ne m’arrête plus, à la grande surprise des bénévoles qui à chaque tour me demandent si je veux de l’aide. Non merci ! Je suis dans mon rythme, dans ma bulle. Certes le passage dans la zone de contrôle est très agréable car il permet à chaque tour de se faire encourager et de rompre le rythme, mais je reste dans mon effort. Je continue à manger régulièrement sur le vélo et à bien boire même si, avec le froid, je n’ai pas vraiment soif.

Dernier tour, je salue une dernière fois le village de Burley complètement endormi avec sa station service, son pub et ses commerces. Je passe mes landes favorites où un épais brouillard monte du sol et rend le passage encore plus magique et mystérieux. Dans le dernier gauche/droite rapide, je me fais une belle frayeur et je manque de me mettre par terre. La dernière longue bosse, où je mets tout à gauche depuis déjà 3 ou 4 tours.  A aucun moment sur ces 20 tours je n’ai ressenti de lassitude car le parcours n’est pas du tout monotone. 18 km, c’est une bonne distance car ça permet de partir très léger à chaque tour mais ce n’est pas trop court non plus et comme le paysage est très varié, cela n’est pas lassant.

J’ai quand même les jambes bien lourdes et ma grande question sur ces derniers km de vélo est de savoir comment elles vont tourner sur les premiers km de CAP. On verra bien, pour l’instant je déguste ces derniers instants sur le vélo. Et c’est l’arrivée devant le château. Malgré l’heure tardive, 2h30 du matin, il y a toujours des bénévoles et des supporters. Eddy, l’un des co-organisateurs, m’aide à descendre du vélo, mais ça va très bien. Je n’ai pas mal au dos comme je le craignais. Il récupère mon vélo dont il s’occupe du rangement et il m’annonce que seulement 2 gars sont déjà arrivés ! ? Sur le coup, je n’en crois pas mes oreilles, et je ne digère pas tout de suite l’information, trop préoccupé par la transition à faire avec la CAP qui n’est pas évidente.

Je remets mes runnings que j’avais laissées à ma base du haut et je file rejoindre mon camp de base du bas où m’attendent mes affaires de CAP. Seulement voilà, ce que je n’avais pas compris, c’est que pour rejoindre ma base du bas, il faut faire pratiquement 1 tour de CAP avec passage dans la forêt. La lune s’est cachée et il fait bien noir et ma frontale étant en bas, je suis « coincé ». Je détache donc la Lupine de mon vélo et je fais le premier tour avec la batterie dans une main et la LED dans l’autre. La LED me crame un peu les paluches et je n’y vois pas très bien. Je vais même me perdre au bord du lac car je n’ai pas reconnu non plus le circuit CAP (51 tours à se taper, je m’étais dit que les premiers tours serviraient d’échauffement et de reconnaissance). Heureusement, Anna, une concurrente des 100 miles qui tourne sur le même circuit me guide et me remet sur le bon chemin. Sur la partie très technique, je vais me faire une première chute car je ne savais pas qu’il y avait d’aussi grosses racines.

Je fini par rejoindre tant bien que mal ma base du bas. Comme il fait bien nuit et que ce n’est pas éclairé, je ne fais que récupérer ma frontale, manger un peu, bien boire mais je reste en tenue de vélo en me disant que je me changerais quand il fera jour. Le ciel s’est couvert, mais il fait bon, j’enlève quelques couches de vêtement et je commence véritablement la CAP. Surprise et magie ! Je m’aperçois que les jambes répondent, elles répondent bien même : 12’ au tour environ sur les 10 premiers tours. Le seul bémol est que je pensais que l’on aurait affaire à un parcours CAP très roulant et que j’ai prévu une toute petite tikka qui s’avère bien insuffisante sur un parcours aussi technique. Résultat, je vais me faire quelques jolis roulés boulés dans la forêt en buttant sur des racines ou des pierres. A signaler que sur le parcours CAP,  il n’y a pas de tapis de chronométrage intermédiaire non plus. Comme pour le vélo, il y aurait donc moyen de prendre des raccourcis ou de sauter des tours, mais là aussi, fairplay britannique oblige, personne n’y pense ! A nouveau bravo Messieurs les Anglais !

L’aube arrive, mais avec elle, une mauvaise compagne : la pluie ! Fine et peu gênante au début, elle ne cessera plus jusqu’à l’arrivée et se transformera en tempête sur les dernières heures.

Au 10ème tour (16km) je me fais une pause alimentation et repos de 10’ car j’ai un p’tit coup de fatigue. Je me dis que ce serait bien de me changer car je suis toujours en tenue de vélo, mais j’ai la flemme et je décide de continuer comme ça d’autant que je suis déjà trempé et que mes affaires de CAP sont bien emballées au sec et je me dis que je me changerais quand la pluie cessera (en fait, je vais faire toute la CAP en tenue de vélo, mon nouveau collant Assos, parfaitement adapté, ne me gênant absolument pas pour courir) !

Je repars mais je ne suis pas brillant. Il est très tôt, Claire dort et je ne veux pas la réveiller, pourtant un bon thé ou une soupe chaude me ferait du bien. Il fait grand jour maintenant, je découvre mieux la technicité du parcours. Je mets le MP3 à fond dans les oreilles (je ne l’avais pas mis de nuit car il me fallait rester bien concentré pour regarder où je mettais les pieds) et je reprends la course. Au 13ème tour, la forme n’étant toujours pas au beau fixe, je décide un nouvel arrêt à mon stand. Une fois assis sur ma chaise, je me rends compte que j’ai les jambes qui tremblent très fort toutes seules, mais pas de froid !? Jamais je n’avais connu ça ? Je rentre dans des limites inconnues, c’est tout ce qui fait le charme et l’intérêt de cette course. J’étais venu pour découvrir, et bien j’y suis maintenant. Cependant, je suis toujours parfaitement lucide de la situation, je n’ai pas sommeil et à part les muscles des jambes qui commencent à fatiguer et ces vibrations à l’arrêt, je n’ai aucune douleur ! Aucun bobo ! Aucun problème digestif ! Bref, je n’ai aucune raison de me plaindre et de ne pas continuer à avancer. Je me lève et je repars en m’étant auto-booster et après avoir relu le dernier mail extraordinaire du Chacal qui mène un magnifique course aussi, mais lui contre la maladie. Je mange, je bois,  je sais bien que sur de l’ultra, il faut être patient et que ça va revenir ! J’ai d’un côté le sentiment d’avoir fait une bonne partie du chemin, mais quand j’y pense, il me reste plus de 60 km à faire. Très vite, je me rappelle mes résolutions de départ : ne pas se projeter trop loin dans la course ! Je décide donc de repartir pour atteindre le 17ème tour dans un premier temps (1/3 de la CAP) puis le vingtième, puis le 25ème (1/2 de la CAP), etc... Jusqu’au 25ème tour, je vais tourner régulièrement en 11/12’ environ. Je ne m’arrête pas, je tourne, je tourne, toujours encouragé par les supporters des autres concurrents. J’ai de plus en plus de mal à courir dans la longue remontée depuis le lac jusqu’au château, mais je m’y efforce pourtant, même si la foulée est très rasante.

A 6h du matin, le plan d’eau s’est animé pour le départ de l’IM "simple" organisé en ce dimanche. Au passage devant le ponton des canoës, j’ai retrouvé la sympathique et facétieuse jeune fille aux cheveux rouges qui comptent les tours des nageurs. On a rigolé car je continuais à lui annoncer mon « five/one » comme je le faisais hier à la même heure. Cela n’a duré qu’1 heure ½ mais ça m’a permis de passer ce moment difficile physiquement.

La miss bénévole qui compte les tours de nat ! Rigolote ! 

Vers 7 ou 8h du matin, je ne me rappelle plus, je consulte mes SMS dans la partie raide où je marche derrière le parc à vélo. SMS du Dingo qui m’annonce…deuxième de la course ? Je sais que le Dingo est capable de tout, et même de me balancer des vannes pareilles, mais là, je me dis qu’il ne me ferait pas un coup comme ça si ce n’était pas vrai. Au tour suivant, je m’arrête pour la première fois à la table de chronométrage qui me confirme bien que je suis deuxième avec le premier loin devant et le troisième et le quatrième à 2 et 3 tours derrière. 2 tours, ça fait un peu moins de 30’, c’est beaucoup et très peu à la fois quand on sait qu’il reste à ce moment là à peu près un marathon à se taper, que la pluie est de plus en plus forte et que le terrain se dégrade de plus en plus rendant la course glissante par endroit.

 

Avec la pluie, ça va devenir un poil glissant !

 

Et même limite praticable ! Une paire de Trabucco aurait été utile sur la fin.

 

SMS du Blueb : « lâche rien mon grand ! » Il a raison le Blueb, toujours le bon conseil au bon moment, c’est exactement ça, il faut RIEN LACHER. Ne pas s’arrêter, ne pas marcher, toujours avancer, avancer. Tant que la mécanique tourne et que ce n’est que de la fatigue, il n’y a aucune raison de lâcher quoique ce soit. C’est la tête qui doit commander maintenant et pas les jambes. En effet, si j’écoutais mes jambes, elles me diraient d’aller prendre une bonne douche chaude et de m’allonger. Mais, j’ai la tête dure, et je ne les écoute pas. Et je continue à tourner ! Je le connais par cœur maintenant ce tour, j’en connais les moindres pièges, les zones où on peut relancer, celles au contraire où il faut faire le gros dos. Les têtes des supporters me sont désormais familières et tout le monde continue à encourager, discrètement, parfois d’un simple « come on Dame ! », parfois même d’un petit hochement de tête ou d’un simple regard. C’est très soft comme ambiance ! Pas de sono tonitruante et agressive, juste des regards, des tapes dans la main, on sent que l’effort des concurrents est respecté et compris de tous. Faut dire que certains commencent à avoir des mines pas franchement rassurantes. Moi-même, je ne me vois pas, mais je sens bien que j’ai les traits qui doivent commencer à se creuser.

Si je devais comparer à ce moment là de la course, l’effort par rapport à un UTMB, je dirais que c’est complètement différent ; non pas au niveau physique où la fatigue est à peu près la même, mais au niveau mental. Un UTMB, on va d’un ravito à un autre avec du D+/D-, des paysages qui changent et une course qui semble toujours avancer. Là sur un tour de 1.6 km, on est uniquement dans une logique comptable : 1 tour + 1 tour + 1 tour. A chaque tour, je passe devant ma chaise, et il me faut résister à l’envie de m’y arrêter. Penser à boire même si on a plus soif, à s’alimenter même si je n’ai pas faim, et que la salade de quinoa commence à me lasser un peu ! Je me ferais bien une bonne choucroute ou un bon cassoulet, mais en tout cas quelque chose de chaud. Je vois certains supporters équipés de barnum sous lesquels ils ont installés des réchauds voir même des barbecues et j’envie les concurrents qui mangent des saucisses brulantes avec leurs doigts !

Je vais encore recevoir des SMS d’encouragement. Le Dingo a du battre le rappel, mais ensuite mon téléphone, trempé par la pluie, va rendre l’âme. Mais c’est à ce moment là que Claire après une bonne nuit de sommeil va apparaitre fraiche et rose avec un bidon de thé chaud à la main. Il doit être environ 9h du matin, j’en suis à peu près au 2/3 de la course, et maintenant, j’ai décidé non plus de le finir ce premier double IM mais de défendre becs et ongles cette deuxième place. Ca me ferait un deuxième podium pour 2011 après le raid28, moi qui ne gagne jamais rien, ce serait super !

Je vais donc m’arrêter régulièrement à la tente de chronométrage où le très sympathique bénévole me confirme quand je le lui demande que tout va bien. A un moment, il m’annonce que le troisième va plus vite que moi ! Mais, qu’à cela ne tienne, j’accélère un peu et ne m’arrête plus du tout pendant quelques tours. Cela a du lui mettre un coup au moral car, renseigné aussi, il devait espérer me reprendre mais de voir que « j’accélérais » a du lui faire renoncer à me rattraper (je mets le mot « accélérer » entre guillemets car ce ne fut pas non plus le démarrage du dragster !). Lui aussi doit être fatigué et je me dis qu’il ne va pas se cramer à vouloir me rattraper mais qu’il va plutôt essayer de gérer sa troisième place ! Au final, je terminerais plus d’1 heure devant lui.

Je n’arrive plus à lire de SMS, mais j’ai régulièrement le sourire de Claire qui vient me voir passer de temps en temps sous la pluie battante. Le rôle discret qu’elle va jouer sur ces dernières heures va être primordial. Elle a sympathisé avec des anglais : père, mère et femme d’un concurrent qui lui ont prêté une chaise et un coin de parapluie. Je ne m’arrête pas à chaque tour comme le font la plupart des autres concurrents. Un simple regard à Claire, une parole, un bisou et je file. Je ne veux pas me laisser dorloter comme beaucoup. Avancer, toujours avancer ! Pourquoi s’arrêter d’ailleurs ? Je n’ai toujours aucun bobo et les boyaux vont bien. Bien sur les descentes sont de plus en plus douloureuses, courir dans les montées est de plus en plus pénible mais c’est normal après 26 ou 27 heures d’effort d’avoir mal aux jambes ! C’est là que je veux remercier mon médecin, Maryse Dupré, mon kiné/ostéo Joel Fradet et mon podologue, David Doleux car si ma carcasse tourne si bien c’est grâce à eux (et aussi un peu à mon entrainement !).

Les tours passent, 40, 41, plus que 10 tours ! « Ne lache rien ». Le SMS du Blueb résonne dans ma tête comme s’il me l’avait dit à haute voix. Je croise le premier de la course qui fait son dernier tour (le dernier tour est fait en sens inverse ce qui permet de saluer tous les concurrents en course, c’est une idée géniale !). Il tourne comme un avion, et pourtant je ne l’ai jamais vu de la course. Il a forcément du me doubler, mais en tout cas jamais en courant, je l’aurais remarqué avec ce physique de golgoth !

Certains concurrents me doublent sur la fin. En discutant avec eux, je me rends compte qu’ils ont 20 ou 30 tours de moins que moi au compteur et je me dis que moi aussi à leur stade de la course je devais cavaler comme eux !

Plus que 10 tours, 16 km, une sortie longue du jeudi soir…Plus que 6 tours, un p’tit footing du mercredi midi, etc.. toujours des objectifs à court terme.

Plus que 4 tours, je commence à penser à la fin, il me faut 1 heure car je tourne aux alentours des 15’ au tour maintenant. Pour la première fois, je me projette chronométriquement à l’arrivée. Ca devrait me faire une arrivée avant 13h pour passer sous les 29h. Ce sera un temps bien loin de mon objectif initial, mais ça n’a plus d’importance ! Et puis une Tortue deuxième, c’est déjà pas mal du tout !

Plus que 3 tours !

Plus que 2 tours !

Et enfin, le dernier tour : c’est à mon tour de faire le tour en sens inverse. Je repars en saluant tous les supporters qui m’ont encouragé. Je claque la main des autres qui arrivent en face, je n’ai plus mal aux jambes, même dans la longue remontée qui était la descente tout à l’heure, j’arrive à trotter. Je regarde même derrière si personne ne revient de l’arrière. Réflexe idiot car à 3 tours de l’arrivée, on m’avait annoncé le troisième 1 heure derrière ! C’est marrant de faire ce tour à l’envers, on a l’impression d’une nouvelle course qui commence. Je suis bien ! Heureux ! J’ai une belle bouffée d’émotion, avec une grosse boule dans l’estomac et quelques picotements dans les yeux quand je passe devant le château et que je vois la ligne d’arrivée en contrebas. Je ne comprends pas trop ce que dit le speaker à cause des bourrasques de vent, mais c’est clair que c’est moi qu’il annonce et qu’on m’attend !

Derniers mètres, je salue les quelques courageux qui bravent les intempéries. J’y vais tout doucement, il faut profiter de ces derniers instants. Ne jamais sprinter sur une ligne d’ultra. C’est trop de bonheur que ces derniers mètres, il faut les savourer. Je lève les bras, la joie est vraiment intense, contenue mais intense ; peut être trop de fatigue pour faire le clown. Je passe sous l’arche sous des trombes d’eau, Eddy me passe la médaille de finisher et me remet le traditionnel t-shirt (il vaut cher celui là !). Claire est là dans son k-way bleu, avec un regard plein de bonté. Je la serre très fort et longuement dans mes bras malgré mon état détrempé et une odeur qui ne doit pas être très suave (je ne me suis toujours pas changé depuis le départ du vélo !). L’instant est vraiment magique et rien que pour ça, il fallait les faire ces 28h47 d’effort….

 

Dernière ligne droite, je continue à taper dans des mains ! 

 

 

Les « congratulations » d’Eddy, le race director

 

 

Dommage qu’il n’y ait pas 2 médailles car Claire en aurait bien mérité une aussi ! Il pleut un peu quand même ! 

 

C’est la tempête, les tentes sont secouées par les bourrasques, mais les tentes anglaises doivent avoir l’habitude car rien ne bouge. La météo nous oblige à un repli stratégique sous la grande tente de restaurant. Comme toujours, dès que je m’arrête, j’ai très froid. Tous les bénévoles et accompagnants en train de prendre leur déjeuner me félicitent. Ces « congratulations », « good job » et un bon thé chaud me réchauffe le corps. On ne traine pas sur la zone d’arrivée. Claire m’aide à remonter mes affaires au camping car. Après une bonne douche chaude, elle me réchauffe au sèche-cheveux. Je suis moins frigorifié qu’à Embrun l’été dernier, mais je suis quand même limite en hypothermie. Un bon repas chaud et une petite sieste plus tard, je peux m’occuper de nettoyer mes affaires et d’essayer de sauver le camping car de la noyade.

 

Une légère humidité règne au campement français ! 

 

Ensuite, nous redescendons jusqu’à tard dans la nuit pour encourager les concurrents toujours en piste. Le temps limite est fixé à 4h du matin, nous n’attendons pas les derniers jusque là et allons nous coucher.

Le lendemain, après une très mauvaise nuit, souvent réveillé par des douleurs au jambes et au bras, je me lève à 5h, avec des courbatures aux jambes très  marquées, des pieds, des jambes et même des cuisses complètement déformés par l’œdème (ce parcours a tapé autant qu’un UTMB !) et un avant bras gauche hyper douloureux et déformé par un bel hématome, du à une inflammation des extenseurs de la main. Depuis plusieurs mois, comme c’est interdit sur Paris-Brest-Paris, j’avais démonté le prolongateur. Pour ce double IM, je l’avais remis mais je n’avais pas fait assez d’entrainement avec. L’extension prolongée de la main pendant les longues heures de vélo a fini par provoquer une grosse inflammation de la gaine des tendons ! 8 jours après, cela me gène encore pour de taper ce compte-rendu. C’est d’ailleurs la seule partie du corps qui ne soit pas complètement cicatrisée. Pour le reste, j’ai ressenti encore 8 jours après une très grande fatigue. Je suis remonté sur mon vélo vendredi, samedi et dimanche après 8 jours, mais j’ai bien senti que les jambes n’avaient pas complètement récupérées encore. 15 jours plus tard, je bouclais le BRM 600 sans souci, la mécanique avait récupéré. 2 semaines de repos relatifs encore et ce sera l’Altriman, pour lequel j’espère que j’aurais bien récupéré pour améliorer mon chrono de 2009 et surtout prendre un maximum de plaisir sur le magnifique parcours de vélo…

Voilà, cette belle aventure est terminée. Merci à toute l’équipe d’organisation de l’Enduroman, tous plus aimables les uns que les autres. Ils n’ont qu’un seul défaut, ils parlent trop vite en anglais !

 

 

Steve, Dan, Eddy, les « race directors » de l’Enduroman de New-Forest.

Ils ont une seule devise : « no limits ! »

Et effectivement, leur gentillesse et leur disponibilité est "sans limite"

 

Merci aussi à tous ceux qui m’ont supporté par SMS, par téléphone, par mail. Merci est un mot trop faible pour tout ce qu’a fait Claire. Je souhaite à tout le monde une assistante pareille. Ni trop présente, ni pas assez, tout simplement parfaite (comme toujours !).

Merci aussi à tous les lecteurs de ce récits qui ont tenu jusque là !

 

Merci Claire ! Pour ton soutien pendant la course et pour ta compréhension de toutes ces longues heures d’entrainement. Une telle course, ça se court au moins à 2 !  

 

 

Quelques chiffres, même s’il ne faut pas les comparer aux chiffres d’un IM simple. Le calcul (2xRoth + 15%) que j’avais fait est totalement impossible sur un tel parcours. Je suis en fait à 2xEmbrun + 7%.

Natation : 2h50 (26ème temps à la sortie)

T1 : 15’ environ

Vélo : 14h24 (premier temps vélo)

T2 : 10’ environ, cumulées entre le camp du haut puis le camp du bas

CAP : 11h23 (deuxième temps CAP)

 

Quelques infos sur le matos pour ceux qui voudraient se lancer dans l’aventure :

Natation : combi orca 3.8 (elle commence à avoir quelques trous mais vu le peu de fois où je m’en sers dans l’année, elle va bien durer encore comme ça quelques années), lunette AquaSphère et bonnet de l’organisation

 

Vélo :

-          Vélo Specialized Tarmac pro avec prolongateurs amovibles (50/42 devant, 12/25 derrière)

-          Roues Mavic R-SYS

-          Chaussures Specialized S-works

-          Cuissard Assos FI.13 (le top du top, c’est très cher, mais vraiment très bien)

-          Jambières, manchette décathlon basique

-          2 ou 3 maillots de vélo manches courtes

-          1 veste de printemps

-          1 veste d’hiver (en alternance selon la météo)

-          Coupe-vent fluo sans manche pour la nuit

-          Eclairage avant : mon phare de CO Lupine avec batterie dans une petite pochette porte-gels sur la cadre

-          Eclairage arrière : 2 LED accrochées sur le cadre

 

Mon Vélo : il faut lui rajouter les prolongateurs et enlever la sacoche des BRM pour le voir dans sa configuration double IM

 

CAP :

-          Chaussure mizzuno wave ultima 2 (sur la fin, j’ai regretté de ne pas avoir des chaussures de trail type trabucco)

-          Vêtements de vélo (j’aurais du au moins mettre les chaussettes de compression, ça m’aurait peut être évité les gros œdèmes postcourse.)

-          K-way décathlon sous les gros orages

-          Casquettes fétiche Kikourou pour protéger de la pluie.

 

Quelques infos sur l’alimentation , sachant que l’organisation ne prévoit qu’un container d’eau et un container de boisson énergétique « high5 » :

-          Boisson de fond : malto + hydrixir dosé à 80g/l à 50/50 (5l bus sur toute la course, dont 3 sur le vélo)

-          Alimentation solide = salade composée : quinoa, fayot, noix, petits morceaux  de poulet

-          Sandwich : pain complet + st moret + blanc de poulet

-          Alimentation liquide : « 640 » de chez overstim, 1.5l bu en tout

-          ¼ Gatosport tous les 100 km sur le vélo

-          Divers : gateau secs « cereal », bananes, pain complet, pruneaux d’agen

-          Thé

-          Il m’a manqué une base de vie, bien abritée de la pluie, sous un barnum par exemple pour me faire chauffer de l’eau et de la bouffe. L’idéal aurait été d’avoir le camping-car sur le parcours comme ceux qui étaient en tente, mais le stationnement des camping-cars était prévu un peu en retrait du parcours. Dans un sens, le fait d’avoir une base très peu confortable ne m’a pas incité à m’y arrêter trop longtemps, ce qui était aussi bien !

 

Voilà, pour ceux qui veulent plus d’info, n’hésitez pas à m’envoyer un message via Kikourou, j’essaierais de leur communiquer ma maigre expérience. Et s’ils attendent un peu, j’aurais peut être un triple au compteur d’ici quelques temps pour être plus pertinent dans les conseils…Inch Allah !!!

Je dédie cette course à Claire et à tous mes enfants, Marine, Martin, Pierre-Louis, Victor et Ariane qui m’ont soutenu dans la préparation et la concrétisation de cette belle aventure. Et une grosse, très grosse pensée amicale au Chacal !

 

Yessssss !!!  et quel pied mes amis !!! quel pied !!!

 

 

Bien amicalement,

La Tortue 

 

 

 

 

7 commentaires

Commentaire de Pegase posté le 30-06-2011 à 11:24:00

Rien que de lire tes préparatifs et stress d'avant course, ça fait monter le cardio.

Bravo pour ce magnifique podium hors-norme arraché au plaisir apparement.

Commentaire de robin posté le 30-06-2011 à 13:38:00

Fichtre, un nantais qui traverse le channel cela déménage ! Bravo pour ta course et merci pour ce super compte rendu.

Bonne récup !

Commentaire de tounik posté le 30-06-2011 à 18:29:00

Magnifique ...et un peu effrayant aussi ...

Au delà du podium, tout le courage et l'abnégation d'un grand monsieur.

Commentaire de ouster posté le 01-07-2011 à 17:04:09

Pfiouu!! Énorme ma Tortue, tout simplement énorme.

Y'a pas qu'à Marseille que le 51 est bon ;-)

Bravo
Ouster

Commentaire de LtBlueb posté le 04-07-2011 à 15:16:29

J'ai 2 regrets ; le premier c'est de pas avoir pu tout lire d'un seul bloc (lu en 4/5 fois ces derniers jours) ; le second de ne pas avoir vécu ca de plus près...

Finisher Double IM, tu entres dans une nouvelle catégorie, et je ne suis pas certain de trouver un qualificatif suffisant pour ton exploit !

BRAVO !!

Commentaire de raspoutine 05 posté le 05-07-2011 à 20:55:58

Bravo à toi, tu es vraiment passé dans un autre format. A te lire on de dit que tout est possible... Heu... Sûrement pour ceux qui ont ton métier (mieux que de l'expérience en ce qui te concerne).
Et puis tu nous auras fait un récit à la hauteur de ta course, une story (on est chez les Anglais) qui nous décrit si minutieusement ta course qu'on la vit aussi (et ça ferait bien envie...). A consommer sans modération.
Et en plus un podium !
Trop forte cette Tortue !
Encore bravo !
Respect, respect, respect...
Raspa

Commentaire de raspoutine 05 posté le 29-06-2012 à 00:13:56

Hum, je lis et relis encore une fois ce récit que je connais, c'est à l'occasion du livre de récits des kikoureurs que je m'y replonge en premier. Mais peut-être est-ce là un de mes récits favoris, un de ceux qui donnent envie d'aller voir, justement. Trop court pour participer cette année chaotique et ce n'est pas faute de l'avoir envisagé. Mais déjà une idée pour l'année suivante qui se programme maintenant, encore merci à toi, of course !

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