ilgigrad a écrit: Ce n'est pas tout à fait par hasard si ces opinions malsaines sont - en général - une fonction inversement proportionnelles au nombre de livres ouverts et aux années d'études.
Statistiquement c'est peut-être vrai, mais il y a tellement de contre-exemples que ça ne peut pas tout expliquer. Plein de gens très instruits sont racistes dans ma région.
Mais il n'y a pas besoin d'avoir fait des études pour comprendre que personne ne se construit tout seul, qu'il y a forcément eu des gens qui nous ont aidé à un moment ou à un autre, et que si on a droit à tel ou tel bien public (routes, hôpitaux, allocations diverses dont le chômage qui peut toucher absolument tout le monde, etc) dans notre pays, c'est aussi grâce aux autres, d'une manière générale. Les autres incluent tout le monde, noirs, blancs, robeus, chinois, femmes, homos, handicapés etc.
Pas besoin non plus d'avoir fait des études pour comprendre que si notre bureau et les toilettes du boulot ou de l'école de nos gamins sont propres le matin quand on arrive, c'est parce que qqn, généralement une femme (mais pas toujours), le plus souvent arabe ou noire ou asiatique, s'est levée à 3h du mat ou s'est couchée à 3h la nuit d'avant pour tout nettoyer, alors que dans un monde plus humain elle pourrait s'occuper de ses gosses à ces heures-là.
Donc pour moi, l'absence d'études n'est pas une excuse.
Il devrait y avoir un rôle de l'éducation non seulement dans ce qu'on nous met dans la tête, mais aussi dans le vivre et travailler ensemble. Travailler bien à l'école, c'est important, mais ce n'est pas la seule chose à enseigner. L'excellence et ces conneries glorifiantes, ça ne suffit pas et ça ne fait pas mieux tourner un pays. Si on mettait les enfants un peu plus à contribution, ils se rendraient compte qu'ils peuvent toujours aider un de leurs camarades qui n'a pas compris ceci ou cela, cela peut même s'organiser en classe (ça ne se fait que dans les petites classes, ça se perd après).
Non, au lieu de ça, on glorifie l'individualisme, les concours, les ambiances de compétition, voire de malveillance envers les autres élèves (c'est le cas dans un paquet de prépas, qu'elles soient scientifiques, littéraires ou médicales).
Et tout ça construit un individualisme forcené, qui n'est déjà pas bon en soi, mais qui irrigue toute la société et le discours ambiant, et qui, dans la tête de gens sans bienveillance, se tournent en premier lieu vers les étrangers, les plus vulnérables.
Je conviens que nous sommes tous responsables, à chaque fois qu'on est jaloux d'un collègue ou d'un membre de notre famille, que nous nous plaignons de payer trop d'impôts - par contre on peut discuter des façons dont l'argent des impôts est utilisé, ça c'est le processus démocratique -, à chaque fois qu'on ne s'occupe pas de ce que deviennent les largués dans les classes de nos gamins, à chaque fois qu'on préfère ne parler que de ce qui va mal et qu'on accepte de ne jamais avoir d'échos de ce que des tas de gens font, du plus "important" au moins "important", pour que les choses aillent mieux.
C'est super dur parfois d'être bienveillants (parfois on a l'impression que c'est impossible), c'est comme un entraînement sans doute, mais on peut toujours faire mieux. Et il vaut mieux commencer petit, c'est sûr.
Les médias sont largement aussi responsables de tout ça, il suffit d'éteindre sa télé déjà.