L'auteur : Le Dahut
La course : Le Tour des Glaciers de la Vanoise
Date : 5/7/2009
Lieu : Pralognan La Vanoise (Savoie)
Affichage : 2364 vues
Distance : 72km
Objectif : Pas d'objectif
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Parce que les CR, c'est quand on veut, même un mois après la course :
Je commence par le résumé comme ça, s’il y en a que les récits fleuves sans photo (désolé, sincèrement) saoule, vous pourrez passer directos aux commentaires :
Pas mal de premières pour moi sur cette course ainsi qu'une belle deuxième fois. Une belle et dure expérience riche d'enseignements dont je compte bien profiter l'an prochain.
Assez sûr de ma préparation et de ma forme, j'avais ciblé 10h00 comme objectif optimal. 10h00, c'est le temps qu'il m'aura fallu pour arriver en haut du dernier col…. Dans un état tel que 2 heures auront été nécessaire pour faire les 14 kms de descente qui suivaient. Pourtant… (là normalement, ça donne envie de lire la suite, non ?)
Pourtant, j'avais 1/2 heure d'avance au premier ravito après ce que je croyais être une des deux plus grosses difficultés du parcours. Première montée faite avec Fred dans la roue, plutôt à l'aise (normal, Fred dans la roue :-P ).
Dans mon esprit, il ne restait alors qu'un marathon à tomber en 5h30 avant d'arriver au 50ème. Sauf que la Vanoise, ce n'est pas le parc de la Tête d'Or. Et que même Fourvière peut aller se rhabiller. La moindre montée, avalée pourtant prudemment en restant sagement dans la «foulée» des traileurs de devant, me laissait essoufflé, quadris en feu. Pourtant, sur tout le premier tiers, j'étais capable de relancer sur le "plat" et les descentes pour avancer en solo ou pour accrocher les rares coureurs qui me dépassaient. Jusqu'à l'apparition des premières crampes (quadri, loges externes) dès que le % devenait un peu trop dur.
L'avance sur le chrono prise au début s'est envolée. En regardant le roadbook, j'avais encore l’espoir que cela pourrait se rattraper sur les parties avec davantage de D-. Tout de même, les premiers signes d'essoufflement se font sentir avant de rejoindre le 3eme ravito, celui de Plan Sec. J'y fais alors une grosse pause, mangeant, buvant et regardant les coureurs arriver. Puis repartir… Pas bon ça, de rester trop longtemps au ravito. Ca donne envie de commander une fondue et d’attendre le bus. On est à mi-course, je me sens fini physiquement et moralement. 6h de fait au chrono (seulement ou déjà c'est selon...). Je bascule sur l'objectif de repli : finir ! Et là, la galère commence vraiment : je pars de ce ravito, seul, après avoir demandé mon chemin. J'aurais pas dû : on me l'a montré ! Et il était long, long, long… sur les versants de l’autre coté des lacs. C'est comme ça qu’aux abords du col de Barbier, je me suis retrouvé le cul dans l'herbe, à mater les lac de plan d'Aval et plan d'Amont en attendant que quelqu'un passe, et me paraisse suivable. Tout seul je n’avais plus envie. Y avait pas foule, je suis reparti en solo un bon 1/4 d'heure plus tard. De nombreux coups d'œil en arrière pour espérer le retour de quelqu'un. Personne. Tiens, une source ! 100 mètres en arrière, tant pis je fais demi tour pour me rafraichir. Faire ½ tour sur une course ! Je devais être dans un sale état. J'y paresse quelques minutes avant de voir passer un petit groupe accompagnant une féminine. Bon, j'accroche mon wagon à cette loco et en avant. Cerveau débranché, les pas mécaniquement posés dans ceux de celui qui me précède. Tout ça m'emmène tant mal que bien au ravito de l'Orgère. Pas possible de repartir avec celle qui était alors la 3ème féminine, elle ne s'est pratiquement pas arrêtée avant d’enquiller la grimpée vers Lorgère. Dommage !
Je le sens mal. D'autant que le ravito est bien sympa : on me propose à boire, à manger.
"Et une petite soupe ça vous dit ?"
Un peu que ça me dit ! J'aurais pas craché sur une deuxième fondue à vrai dire… Ah non, la première je n’ai fait que la rêver.
Avant de décoller, je profite du grand luxe des toilettes du refuge en luttant pour ne pas m'y endormir. Bon, c'est pas le tout mais va falloir y retourner. C'est alors que Maï74 débarque au ravito (4eme féminine s'il vous plait).
Après avoir souvent envisagé en plaisantant une fin de TGV avec elle depuis le bout de course fait ensemble au Pic St Michel, la concrétisation de cette éventualité me refout un coup de fouet. Mais ça ne va pas être simple : elle a encore bien la pêche. Sauf qu’elle est blessée, et du coup, m’accrocher me semble être à la portée de mon état.
On y retourne, la tête dans les godasses en ce qui me concerne pour ne pas voir ce qui nous attend. On aborde cette difficulté majeure dans un petit groupe de 5 ou 6, je me souviens notamment d'un gars avec un alti qui donnait de temps en temps des indications mi-encourageantes, mi-désespérantes. Genre « on a déjà fait 12m 50 de D+, reste plus que 887m 50 puis c’est la descente ! » Après un début de montée difficile, c'est Maï qui donne le rythme et je serre les dents pour ne pas la laisser partir. Elle me dit de ne pas hésiter à passer mais non non je n'en ferai rien si si je t'en prie toussa toussa... je finis par lui avouer que c’est un peu plus tard que j’ai prévu de placer mon accélération :-/, et on regrimpe en se suivant, plutôt silencieux, la tête baissée. On croise un bouquetin un poil dédaigneux, puis un autre carrément moqueur, pas mal de randonneurs que je m’efforce de saluer tous, ça fait passer le temps...
Petit plateau (non, on n'est pas en vélo, c'est juste qu'il y a un replat au milieu de la montée) avant d'attaquer la partie finale du col, tout là haut, au loin. Un type nous dit : plus qu'1h30, ou 30 min je ne sais plus. Mais beaucoup trop en tout cas. On a failli l'insulter ! On aurait dû, il avait raison !!! De façon un peu irréelle, le col se rapproche alors que vraiment, je pense qu'on y arrivera jamais (on doit marcher à 2 à l'heure). Un névé, une corde et nous y voilà. Pfiou !
Maï me sidère en demandant aux bénévoles sur place si c'est bien un gypaëte qui les a survolé il y a 5 min… ils confirment. Moi, j'ai rien vu d'autres que ses chaussures durant toute la montée.
Cela fait 10h que l'on est parti, et 4 que le paysage ne me fait plus rêver. Un peu l’impression de gâcher… Du coup, le ciel en profite pour méchamment se couvrir. Pas grave, y a plus qu'à descendre. Une petite pensée pour tous ceux qui sont derrière et qui ont encore ce morceau à se farcir.
Début de descente dans la souffrance pour Maï : sa douleur à l'aine se réveille dans le pierrier, au point qu'elle songe sérieusement à l'abandon au refuge de Peclet. Je ne veux pas trop influencer sa décision mais lui garantis de l'attendre si elle repart. Elle repart donc. Bon, je là suis… A mesure que le chemin devient roulant, elle galope de mieux en mieux. Et moi, cuit comme je suis, j'ai toute les peines du monde à ne pas me faire lâcher. Très frustrant de ne pas pouvoir allumer dans cette descente bien roulante. Mais dès que je lâche les freins, les pieds font n'imp, je ne contrôle plus rien, je ne suis plus lucide et je frôle la sortie de route. La pluie s'en mêle, on finit en mode pilote auto. On ne parle guère plus qu'on ne réfléchit. C'est un pied devant l'autre pendant 10 kil. Elle retrouve son public au parking 5 bornes avant l'arrivée. Je profite des encouragements. Ca nous redonne du jus, et on « gagne » quelques dérisoires places (cf 9'50'' sur la vidéo). On se pose la question d’aller chercher un chrono (- de 12h00, tout est relatif) mais 3’20’’ au kil pour traverser le camping et rallier l’arrivée, non, ca va pas être possible.
Ca sent quand même bien l'arrivée, cette fois, l'émotion est là. Difficile à contenir, signe d'un réel épuisement. Après un passage de la ligne assez touchant je dois dire (je partage généreusement les acclamations dûes à ma 80-et-quelques-ième place avec Maï, 4ème féminine je le rappelle), il m'a bien fallu 1/2 heure pour me refaire une santé, précaire.
Pour conclure, c'est de loin la course la plus difficile à laquelle j'ai participée. J'en ai déjà plus bavé, notamment sur mes premiers marathons, mais je n'étais pas au niveau et j'avais fait n'imp. Là, j'étais prêt, j'ai géré assez tôt le problèmes de crampes de sorte qu'il ne soit pas critique mais la durée de l’exercice a eu raison de mon envie de pousser plus loin. Aurais-je fini si j'avais forcé davantage?
- 1ere fois en haute montagne. Ca donne envie de revenir
- 1ere fois à 2800m. Ca se mérite
- 1ere fois + de 9h30 d'effort. Malgré tout, je pensais cela plus long
- 1ere fois que c'est le mental qui lâche. J'ai pas aimé
- 2eme arrivée avec Maï. Ca par contre, c'était sympa
- Egalement 2ème 1/2h que je mets à Fred, mais là c'est plus un exploit de sa part de n'avoir pas pris plus cher qu'une contre perf. Ca aussi, j'ai bien aimé (être devant certes, mais aussi le voir arriver seulement 30 min après)
Encore une anecdote : à 3 ou 4 kilos de l'arrivée, je têtouille une dernière fois mon camel et me dis que je peux le vider pour finir léger : j'aspire, je pince en tirant le tuyau vers le bas pour siphonner , et… ben alors, ca coule pas ? je recommence, plusieurs fois : marche pô. Bon tant pis, je continue, suis plus à ça près. A l'arrivée : le camel était complètement vide, tout ratatiné au fond du sac ! Manqué de rien, mais ce fut juste, juste…
Pour les photos, voir les CR très bien illustrés de Blob et Maï. Idem pour l’avant et l’après course. Merci à eux !.
7 commentaires
Commentaire de frankek posté le 02-08-2009 à 08:46:00
merçi pour ton réçit ! pas façile ce TGV...
Commentaire de BENIBENI posté le 02-08-2009 à 12:55:00
Ah ce dernier col...J'ai cru que j'allais y creuser un igloo et y rester juqu'à qu'un CRS bien balèze me descende sur ses épaules...
Commentaire de philkikou posté le 02-08-2009 à 21:12:00
Une perf. de finir avec cette chute de moral...dans les chaussettes ;-)
rdv en 2010 .... !! avec cette expérience , ca ira mieux l'an prochain
Commentaire de maï74 posté le 03-08-2009 à 21:03:00
Un Dahut doit jamais se retourner pour faire 1/2 tour !!!
Cool ton récit, j'ai bien rigolé !
C'était un plaisir de faire ce bon bout de chemin avec toi, et de franchir une nouvelle fois l'arrivée ensemble... quant aux erreurs, tu ne les referas plus (du moins pas les mêmes !) et au prochain trail tu vas "déchirer" !
A+
Commentaire de mokujin13 posté le 03-05-2010 à 20:05:00
merci du CR,j'y vais cette année et il va me servir pour pas partir à l'aveugle!!!
Commentaire de helmut posté le 03-06-2010 à 21:51:00
Magnifique, je suis inscrit pour le tgv 2010 et je prends bien en compte les renseignements que tu donne . Le trail longue distance, c'est quand même un truc de ouf. Pour moi c' est déjà 3 fois la 6000 d, 3 marathon et 1 templiers. Voila , merci pour ce recit. Olivier DIGNE LES BAINS
Commentaire de Le Dahut posté le 04-06-2010 à 08:23:00
C'est vraiment super sympa de voir remonter des commentaires près d'un an plus tard.
J'y serai de nouveau cette année, après une arthro d'un ménisque en mars, pour préparer l'UTMB...
Amusez vous bien tous, cette course est vraiment chouette !
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