Ah, cette Flassannaise, c’était pourtant bien parti. J’étais parti la veille, sous le soleil, vers le Ventoux, le géant chauve qui me fascine toujours autant. Quand je le regarde, l’image de mon ami Tom Simpson en train de s’effondrer là où se trouve la stèle à son nom, me revient instantanément.
Cette région a vraiment tout pour plaire. Sa nature, ses villages, ses habitants gentiment familiers ou à la distinction veloutée comme cette dame de l’hôtel où j’ai passé la nuit de samedi. C’était l’accueil au téléphone pour l’inscription, des plus agréables.
C’est les signaleurs dans le village, le dimanche matin pour nous indiquer les parkings, même si celui que j’ai dû prendre était à un petit kilomètre de la zone départ. C’est ce Ventoux, omniprésent, archi-dominant son monde redoutable de pentes et de chemins…..(Nous en reparlerons). C’est enfin ce flot de vagues montantes et descendantes de coureurs qui a balayé les rues du village de Flassan avant le départ. C’est l’accueil, charmant, aux dossards. C’est le speaker, affolé, qui urge de s’inscrire car la préfecture a limité à 500 partants. « Les coureurs qui ne peuvent pas partir, courront sans dossard, sous leur propre responsabilité… ». C’est enfin cette formidable ambiance où tout le monde parle à tout le monde. Deux jeunes me demandent de les prendre en photo. On engage la conversation jusqu’au départ. Pas un mot plus fort que l’autre. Une réelle sympathie partagée. Le trail, vraiment, rien à voir avec la route et ses performeurs qui se « la prennent » !!!!!
Bref, à part ces quelques bémols et apparemment des organisateurs débordés par le succès de cette première de la saison, radieuse, magnifique et prometteuse, il y avait de quoi s’aligner avec un mental à l’image du temps : au beau fixe. Pensez donc que j’avais la tenue d’été !
Je fais des photos du Ventoux, toujours ; du départ des 23km et 9h45, c’est parti pour le 9km. Un peu de plat dans le village et voilà que ça monte. Chemin caillouteux sur argile dure, mais ça monte. Un palier, puis une deuxième montée. Je pensais être dans la moitié des partants (une centaine pour le 9km). Puis une troisième montée, plus longue, plus raide. Le « serpent » devant s’allonge. Je me sens mieux. Mon massage à l’huile fait son effet….quand j’entends crier derrière. ????? Pas normal ça. En pleine nature, pourquoi ? Et puis la fille que je venais de laisser crie « Stop ! Demi-tour ! » Et voilà que tout le monde redescend. On se retrouve à un carrefour de chemins à une vingtaine. Chacun a son idée sur le parcours. Pancarte 2km, rubalise, à gauche, le Ventoux….Le quad est là, rigolard…On prend un chemin, on descend sur une pente interminable. On s’arrête. Que fait-on ? On voit une flèche pour randonneurs : Flassan 4,4 km. On la suit, tranquille. On revoit le quad à un autre carrefour. Pas de grosses colères, non. L’humour prend le dessus. La course est finie. Retour au village. On se fait applaudir. Tu parles… !Et moi qui me croyais fort en humour, je me surprends à maugréer en rendant mon dossard. C’est même un gars (qui s’est perdu comme moi) qui me fait la morale : « C’est un trail, il fallait suivre les rubalises » Même regarder le parcours avant la course et partir comme les pilotes de rallye avec sa carte et son schéma….Autant pour moi ! C’est une première. Ca ne m’est jamais arrivé. Je ne lancerai la pierre à personne (il y en avait trop sur le chemin !) mais j’ai quand même vu des trails où il était facile de suivre le parcours. Pourquoi avons nous été autant à nous perdre à Flassan ? Une flèche en carton fluo bien placée avec « 9km » dessus, était-ce trop demander ?
Toujours est-il que tellement dépité, j’ai filé vers la voiture et n’ai pas demandé mon reste. Je n’ai rien vu du reste de la course et suis parti tête baissée vers Frontignan, jurant bien que finalement, on ne m’y reprendra pas à deux fois…. à Flassan.