L'auteur : Jeanlu
La course : Trail des Aiguilles Rouges
Date : 28/9/2008
Lieu : Les Houches (Haute-Savoie)
Affichage : 1423 vues
Distance : 54km
Objectif : Pas d'objectif
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Bonjour à tous,
Je suis tout nouveau sur ce forum et dans la pratique du trail. Je veux vous faire partager mon ressentit suite aux TAR qui fut vraiment grandiose.
Cela fait quelques mois que je lis vos différents posts et cela m’a donné le courage de me lancer sur cette distance et ce dénivelé.
Avant ce jour je n’avais couru que le « trail des 2 lacs » à la Plagne (23km), je partais donc avec beaucoup d’appréhension mais une énorme envie.
J’ai retiré mon dossard le samedi, vers 17H30. La bise qui souffle à ce moment là me fait hésiter sur l’équipement que je dois prendre le lendemain matin : manche longue ou courte, Polaire ou coupe vent, Vison ou lapin...Encore tant interrogations qui ne vont pas m’aider à me concentrer avant le grand départ.
Tout énervé, je me suis couché sur les coups de 21h et étonnement me suis endormi dans la foulée. La nuit fut, bien entendu, dés plus courte avec un réveil à 3H30, suivi de court petit-déj : thé, jus d’orange, kiwi, whisky-coca (non, j’déconne) et tartine. Pour la tenue j’opte pour le collant ¾ , le T-shirt manche longue et après avoir mis un orteil dehors, le coupe vent ne serait pas en trop, au moins pour le départ.
J’arrive aux Houches à 4h30, sentant encore le repas faire le grand 8 dans mon gosier. Tout ce monde sur la ligne de départ s’est très impressionnant et à la fois excitant. Est-ce qu’il faut partir avec ces bâtons ou non? Tout le monde les a à la main ; Ou dois-je accrocher mon dossard ? Sur le T-shirt, oui mais une voix au micro dit qu’il doit être bien visible pour les contrôles, logiques et avec le coupe vent on le voit pas, alors j’essaie devant sur le collant à l’endroit même de mes b….. mais c’est super gênant, j’ai l’impression des porter une couche…Est-ce que j’ai pris assez à manger ? 5-4-3-2-1 « c’est le départ de la 2eme édition du TAR » oh punaise, arrêtes tes questions il faut courir maintenant, et c’est parti.
Je me sens assez bien, je les jambes légères, je prends le temps de me retourner au début de la 1er montée en quittant les Houches. Une ribambelle de lucioles bleutée me suit alors j’accélère. Je double des p’tits groupes en courant en montée pour bien me chauffer, je quitte ainsi le coupe vent au bout de 30min. Le convoi s’étire peu à peu et j’arrive à Servoz pour entamer la 1er vrai difficulté, on m’annonce dans les 80, surpris j’espère n’être pas parti trop vite. Ce n’est pas grave je garde mon rythme, seul ce foutu p’tit déj à du mal à passer et j’suis à deux doigts de tout poser sur le bas coté. Je marche rapidement passant de groupe en groupe. J’arrive au col d’Anterne en forme puis au 1er ravitaillement, là je croise un de mes clients partenaires de la course (salut Thierry), surpris de me voir déjà là. Je fais le plein d’eau puis me lance dans la descente où à chaque pas les fameuses tartines commencent à descendre rapidement de la gorge vers une autre extrémité, n’en tenant plu je sors des sentiers battus et part me cacher derrière un bon rocher, au niveau du pont d’Arlevé. L’affaire étant classée je me remet en route le sourire aux lèvres et le cœur léger.
Le soleil se lève et je commence l’ascension du Brévent. Là, les choses se corsent, je commence à avoir vraiment mal aux jambes et une baisse de régime. Je m’accroche à 2 coureurs qui semblent plus expérimentés, ils ne cessent de relancer dans le peu de parties planes, oh que c’est dure. Puis ça caille, c’est tout à l’ombre et j’ai les pouces et les pieds gelés. Une dizaine de personnes me dépasse mais je les garde en ligne de mire et ne me laisse pas décroché. Un des mes 2 lièvres craquent à son tour et ne peut plus suivre la cadence. J’atteins presque le sommet et sent déjà les rayons de soleil chauffaient, çà me fait naturellement accélérer. Je vois le 2eme ravitaillement et par conséquent la moitié du parcours, on m’indique 49, j’hallucine, je suis vraiment heureux d’être déjà arrivé là et à cette place inespérée mais ce n’est pas tout faut pas s’attarder.
Je fais la descente avec deux autres, on trottine bien, on rattrape 2 personnes pour se trouver dessous Planpraz. Maintenant la chaleur est bien présente et je sue à grosses gouttes. A voir, la montée semble interminable jusqu’à la télécabine mais tout ce passe assez bien, je grimpe en poussant fort sur mes bâtons. Presque arrivée au 3e ravitaillement, plusieurs personnes redescendent épuisées par la dureté de l’histoire. Je rempli ma poche à eau à fond pour ne plus la ressortir jusqu’à la fin et repart vers la prochain objectif, l’Index.
Mes jambes sont vraiment lourdes mais j’arrive encore à courir et à relancer sur les parties plates. J’accompagne certaines personnes puis les dépassent et d’autres à leur tour me rattrapent et me laisse sur place, un p’tit jeu du chat et de la souris qui m’amuse assez ce qui me permet de ne pas sentir les kms jusqu’au 4e ravitaillement. Là je suis heureux de voir un ami d’Argentière m’encourager et m’accompagner sur quelques mètres (merci Raph). Je prend juste de quoi manger et m’alimente tout en marchant.
A ce moment là, je suis très fatigué, je n’arrête pas de penser à l’arrivée et à des choses positives, pour me sentir bien au moins dans la tête, à mon ange qui je pense sera fier de moi. C’est aussi un des instants ou je prends le temps de tourner la tête pour admirer ce qui m’entoure, quel chance j’ai, c’est tout simplement magnifique.
Depuis un moment je suis tout seul, personne devant et quelques fois j’entrevois quelqu’un derrière mais à bonne distance.
La Flégére arrive assez vite, Raph est encore là et me pousse par ces encouragements, je ne m’arrête pas au ravitaillement si ce n’est pour demander combien de temps jusqu’à l’arrivée, la grosse erreur, on me dit ¾ d’heure tout en descente. Impeccable, je regarde ma montre et c’est reparti. Et ouais c’est reparti pour une descente puis une montée, puis une montée, puis une montée, et je vois plus le bout. Déjà les fameux ¾ d’heures passé et Cham parait toujours aussi long en contrebas. En plus je viens de taper le gros orteil sur un caillou et j’ai cru qu’il allait exploser, à chaque pas il vient s’écraser sur l’avant de la chaussure et je sens que mon ongle va se réduire en miettes. Je vois un concurrent devant, malgré la douleur j’accélère pour le rattraper il va m’aider à finir. J’aperçois enfin la sortie de la foret et le bitume apparaitre, j’ai jamais été aussi content de voir le goudron, j’y suis presque, c’est l’arrivée. Je relance une dernière fois, mon cœur bat à 100 à l’heure, je vois l’arche blanche du finish, mes jambes pédales toutes seules dans la dernière ligne droite, c’est bon c’est fait j’suis arrivée au bout.
J’suis trop heureux et bluffé, on m’indique 38e en 9h11.
Cela fait 2 jours que la course est passée et j’en ai encore plein la tête. J’ai vraiment adoré toutes les sensations que j’ai pu ressentir, le dépassement de mes limites, la résistance à la douleur et à l’effort que je ne connaissais pas. Alors que doivent être la puissance des impressions perçues lors d’une course encore plus intense ? Je comprends pourquoi tant de monde se mette à pratiquer ce sport. Enfin pour ma part je suis conquis, même si je n’arrive plus à marcher tellement j’ai mal aux cuisses. Ce trail était le 1er d’un longue lignée j’espère…
7 commentaires
Commentaire de frankek posté le 30-09-2008 à 19:46:00
bravo pour ta perf sur un trail aussi difficile et magnifique avec ce cadre...
Commentaire de millénium posté le 30-09-2008 à 20:16:00
Je te dis un double BRAVO.....D'abord pour ta perf (et j'en sais quelques chose ! On a dû "terminer" ensembles , mais moi en arrêtant sous planpraz.....!!). Ensuite pour ce récit bien sympa.
chapeau bas
Commentaire de intuitiv posté le 30-09-2008 à 21:15:00
ca fait rever, tout simplement.
euh , un detail le refuge d'Anterne n'est pas au col d'Anterne. c'est pas grave en soi , mais bon
c'est assez fort ce que tu as fait, pas de question , fort dans ta tete, encore bravo
Commentaire de JLW posté le 30-09-2008 à 21:26:00
Bravo, pour un premier trail de ce niveau de difficultés, quelle perf qui en appelle d'autres !
Merci pour ce beau témoignage et bienvenu sur Kikourou.
Commentaire de L'Castor Junior posté le 01-10-2008 à 08:54:00
Bienvenue sur Kikouroù, merci pour ce récit et félicitations pour cette superbe performance.
Ca confirme ce que je pressens parfois : les courses où l'on se rend sans objectif, uniquement pour le plaisir, sont souvent celles qui offrent les meilleures performances au final.
Commentaire de the dude posté le 01-10-2008 à 11:13:00
Eh ben dis donc pour une premiere, on peut dire que tu t'en sort pas trop mal:-)
Excellente perf, qu'est ce que ca va etre quand tu auras glane un peu d'experience?!
Commentaire de gazelle81 posté le 03-10-2008 à 19:49:00
moi aussi je suis "bluffé" et j'applaudis ta perf !!! ;)
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