Très, très belle vidéo, beaucoup d'émotion à revivre cela : la pluie incessante après la Fouly, ces torrents en furie à Praz le fort avec les cailloux que l'on entendait rouler dans les flots boueux, les glissades dans la boue et cette émotion à Trient lors de l'arrêt de la Course.
J'ai l'impression que c'était hier : la montée de Bovine avec les rochers des gués sous l'eau, le brouillard sur la ligne des crêtes et se vent glacial, les deux derniers kilomètres de descente sur Trient digne d'une descente de ski les deux bâtons plantés dans les virages les chaussures à plat pour prendre le virage tout en dérapage, l'arrivée à 3h05 à Trient, un 4ieme changement de chaussettes, un nokage express sur des pieds tout blanc et gondolés et maculés de boue, ravitaillement, quelques mots aux bénévoles.
3h20 je vais sortir de la tente : l'annonce de la neutralisation de la course, cette idée de continuer d'aller jusqu'à Vallorcine, de cette idée qui nous pousse depuis quelques heures : du nombre de cols à franchir jusqu’à Chamonix : plus que deux ! Une idée fugitive. Puis celle plus raisonnable d'écouter l'organisation, de savoir que depuis 17h les conditions de courses sont dures, que la Montagne se respecte.
L’attente du bus, la raclette offerte, l’accent inégalable des bénévoles Suisse, leur gentillesse, quelques discussions avec les coureurs, le froid qui nous envahit.
4h42 le départ en Bus vers Chamonix, regarder ses japonais s’endormir, calculer que j’arriverai à 6h au Camping pour prendre une bonne douche chaude.
5h40 arrivée à Chamonix, descente du bus, aller rendre la puce, les jambes sont raides, le tendon du gros orteils gauche qui tire bien à force de « retenir » l’orteil dans les descentes.
Un mot au bénévole : « On peut finir la course ? »
« Oui si vous voulez »
Mais l’envie n’est plus là, je suis un rapatrié, le passage dans cette rue à coté du magasin Montcler où jeudi je buvais un chocolat chaud sous un temps caniculaire. Un finisher, un vrai, au milieu de la rue seul à finir, et nous comme des âmes en peine en file de chaque coté de la rue à nous diriger vers l’arrivée sous la pluie glaciale.
La place de l’amitié, … l’arche, cette pensée de franchir l’arche au centre, et puis non de passer sur le coté, rendre la puce.
« Non messieurs, pas de ce coté, de l’autre aux abandons. » les gouttes de pluies qui tambourinent plus fort, comme un goût amer. Une pensée : « mais je n’ai pas abandonné, j’ai été stoppé et rapatrié »
La queue qui remonte jusqu’au stand des polaires.
Récupération de la polaire finisher CCC (Pour l’anecdote les bénévoles un peu débordées m’avait donné une polaire finisher TDS !)
Restitution de la puce, récupération des 20 EUR, et dernier footing jusqu’au Camping, je croise en route deux coureurs UTMB au dossard rouge. Que s’est il passé ?
3h de sommeil, une bonne douche, le plaisir de porter la polaire, parce que l’on ai fini ou était arrêté à Vallorcine ou Trient c’était quand même quelque chose.
Le plaisir de comptembler la Mer de Glace (n'est ce point le titre de ce post
).
Le plaisir de savourer d'être au sec quand la pluie se met à redoubler dans la fin de matinée.
Des pieds qui mettront 24 h à sécher et à perdre leur aspect gondolés et blancs, avec de la boue incrustée dans les talons pour qq jours
Des mains qui seront toutes abimées comme en hiver durant encore une semaine
Le lavage à grand eaux des vêtements incrustés de boue avant la mise en machine
La lecture des témoignages sur les conditions de courses sur la tête aux vents, la satisfaction d’avoir arrêté, la satisfaction de la reconnaissance des deux points pour ses 71 km D4000+, le plaisir de porter la polaire dans la fraicheur des derniers jours d’été, celui immense d’avoir eu la sagesse de s’arréter, d’écouter l’organisation, d’avoir sur rester dans les limites du respect des autres, des secouristes, des organisateurs et surtout de la Montagne.
Le plaisir des moments d’échange et de partage avec les kikoux : béné38, yayoun, nathdu38, jurassik runner, les fucking blue boys, etc…