Récit de la course : Verdon Canyon Challenge Ultrail - 100 km 2007, par Olivier91

L'auteur : Olivier91

La course : Verdon Canyon Challenge Ultrail - 100 km

Date : 23/6/2007

Lieu : Aiguines (Var)

Affichage : 3603 vues

Distance : 100km

Objectif : Pas d'objectif

13 commentaires

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Ultrail du Verdon, la course sauvage!

Après une édition 2006 marquée par les abandons, dont le mien (voir mon récit 2006), l’ organisateur avait choisi pour 2007 une version allongée de 25 km et de 1500 m de D+ supplémentaires. Les corrections apportées au parcours, outre cet allongement notable permettent de disposer d’un parcours superbe de bout en bout, la seule partie un peu moins jolie étant parcourue dès le départ, de nuit. Parcours superbe, mais semé d’embûches redoutables dont la nature du terrain, extrèmement technique (lappiaz casse-pattes, montées et descentes très raides avec des marches immenses, éboulis à traverser, descentes accrobatiques sur des sentiers enpartie couverts de pierres de toute taille nécessitant vigilence de tous les instants et des corrections de trajectoires et d’appuis particulièrement éprouvant à la longue.

 

Pour les habitués de la Sainte-Victoire, imaginez une descente telle que le vallon de l’Aigle, plus longue, par plus de 30°,  … mais surtout effectuée après 72 km de parcours épuisant ! Ne l’imaginez plus ! ! Elle existe nous, coureurs du Verdon nous l’avons rencontrée. Pour donner une idée de la difficulté de la course, pensez que les premiers (un vainqueur de la Diagonale des Fous et un Top 10 de l’UTMB, tout de même !) ont mis près de 5h pour franchir les 17 derniers km ! ! Mais revenons un peu à la course telle que je l’ai vécue.

 

Bozo le clown fait du trail

 

Après un voyage sans encombres, train plus voiture de location, qui me fait passer de la grisaille pluvieuse au chaud soleil Haut-Provençal, je retrouve le village d’Aiguines quitté l ‘an dernier dans la douleur de l’abandon. Cette année, nom d’un petit bonhomme, il va voir ce qu’il va voir ce satané Verdon ! Je ne ferai pas les mêmes erreurs d’hydratation et je la dompterai cette merveille de la nature ! Démarches habituelles (retrait de dossard, installation au camping, ..) et je finis la soirée à la terrasse d'un restaurant, devant des pâtes aux cèpes, devisant avec Valéry et sa famille. Valéry a le moral au beau fixe, les  indicateurs sont tous au vert ! Et nous y allons de nos objectifs et de nos plans de course (15h pour l’un, 17h pour l’autre). Un peu échaudé par les résultats du Grand Raid du Mercantour de la semaine précédente, je rajoute : « 17h, mais çà pourrait bien aller jusqu’à 20h ! ! ! ». Cà pourrait bien, oui ! ! !

 

Comme d’habitude, je prépare mon sac avant de me coucher, mes habits de lumière bien disposés près de moi pour un lever sans efforts et au plus près du départ. L’endormissement est un peu long à venir, la perspective du gros morceau à venir m’effraie tout de même un peu. Je corrige les indications que j’avais portées sur les cartes du parcours d’après les informations du site internet. Il y aura un peu moins de ravitaillements que prévu. Bref, je finis par m’endormir, tout est prêt pour le lendemain.

 

Enfin, je croyais que tout était prêt ! Parce que le lendemain matin, lors du départ, les choses commencent un peu bizarrement. Déjà l’organisation est en retard au pointage des dossards. Ensuite … ensuite, c’est Bozo le Clown qui fait rigoler les traileurs du Verdon :

Après être parti tranquillement avec Valéry, dans les 20 premiers, mais sur un profil gentiement descendant, il ne se passe pas 1 km que mes ennuis commencent : tout mon paquetage préparé avec amour et concentration se ligue contre moi : mon dossard au dos duquel j’ai glissé mon road book de 15 pages ( !) se roule en boule et sort de la pochette plastique où je l’ai glissé. Le porte de dossard casse, un de mes bâtons tombe de mon sac, mes pochettes glissées à ma ceinture de sac, contenant mes réserves alimentaires se font la malle et pendent lamentablement au bout de l’épingle à nourrice avec laquelle je les avais attachées. Bref, je me retrouve à courir en tenant tout ce que je peux avec les mains, les bras, le menton. J’ai trop chaud, mon coupe-vent est déjà de trop. Val m’attend un peu, mais voyant le rigolo qui l’accompagne, décide que cette course doit être prise au sérieurx et me laisse me débrouiller (et il a bien raison).

 

Bon, trève de plaisanterie, je décide un arrêt pour remettre un peu d’ordre là-dedans. Sur le bas-côté je me fais doubler par de nombreux coureurs et cela ne me réjouis guère … Enfin çà y est je suis prêt à repartir, enfin organisé comme il sied à un coureur qui dépasse les 10 ultras-trails de sa jeune carrière (combien m’en faudra-t-il pour avoir le comportement d’un traileur expérimenté ? ? ?). Finie la rigolade, çà va dépoter … enfin presque, parce qu’un peu plus loin dans la nuit, je suis un coureur à quelques dizaines de mètres et constate avec amusement que sur cette course, ils balisent en peignant des croix par terre. Je fais quelques dizaines de mètres en y pensant quand, mes deux neurones en état de marche ayant enfin trouvé un chemin pour communiquer, je réalise que les croix c’est pour signaler qu’IL NE FAUT PAS PASSER PAR LA ! ! ! Diantre, l’esprit de Bozo ne m’a pas encore quitté ! J’appelle en vain le coureur qui me précède et je remets sur le droit chemin mes quelques collègues de cirque qui m’avaient suivi tels un seul homme. Et je repars, mi-amusé, mi-agacé par mon inconséquence. Un petit trou dans le balisage plus loin et me revoilà en plein jardinage ! Mais je repars de plus belle.

 

Décidémment ce début de course me fait ch..r ! Tiens, d’ailleurs, à ce propos … il faut en plus que je trouve un petit coin accueillant à l’écart : et encore des minutes de perdues. Soit sur une course de cette longueur cela n’est pas très grave, mais tout cela ne fait pas sérieux.

 

La course commence vraiment

 

Bon faisons le point : je suis allégé intestinalement, j’ai la tenue adéquate, mon sac est bien fixé sur mon dos rangé comme il faut, le dossard est passé sur ma cuisse, bien arrimé par 4 épingles, mes réserves de nourritures sont en place, bref, la course peut enfin commencer pour moi, d’autant que je me trouve juste au bord du lac de Ste Croix dont les clapots rythment les quelques kilomètres qui suivent. Une clarté diffuse transforme peu à peu le paysage. Nous avons quitté les larges chemins de ce début de course pour suivre essentiellement une monotrace qui serpente en surplombant le lac. De nombreux passages techniques dans les rochers où on mets parfois les mains pour se tracter ou s’équilibrer ponctuent cette jolie partie de la course. Malheureusement pour moi, je suis englué dans un petit groupe peu à l’aise sur ce terrain. Je trépigne, car c’est le style de progression que j’adore et qui met en exergue mon expérience de montagnard et de grimpeur. Et là je suis obligé de patienter derrière une troupe qui tarde à se décaler pour me laisser passer. Je passe en tête du petit groupe juste au moment où on quitte ce secteur pour arriver à Bauduen, premier ravitaillement. Je suis 39ème. J’ai finalement limité les dégâts en remontant mon petit groupe.

 

Il fait suffisamment jour pour éteindre la frontale. Je veille dès ce moment de la course à mon hydratation, échaudé par l’expérience de l’an dernier. La remontée vers Aiguines se fait dans un paysage de collines, ponctué d’une descente très ludique dans une pinède. Dès les premiers rayons de soleil, l’atmosphère embaume le thym et le romarin. Je suis seul, je suis bien. Je remonte régulièrement quelques coureurs que je laisse sur place, cela déroule : l’esprit de Bozo est resté au bord du lac !

 

Les moments que je vis à cet instant sont ceux qui justifient ma présence sur ces courses. Je suis serein, en accord avec moi-même, le corps est complice de l’esprit, pas de douleurs, je me sens à ma place dans cette nature accueillante. J’aime beaucoup les courses sur route (mon marathon de Sénart du 1er mai m’a laissé un excellent souvenir), mais c’est tout de même en trail, dans ces paysages somptueux (le mois dernier les Bauges après avoir commencé la saison à la Ste Victoire, puis en vallée de Chevreuse, dimanche prochain la Vanoise, avant mon Off du Mont Joly et ses vues à couper le souffle sur le Mont-Blanc, que je retrouverai fin août puis fin septembre en spectateur privilégié de sa splendeur en parcourant les aiguilles Rouges, …. avant de découvrir la Réunion en diagonale !) que la course à pied prend tout son sens pour moi.

 

Ces moments de bonheur vont durer plusieurs heures. J’avale le parcours sans coup férir. Mes tendinites sont un lointain souvenir, j’ai même oublié le clown que j’étais lors de la première heure de course. Deuxième ravitaillement, km 26, 30 ème. J’attaque la montée du Grand Morgès. Un coureur se lance tête baissée dans la pente. Je me dis « Toi, mon p’tit gars, tu vas te griller vite fait. Moi, je monte à ma main et je te rattrape dans un quart d’heure … et c’est ce qui se produit ». Je monte très régulièrement à 750 m/h ... mais un coureur me double et me laisse sur place. A son souffle, je sens que lui, je ne le retrouverai pas. Un second se pointe à mes talons. Serais-je en train de craquer ? Je me reconcentre sur ma montée et constate que tout va bien ... et en fait le petit présomptueux craque au moment où il arrive enfin dans la foulée. Il s’est mis dans le rouge et redisparaît dans la solitude dont il cherchait à s’extraire.

 

Au sommet, le vent souffle fort et je dois tenir ma précieuse casquette UFO à la main de peur de la voir s’envoler dans l’a-pic que je longe. Je continue de doubler du monde au sommet puis dans la descente technique qui suit. Une descente où il est difficile de courir continûment du fait de l’irrégularité du sol, mais à coup de relance, bien aidé par les bâtons qui me permettent de voler au-dessus de la plupart des obstacles, le rythme est rapide. Une fin de secteur beaucoup plus roulante me permet d’arriver au ravitaillement de la petite forêt, km 38. On m’annonce environ 20ème. Je suis heureux et partage cette joie avec les bénévoles aux petits soins. La deuxième féminine que je venais de doubler en fin de descente me rejoint devant les assiettes de chips et de bananes coupées et nous repartons ensemble sur un long chemin au profil très légèrement ondulé. Il fait beau, mais pas trop chaud. Nous devisons ensemble en courant à plus de 10 km/h sans difficulté. Nous croisons le premier de la course, un Réunionnais qui remonte de la boucle au fond des gorges, il a un peu moins de 2 heures d’avance sur nous. Finalement, ma compagne de course cède un peu au milieu de cette portion et je continue seul, et surprenant par rapport à mes habitudes, je continue de courir sans aucun arrêt. Je me sens vraiment bien. Heureusement d’ailleurs, car cela me permet de vraiment profiter de la section suivante très ludique : une descente, que dis-je une plongée ! vers le Verdon, au fond des gorges. Je me souvenais des grandes enjambées nécessaires pour monter les marches, les rochers qui forment la quasi totalité de cette partie. Et bien en descente c’est encore pire ! ! Rigolo certes, mais les muscles morflent salement … oh on ne le sent pas sur le moment, mais plus tard dans la course, les traces apparaissent !

Arrivé au fond des gorges nous serpentons le long du torrent fougueux aux superbes nuances turquoises. Le terrain est très chaotique, il faut parfois escalader, souvent passer sous des surplombs, au bord d’à-pics tombant droit sur le Verdon 20 à 30 mètres plus bas, il faut se tenir à des câbles, des cordes … autant dire que cela n’avance pas très vite, mais c’est superbe. Je commence à rattraper des concurrents du 35 km qui, dans la dernière partie du classement on l’air d’avoir du mal.

 

Soudain il faut remonter droit dans la pente. C’est sec, il faut plusieurs échelles, toujours un peu d’escalade. Certains secteurs terreux et très pentus doivent être franchis avec circonspection. La chaleur commence à monter et le ravitaillement qui s’annonce est le bienvenu. J’ai maintenu ma position autour de la 20ème place. Les écarts semblent se stabiliser dans cette partie médiane de la course.

 

Bientôt je me retrouve sur le chemin plat où je croisai tout à l’heure le premier. Une longue sente en balcon se présente sous mes pas. C’est la première portion que je trouve un peu longue. La fatigue commence insidieusement à apparaître, mais le moral reste au beau fixe, si ce n’est que cette sente m’inspire un peu moins que le reste du parcours. Nous nous faufilons entre les buis et les genêts dans des frottements agressifs, des griffures parfois. La végétation nous empêche de voir où on met les pieds ce qui ralentit considérablement l’allure. Avant l’arrivée au ravitaillement du 55è km, une succession de montées et traversées dans des pierriers en plein soleil signe les débuts de la galère pour moi. Oh, ce ne sont encore que quelques petits signes, mais je me fait rattraper par 2 coureurs, je sens les pulsations cardiaques un peu plus fortes, moins efficaces, je commence à ressentir la chaleur qui devient forte. C’est avec ces deux derniers coureurs que nous arrivons à la 21ème place au ravitaillement. Je constate avec plaisir que Val a pointé ici à la 6ème place, chapeau l’artiste ! !

 

Comme lors de mes derniers arrêts, je profite au maximum du ravitaillement pour limiter les risques de déshydratation et d’hypoglycémie, ce qui permet une nouvelle fois à la deuxième féminie de me rattraper et nous repartons à nouveau ensemble, la discussion entamée timidement tout à l’heure reprend de plus belle. Elle me semble disposer d’une énergie redoutable. La discussion permet de franchir les km qui nous séparent du pont sur le Verdon à bonne allure, sans souffrir particulièrement et en reprenant 2 coureurs.

 

Arrivé sur la route bordant le lac de Ste Croix, je prends de plein fouet la chaleur s’exhalant du bitume surchauffé. Je décroche de ma partenaire du moment pour m’isoler sur le bas côté et quand je reviens sur la route, je la vois à 200 m avançant d’une petite foulée efficace. Là me retrouvant seul, j’ai du mal à me faire violence pour recourir. Cette chaleur m’accable et la solitude ne m’apporte que peu d’émulation extérieure. L’incroyable bleu des eaux du Verdon et du lac de Ste Croix m’inviteraient plutôt à la baignade, d’autant que je connais la suite du parcours pour l’avoir fait l ‘an passé. Je me rappelle la difficulté des montées dans les pierriers blancs en plein soleil. Je ne m’affole pas et me dis que l’énergie économisée sur cette partie plane me servira dans les heures qui viennent. Effectivement, la montée qui suit se passe plutôt bien. Pas de vitesse excessive, mais une montée régulière sans gros coup de mou. Je double 2 coureurs, et en rattrape 2 autres avec lesquels j’avance quelques instants. Nous commençons à trouver qu’ils sont bien long ces 10 km entre les 2 ravitaillements, un coureur nous double , je lache mes compagnons sur les derniers hectomètres avant le ravitaillement du 65ème. J’avais décidé de m’arrêter un quart d’heure pour prendre le temps de boire beaucoup et de commencer à digérer cette eau. Après coup, c’était trop ou pas assez. 3 coureurs attendent là après leur abandon. Je parle avec eux qui sont hors course et cela commence à m’y mettre moi-même un petit . Plusieurs coureurs profitent de mon arrêt pour me doubler. Quand je repars, je sens qu’il faut gérer, car la chaleur me coupe les pattes et surtout le cœur ne parvient plus à monter en régime.

 

Je commence une longue progression avec un coureur qui a fait un temps proche du mien au dernier UTMB. Nous nous aiderons mutuellement pendant plusieurs heures. La montée en cours est raide et dépasse les 600m.  Nous ressentons le besoin de faire une halte prolongée à mi-course. Quand nous repartons, je prends un peu d’avance sur mon compagnon qui me rattrape une fois arrivé sur le plateau sommital. La vue sur le lac de Ste Croix est fabuleuse. La fatigue est arrivée brutalement, mais le moral reste bon car je me situe toujours vers la 25ème place. Je pense qu’en gérant le rythme cela me permettra de limiter les dégâts jusqu’à la fin de l’après-midi où, la baisse des températures aidant, je compte me refaire une santé. En attendant, ce moment est dur, d’autant que je double un Italien complètemetn déshydraté et désemparé. Sa situation me mojntre dans quel isolement nous nous trouvons. L’organisation des secours ne semble pas pouvoir permettre une prise en charge rapide en cas de problème comme semble en vivre le transalpin. Je lui passe un peu d’eau et repars vers l’avant.

 

Une lente descente aux enfers

 

Jusque là, la fatigue qui s’était installée était gérable, comparable avec celle subie sur nombre de courses. La rencontre de l’Italien en détresse a-t-elle eu un effet inconscient ? Toujours est-il que ma situation empire notablement. Je suis maintenant sur un profil en crête où se succèdent montées et descentes. Les montées me coûtent de plus en plus et j’ai besoin de reprendre mon souffle plus que de raison. Et les descentes deviennent problématiques. Les cuisses brûlent mais surtout, une douleur vive se déclare au genou droit, sans doute le ménisque, comme l’an passé à l’UTMB. L’ambiance de ce plateau juché à 1200 m d’altitude me ravit pourtant. C’est sauvage et doux à la fois quand soudain dans un creux du relief la perspective s’ouvre sur le plus grand canyon d’Europe. Les falaises grises et rouille, haut lieu de l’escalade me font frissonner d’effroi. Même au plus fort de ma période grimpe, je n’ai jamais osé affronter leur verticalité effarante.

 

Dès lors j’entre en résistance. Mon corps complice pendant tant d’heure devient mon bourreau. Un coureur me rejoint, nous courons un peu ensemble et attaquons une descente infernale, digne du vallon de l’Aigle à la Ste Victoire, mais elle se situe au 73ème km, sous une chaleur torride ! L’émulation que procure la présence d’un compagnon de course me permet une dernière fois de courir dans les passages de relance, mais il finit par me semer et je commence un martyre sur ce sentier couvert de cailloux qui font l’effet d’un roulement à billes. L’équilibre est précaire, les bâtons me servent, mais les triceps me brûlent. Les sombres pensées d’abandon commence à faire irruption dans mon cerveau. J’arrive au ravitaillement du 75 ème km empli de doutes (il m’a fallu 3h pour 10 km !). La présence de plusieurs coureurs ayant abandonné me trouble encore un peu. Les atermoiements de l’organisation pour porter assistance à mon Italien m’inquiètent. Mon collègue de souffrance qui m’avait redoublé sur la crête est là en train de se faire masser. Nous repartons ensemble, lui encore plus difficilement que moi, des nausées l’envahissent. Nous progressons ensemble, puis il me dit de continuer à ma main. Je l’entends dans les pierriers derrière moi. Il vomit. Je doit m’arrêter régulièrement pour souffler … puis je ressens le besoin de manger mais j’en ai aussi le dégoût. Mon collègue me redépasse. Je m’allonge quelques minutes et je repars. Ce sentier qui monte et descend sans arrêt est interminable. En arrivant sur une route, je me trouve en compagnie de 2 coureurs qui m’ont rejoint. Je suis de plus en plus lent, mais les autres ne me lâchent pas franchement. Tout le monde est fatigué.

 

Je réfléchis à la conduite à tenir. Au ravitaillement, j’estime qu’il me restera au bas mot 6h de course. Je peux y avoir un repas chaud et un lit. Je refuse l’idée d’abandon qui pourtant s’immisce de manière insidieuse. Pas une nouvelle fois au Verdon ! Je n’ai abandonné qu’une seule fois, c’était l’an dernier. Je veux ma revanche ! JE décide de passer une heure à me reposer au chalet de Malines et de prendre un plat de pâtes. Cela suffira peut-êt erà me requinquer si j’en croit mon expérience de l’UMTB 2006. C’est fort de cette décision que j’arrive au ravitaillement du 85è.

 

J’y arrive en même temps que mon éternel accolyte qui a pris la route là où il fallait prendre un chemin. Il s’est perdu. Il a décidé d’abandonné, fatigué et inquiet de l’ heure tardive. Il a l’anniversaire de sa fille demain et doit donc partir tôt. Nous prenons un plat de pâtes ensemble. Quand je me lève, les muscles un peu refroidis, je n’arrive que difficilement à descendre les escaliers pour aller aux toilettes. Or, ce qui m’attend, c’est une descente très raide de 360m, à froid. Quand je remonte, mon copain d’infortune a trouvé un rapatriement immédiat pour Aiguines. La tentation est trop grande. Je change mes plans et abandonne. Je suis alors 30 ème.

 

Frustration mais pas regret

 

De retour à Aiguines, je me fais masser et rencontre Philippe Verdier, vainqueur de la course (mais classé 2ème suite à une décision contestable de l’organisation). Pendant ces moments, je constate que je suis vraiment épuisé. Je défaillis légèrement lors de ma discussion avec Philippe. Je grelotte de froid, la nuit est tombée. Je suis frustré de cet abandon, mais je ne le regrette pas, c’était la bonne solution, je refuse de mettre en jeu mon intégrité physique et il n’y avait plus de plaisir depuis trop longtemps. Philippe me dit qu’il a mis près de 5 heures pour faire les 17 derniers kms. Décidément, il était plus raisonnable d’en rester là pour moi. Je vais me coucher fourbu, des douleurs partout y compris à des endroits qui ne me semblaient pas avoir été sollicités !

Le sommeil est agité, les circonstances de courses tournent et tournent dans ma tête. Les douleurs me réveillent en pleine nuit.

Heureusement, au matin, le soleil radieux, une bonne douche et un petit déjeuner ensoleillé avec Philippe me requinquent. Ce n’est pas encore cette année que je lui aurait tordu le coup à ce Verdon !

13 commentaires

Commentaire de Jack posté le 26-06-2007 à 20:23:00

Merci pour le CR qui donne une bonne idée de la course.
Grandiose mais que cela doit être difficile.

Amitiés

Commentaire de akunamatata posté le 26-06-2007 à 20:28:00

Hola Olivier,

félicitations pour ta course, celle ci devait être d'une difficulté hors norme. Toujours bien racontée, tu nous emmène joliment loin de nos claviers avec tes histoires.

Commentaire de joy posté le 26-06-2007 à 20:49:00

akuna n a pas tort tu decris tres bien tes moments de sport extreme.
A l année prochaine pour le finir ensemble mon poto.
Sprotivement encore bravo et rdv a l UTMB...
JOY

Commentaire de agnès78 posté le 26-06-2007 à 20:50:00

Merci mon ptit oliv pour ce très beau récit pleinggggg d'émotions...
BRAVO pour ton courage malgré la douleur...
Récupère bienggggg
Gros gros gros poutoux
agnès

Commentaire de may posté le 26-06-2007 à 20:56:00

Bozo le clown le Magnifique!
On devrait faire équipe sur un ultra trail, Bozo et la sale_chaussette, ça ferait un sacré couple, phénomène d'ultra_foire!
Olivier, merci pour ton CR drôle et émouvant
Bonne récupération,
Bise
May

Commentaire de nicnic38 posté le 26-06-2007 à 21:20:00

merci bozo ;-)

Toujours aussi pasionnant tes CR...on comprend mieux les conditions de course... dantesque!

ça avait l'air vraiment costaud comme parcours...85km c'est deja tres tres beau... vu ce qui t'attends cette été, il vaut mieux garder des cartouches...

A repos a donf maintenant.

encore BRAVO

PS : L'année prochaine tu la finis!

Commentaire de L'Dingo posté le 26-06-2007 à 23:59:00

allez Olivier, avoue : tu l'aimes tellement ce coin de provence que tu veux pas terminer pour passer à autre chose, mais tu prefere y revenir encore :-)).

en tous cas , il vont avoir une surprise au GRR les reunionais quand ils vont voir un "métro" qui s'y connait en cordes et echelles !

peut etre que si l'organisation s'ameliore je me laisserais tenter en 2008.

bravo quand meme et à samedi au TGV

l'dingo

Commentaire de totote01 posté le 27-06-2007 à 08:18:00

bravo olivier pour ta course et ton superbe récit.
bonne récupération
michèle

Commentaire de Tortue géniale posté le 27-06-2007 à 08:19:00

Mon Dieu que le Verdon se mérite ! bravo à toi Olivier, j'ai eu la chance de la faire par étapes il y a 02 ans et j'ai rencontré de nombreux points de passages que tu as suivis cette année.
J'espère un jour le faire d'une traite mais c'est sans compter sur la chaleur étouffante qui y règne, sans parler des différents terrains rencontrés et de leur dénivelé !!!
Encore bravo !

Commentaire de corto posté le 27-06-2007 à 09:35:00

Je lisai ton CR et me disai que l'esprit vengeur de Bozo etait revenu. Mais la fin et plutot un autre style de clown. Mais tu l'auras ta revanche, j'en suis certain. Et tu as bien fait de t'arreter, au vu de la difficulté psychologique et physique que tu ressentais.

Bon rétablissement.

Commentaire de Jerome_I posté le 27-06-2007 à 09:48:00

Salut Olivier,

Bravo pour ce CR, je vois que le tiens aussi est très long...

Oui moi aussi au 85ème j'ai pensé un instant à m'arreter, je pensais finir en 5 heures mais finalement ce fut plus rapide, mais c'est vrai que replonger au fond des gorges pour après remonter au sommet du grand Margès.

J'ai eu la chance d'arriver avant la nuit, mais mème la descente finale était longue...

On ne s'est toujours pas rencontré... Il y avait un espagnol grand et sans cheveux, je suis allé le voir Dimanche matin, en lui demandant s'il était Olivier et m'a repondu en Espagnol qu'il ne comprenait pas... Et oui ca sera pour la prochaine fois!

Bonne récup.

Jérome

Commentaire de eric41 posté le 29-06-2007 à 07:43:00

Merci Olivier pour ce CR très détaillé.
Cette course me fait rêver mais vu la dureté de l'épreuve et tes 2 abandons je ne suis pas prêt d'y participer.
Bonne récup.
Eric

Commentaire de gdraid posté le 29-06-2007 à 10:15:00

Merci Olivier91, pour la qualité de ton CR.
Ton écriture bien imagée, montre tous les aspects redoutables de cette course dans le Verdon.
Bravo pour ta sagesse !
Aucune blessure irréversible, ne t'empèchera de poursuivre tes courses programmées.
Tu retenteras, j'imagine, l'année prochaine, de terminer ces 100km, avec une belle victoire sur toi-même, sur ce parcours impitoyable.
JC

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