Récit de la course : La Traversée du Vercors 2009, par kailasa

L'auteur : kailasa

La course : La Traversée du Vercors

Date : 21/6/2009

Lieu : Col de Rousset (Isère)

Affichage : 951 vues

Distance : 33.5km

Objectif : Pas d'objectif

3 commentaires

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Le récit

La traversée du Vercors, c’est un trail un peu atypique (sans balisage et en autonomie complète) qui relie le col de Rousset à Corrençon à travers la réserve naturelle des hauts plateaux en suivant les GR93 et 91 (33,5 km annoncés, 35 au GPS et environ 900 mètres de dénivelé positif).

Outre la beauté des paysages (même en habitant le Vercors, on s’émerveille toujours de la poésie des lieux), ce trail trouve tout son charme - et c’est un point de vue très personnel - par son coté un peu  « paumatoire » (suivre le balisage d’un GR tout en courant n’est pas toujours si évident, surtout lorsque le marquage rouge et blanc a tendance à s’effacer…)

 

Par le passé, j’ai participé par deux fois à cette petite promenade : en 2007, grosse erreur de parcours, on avait été une dizaine à errer dans la « pampa » pendant près d’une heure… et une 27ème place en plus de 4 heures… En 2008, motivé et le couteau entre les dents, victoire en 3h11. Revanche !

 

Pour cette édition 2009, l’état d’esprit du bonhomme est plutôt du genre « j’ai bien envie de courir, oui mais bon, je ne sais pas trop, mais quand même, j’hésite, et en plus il va faire froid, et il faut se lever tôt. » Bref. Quelques encouragements et quelques bons mots « coups de pied aux fesses » (un grand MERCI aux « donneurs ») et me voilà en ce dimanche 21 juin, à une heure du départ, au col de Rousset prêt à me geler (il doit faire 5 ou 6 degrés) et à affronter les hauts plateaux, le vent et le brouillard.

Nouveauté du jour quand même, et fort sympathique, c’est que je ne suis pas tout seul à me demander ce que je fais là : c’est le premier déplacement « compet’ » du tout nouveau club de course à pied vertaco « CAP Vercors ». Et on est donc plusieurs à s’automotiver pour prendre le départ. Et cette émulation fera prendre le départ même aux plus réticent(e)s.

 

8h30 : on est une soixantaine au départ à nous élancer dans une brume glaciale. D’emblée, c’est deux kilomètres de montée pour environ 250 mètres de dénivelé.

Je pars tranquille, papote avec mon voisin de départ pendant une cinquantaine de mètres, je me mets doucement à mon rythme et… plus personne pour discuter, personne ne suit… Ok… Personne ne veut jouer ? Dommage… J’accélère quand même un peu et monte à un train assez soutenu sans toutefois me mettre « sur le toit ». Au sommet de ce petit col, je me retourne, mon premier poursuivant émerge du brouillard. Il est loin, très loin, deux bonnes minutes je pense. Discours prétentieux à ce moment du récit mais c’est pourtant la stricte vérité : je ne verrai plus personne jusqu’à l’arrivée.

Sur la partie vallonnée qui suit, je continue toutefois à aller vite, je cours en mode « limite inférieure de la zone rouge » ; je relâcherai un peu au bout de 45 minutes.

 

Le soleil perce, je prends le temps de lever la tête et de me délecter de la beauté des paysages de ces hauts plateaux. C’est beau, c’est bon…

Je passe l’endroit où je m’étais trompé il y a deux ans (aucun mérite, cette année, des bénévoles ont été placés à cet endroit stratégique. Bonne idée ! De plus, on a organisé la semaine précédente une reconnaissance « club » du début du parcours, se perdre ici aurait été impardonnable.)

Malgré tout, je trouve le moyen de me faire une première petite frayeur un peu plus loin, en quittant le GR ; une grosse minute de perdue…

 

Première heure de course, un peu plus de 12 kilomètres parcourus pour 400/450m de dénivelés consommés. Je sors la calculette : 3*12= euh…36… En continuant sur ce rythme, et si le parcours fait bien 33,5 km, passer sous la barre des 3 heures est très jouable…

Grande cabane – La Chau – Jasse du Play : le parcours est vallonné, technique, rocailleux, les traversées de lapiaz pas évidentes. Des relances. Et plus que tout, il faut toujours rester attentif au balisage. Pendant dix longues longues longues minutes, deuxième petite frayeur, je ne vois plus de traits blancs et rouges caractéristiques des GR. Je me fie aux cairns, mais bon, des cairns, j’ai l’impression qu’il y en a partout. Petit moment d’affolement, hésitations à faire demi-tour, sérénité en berne et délivrance en voyant les fameuses marques sur un arbre.

 

Après la Jasse du Play, petit passage au radar : le chemin serpente au milieu de grandes herbes, et on ne voit pas où on met les pieds. Et comme dame nature est parfois malicieuse, des roches affleurent parfois sous ce sentier aveugle. Même pas tombé, mais pas loin (3ème petite frayeur).

 

Et re-vallonné, re-lapiaz, re-sentiers rocailleux… Usant, usant, usant…

 

Puis c’est LA descente, le canyon des Erges, technique et un peu casse gu… . Là encore, c’est une partie effectuée au radar, mais pour d’autres raisons : c’est mon petit coup de lassitude traditionnel des 20/25 kilomètres. Les jambes commencent à faire mal, elles répondent moins bien, la « compétitive attitude » se disloque. Passage en mode « je gère jusqu’à ce que ça aille mieux » impératif…

2 heures de course et 23 kilomètres parcourus… Mouai… Suivant le kilométrage « organisateurs », il reste à peine un peu plus de 10 kilomètres. Connaissant la fin du parcours, il reste selon moi 12/13 kilomètres. Les moins de 3 heures restent jouables, mais il ne va pas falloir musarder.

Fin de la descente, on enchaine sur un long faux plat descendant, interminable de 2/3 kilomètres : j’allonge la foulée, du moins, j’essaye. Puis, c’est l’arrivée dans la prairie de Darbounouse, où je me retrouve à nouveau avec un bon vent de face. Pffff… Ca n’avance pas ! CA N’AVANCE PAS !!!! Motivation en berne.

D’autant plus que je sais que la partie la plus intéressante du parcours est maintenant derrière moi. Le final, c’est d’abord une longue longue longue montée irrégulière, dans la caillasse (pénible, très pénible, je me force à courir, mais bof…), puis suit un interminable faux plat descendant pas passionnant du tout à ce moment là du parcours (il y a ici mésentente entre mon cerveau, qui aimerait aller vite, et mes jambes qui sont très moyennement d’accord avec ce désir de vitesse) ; on termine enfin par un dernier kilomètre et demi, sur route, en descente (je donne -presque- tout ce que j’ai mais j’ai plus grand chose à donner). 2h59 à environ 1 kilomètre de l’arrivée… Damned ! Pour les 3 heures, c’est cuit !

 

A l’arrivée, je suis accueilli par un speaker sympa et enthousiaste, une caméra qui me filme sur les derniers hectomètres (waou, que j’adooooooooooore ça ! Grrrrr), des photographes (enfin, 2 photographes…), et une foule en délire (au moins 5/6 personnes m’acclament, photographes et caméraman non compris quand même).

3h03mn19s : manquait pas grand-chose quand même…

 

Le bilan de tout « ça ».

Of course, content du résultat (un doublé, ça fait toujours plaisir) même si le niveau n’était pas très relevé. Satisfait également de ma gestion de course, une bonne première heure avec juste ce qu’il faut de niaque, puis une gestion convenable de la suite.

Cette Traversée du Vercors a été aussi l’occasion de découvrir l’esprit club en course à pied : expérience concluante, très sympa et sportivement revitalisante.

Super content aussi du joli doublé (1 et 2) réalisé chez les filles par deux de mes « collègues » d’entrainement et de club, néophytes en trail. Impressionnantes !!!

Et enfin, toujours autant de bonheur à parcourir ces magnifiques paysages…

      

3 commentaires

Commentaire de LtBlueb posté le 25-06-2009 à 23:09:00

chapeau pour ta perf et merci pour le récit : peu de podiums osent venir raccompter leurs courses , c'est dommage !

Commentaire de the dude posté le 26-06-2009 à 10:31:00

Wahou, 2 victoires de suite, ça c'est la classe!!!
En + celle-ci a eu l'air vraiment facile, d'ailleurs peut-être te manquait-il un adversaire a ta taille pour te pousser a faire exploser le chrono?
Et puis le bon cote, c'est que ça te laisse un bel objectif pour l'an prochain (en + du triplé bien sur).
Merci aussi pour ton récit détaillé et bien écrit.

Commentaire de filipe68 posté le 26-06-2009 à 14:13:00

Bravo pour la perf et pour ce récit joliment écrit, tres agréable à lire, où un soupcon d'humour plane à chaque ligne...;)

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