Personnellement, et au risque de commettre un crime de lèse-majesté, je n'ai pas énormément apprécié cette course.
C'était ma première 6000D, et cela faisait très longtemps que j'en rêvais. Certainement à force d'en lire des récits dithyrambiques. Peut-être en attendais-je trop ?
Toujours est-il que c'était pour cette année. Tout était organisé en conséquence. la date n'étant pas des plus pratiques, les vacances en familles étaient prévues dans les environs.
Tout s'annonçait pour le mieux. le temps était clément depuis une 15aine et m'avais permis de m'habituer un peu à l'altitude et aux ascensions rapides. Il faut dire qu'en venant du Nord, l'exercice n'est pas des plus habituels et l'entraînement fatalement pas très adapté.
Après quelques séances de grimpettes solo, je deviens finalement assez confiant en ma capacité à y parvenir. Je me fixe une progression de 600 à 700m de dénivelé par heure et table sur 5h pour parvenir la haut et 3h pour en redescendre.
Le programme n'est pas très ambitieux, mais c'est une découverte et je cible en 1er lieux l'arrivée.
C'est la veille, la pression monte, c'est quasiment certain maintenant : la météo sera de la partie. Ouf !
En route pour la pasta-party. Très bonne surprise de ce coté. L'organisation est parfaite et les plateaux très copieux. Grand coup de chapeau aux organisateurs pour cela. L'ambiance est très cool, bercée par un petit groupe de musicos forts sympathiques.
Tout le monde se parle, raconte ses expériences diverses ... c'est certain il s'agit bien d'un vrai trail avec l'esprit qui va avec.
Au lit ! J'ai choisi la formule dortoir collectif proposé par l'organisation à Macot. Un peu difficile de s'y endormir au beau milieu des 60 autres coureurs, mais à nouveau un coup de chapeau aux organisateurs pour cette initiative qui facilite grandement la vie et rapproche les coureurs.
8h : C'est parti.
Grosse surprise après les 3 km de plat. La pente s'annonce très (pour qq'un du plat pays) violente pour démarrer. Le descriptif du parcours annonce un peu plus de 1400m en moins de 8 km. Mes cuisses n'ont aucun mal à le croire. Je commence d'emblée par m'appuyer lourdement dessus. Ca promet.
Cette première partie se déroule dans la forêt. Bien qu'assez raide, cette partie ombragée est finalement plaisante.
Bonne surprise, j'arrive à Aime 2000 après 1h50.
Deuxième partie de l'ascension. C'est celle-ci qui m'a réellement déçu. Il s'agit de passer par 3 des sites de La Plagne et de grimper à la roche de Mio par le domaine skiable.
Si les sites de La Plagne ne peuvent se targuer d'êtres des merveilles architecturales (J'ai entendu dans le peloton des mots bien plus verts : abominable, dégeu, affreux ...), je peux comprendre que l'on aille à la rencontre d'un peu de public et d'animation. Par contre, la grimpette à la roche s'avère être un long zig-zag entre les chantiers d'extension d'un domaine skiable dont on veut toujours tirer davantage. Lac artificiels pour remplir les merveilleux canons à neige, pelleteuses et tuyaux en tout genre forment le décor de cette partie. Absolument hideux.
Heureusement, la roche de Mio est un col qui me permet d'oublier, après 3h30 d'effort, ces injures faites à la nature. Quelques km de descentes pour se remettre en jambe et il s'agit de s'attaquer au glacier.
Pour moi, c'est l'enfer très rapidement. Je me prends, ce qui ne m'était jamais arrivé, à songer à l'abandon. Allez, je regarde autour de moi. Personne ne semble réellement en meilleure forme. Il convient de se soutenir les uns les autres et d'y arriver ensemble.
Nouveau coup au moral. Je parviens au ravitaillement persuadé que c'est est fini. Mais après avoir levé la tête, je m'aperçois qu'il faut encore grimper une 50aine de m de dénivelé. Ca n'en fini jamais.
Il m'aura fallu 4h50 pour arriver la-haut. Je suis à plat, le réservoir me semble vide alors qu'il reste toute cette descente tant attendue. Comment courir ?
J'y parviens finalement assez rapidement. Ca y est, c'est parti pour la grande descente.
Gros ravitaillement au col de la chiauppe, changement de braqué pour amorcer le toboggan qui m'attend et on déroule.
Je ne suis pas bien rapide cependant, mais le moral refait surface.
J'ai beaucoup lu que, dans la 6000D, la descente était plus dure que la montée. Je m'inscris en faux sur ce point. Pour quelqu'un qui ne dispose pas de cotes pour s'entraîner, s'est bien la montée qui fait le plus mal et le dernier col de l'Arpette (qq 500m D+) me le rappellera à nouveau. La descente est un peu douloureuse, mais tellement libératoire.
Dernier ravitaillement à Bellecôte après 6h45. C'est quasiment fini. On m'annonce environ 13km à couvrir. Il me faudra environ 1h05 pour en finir. Cette partie n'aura été que du bonheur. J'étais tellement pressé d'en finir que je lâche tout ce que je peux. Je double à tout-va et rattrape une petite partie des retards accumulés en montée.
7h50 - C'en est enfin fini. Je me suis réellement vidé.
Bizarrement, et pour la 1ère fois, je ne suis pas parvenu à tirer une réelle satisfaction de cette course. Je ne sais pas si je la referai. En tout cas, si c'était le cas, j'en ferai le seul objectif de la 1ère partie d'année et ne la combinerai plus avec un marathon de printemps. Je n'ai certainement pas récupéré suffisamment pour affronter cette course réellement. Je ne l'ai que subi.
Dommage également que je garde en tête cette affreuse 2ième partie de course. Espérons que la nature reprendra le dessus rapidement ...
Un grand bravo néanmoins à l'équipe organisatrice totalement irréprochable.
Yannick
8 commentaires
Commentaire de may posté le 05-08-2007 à 21:00:00
Bonsoir Zybo,
je suis d'accord avec toi:
1/ cette course est loin d'être une très belle course au niveau des paysage, mais par contre, elle est intéressante "techniquement" pour ses 3000D+ enchaînés de ses 3000D-
2/ et entièrement d'accord avec toi concernant les côtes et les descentes: je me suis traînée dans les montées (moi non plus, je ne dispose d'aucune côte pour m'entrainer....) et me suis amusée comme une vraie gamine dans les descentes, même si je suis loin d'être une descendeuse, c'est là que je me suis éclatée et que j'ai doublé beaucoup de monde!
3/ j'aimerai toutefois la courir encore dans les prochaines années, avec cette fois-ci, une prépa spécifique (montées ;o))
4/ et puis j'ai passé un excellent week-end avec mes amis, alors je ne regrette rien!
merci pour ton CR, très juste, et allez, on t'y reverra l'an prochain!!!
may
Commentaire de JLW posté le 05-08-2007 à 22:08:00
Merci pour ton témoignage zybo et effectivement cette courses ne m'attirait pas trop jusqu'ici car le paysage (en été) est moyen (par contre super en hiver) cependant le récit d'Olycos m'a interpellé et m'a donné envie de la tenter. De plus 3000m de d+ et d- c'est quand même pas mal sans oublier la rencontre avec les kikoureurs comme l'indique justement may.
Commentaire de BENIBENI posté le 05-08-2007 à 23:36:00
tout les avis sont bon à prendre, je partage totalement ton point de vue sur le paysage "martien" avec ces pelleteuse et ces batiment moche qui remplace la forêt, en paysage ce ne sera pas la plus belle course que j'ai fait mais l'esprit était là, on en viens pour en chier et on en chie tous ensemble ! Il y a de forte chance que je la refasse l'année prochaine avec l'équipe de kikoureur "roi de l'apéro" !
Commentaire de zybo posté le 06-08-2007 à 20:40:00
S'il y a l'apéro. Je vais peut-être revoir ma position :-)
Merci de vos commentaires.
Commentaire de Olivier C posté le 08-08-2007 à 12:45:00
Salut yannick !
merci pour ce résumé qui parle "vrai" loin des faux semblants et des messages aux trop nombreux superlatifs...cela permet de relativiser ...
et puis quand on est déçu, pourquoi ne pas le dire...
cela fera peut être avancer les choses (avis aux organisateurs pour le tracé "au milieu des pelleteuses")
je te donne rdv à la rentrée sur les terrils de notre belle région du Nord, histoire de se tirer la bourre !
bonne récup !
Olivier
Commentaire de Say posté le 11-08-2007 à 23:52:00
Chalut Yannick
Un énorme merci pour ton récit franc du collier!!! Je partage ton point de vue à 100% même si je n'étais pas à la Plagne cette année. Ces travaux qui dénaturent de si beaux paysages juste pour qu'on descende à fond sur de la neige l'hiver... On est aussi en partie responsable.
Je crois que les trailers font la 6000D pour l'aspect technique et le chiffre mythique "6000". Je ne saurais que te conseiller le trail des glaciers de la Vanoise l'année prochaine si tu veux des paysages somptueux.
A peluche
Coli
Commentaire de zybo posté le 18-08-2007 à 12:21:00
Salut Coli.
Sympa ton retour. peux-tu m'en dire + sur le trail de la Vanoise ? Est-ce celui sans balisage ?
Si oui : comment ne s'y perd on pas ?
A+
Commentaire de paspeur posté le 25-08-2007 à 17:00:00
j'aime bien ton rècit, surtout la partie paysage. Je vie a 100km de la plagne, je connaisaais déjà. J'ai fait la 6000 d pour les 6000 d.
Si tu cherches du paysage, viens nous rejoindre fin mai au grand raid 73.
http://www.grandraid73.fr.st/
A+
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