Récit de la course : Trans 333 2009, par leptitmichel

L'auteur : leptitmichel

La course : Trans 333

Date : 30/11/2009

Lieu : Mhamid (Maroc)

Affichage : 2119 vues

Distance : 330km

Objectif : Objectif majeur

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Trans 333 - Ali Gestin et les 40 coureurs

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Les photos sont disponibles sur le lien suivant
http://picasaweb.google.fr/electronphoto78/Trans333#
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Introduction

La 222, la 333, la 555, l'Amazonie, les volcans, de l'extrême, chez Gestin il faut que ca pète, que ça gicle, que le coureur en prenne plein la gueule. De la couleurs, des odeurs, des émotions, des pleurs... Tout ce qui fait la vie. Gestin vous fait partager ses goûts et son style, car il trouve tout trop moche, trop fade, trop mou, trop con, pour chasser un quotidien monotone et tiède comme une tisane sans goût. Il veut de vous des larmes de joie et d'émotion et repousser les contours du cercle de sa tribu.

En avant les baroudeurs et suivez sa trace. Vous y trouverez l'essentiel.... Le rêve de l'extrême

La trans 333. Un des plus longs raids non-stop au monde.

330 km dans le désert du sud-est marocain, à la frontière algérienne. Un CP tous les 22km environ, postes de contrôles et ravitaillement répartis sur l'axe de la course à des endroits de passage obligatoire pour les coureurs, mais un fonctionnement en semi-autonomie, avec une orientation au GPS

Temps maximum de course : 108 heures

Ali Gestin et les 40 coureurs

40, ni plus ni moins. C'est le nombre de participants présents à Mhamid dans le sur du Maroc pour participer à cette 10ème TRANS 333...

TRANS 333... une sacrée course. Ca fait longtemps que j'avais envie de venir m'y frotter, mais toutes les conditions n'ont jamais pu être réunies. Cette année c'est différent. L'envie, la disponibilité, la préparation, tout les ingrédients sont là... tous sauf un !

Petit retour en arrière. Oh pas longtemps, juste une semaine en arrière. 8ème édition de l'O'Castor, une course d'orientation moyenne distance. Idéale pour moi car ça me fera une dernière sortie longue (entre 4h et 4h30) mais surtout j'adore la CO et c'est pas loin de la maison.

Deux objectifs... Ne pas se mettre dans le rouge (je vais la jouer tranquille) et ne pas se blesser (une entorse aussi près de l'objectif de l'année serait trop bête.

Si l'objectif n°1 est atteint (final en 4h15), il n'en est pas de même pour le second. Un tapis de feuille mortes, un troc d'arbre au sol, une glissade et une chute sur le dos...

Bilan une côte fêlée (ou cassée ?). La rage quoi !!!

La veille du départ pour le Maroc, j'essaie de courir 10 mn tout doucement. la douleur est là mais supportable. J'enfile aussi le sac à dos, et là par chance il n'appuie pas directement sur la côte touchée. Je décide d'en rester là, de partir et ... on verra sur place

Vendredi 27 Novembre. Rendez vous à 4h30 à Roissy. Je retrouve Fred et Dom, deux équipiers de l'XTrem Team pour un vol direct de 3h30 vers Marrakech.


Arrivée sur place on retrouve quelques coureurs arrivés par d'autres vols dont Olivier et Françoise (aussi membres de l'Xtrem Team) mais aussi quelques connaissance et personnalités du monde de l'Ultra, vous savez ces noms qu'on voit apparaître systématiquement dans toutes les grandes courses... Marianne Blangy, Patrice Fayol ou Gérard Seguy, Bref du beau linge (mais on en reparlera)

Transfert en bus jusqu'à Ouarzazate après une petite pause déjeuner dans un resto local qui me vaudra quelques troubles digestifs (Ok, j'ai du faire stopper le bus...)


Visite expresse de Ouarzazate... A part le souk il n'y a pas grand chose d'ouvert. Il faut dire qu'on est vendredi (l'équivalent de notre dimanche) et que demain c'est la fête de l'Aïd el-Kebir.

Samedi 28 Novembre. Départ pour Mhamid via Zagora.


Arrivée dans la petite ville de Mhamid, et découverte de notre hôtel qui sera le camp de base jusqu'à la fin du séjour.Et là surprise, on a le droit à un vrai grand et bel hôtel. Vastes chambres refaites à neuf, architecture typiquement locale, bref pas exactement le type d'hôtels auxquels nous a habitué Alain. mais on ne va pas se plaindre. Ce sont les 10 ans de la course, oui ou non.


En fin de journée premier briefing d'Alain. On parle moitié du temps de la course quand au reste... on écoute les aventure d'Ali Gestin avec toujours autant de plaisir...


Dimanche 29 Novembre. Journée de repos On en profite pour aller visiter la ville, prendre quelques thés, et finaliser notre équipement pour le lendemain.


Petit briefing sur le tracé de la course le midi


Ce sera aussi la journée des mises à jour des GPS. entre ceux qui le font à la main et ceux qui se rapprochent de Stéphane pour charger tout avec l'ordi, y'en a pour tout le monde, y compris pour Dom et Fred qui se sont juste trompés de GPS… ils les ont inversé et n'ont rien trouvé de mieux à faire que de tout effacer… Bon les heures passées dans le bus leur permettront de mettre les données à jour… .


Second briefing le soir afin de permettre aux participants de se présenter. Là je n'ose pas vous parler des CV de certains... Quand on écoute tout ce qu'ils ont fait on se sent tout petit petit petit.

Finalisation de l'équipement. Je reprend le contenu théorique de mon sac et je fais quelques changements

je décide de retirer le poncho, la pompe aspi venin, la bouteille de sécurité, la pochette géonaute.... bref un ménage de dernière minute

Le plus simple est de jeter un œil à ma fiche équipement mise à jour.

Je change aussi la tenue. Pour la nuit j'emporte le maillot long + une polaire + le coupe vent. Pas de gore-tex.

Les températures sont particulières. Chaud en milieu de journée (30-35°) et ça chute très vite des que le soleil baisse pour s'approcher des 0° en fin de nuit... bref un grand écart qu'il faudra gérer.

Pasta party le soir, puis coucher pas trop tard histoire de passer une bonne nuit complète.

Lundi 30 Novembre.

6h30 le réveil sonne... Debout, direction un bon petit déj puis je retourne à la chambre me mettre en tenue.

8h00 Tous les participants sont dans la cour de l'hôtel. Finalement nous ne serons que 39 au départ, un des italiens ayant attrapé... la grippe !


Quelques photos les uns avec les autres puis une photo de groupe pour marquer le coup.


Du départ à PC1

8h15. On sort de l'hôtel et Alain donne le top départ.


On s'élance tranquillement devant l'hôtel et je me positionne en tête pendant au moins 50m... Après je décide d'être plus raisonnable et je laisse filer devant en me mettant à mon allure.


Alain a un peu modifié le début du parcours pour nous faire passer dans le centre de Mhamid. On profite donc de quelques hectomètres de goudron avant de se lancer sut les pistes caillouteuses.


Avant d'aller directement sur PC1 on a un passage obligatoire sur PI02 (point intermédiaire).

Cette section n'est pas trop technique. Un peu de piste caillouteuse, un passage en bordure de dunettes, un peu sablonneux mais tout à fait praticable, puis une longue zone plate caillouteuse avec un azimut direct vers PI2.

Petite pause avec un berbère posté sur une dunette


Sur cette section j'essaie de courir doucement tant que je suis frais. Je vais rapidement faire un constat difficile... Si ma côte fêlée me permet de trottiner tout doux, courir avec le sac est rapidement difficile puis impossible. Ce n'est pas la pression du sac sur la côte qui me gêne, mais l'impact du sac à chaque foulée.

Arrivée à PI02 je me pose 5mn. Bien sur pas question de stopper ici... Ca fait mal mais c'est encore supportable. Je me résigne donc à tenter lde faire la suite plutôt en marchant pour voir si cela sera moins douloureux.

Je pars de PI02 par la piste et voyant que celle ci part vers la gauche dans le sable, je décide de faire un grand tout droit à l'azimut. Je traverse une petite zone de dunettes sur quelques centaines de mètres et je me retrouve dans une immense plaine caillouteuse, plate à perte de vue. Un coup de GPS et je fixe un acacia au loin sur la ligne d'horizon. C'est parti pour une ligne droite non stop. On va aussi avoir droit à un terrible vent de face pendant toute la traversée. Non seulement il ne faiblira pas mais il ne changera même pas d'orientation... Pleine face pendant des heures...


Arrivé à l'acacia, je prend un nouveau repère avec un autre arbre et c'est reparti. Même terrain de jeu, même vent, même type de progression... Ce sera comme cela jusqu'au CP1


CP1.

Arrivée à 11h35. Durée 3h20 pour une prévision de 4h00

Pause 20mn pour une prévision de 30mn

Arrivé là je suis pointé environ 30ème… Rien d'anormal, je ne suis pas parti vite et j'ai pas mal marché alors que beaucoup d'autres ont du courir. De toutes façons le classement à ce niveau là de la course n'est pas réellement important. Je ne vais même plus m'en occuper en passant sur les CP suivants.

Le temps de se reposer 5mn de refaire le plein d'eau et de grignoter une barre de céréale, et c'est reparti.

Départ de CP1 à 11h55

De CP1 à CP2

Je quitte CP1 par la piste et là encore, je profite du jour pour zapper le PI et pointer directement sur PC2. Je tape droit dans le désert mais ça passe correctement. Le vent est toujours présent et rend la progression un peu pénible, mais bon je me dis que même si j'avais pu courir, j'y aurais laissé trop de jus. Alors autant prendre les choses du bon côté.



Par contre le fait de marcher , même si il m'a soulagé continue de me lacer au niveau du dos à chaque pas. C'est supportable, mais qu'est-ce que c'est chi...


CP2

Arrivée à 15h25. Durée 3h30 pour une prévision de 4h15

Pause 25mn pour une prévision de 60mn
Ravitaillement classique où je récupère mon premier "drop bag". J'avais prévu une petite omelette au jambon (lyophilisé).
J'ouvre le sachet, met la bonne quantité d'eau chaude, ferme le sachet, attend 4mn, ouvre le sachet pour déguster et... Ah zut c'est encore tout liquide !!!
Pas grave, je referme le sachet attends 3mn de plus rouvre le sachet et... re-zut, c'est encore liquide. Je regarde le mode d'emploi... ouvrir le sachet (OK) mettre 20cl d'eau (OK) fermer le sachet (OK) attendre 4mn (OK) et ... faire cuire dans une poêle... Quel con... J'ai bien reconstitué mon omelette, mais j'ai pas prévu la poêle. Claude (du médical staff) regarde mon paquet et me dit... Vu la composition tu peux le boire comme ça, ça te fera toujours des calories... Et voilà comment j'ai inventé la soupe à l'omelette... Pas top top, mais bon c'était ça ou rien !

Départ de CP2 à 15h50

De CP2 à CP3

Je quitte CP2 avec encore dans l'idée de faire un tout droit. là le PI04 n'est pas dans l'axe et ça peut être intéressant de couper tout droit.


Par contre je me tape toute une zone de cailloux et de traversée d'oueds. Pas glop Pas glop, d'autant qu'à chaque coup de pied dans un caillou ça me lance immédiatement dans le dos...

Je continue comme ça pratiquement jusqu'au coucher du soleil. Là par sécurité je décide de rejoindre la piste que je devine plus bas car il y a deux coureurs dessus. Si la nuit arrive je serai plus tranquille sur la piste.


Je rejoint la piste et me voyant derrière, les deux coureurs (Francisco et ??? désolé je ne me souviens plus trop de qui il s'agissait, peut être William ?) décident de m'attendre. Du coup on repart tous les trois, profitant de la tombée de la nuit pour sortir nos frontales. Avec le GPS on sait qu'on est proche du campement, sauf qu'à 200m on ne voit toujours aucune lumière !

On passe une dune et de l'autre côté... rien. Le GPS indique 75m, mais il y a une autre grande dune devant nous. On passe celle-ci et là... Yes, on est sur le campement... On descend droit devant et on arrive dans un campement digne des 1000 et une nuits... bougies, tentures, tables... le grand grand confort.

CP3

Arrivée à 18h30. Durée 2h40 pour une prévision de 3h45

Pause 25mn pour une prévision de 30mn


Pause normale. Je fait le ménage dans mon sac, me ravitaille, vide le sable, enlève mes lentilles et sors les lunettes pour la nuit... bref rien d'extraordinaire
Départ de CP3 à 18h55

De CP3 à CP4

Sur cette section, comme on attaque la nuit j'avais prévu de rester sur la trace. Sauf que Alain nous a dit qu'on serait dans un oued sablonneux, mais qu'en prenant 100 ou 200m sur le côté on pouvait trouver du dur.


En plus y'a un truc pas clair. La trace GPS indique 2 PI (points intermédiaires) avant CP4 et le road book indique une seul PI ??? On verra bien.

Je pars en m'écartant sur le côté. je trouve effectivement un sol bien stable au milieu d'arbustes étranges. mais ca me permet d'avancer correctement. Cela va durer au moins 4 ou 5 km, puis je vais commencer à trouver des petites dunes qui vont progressivement se transformer en vraies dunes. Là sur cette section je vais un peu galèrer. Je ne sais plus où est la piste (avec la nuit on ne voit rien) et je dois donc me fier juste à mon GPS. Je vais enchaîner dunes, dunes et dunes en ramant dans le sable, allant pendant plusieurs km jusqu'à enlever mes chaussures pour progresser plus facilement. cette section me semble infinie.

J'ai un peu zappé le premier PI et je m'oriente sur le CP. je rejoint enfin la piste, enfile mes chaussures et termine ma progression tranquillement. 300m, 200m, 100m... Vous être arrivé !!! mais pas de CP. C'est un peu ce que je redoutais, ce n'est pas le CP mais le second point intermédiaire. Allez hop, c'est reparti pour 5km de piste. Là même avec du sable je reste sur la piste tellement ça me parait facile par rapport à la galère des dunes passées sur le tronçon précédent...
Finalement j'arrive à CP4 mais avec un petit coup au moral.

CP4

Arrivée à 23h10. Durée 4h15 pour une prévision de 4h30

Pause 45mn pour une prévision de 60mn

Après ma déconvenue de l'omelette, ce CP où j'ai mon second ravito arrive à point. La plâtrée de pâtes lyo se réhydrate normalement cette fois ci et je prend tranquillement le temps de tout manger.

Le temps de refaire les niveaux, renouveler la boisson énergétique, les barres et les gels, de regonfler un peu le moral avec un bon thé chaud, et me voilà reparti dans la nuit pour une section estimée plus roulante que la précédente.

Départ de CP4 à 23h55

De CP4 à CP5

C'est parti pour une longue traversée du lac salé Iriki. C'est plat, super roulant, et ça me change bien par rapport à la section précédente. J'ai un gros regret c'est de ne pas pouvoir courir. La piste est clairement lisible, donc peu de risques de se perdre, et le sol permettrait une petite foulée économique, sauf que je suis obligé de marcher. Pas grave je vais prendre un rythme rapide. Ca me lance toujours mais j'ai besoin d'allonger la foulée et d'augmenter le rythme. Je vais passer ainsi 2 concurrents. Un qui marche et que je dépose rapidement, et un qui alterne marche et course que je vais rattraper sur ses sections de marche.


Vers 1h30 (donc en pleine nuit) je vois une lumière… Perdu en plein milieu du lac salé, c'est une auberge… Je m'arrête un moment, et en profite pour commander une thé. Franchement, on est au milieu de nulle part, au fin fond du désert, on est en pleine nuit et on trouve une "auberge" (version locale) où il est possible de boire un thé ou de manger une omelette (authentique)…

J'en profite également pour soigner mes pieds. C'est un petit soucis qui vient s'ajouter à mon dos. Depuis le début je suis parti avec des chaussures de trail. Parfaites pour courir, bien pour alterner marche et course, mais totalement inadaptées pour ne faire que de la marche. Du coup ça me génère des douleurs assez forte sous les pieds. Pas des ampoules, juste des douleurs profondes. Il faudra gérer ça en plus du reste.

Après un stop d'un bon quart d'heure, me voilà reparti? Je reprend mon rythme, suivant allègrement les indications de mon GPS et pointant les 2 PI. Pas de bétise la nuit, je reste sur la trace officielle.

Arrivée finalement à CP5. Une section pas trop mal menée

CP5

Arrivée à 04h00. Durée 4h05 (arrêt 15mn compris) pour une prévision de 5h00

Pause 25mn pour une prévision de 30mn

Arrêt rapide ici. Il fait nuit, il fait froid, je n'ai pas déposé de drop bag donc je me contente du ravito de mon sac et je refais le plein d'eau.

Départ de CP5 à 04h25

De CP5 à CP6

Cette section est annonce difficile car c'est une zone de pierriers et la piste est également empierrée. Normalement en sortant du CP on doit trouver la piste, sauf que de nuit, je ne vais jamais la voir (tout comme la plupart des concurrents) et du coup je n'ai pas d'autres choix que de suivre mon GPS. Hors ici, Alain ne nous a fourni aucun point intermédiaire, et il faut donc aller tout droit…


La zone va très vite s'avérer être impraticable. Cela va être pendant des kilomètres rien d'autre qu'un grand champ de pierres, mais tellement dense qu'il n'y a aucun endroit où poser les pieds sur un sol stable. Les 2 heures qui vont suivre jusqu'au lever du jour seront un calvaire… De plus à chaque fois que je tape dans un cailloux ça me lance terriblement dans le dos, limite de devenir insupportable.

Pour arranger le tout après un début plat, on entre dans une zone faite d'oueds et de petits canyons, nécessitant parfois des manipulations risquées pour descendre dedans. La nuit ne permet pas encore de contourner ces zones.

Je vais faire toute ma fin de nuit tout seul, perdu dans cette caillasse, à grogner contre Alain… Quelle idée de nous envoyer là dedans.

Avec le lever du jour le moral remonte un peu… Mais juste un peu. Je découvre les cailloux à perte de vue, continuant d'enchaîner vallons et oueds.


Vers 7h30 je vois un autre participant au loin. C'est Paolo, un coureur italien. Je le rejoint et on essaie de progresser ensemble sur des single track, des sortes de mini pistes à peine visible qui une fois sur deux s'arrêtent brusquement au milieu des cailloux… A un moment on arrive en vue d'un grand vallon. Paolo propose de contourner la zone par le sud pour éviter une descente et une montée. Perso je préfère continuer tout droit…le D+ n'est pas très important et ca semble passer. On se sépare là chacun suivant son propre choix d'itinéraire.

Je descend le premier vallon, remonte en face (toujours dans la caillasse…), traverse un plateau et me retrouve devant un second canyon… Je redescend, remonte en face, retraverse un plateau et me trouve devant un troisième canyon… En regardant au loin j'en devine au moins deux autres… C'est décidé! J'arrête de m'entêter, et je fais comme Paolo… je contourne par le sud.

Je descend dans le canyon, puis je suis l'oueds jusqu'à la sortie. Là je trouve une belle piste, et je vois Paolo au loin devant moi. C'est lui qui avait raison…


Je prend la piste et décide de ne plus la quitte d'autant qu'il n'y a pas de pierres sur celle là… La piste se met à grimper assez fort pour remonter sur un dernier plateau, et une fois en haut j'ai la surprise de me retrouver devant un mur… La flèche de mon GPS m'indique que c'est droit devant sauf que la piste part à droite et à gauche. Tant pis, d'où je suis je vois une piste au loin qui part dans la bonne direction, et que je vais essayer de rejoindre. Je me fait une descente bien raide assez épique (mais de jour c'est quand même plus facile) sauf que je continue de me ruiner le dos. Une fois en bas je dois même stopper et prendre un anti douleur. Le premier (et le seul) que je prendrai sur toute la course.

Je me remet en marche, rattrape la piste vue du haut du plateau et me laisse tranquillement porter jusqu'au CP. Cette fois je suis sur le bon chemin.

CP6

Arrivée à 08h55. Durée 4h30 pour une prévision de 5h00

Pause 45mn pour une prévision de 120mn

Cette fois j'ai besoin de me poser un peu. Je retrouve Paolo à qui je confirme qu'il a fait le bon choix, retrouve Gérard Seguy qui a du stopper à cause de soucis d'adducteurs, puis me ravitaille. Le jour étant levé le moral revient mais la douleur est désormais trop présente au niveau du dos. Je me repose 5mn, termine mon ravito froid (le marocain de service ne voulait pas s'embêter à nous faire chauffer de l'eau !!!) refait le plein de mon sac avec le contenu de mon drop bag, puis je décide de repartir.

Départ de CP6 à 09h40

De CP6 à CP7

Le départ se fait par une piste. En fait quand je dis le départ c'est une bonne partie de cette section. Je suis sur une large piste pour 4x4, sans grand intérêt, mais entre les dunes de CP4 et les cailloux de CP6 je n'ai pas envie à ce moment là de prendre le risque de m'égarer. Donc je reste sur la piste qui semble ne pas finir. Après une dizaines de km, je trouve la zone signalée par Alain et qu'il a balisé pour éviter qu'on se perde… je quitte la grande piste pour une plus petite. Pour arranger le tout ça fait un moment que je sens des signes d'endormissement. J'avais prévu à l'origine de me reposer à CP6, mais j'étais tellement énervé que ça n'aurais servi à rien. Là vu comment ça tourne je pense que je me reposerai au CP7. Sinon, si ça devient trop fort, je me ferai un micro sommeil de 10mn sur le bord de la piste. C'est souvent le moyen le plus efficace.



J'attaque une piste un peu plus sablonneuse quand je suis rejoint par le 4x4 de Patrick, le cameraman de l'épreuve qui en profite pour faire quelques plans de moi. Je grogne encore contre les cailloux du CP6, puis je reprend ma marche. Devant moi il y a une grande zone de dunes. De jour je ne me pose pas de questions et je décide d'entrée de jeu de contourner. Je me donne 500m vers le sur avant de reprendre ma progression au GPS, et ca se passe pas trop mal.

Ce qui est moins bon c'est le dos. Désormais j'ai mal à chaque pas, plus les soucis des pieds… c'est la galère qui commence.

Après avoir contourné les dunes je me retrouve sur un immense plateau tout plat. Là je prend un point de visée, éteint mon GPS et passe en mode marche forcée… mais ça ne va pas le faire longtemps. Les douleurs m'obligent à faire de multiples arrêts. Des arrêts courts mais qui me cassent complètement le rythme. Je surveille pour voir si il n'y a pas dans le périmètre un 4x4 du staff médical, mais je suis tout seul…, seul de chez seul.


Je vais continuer comme ça de point de visée en point de visée… c'est plat, droit, un peu caillouteux mais très praticable, et avec des arbres de ci de là qui me font des coins d'ombre pour mes pauses

Tant bien que mal j'arrive finalement à CP7

CP7

Arrivée à 15h20. Durée 5h40 pour une prévision de 5h15

Le temps intermédiaire confirme ma forte baisse de régime.


L'état global est assez mauvais et comme je suis tout seul sur le CP je décide de m'allonger et de dormir une petite heure. La température est assez douce a cette heure là. Je m'allonge et m'endors aussitôt.

Une heure après le réveil sonne. J'essaie de me lever et là c'est la cata. Toutes les douleurs se sont données rendez-vous. J'essaie de me détendre en marchant un peu mais le dos ne tient plus. Je retourne m'allonger pour voir si ça passe un peu. Je vais rester comme ça au moins 1h15 de plus jusqu'à l'arrivée de Jean (ce qui veut dire que je n'avais personne derrière à moins de 2 heures. Je prend la feuille de passage pour noter l'heure d'arrivée de Jean et je fais le compte. A ce moment là je suis 14ème de la course. Ca veut dire qu'en ne faisant pratiquement que marcher, et malgré mes galères, entre CP1 et CP7 j'ai remonté 16 coureurs en 120km… Ca fait du bien au moral… mais pas au corps.

Je vais essayer pas mal de trucs pour voir si la machine peut repartir, mais je dois me rendre à l'évidence que le dos ne tiendra pas les 180km qui me reste à parcourir. 20, 40 peut-être 60km… essayer de pousser à 200 mais à quel prix? Le risque d'une blessure plus grave. Cela signifierai de ne marcher qu'aux anti douleurs jusqu'à l'arrivée…

Trop difficile à gérer. Je me recouche encore un peu, jusqu'au moment où un 4x4 arrive. Pas de chance ce n'est pas celui des toubibs. Tant pis, c'est à ce moment là que je prend la décision d'arrêter là.

C'est fini j'arrête là… STOP !


Je fais part de ma décision à Alain en essayant de ne pas trop montrer ma déception. Je n'aime pas trop les personnes qui s'apitoient sur leur sort, alors pas question de faire pareil.

Avec Alain on va progressivement remonter toute la course jusqu'à CP12, récupérant au passage Demitrio qui a du arrêter un peu plus loin pour des soucis musculaires.

J'ai un peu de mal à profiter de cette virée. Mon dos me lance à chaque choc du 4x4, j'ai froid, je suis fatigué, bref la tension de la course retombant je suis en train de m'écrouler.

Après une épique virée en 4x4 dans les dunes pour aller désensabler un autre véhicule (j'ai cru qu'on ne sortirais jamais de ce labyrinthe), on arrive enfin à CP12. Là je m'installe dans la tente, m'enroule dans une couverture dans un position qui me fait le moins mal au dos, et je m'endors aussitôt.

Au lever du jour j'ouvre un œil. Il est 7h du matin, André est en train de faire un ravitaillement express. Il est second de la course à ce moment là, et au moment où il repart du CP, Dominique et Patrice arrivent ensemble.


Dom est 3ème … Jolie perf, et encore il souffre d'une cheville (entorse). Pas de chance, ni Patrice ni lui n'ont leurs drop bag ici. Le sac de ravitaillement s'est perdu en route. Je fouille dans le mien et leur donne deux de mes plats lyo qui ne me serviront plus. Si ça peut les aider à tenir… j'aurais au moins servi à ça !

Ravito rapide et ils repartent.

Dans la matinée Alain passe nous récupérer pour nous faire avancer sur la course. Le reste de la journée va être passé à accompagné les concurrents. Mon dos me fait un peu moins souffrir mais pas question de faire de folies. Par contre les soubresauts du 4x4 ne font pas grand chose pour me soulager !!!

En fin de journée retour à Mhamid. Où on va préparer l'arrivée du premier, Thierry, en plein centre du village.


Ca va permettre de créer un peu d'animation. On pousse un peu Alain pour faire une vraie arrivée… Il n'étais pas forcément pour au début mais on arrive à le convaincre que c'est important pour les coureurs. Donc pose de banderoles + présence de public donne un petit air de fête à l'événement.

Finalement on fait à Thierry une arrivée animée…

 


Retour à l'hôtel, pour partager une bonne bière fraîche, puis ce sera une bonne douche chaude, un repas normal (pas lyo), et une grosse nuit récupératrice.


Le lendemain matin réveil de bonne heure. Patrick (le cameraman) à encore une place dans son 4x4, et du coup je vais passer les deux jours suivant en compagnie de Gérard et Dominique Charton (pas le même Dominique que celui de tout à l'heure) à aller accompagner les coureurs sur les pistes et prendre quelques photos.


Au passage, les photos sont disponibles sur le lien suivant
Accès gallerie photo Picasa

De toutes façons je ne me voyais pas rester 2 jours à ne rien faire à l'hôtel, alors cet accompagnement était une façon de rester un peu dans la course.

Dans la nuit Dominique et Patrice sont arrivés et Alain ne nous a pas réveillé. Dommage j'aurais bien aimé être là.

Pareil pour l'arrivée de Fred qui se classe 5ème derrière André, sauf que celui-ci à coupé et n'est pas passé au point obligatoire (du coup il a coupé de plusieurs km) Dommage qu'il ne l'ai pas dit lors de la remise du classement…il faut savoir assumer ce genre de choses. Fred, t'inquiète pas, pour nous c'est toi le 4ème !


C'est donc parti pour des accompagnements de coureurs au fil de la progression des uns et des autres. Je crois qu'on va pourvoir trouver presque tous les concurrents encore en piste (sauf les deux Bernard qui se sont perdus).


Un petit stop au CP13 va non seulement me permettre de retrouver Olivier (qui a arrêté pour des problèmes de pieds) mais aussi Françoise qui arrivera là un peu après nous.


Sa déception de voir d'Olivier arrêté lui vaudra une réaction qui pourra passer pour un peu sèche, mais c'est vrai aussi qu'après plus de 48h d'efforts, il devient difficile de maîtriser ses émotions.


Autre moment important… le premier essais "live" de la Gestinette. Alain va tenter en Janvier 2010 une traversée du Ténéré en autonomie totale en tirant une remorque spécialement conçue pour ce type d'effort. Il a aussi en tête de faire une Trans555 de cette façon. Mais pour le moment c'est un premier essai en vrai dans le sable…

On assiste à l'assemblage de la bête, puis au premier test en version "roues"…

… avant de tester la version "skis"… Là ça va vite devenir pire que le bagne…

Bilan à mi-course…Gérard rapporte les roues,

et c'est reparti… Bon voyage Alain !


Le reste du jeudi et du vendredi va donc se partager entre les pistes et les rencontres avec les coureurs…

 

 


Vendredi soir, soirée de gala avec publication des résultats officiels et remise des trophées un peu gâchée par l'annonce de la disparition de tout le matériel qui était dans les drop bag des coureurs…(gaps !), puis après une petite nuit, on embarque dans le bus à destination de Marrakech…

12 heures de routes afin de pouvoir attraper notre avion dimanche matin.
Dernier regroupement à l'aéroport, on en profite pour signer la banderole de la course et l'offrir à Thierry pour marquer sa victoire. Je suis certain que sa femme trouvera ça très élégant sur le mur du salon ;-)))


Côté Bilan

Un gros point négatif… je n'ai pas pu aller au bout. Pas besoin de revenir dessus, mais ça reste quand même un peu en travers.

Côté positif… je me suis quand même fait une virée de 140km de désert, la gestion de course semblait plutôt bonne (vu la remontée dans le classement), le mode de ravito était globalement correct (même si j'apporterai quelques modifications légères), et côté matériel, je n'ai eu aucun soucis…

Donc si c'était à refaire, je repartirai de la même façon… sauf pour la côte fêlée que j'essayerai de laisser à la maison.

Côté ambiance… difficile de comparer avec d'autres courses. L'état d'esprit véhiculé par Alain et la difficulté partagée de ce type d'épreuve rapproche énormément les gens, et ça créée des liens très particuliers… on est pas sur une compétition, on est en famille, et pas seulement les coureurs, de la logistique au staff médical, tout le monde en fait partie. Et ça fait toute la différence !

Alors à quand la prochaine ?

Michel

8 commentaires

Commentaire de nono_la_robote07 posté le 16-12-2009 à 10:45:00

Et m....e. Une CO qui laisse des traces à 8 jours d'un départ si bien préparé, c'est la pouasse. Merci pour le récit et les belles photos de désert. Bon rétablissement.

Commentaire de Fimbur posté le 16-12-2009 à 12:33:00

Bravo pour ta gestion de course, ton récit.
Vraiment dommage ta blessure.

Bonne récup
Fimbur

Commentaire de xavier' posté le 17-12-2009 à 08:53:00

.... Tu te souviens du thé à 02h00 du mat au milieu du lac iriki avant de nous deposer ?
Tes photos sont magnifiques et ton récit très précis.
Bonne recup. xavier'

Commentaire de chacal posté le 17-12-2009 à 09:06:00


Bravo Michel, et merci pour ce grand coup de nostalgie.

Et dis toi que le desert est sans doute le meilleur endroit pour y laisser un demon . Il s'y conservera patiemment en attendant ton retour.

Yvon

Commentaire de Le Bagnard posté le 17-12-2009 à 20:09:00

Grand merci Michel pour ce CR qui m'a bien fait rêver !!!!
Je serai intéressé par ton matériel embarqué ?

Bon rétablissement à bientot

Commentaire de ouster posté le 18-12-2009 à 06:17:00

remets-toi bien et a très bientôt sur nos chemins franciliens j'espère

Andrew

Commentaire de LtBlueb posté le 21-12-2009 à 23:36:00

un environnement que je ne connais pas , je suis admiratif , on sens que tu le maitrises, et que sans cette blessure tu serais allé au bout ... soigne toi bien, le désert et les cailloux attendront ton retour.. merci pour le récit !

Commentaire de comfort posté le 01-01-2010 à 16:51:00

Bonjour
Je vous félicite et je reste à votre disposition pour un prochain voyage au Maroc
Bonne année 2010
Hicham GMIRA
Gérant
COMFORT PLUS MAROC
Tel : 00 212 6 61 18 10 64
Email : comfortvoyages@yahoo.fr
Web : http://comfortplusmaroc.blog4ever.com



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