Récit de la course : Hirukasko 2010, par Ben64

L'auteur : Ben64

La course : Hirukasko

Date : 26/6/2010

Lieu : Itxassou (Pyrénées-Atlantiques)

Affichage : 2295 vues

Distance : 33km

Objectif : Pas d'objectif

5 commentaires

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Hirukasko 2010

Nous rejoignons à pieds la ligne de départ d'Hirukasko, épreuve de 33 km et 2600 m+. Contrairement à l'année dernière, nous démarrons d'Itxassou pour rejoindre Bidarray en escaladant 3 sommets au passage. Je cours avec Cédric, un cousin récemment entré chez les chasseurs alpins. Il est en cannes et je vais l'apprendre à mes dépens.Quant à moi c'est la reprise après un mois d'arrêt dû à une entorse qui s'avérait ne pas en être une... mais une périostite au péroné. L'envie est là, la forme on verra.


Nous sommes prêts à partir depuis le Pas de Roland au pied de l'Artzamendi, 1er sommet de la journée. Nous sommes plus de 300 équipes à nous élancer sous un soleil radieux, et il fait déjà chaud à 8h00. Dès le départ, nous remontons avec Cédric vers la tête de la course pour éviter d'être bloqués lorsque nous nous engagerons sur les sentiers. Un petit kilomètre de bitume permet de nous mettre en jambes, et nous attaquons très vite l'ascencion. Nous devons être dans les 15 premières équipes dans l'escalade de l'Artzamendi. Nous alternons marche et course avec entrain, même si je sens que les jambes ne répondent pas très bien. J'en fais part à mon cousin mais nous continuons tranquillement notre bonhomme de chemin. Après avoir atteint un premier replat, il nous faut déjà amorcer un "coup de cul" de 300 m+ afin d'atteindre le sommet.

Ascencion de l'Artzamendi - Photo : Barjos des cotos

Nous doublons quelques équipes et passons en 12ème position au sommet. Nous abordons la descente, avec prudence car il reste encore pas mal de bornes et surtout un mur qui s'annonce... Bref, avant de penser à la seconde difficulté du jour il nous faut dévaler avec prudence les penas itxusi (littéralement, itxusi veut dire "vilain" ou "moche" en basque, mais détrompez-vous l'endroit est de toute beauté). C'est d'une rare technicité, avec passages de pierriers, sans le droit à l'erreur au risque de finir 200 m plus bas...

Pena itxusi vues d'Irubela.

Nous atteignons tranquillement le pied de versant, un petit sourire pour la photo, le passage d'un ruisseau sur une passerelle ne tenant qu'à un fil, et nous arrivons au ravito. Un petit crochet de 100 m AR nous permet de nous ravitailler en eau car le soleil commence à taper fort. Nous voici au pied de la 2ème ascencion, lIrubela où j'avais pris un "ticket" l'année auparavant. Très vite, Cédric me prend quelques mètres, puis une centaine. Je me résous à le laisser partir car je n'ai pas envie de subir le même sort que l'année dernière. Je reste prudent et me cale à un bon rythme, tout en voyant s'éloigner Cédric qui a des jambes de feu. Je doublerai quelques équipes et des coureurs à la dérive dans cette terrible montée de 800m+ en 3km à peine... Je profite d'un passage sous les bois pour me raffraichir un peu, et prends le temps de m'hydrater. Pas le temps de profiter que les arbres disparaissent déjà et leur ombre avec. Me voilà gravissant la crête finale de 250m+ en moins d'1km, poussant sur les jambes, tentant de ne pas emballer le coeur. C'est pas tout mais je voudrais arriver en état en haut car la descente qui suit est terrible!

 

 

Section finale d'Irubela, sur une crête éprouvante exposée en plein soleil. Photo : Barjos des cotos

Ouf, me voilà au sommet, rejoignant Cédric qui m'aura mis près de 5 minutes dans la vue. Sitôt monté sitôt descendu! On bascule dans la pente afin de rejoindre le ravito-repas qui nous permettra de nous alimenter : effectivement on commence à être à court d'eau... Après une courte descente, nous rejoignons assez rapidement le col, puis nous lançons dans le vide. Il nous reste à avaler cette fois-ci près de 800 m-. C'est moins pentu qu'à la montée mais c'est tout de même assez engageant physiquement. Tiens, parlons-en du physique, car il est en train de me lacher le bougre. Je n'ai plus de jambes et n'arrive plus à relancer, mais la fraicheur de la forêt est quand même bénéfique. Tout d'un coup les bois disparaissent,laissant place à une immensité de fougères. Et là c'est le choc thermique : on est entré dans un four! Pouvez-vous baisser le thermostat de quelques degrés svp? Tandis que la chaleur nous accable, je trouve que cette descente est longue!! Elle n'en finit pas, elle m'use, elle me lasse, moi qui adore ça d'habitude. Au détour d'un virage, mon pied bute sur un rocher et me voilà parti en salto avant (avec un peu plus de fraicheur j'aurais pu tenter la vrille...), manquant de peu de faucher Cédric. Plus de peur que de mal, pas le temps de gamberger, on est déjà repartis. Mais je sens que j'ai de moins en moins de force physique et mentale. Nous arrivons au bord du ruisseau, franchissons la passerelle, puis grimpons une petite côte qui finit de m'achever. Je m'arrête quelques instants près d'une source pour m'hydrater abondamment le gosier et mon épiderme asséché, tandis que Cédric est déjà parti en courant (il pète le feu je vous dis!) pointer auprès du bénévole. Je redémarre tranquillement en direction du ravito, convaincu de mon futur abandon, conscient de mes limites physiques du moment. Je retrouve Cédric, mon père, mon cousin Alain, et d'autres membres de ma famille venus pique-niquer à l'ombre d'un chène. A cet instant, nous sommes 5ème équipe, à 25min des premiers, et 10 min des seconds. 

 

Malheureusement, c'est fini, la course s'arrête là pour moi, après 20 km et 1750m+, et 3h30 de course. Je retire mes chaussures, mes manchons de contention et me résigne à laisser partir Cédric seul, à l'assaut de l'ultime sommet de la journée : l'Iparla (1044m). Je l'encourage à ne pas craquer et à terminer tranquille. Après un bref état des lieux de quelques ridicules éraflures (souvenez-vous le salto!), je me convaincs d'avoir fait le bon choix. Mes ressources sont épuisées, à un niveau en dessous de 0, et je me sens aussi vide qu'une coquille d'escargot sans son hôte. A l'ombre, je regarde passer les coureurs avec envie, encourageant Didier, Eric, mes cousins, Mathilde une copine de lycée avec son père, et quelques visages familiers.

Après avoir déjeuné avec la famille, nous rejoignons Cédric sur le lieu d'arrivée, qui en aura fini après seulement 5h20 de course, un véritable exploit par cette chaleur qui aura fait tomber les participants les uns après les autres. En effet, sur les 300 équipes, seules une soixantaine sont arrivées ensemble... Comble de malchance, j'apprends de la bouche de Cédric que si nous avions terminé en duo, nous aurions été 3ème. Avec des si... peut être que je me serais blessé méchamment dans la descente de l'Iparla. Sans regrets pour cette fois-ci, on fera mieux l'année prochaine.

 

Place maintenant à la course des Crêtes à Espelette. 

PS : Merci aux Barjos des Cotos pour les photos.

 

5 commentaires

Commentaire de laulau posté le 11-07-2010 à 23:44:00

Quel dommage de s'arrêter si près ...mais encore si loin du but.
Mais tu reviens juste de blessure, une rechute aurait été bien malvenue !
Tu es sur la bonne voie pour le marathon de montagne du Pays Basque et le GRP.

Commentaire de maï74 posté le 12-07-2010 à 13:47:00

Pas facile d'être raisonnable quand on a un dossard sur le dos, mais sois sûr d'avoir pris la bonne décision, surtout sur un parcours aussi exigeant qu'Hirukasko.
Ravie de t'avoir rencontré et à bientôt j'espère !

Commentaire de Mustang posté le 12-07-2010 à 20:39:00

un très beau récit, avec plein de retenue et d'envie, avec des regrets certes, beaucoup d'émotions!! bien sûr!! sur ce quoi on s'engage, ce n'est que de l'émotion!!! tu t'es arrêté avant! frustrant oui mais au moins tu t'es écouté; la montagne sera toujours là!! bonne suite!

Commentaire de Fredy posté le 12-07-2010 à 22:51:00

Un récit qui sent bon les vacances. Remets toi bien vite.

Au plaisir de se croiser fin Août dans les PA.

Commentaire de Cédric64 posté le 13-07-2010 à 17:04:00

Très beau récit de ta part, à croire que je suis doué. L'année prochaine on remet ça et on fera en sorte de passer sous les 5H ou du moins de finir sur le podium. Quelle chaleur dur de résister 6L d'eau sont passés et bien insuffisant à mont goût surtout pour la dernière descente. On se voit au marathon de Bidarray! Je retourne enfin dans les Alpes accumuler du dénivelé dimanche dans la vallée de Névache (en passant le "Gavarnie" des Alpes) Entraîne toi bien!

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