Récit de la course : Marathon des Burons 2008, par Mad Mike

L'auteur : Mad Mike

La course : Marathon des Burons

Date : 22/6/2008

Lieu : Nasbinals (Lozère)

Affichage : 2810 vues

Distance : 44km

Objectif : Pas d'objectif

5 commentaires

Partager :

Le récit

Samedi 7 heures : départ direction Nasbinals pour le marathon des burons avec l’ami Samz toujours partant pour les grandes courses. C’est ma première course en tant que Kikoureur, mais je suis encore en anonyme n’ayant pas reçu ma casquette et mon tee-shirt faute de les avoir commandés à temps. Arrivée à 13 heures, pas grand monde sur la place. Nous récupérons les dossards et faisons un tour au stand Adidas le temps d’une photo avec deux charmantes coureuses pas  totalement inconnues ( !! ).

Un rapide pique-nique sur la place de la mairie et c’est parti pour l’après midi touristique complet : une petite Leffe sur la place du foirail à Laguiole, une photo souvenir devant le taureau, visite et dégustation dans une fromagerie et pour finir visite de la forge et du magasin de couteaux. Ensuite direction Brun pour prendre possession de notre gite et là, surprise, c’est un château du XIVe avec un escalier en pierre style donjon pour accéder à nos chambres dans la tour.  Nous sommes les seuls locataires du gite prévu pour 12 personnes. Une nuit dans un château rien que pour nous : la grande classe !

Retour à Nasbinals en passant par l’hôtel restaurant de Michel Bras (3 * au Michelin) situé sur un sommet dominant un paysage somptueux. Malheureusement le premier menu à 108 € dépasse un peu nos moyens (surtout qu’on s’est déjà offert un château !) et nous nous rabattons sur l’une des spécialités typiques de l’Aubrac au bar du foirail de Nasbinals la saucisse-frittes-Kronembourg avec en prime l’animation musicale d’un chanteur occitan, fête de la musique oblige.

Il est temps de regagner notre gite pour la nuit. Avant nous passons par la station de ski de Brameloup où doit se situer le premier (et seul) ravitaillement. Ça n’a pas l’air bien impressionnant, mais le lendemain nous démontrera le contraire.

Nuit très calme au château, lever à 4h30, petit déjeuner dans l’immense salle à manger devant la cheminée et c’est parti pour la ligne de départ. Il fait un temps superbe. Un petit coup de la musique d’Era pour rappeler les Templiers et c’est le départ à 7 heures du matin. Une traversée du village puis une longue montée peu raide pour arriver sur le plateau. Le troupeau des coureurs s’étire, le parcours est très agréable alternant des montées courtes et de longues traversées dans l’herbe souple.

Après 50 minutes de course, c’est une longue descente sur le village d’Aubrac. Jusque là, tout baigne. Une longue traversée de forêt avec des montées et descentes qui se succèdent à un rythme d’enfer et c’est la remontée sur le plateau par un chemin (une draille comme on dit dans l’Aubrac) bordé de genêts en fleur.

Après 1h30 de course, les difficultés arrivent avec l’entrée dans la forêt domaniale d’Aubrac. D’abord la boue, bien profonde et onctueuse qui engloutit la chaussure jusqu’à la cheville et rend la foulée très très lourde. On se croirait presque à Grand Brassac 2007, notre premier trail qui nous avait permis de connaître Benos en personne avec lequel nous avions passé la nuit (en tout bien tout honneur !) sous une table de la salle des fêtes.

Heureusement, les organisateurs ont pensé à entrecouper les passages en boue de traversées de ruisseaux tapissés de pierres rondes bien glissantes. Quatre, cinq traversée de ruisseaux, j’ai perdu le compte depuis longtemps, il faut se concentrer sur ses pieds qui font floc floc pour ne pas se prendre de gamelles dans les branches comme le font certains de mes voisins. Et ça monte, et ça descend sans arrêt.

9heures 30 toujours dans la forêt, les jambes se font bien lourdes, impossible de savoir où on en est du parcours.

Soudain la sortie de la forêt et un mur en herbe ; c’est LA piste de ski annoncée avant le ravitaillement.

10 heures, enfin le ravitaillement. Une charmante jeune fille me remplit ma poche à eau. Il n’y a pas de ravitaillement solide, mais une autre jeune fille (également charmante) m’interpelle. « Energie » dit-elle en montrant une caisse de tubes de gel rouges, « crampes » en désignant les tubes bleus. Le choix est difficile, mais les crampes ne me tentent pas et comme Néo dans Matrix, je choisis le tube rouge que j’avale avant de repartir.

Naïvement, je pensais que c’en était fini de la piste de ski. Et bien pas du tout, juste après le ravitaillement une montée d’au moins 100m de dénivelée en deux lacets pleins de boue amène à un deuxième mur-piste de ski interminable. Et ce n’est qu’une malheureuse piste bleue qui se descend tout schuss en 2 minutes l’hiver ! Autour de moi, plus personne ne parle et nous sommes tous en file indienne à marcher les mains sur les cuisses la langue pendante et les yeux rivés sur la crête haut, très haut. L’Aubrac, un plateau ! Encore une invention d’office du tourisme pour attirer les naïfs !

10h30 arrivée en haut du Suc de Born point culminant de la course à 1382m. Un petit arrêt pour récupérer. Je commence à avoir très mal au ventre, sans doute trop « d’énergie ».

Une petite traversée plate pour se remettre en jambes et le tracé pique droit dans la pente, en sous-bois. 500 m de descente très raide qui explosent les quadriceps, mais la descente c’est mon truc et le moral est revenu. En bas, large ruisseau à la traversée bien glissante et un photographe qui recueille sans doute les plus beaux clichés de gamelle dans l’eau puis un chemin forestier en montée très beau mais interminable. Le tonus me manque pour recourir et je passe en mode randonnée. Autour de moi, tout le monde en fait autant. A côté de moi, un concurrent ayant consulté le tracé annonce « il n’y a plus qu’un kilomètre de montée et les difficultés sont finies ». 20 mn plus tard, le chemin monte toujours. Sans doute trop honteux de ses fausses prévisions, mon voisin s’est laissé distancer.

 11 heures 30 : enfin, on sort de la fraicheur de la forêt pour arriver sur le plateau, Le soleil commence à cogner très fort sur la tête. On voit sur la gauche le village d’Aubrac passé au départ. Cette fois ça sent le retour. Pour fêter l’événement, encore un petit gel et une gorgée d’eau tiède au goût de plastique. J’ai une pensée émue pour les copains du club qui organisaient ce week-end le pic-nique de fin de saison. Je les imagine allongés dans l’herbe à l’ombre au bord d’une rivière un troisième verre d’apéro en main. Je chasse ces pensées trop déprimantes et recommence à courir. J’ai l’impression de me trainer à une allure d’escargot, mais je dépasse pas mal de concurrents bien plus entamés.

Une portion de route en descente puis un bon chemin empierré permettent d’accélérer l’allure. Le parcours descend dans les prairies fleuries entre burons et troupeaux de vaches. C’est trop facile, ça cache quelque chose. Effectivement après nous avoir tous endormis avec une portion roulante, les organisateurs ont caché un lac de boue dans lequel je m’enfonce à mi-mollets en manquant d’y laisser ma chaussure. En plus cette boue-là est agréablement parfumée au lisier. Comme d’habitude, il y a heureusement encore une traversée de ruisseau à gué pour se décrotter un peu avant d’attaquer la dernière difficulté à 5 km de l’arrivée, une bosse d’au moins 100 m de haut qui achève bien les jambes.

On aperçoit enfin les toits de Nasbinals et c’est la descente finale et l’arrivée sur la place encouragés par une haie de spectateurs. 5 heures 30 de course, c’est vraiment mon plus long marathon ! Les huit premiers de l’ultra, partis à 4 heures du matin sont déjà arrivés.

En attendant Samz, j’ai le temps de voir Michel Bras himself qui participait à la course et ne doit pas faire que cuisiner toute la journée car il finit quatrième V3 en 5h54.

Samz arrive enfin, un peu entamé, mais toujours heureux de terminer.

Direction la cantine pour le repas traditionnel offert à base d’aligot et saucisse puis retour à la maison après un week-end de rêve, des images plein la tête. Heureusement, nous avons déjà commencé à penser à la prochaine grande aventure : la Saintélyon.

5 commentaires

Commentaire de philtraverses posté le 24-06-2008 à 20:59:00

beau récit qui sent le plaisir de courir . Belles photos. Merci

Commentaire de blob posté le 24-06-2008 à 21:53:00

Hello, je me souviens de t'avoir vu accueillir ton pote à l'arrivée, en fait, je me souviens plutôt de ta casquette ;-)
Bravo pour ta course

Commentaire de Eric Kikour Roux posté le 25-06-2008 à 09:46:00

Mais dis moi, Michel Bras, en tenue, on dirait un coureur comme toi et moi?
Félicitations, jolies photos, à bientôt!

Commentaire de philorange posté le 25-06-2008 à 11:31:00

bravo pour ton superbe récit, ça me rappelle l'an dernier!!!

Commentaire de Gibus posté le 25-06-2008 à 21:27:00

Bravo pour ton chrono, ce fut comme tu le dis, un super week end.

Il faut être connecté pour pouvoir poster un message.

Accueil - Haut de page - Version grand écran