Récit de la course : Trail des Aiguilles Rouges 2008, par tatamix1972

L'auteur : tatamix1972

La course : Trail des Aiguilles Rouges

Date : 28/9/2008

Lieu : Les Houches (Haute-Savoie)

Affichage : 1188 vues

Distance : 58km

Objectif : Objectif majeur

8 commentaires

Partager :

Le récit

Alors que je n'avais, au début de ma saison, pas prévu de faire ce trail des Aiguilles Rouges, il est devenu au fil du temps et surtout après ma relative performance à Valdigne (au-delà du moins de ce que j'espérais pour une première aussi longue distance) l'objectif principal (au niveau performance, j'entends) de ma première saison. En deux mots, je me déplaçais (pas trop quand même : 5 km) sur le trail des Aiguilles Rouges pour gagner, pour tous les écraser, les laminer... Et oui, on est un vainqueur... un "winner" (ça fait plus branché) ou on ne l'est pas !

Bon, certes, je ne l'ai pas annoncé trop tôt afin de ne pas effrayer mes concurrents, sportivité oblige !!! Ben oui, je suis quand même dans mon jardin d'entrainement et, en toute logique, je ne peux pas être battu mais je sais rester modeste dans tous les cas. Battu ! Ah, non, non ! Je ne vois pas comment !

Enfin, pour être sûr à 100 %, je mets quand même une stratégie géniale, et le mot est faible, au point. Oui, géniale parce que c'est moi qui l'ai mis au point... il est bête, lui, de poser de telles questions !

Ma stratégie ? Oui, géniale, on peut le dire... Ah ! En quoi elle consiste ? Il croit que je vais lui dire ça comme ça, gratoche... Bon, allez ! Je pars à fond, j'accélère ensuite pour finir en trombe. Hein, génial ! Oui, oui, je sais...

Le jour J de la course arrive donc... un peu trop tôt. Ouais, tu m'étonnes, 3 heures 40 le levé, c'est pas humain, ça ! Enfin ! Ce n'est pas cela qui va changer la donne, je vais gagner. Catherine, tu es prête ?

Ben oui, vous l'avez compris, je ne suis pas tout seul dans l'affaire. Ma compagne court, le copain de notre fille court, la copine de ma compagne court... si nous arrivons à partir à l'heure de l'appartement. Et ça, ce n'est pas gagné, je peux vous le dire ! De fait, alors que j'avais anticipé le réveil général des troupes et tout le reste, nous réussissons l'exploit de quitter le domicile seulement 15 minutes avant le départ de la course (oui, nous aurions pu partir 15 minutes après le départ) et arrivons dans le parc de départ de la course... les derniers. Les derniers, donc avec pas loin de 700 personnes devant... Merci, mon amour ...

Que cela ne tienne... un winner reste un winner ! Donc, objectif de début de course, doubler tous les concurrents avant la montée à Pormenaz et son chemin très étroit. 3... 2... 1... départ ! Avec François (le gendre), nous sommes donc partis comme des balles pour essayer de doubler un maximum de concurrents. Mais, allez savoir pourquoi, il y a toujours, dans ces cas là, des gros cons (je sais, ce n'est pas poli mais c'est bien le terme adéquat) qui refusent obstinément de se laisser doubler, notamment en mettant leurs bâtons en travers. D'ailleurs, deux ou trois doivent sans doute servir d'humus en contre bas du chemin.

Le fait est que nous arrivons à Montvauthier, François dans les 30 et moi 77ème mais je me suis déjà mis dans le rouge en doublant. Pas bon du tout comme début pour gagner mais le coup de moins bien est sérieux et je commence la montée vers Pormenaz dans la douleur. La machine ne veut plus avancer au point d'envisager l'abandon (ben oui, je ne peux pas gagner alors j'abandonne... c'est bien comme ça que fonctionne un champion). Eh, les gars, j'abandonne et je suis un champion alors vous n'avez pas le droit de me doubler, ok !

Vous n'allez pas me croire mais il n'y a plus aucun respect pour les champions, même quand ils vomissent au bord du chemin... Quelle honte ! Pas plus quand ils posent une petite crotte, d'ailleurs... Il n'y a plus de valeurs ! Résultat : 141ème à Anterne et... tiens ! François est là dans un état pas beaucoup plus vaillant que le mien. Donc je décide, afin de lui porter secours, de ne plus abandonner et nous finirons, même si ce doit être sur les genoux... C'est beau, l'esprit de famille !

Alors nous repartons (il faudrait quand même pas que les femmes nous ratrappent !) à la guerre. Et pour la guerre, rien de mieux qu'un camouflage... aussi je décide de m'étaler de tout mon long dans la boue (ou bouse ???). L'opération camouflage est parfaite, du moins tant que nous sommes sur des sentiers boueux ; par contre, elle est un peu odorante ! On ne peut pas tout avoir !

Allez savoir pourquoi, un peu comme Rambo dans la jungle vietnamienne, c'est à partir de là que je me ressens bien... Je vais tous les nicker !!! Et voila que je me remets à doubler (sauf un petit bout de femme, avec malheureusement un coté triste à l'histoire, c'est qu'elle coupe les virages et bousille un milieu naturel aussi fragile qu'il est beau... après les gros cons, voila la petite conne qui n'a rien compris à l'esprit du trail, tout ça pour un résultat !!!) tout en encourageant mes victimes... Je suis un guerrier, un winner... mais j'ai quand même du savoir vivre.

Ah oui, j'oubliais, ma première victime a été François qui a coulé sa bielle juste après le pont d'Arlevé... Paix à son âme ! Il n'allait quand même pas me la faire, le jeunôt !!!

Je vous passe toute la partie entre le col du Brévent et le lac Blanc puisque, à part ma fantastique remontée au classement, je ne vois pas quoi rajouter d'autre d'intéressant. Vous vous imaginez quand même l'exploit : 124ème à la brèche du Brévent, 100ème à Planpraz... Quoi ? Le paysage !!! Mais on en a rien à foutre du paysage. 93ème à... T'as pas fini un peu de me couper avec des futilités quand je parle de choses importantes... 93ème à l'Index... Bon ! Si tu continues à me faire chier avec "ta montagne qu'est belle", moi, je vais te la bétonner et la goudronner, "ta montagne qu'est belle". Non mais !

C'est fou, ces gens ! J'en suis sûr maintenant que si je n'ai pas gagné, c'est à cause de personnes comme ça qui me détournent de mon objectif...

Bon, je continue... 85ème à la Flégère... Vous me rajoutiez 100 kilomètres et, mathématiquement, je finissais premier. Donc la conclusion de ma démonstration est que, l'année prochaine, je gagne l'UTMB. Si, si, c'est mathématique et puis, surtout, le départ est à 18h30 alors il faudrait vraiment qu'elle le fasse exprès, ma douce et tendre , pour que nous soyons à la bourre !

Epilogue... Hein ! Quoi ? J'ai perdu deux places dans la descente  sur Chamonix !?! Ah ouais ? T'en es sûr ? 87ème en 9 h 57' 29"... c'est vrai ?

J'avais pas vu... sans doute des qu'y ont encore coupé les virages. Et puis moi, j'ai quand même fait 58 kilomètres au lieu de 54 et puis 4000 mètres de dénivelé au lieu des 3600 annoncés... et puis je ne suis même pas sûr qu'il n'y avait pas plus d'ailleurs. Si, si...

Alors là, je n'entends plus personne la ramener, hein ! Quoi ?  S'il te plait, attends-moi derrière le podium... oui, oui, en petites coupures... hein ! quoi ! mais c'est du vol... heu, oui... en petites coupures. Je disais quoi, moi ?

Oui, tout à fait, c'est intolérable les barrières horaires trop dures pour les derniers... Et puis le fait qu'ils démontent tout avant l'arrivée des derniers... ah, oui, oui, aussi... Et puis l'autre crétin avec son micro qui gueule que les suivants allait être hors délai, aussi... tout à fait, il n'a pas dû la faire la fin de parcours, avec ce putain de chemin des gardes, lui... Oh oui ! Et puis celui couvert de boue (bouse ???) qui ne veut pas descendre de la première marche du podium alors qu'il est arrivé 87ème... heu... oui...

Oui, je descends... et puis je devrais aller me laver... heu... mais j'attends ma compagne, le compagnon de la fille de ma compagne, la copine de ma compagne... et je ne sais pas où ils sont...

Non ! Ce n'est pas vrai, je ne pleure pas mais je pourrais faire un appel micro ? Merci madame...

 

Je vais tous vous nicker à l'UTMB...

8 commentaires

Commentaire de benoitb posté le 19-11-2008 à 16:52:00

Merci pour ce récit, j'ai passé un bon moment en le lisant. A quand le prochain CR ? Je suis déjà fan !

Commentaire de L'Castor Junior posté le 20-11-2008 à 16:02:00

Comment il se la pête, l'autre !
Tout ça parce qu'il ma battu de quelques dizaines de minutes au Gran Trail Valdigne (et il se dit déçu), alors que je l'avais laminé au GR73 (comment ça t'étais blessé ?).
Et là, il m'a battu comment ? En profitant de mon absence.
Pas très sportif tout ça.

Bon, en tout cas, pour un bouseux parti trop vite de trop loin, tu ne t'en es pas si mal sorti ;-))
A la revoyure !

Commentaire de JLW posté le 20-11-2008 à 22:01:00

T'es tout simplement trop fort et je pense que c'est injuste que le monde entier ne le reconnaisse pas encore, mais je suis sur que cela va arriver, que ton niveau sera reconnu par tous et c'est un honneur pour moi de l'avoir deviné avant les autres !


En un mot Bravo et j'espère humblement pouvoir croiser ta route, ou plutôt chemin, un jour.

Commentaire de lulu posté le 20-11-2008 à 23:19:00

Bravo champion !
Allez le bouseux..tu vas tous les niquer !!!

Commentaire de Jihem posté le 20-11-2008 à 23:51:00

C'est ton excellent commentaire sur le blog de yayoun qui m'ammène ici où je découvre ...
Un winner !!!
Bon ben bravo Winner

Commentaire de DJ Gombert posté le 22-11-2008 à 14:42:00

Tomber sur ce récit par hasard, j'aime bien le style alerte, avec le je ne sais quoi de distinction des bouseux de la Yaute.

A garder dans les récits, qu'il fait bon lire, au retour des sorties d'hiver avec un thè bien chaud, voire un vin aussi chaud.

Commentaire de Jeanlu posté le 08-12-2008 à 16:36:00

trop bon. merci

Commentaire de philkikou posté le 28-09-2009 à 17:39:00

Top délire le c.r, même 1 an après ...

Au plaisir de te relire ;-)

Il faut être connecté pour pouvoir poster un message.

Accueil - Haut de page - Version grand écran