Récit de la course : Ehunmilak 2010, par goonif37

L'auteur : goonif37

La course : Ehunmilak

Date : 16/7/2010

Lieu : Gipuzkoa (Espagne)

Affichage : 1300 vues

Distance : 167km

Objectif : Pas d'objectif

5 commentaires

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venga, venga, animo !!!

Pourquoi l’Ehunmilak ?

Au détour d’un mail Pascal m’en parle. Certains forums annoncant cette course parlent de surenchère de l’ultrafond, imaginez 167 km et 11500 de D+ en 48h, les basques ont décidé de frapper fort et pour moi pas de doute, j’y serai….

Le Staff

Arrivée avec les parents dès le mercredi 14, je décide de me prendre en main, plus d’excés juqu’au jour J mise à part l’omelette aux cèpes la veille de la course. Mon staff est aux petits soins pour moi et me propose tout un tas de trucs bizarres permettant d’accroître mon potentiel. Alors j’essaye, je teste… il y a eu le power balance (http://www.powerbalance.com/france/), rien de magique pour moi et suite à quelques vertiges j’abdique. Puis le Goji, considéré par plusieurs chercheurs comme étant le fruit le plus nutritif au monde et possédant les meilleures propriétés antioxydantes. A ceci j’ajoute les massages d’avant-course, la préparation de pieds, le strapping sur le dos. Ils se plient vraiment en 4 pour moi, et même quand A.Schleck annonce qu’il attaquerait Contador, et bien, le padré me laisse bien volontiers squatter la chambre (et donc la télé) pour une sieste.

La course

Direction Beasain pour cette toute première édition de l’Ehunmilak. L’attente est relativement courte, un dernier coup de fil à ma pomme, une danse traditionnelle, la musique, les yeux humides, les bises aux parents et vamos.

Départ à 18h pour les 320 engagés, remonté comme un coucou, je pars relativement rapidement dans la première côte, le terrain est humide et la première descente s’avère glissante à souhait. A peine 10km d’avalé, chute, d’ailleurs ce sera la seule. Mandubia est vite atteint, je retrouve les parents, tout va bien je m’amuse énormément, les sentiers sont très ludiques, je pointe en onzième position. Papa me souhaite une bonne nuit, mais c’est une feinte, car je les retrouverai à Zumarraga au km 20. Les premiers cols s’enchainent et la nuit commence à tomber, je tente alors un petit gel… et là, comme je le présageais depuis quelques temps, rien à faire, écoeurement dès la première gorgée. Ma douzaine de gels resteront au fond du sac et je mise dorénavant sur les fruits secs (raisins, abricots, noix…) et surtout mes graines de Goji. La nuit avance tranquillement, la pluie et le brouillard jouent les gardes du corps. Joao le portugais me rejoint, nous faisons un long chemin ensemble. Malgré toute sa sympathie, j’avoue préférer courir seul. Déjà ressenti depuis plusieurs km, c’est dans la montée avant Tolosa que s’accentue la douleur au ventre habituel, pas d’inquiétude à ce sujet, je m’arrête pour vomir, la première base de vie n’est plus très loin, j’en profiterai pour recharger les batteries.

Tolosa – km 78 – samedi 6h -  j’entre dans les gymnases sous les applaudissements fournis des nombreux bénévoles, on m’annonce 17 ème, c cool. Complétement trempé, je me nettoie les jambes, nouvelles chaussettes ensuite direction la cantine, au menu ce matin riz, saucisson, fromages, coca et soupe. 20 mn plus tard je repars, Joao me dépasse en m’invitant à le suivre, je n’en ferai rien… je préfère me réserver pour la suite. Avant l’ascension du Txindoki – km 95 - je retrouve les parents sur le parking, la fatigue commence à se faire sentir et il reste 70 kilomètres à couvrir. Pas mal de randonneurs sur cette partie, le Txindoki (1346m) de part son image facilement reconnaissable est devenue le symbole de la vallée Goierri. La première partie de cette ascension est relativement sauvage. La seconde partie que nous devons parcourir en aller-retour, jusqu’au pointage au sommet, est entièrement nue. Je croise Joao dans la montée. Au sommet les pointeurs m’annonce le portugais en grosse défaillance, je le reprendrai rapidement dans la descente que la pluie a rendu très périlleuse. Le Ganbo (1402 m) succède au Txindoki, cette partie sera sans doute la plus agréable du parcours de part ces paysages, ça devait sans doute correspondre avec l’apparition poussive de quelques rayons de soleil. Nous gambadions alors au milieu de vertes vallées sans trace avec simplement le balisage judicieusement parsemé, d’ailleurs parfait ce balisage même la nuit.

Lizarrusti - km 115 – Partie du parcours reconnue avec les parents la veille avec notamment le lac de barrage de Lareo. La sieste initialement prévue à cet endroit attendra, il continue à pleuvoir. Soupe, café, bananes et ça repart.

Etxegarrate – km 130 – samedi 16h40 - seconde base de vie, j’ai les pieds flétris et décide de changer chaussettes et chaussures, mauvaise pioche !!! Comme je suis un assidu du road-book, je me voyais déjà rendu à Beasain pleurant à chaudes larmes dans les bras des parents. Et bien non, perdu !!!! J’en avais oublié un et de taille, le plus gros en fait, l’Aizkorri (1528 m). C’est simplement le lieu de la 1ère étape du "WORLD SERIES Skyrunner" 2010… autant dire du lourd. Fraîchement débarqué la gueule en friche, je scotche littéralement à la paroi, sans aucun doute le moment le plus difficile de la course. Il reste 20 km et encore une bien belle surprise.

Elle se situe à Mutiloa – km 158 – samedi 22h48 – D’abord j’y retrouve mon staff, les sourires sont de rigueur, on le sait d’ors-et-déjà, il reste moins de 10km, c’est gagné… mais surtout une ovation inoubliable quand je rentre dans le trinquet servant de ravito, j’y suis resté environ 5’, les quelques 40 bénévoles présents ne cessent de m’applaudir, de m’encourager, rien que d’y penser je ressens encore cette vive émotion. C’est certainement ce moment là qui primera sur tous les autres quand je repenserai à cet Ehunmilak, énorme. Extraordinaire ces basques !!!

La fin est longue, les jambes sont lourdes et me font mal dorénavant. Les hallucinations se succèdent et le changement de chaussures entraine une vive douleur au pied, perte d’ongle imminente. Beasain, enfin, il est 0h41, je franchis la ligne d’arrivée, je suis classé 13. L’un des frères Gibb (Bee-Gees) me remet le diplôme, coup de fil à ma douce, « surtout ne te fais plus de soucis, dors sereinement, j’y suis arrivé »

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5 commentaires

Commentaire de Eponyme posté le 05-08-2010 à 13:11:00

Super course et super CR.
En lisant le CR, on comprends que le coup du mal au bide+vomi est récurrent, mais ne semble pas t'empêcher de continuer. Je suis admiratif, ayant moi-même ce genre de problème, mais pour le moment exclusivement à la fin des courses et non pendant...

Commentaire de mic31 posté le 05-08-2010 à 13:12:00

Belle place encore une fois, bravo pour ta course.
Le jour où je serai assez fou pour me lancer dans les ultras pour les grands, je penserai aussi à celui là (après le GRP quand même).
A une prochaine fois,
Michel

Commentaire de BENIBENI posté le 05-08-2010 à 17:34:00

Mille bravo Arnaud ! Ca, c'est pas de la course de fiotte ! Avec en prime une belle 13éme place .

Commentaire de laulau posté le 07-08-2010 à 22:22:00

Bravo ! grosse performance!
Je suis impressionné par la performance physique et mentale des ultras trailers... et donc par la tienne
C'est vrai que l'ambiance sur les courses en pays Basque sud est unique !

Commentaire de sonicronan posté le 16-08-2010 à 12:10:00

Bravo le frangin! Encore une perf !
T'as pas encore testé le moteur électrique caché dans le slip, ni le Red bull, d'ailleurs ;-))

Ton récit plus les vidéos, m'ont donnés envie dis donc !
Au fait, tu les mets quand les autres photos ?

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