L'auteur : BouBou27
La course : Le Grand Raid de la Réunion : La Diagonale des Fous
Date : 20/10/2022
Lieu : Saint-Pierre (Réunion)
Affichage : 2874 vues
Distance : 167km
Objectif : Terminer
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Depuis le début de l’année 2021, madame me pousse à m'inscrire à la Diagonale des Fous. Début 2022, allez, c’est décidé: GRR en 2022. 2022 étant aussi synonyme de performance en ayant pris un coach pour mieux gérer l'entraînement.
Tout se passe bien (8ème VVX80, 15ème MH) jusqu’à Septembre où après 4 semaines d'Août bien chargés, je commence à ressentir une gène à la cuisse gauche. Gène qui ne sera pas améliorée avec ma seconde place sur une course locale de 31km.
On réduit l'entraînement, pendant 3 semaines mais malheureusement sans diminution de la douleur.
Ou oublie aussi la participation au Trail des Rois Maudits.
Je stoppe tout entraînement le 02 octobre. Même pas de la marche.
Avec Murielle nous arrivons à La Réunion une semaine avant la course. Au programme, nage avec les poissons: une découverte pour moi ! Ce sera le rituel du matin.
Et 2 balades: une petite à Le Palmiste Rouge (dans la montée de Cilaos pour donner envie à Mumu…), et la montée au volcan avec Yves, ce qui confirmera qu’il peut faire bien froid (il y avait de la gelée). Pas de soucis à la cuisse sur la marche, c’est déjà ça. Par contre, 2 jours avant, lors d’un petit run de 5km, je sentais bien la cuisse vers la fin.
Bref, il est temps de s'intéresser au parcours et au roadbook. La motivation remonte, mais impossible d’enregistrer tout ce que me dit Yves.
Avec ma supposée blessure, je fais un roadbook très lent en 47h à partir de celui de Yves. Il y a quelques mois, j’avais estimé pouvoir faire moins de 40h et c’était mon objectif à ce moment-là. Vu ma confiance, l’objectif est simplement de terminer en prenant plaisir, et je ne suis pas confiant du tout.
Je demande aussi a bubulle de faire mon suivi pour aider Murielle a estimer mes temps de passages pour se voir aux ravitaillements de Cilaos. Je créé pour cela un groupe whatsApp "SOS Boubou"...
Il paraît que la première épreuve (certains disent la pire), c’est la récupération du dossard !
Nous arrivons vers 9h30 et devons en sortir vers 12h15. Ce n’est pas tant la récupération du dossard qui bloque, mais plutôt de passer après devant toutes les tentes partenaires.
J'ai la confirmation que je serais dans le premier sas.
Nous retrouvons Philippe(G++), Sofian (st ar), Jonathan (un ancien kikourou) et son amie (Catherine) et partons pour trouver un endroit pour manger. Philippe mène le train (on a déjà du mal à suivre) et il nous trouve une superbe petite cahute de restauration rapide qui est partenaire du Grand Raid, mais sans en faire la pub...
Patrick (patfinisher) et ses copains arriveront ensuite.
Philippe et Sofian me rassurent sur le fait que ma cuisse est guérie et que je vais finir pendant que Mumu et Cath se mettent au point pour monter à Cilaos ensemble.
Départ à 17h de La Saline les Bains. La twingo est bien pleine ! Direction Saint Gilles.
Avec Yves nous entrons tôt dans l’avant sas et trouvons une place sur les tables disponible a coté du pré ravito ou par hasard il y a déjà rvialles.
Arrivent ensuite star, PhilippeG et Jonathan. Et enfin SevenWil.
En face de nous se trouve des bretons. Et il y en a un que je retrouverais pendant la course avec lequel je vais discuter un moment.
Nous patientons jusqu’à 30 minutes avant le départ pour enfin entrer dans notre sas 1, Philippe, Jonathan et moi. Jonathan fais se crois en boite de nuit. Philippe, très concentré, et moi a me demander ce que je fais là !
Le départ est donné. Je suis volontairement dans les derniers de la vague. Je surveille à droite pour voir Murielle tout en tapant des mains de gamin plus ou moins grands tout en disant merci. Tout de suite je rentre dans la course avec cette ambiance folle. Les doutes que j'avais quelques secondes avant ont disparu !
Je m’arrête pour le bisou à Murielle devant la foule en délire et repart, cette fois-ci vraiment le dernier.
Quelle ambiance ! check merci, check merci check merci.
Sur les 3 premiers kilomètres de plat pour traverser Saint Pierre, j’ai du taper plus de mains que de marches sur la course (bon, j’exagère un poil).
Ma fréquence cardiaque (j’ai mis la ceinture pour me limiter) est un poil trop élevée mais explicable pour un début de course. Je n’ai pas du tout l’impression de forcer, je suis même facile, et c’est normal.
Dans les premières pentes, pas très fortes (Je passe le premier point du roadbook à Bassin Plat en 39’ au lieu de 41.
Nous commençons ensuite à monter franchement sur des pistes faciles. Un petit replat avant le ravitaillement de Domaine Vidot permet de relancer en courant.
Le roadbook indiquait 5 minutes, mais bon, à part manger un petit truc, pas besoin de rester pour rien à refroidir. Je vais m’arrêter moins de 2 minutes. J’ai 3 minutes d’avance sur le roadbook et tout va bien…
Nous continuons de monter mais attaquons les singles un peu plus techniques. Il y a 1200m de D+ à faire sur 15km. Le roadbook indique 2h54.
Je continue sur mon rythme sans trop forcer. Mais je remonte quand même et il y a quelques ralentissements. Je ne force pas pour dépasser. Je reste sagement derrière jusqu’à ce qu’il y ait un dégagement assez large pour passer. Il y a le temps, c’est le début.
Je surveille ma cuisse, mais sur la fin, ce seront les mollets qui seront bien durs. J'espère que le manque de dénivelé à l'entraînement ces 2 derniers mois ne vont pas se faire ressentir !
Ca chauffe les cuisses aussi, mais pas localisé sur un point. So far so good.
Montée sans pause. J’arrive à Notre Dame de la Paix à 1h09 après 2h31.
Bon, c’est le début de la fin pour le roadbook. J’ai 30 minutes d’avance.
Le ravitaillement est à l'abri. J’y reste 8 minutes sur les 5 prévues, mais de toute façon, je ne regarde pas le roadbook. Je prends mon temps en profitant. Je fais le plein de mes 2 flasques, mange bien et c’est reparti.
L’étape suivante est le parking Aire Nez de Boeuf: 12km avec 660 de D+ et moitié moins de D-, prévue en 2h37.
Pas mal de routes à faire. La nuit est claire. J'éteins ma frontale pour profiter du ciel. Je ne reconnais aucunes constellations et n’ai pas mes lunettes mais je crois apercevoir un amas globuleux.
Les passages sur les sentiers sont faciles et en moins de 2h j’arrive vite au ravitaillement.
Je passe 10 minutes au ravitaillement. Il ne fait pas très chaud.
On finit la montée avec les quelques dizaines de D+ à faire avant de descendre par un sentier facile sur le chalet des pâtres. Le soleil commence à poindre au loin.
Mais il commence à pleuvoir et il faut courir sur une large piste pour arriver à Marabout. Je commence à faiblir dans les faux plats.
Impressionnant le nombre de ravitailleurs qui sont montés pour voir leurs coureurs.
J’arrive enfin à Mare à Boue à 4h46, après 7h46 de course.
Je vais y rester 15 minutes comme prévu en m'alimentant bien avec de la soupe et des petits bouts de toasts que je prends 4 par 4.
Je commence à attaquer le coteau Keraven. 680m de D+ avec 100m de D- au milieu.
De mémoire, cela commence relativement facile, et puis on commence à attaquer la vacherie. Des rochers partout. Des marches plus ou moins hautes. Une moyenne de 14’/km avec des passages à 20’/km.
2h15 là dedans, c’est long. Ca fatigue bien, mais je les fais sans pause.
Et ensuite, ce n’est pas mieux pour arriver à la caverne Dufour. Enfin, si, c’est quand même un poil plus facile, mais je suis un peu atteint. Obligé de faire quelques pauses. Je crois atteindre le sommet plusieurs fois avant de vraiment y être.
Je profite de faire d’une pause technique et c’est parti pour la descente infernale: 1100m D- en 3,6km. Du 30% de moyenne. 3,6km avec que des marches ou presque !
Le début est assez calamiteux… je me fais dépasser par des fusées alors que la descente c’est mon truc…
Je vois Cilaos en contre bas. Purée que c’est bas !
J’envoie une petite vidéo pour me plaindre que c’est roulane sur le groupe WhatsApp.
Et un hélicoptère bleu vient se placer en stationnaire juste en face de moi (enfin, de nous car je ne dois pas être le seul à descendre ce foutu escalier infernal). Et au même moment, cela débloque ma descente. Je commence à voler sur les rochers et les marches. Il y a de ces coïncidences !
J’arrive au Bloc en 59 minutes ou je manque de me ramasser dans les racines en envoyant un message. Il reste moins d’une heure au RB pour arriver à Cilaos.
Petite descente sur la route avant de remonter dans un chemin praticable. La forme est bien revenue et j’ai hâte d’être à Cialos. Dernière descente dans la forêt avant d’arriver dans les rues de la ville ou nous voyons enfin le soleil.
Je cherche Murielle des yeux en arrivant aux abords du lac après seulement 38 minutes, mais c’est elle qui me reconnaitra.
J’arrive donc à Cilaos après 12h58 de course alors que le RB disait 14h48. Presque 2h d’avance. L’état du bonhomme est plutot bon, ainsi que son moral.
Murielle a sympathisé avec l’équipe du stand des Thermes de Cilaos et j’ai le droit (enfin tout le monde peut le faire) à un massage des pieds de 15 minutes dans une machine. Cela alterne douceur et fermeté…
En même temps, je mange un petit taboulé et Murielle me masse les jambes.
Yves va passer en coup de vent quelques minutes plus tard, ayant son sac de delestage sur la zone de ravitaillement.
Idem pour Jonathan, alors que je suis pratiquement prêt a repartir, alors que Catherine est là (mais plus en touriste qu'en ravitailleuse apperement ;)
Je change ce qu’il faut du sac à dos (nouveau tshirt ML pour la nuit prochaine, batterie frontale et batterie pour recharger la montre et le téléphone). Je refais aussi le plein de barre à manger. Je n'en ai mangé que 5 pour l'instant sur les 12 que j'ai prises ! Je passe en manche courte et c’est reparti après 46 minutes. Je passe quelques minutes au vrai ravitaillement le temps d’avaler un yop et une banane et je continue.
La descente sur la cascade Bras Rouge est sans difficultés. De beaux paysages permettent de profiter de l’éclaircie qui ne va pas durer.
Il faut maintenant remonter sur le début du sentier du Taibit ou il y a un ravitaillement lors de la traversée de la route. C’est quand même pas loin de 500mD+, avant la vrai montée !
Je monte bien. Il y a pas mal de randonneurs qui nous encouragent. Quelques petites descentes pour passer quelques ravines.
38’ pour descendre, 55’ pour monter et le petit ravito est là. Le RB disait 42’ et 1h10 mais on a compris…
Je me pose quelques minutes (12 quand même) pour boire et manger sur un des lits de camp posés le long de la route. Il y a pas mal de monde entre les coureurs, les accompagnateurs et les spectateurs, même si la place est comptée.
Allez, faut pas rester là et commencer à attaquer la montée: 800mD+ pour 3,8km jusqu’au col. 1h47 au RB. Des marches, encore des marches. Je passe devant un ravitaillement local sans m’arrêter. Il y a du monde ! (C’était ici la tisane qui fait monter ?).
Je suis bien dans le rythme. C’est de plus en plus couvert. En arrivant au col il y a quelques petites chapelle creusée dans la pierre:
Je suis en haut en 1h22 sans faire de pause.
Pas trop de souvenir de la descente qui est assez rapide (24’) pour arriver à Marla. Il devait y avoir des marches.. (il y a toujours des marches).
A Marla, j’avais prévu 25 minutes de pause, ce que j’annonce sur WhatsApp. Je vois que Blandine a annoncé Yves au même endroit il y a 4 minutes alors je le cherche après avoir récupéré a manger.
Je le trouve allongé à l’écart, les yeux fermés. Je déplace une chaise pour m'asseoir à côté de lui quand il ouvre les yeux. Petite photo et il repart directement après seulement quelques minutes.
Sur WhatsApp, j’indique que j’ai la cuisse droite douloureuse (c’est la gauche ou j’ai eu la contracture) mais en appuyant avec la paume, ça monte bien. Qu’il commence a y avoir du dégât parmis les concurrents et qu’il ne fait pas chaud…
Je reste au final 21 minutes.
La descente sur la rivière des galets se passe bien avec une escale technique.
Petite montée sur la plaine des Tamarins qui est d’une beauté avec les arbres tordus. Enfin ce serait beau s’il faisait beau. Parce qu’il commence à pleuvioter un peu. Et mon iphone se bloque très souvent m'empêchant de faire des photos.
Le col des boeufs est atteint rapidement en 1h (4km / 500mD+) depuis la rivière des galets.
La descente sur la plaine des Merles se fait par une large piste. Il pleut de plus en plus m’obligeant à mettre ma veste de pluie.
Je rattrape et dépasse Yves dans la descente finale. Yves me rejoint quelques minutes plus tard au ravitaillement où nous nous arrêtons prendre une soupe sous une bâche.
Je repars avant Yves, non sans boire, par erreur, un peu de sa soupe. Bah oui, il avait mis sa tasse qui est la même que la mienne sur la même chaise ou j’avais posé la mienne avant de la ranger dans mon sac 10s avant…
La pluie est finie et je vais faire tout le sentier scout à un bon rythme. C’est un sentier plutot facile (par rapport à ce que l’on a eu) ou il est possible de beaucoup courir. Je m’amuse bien et dépasse pas mal.
Pour passer un duo, j'indique passer a gauche. Le premier me laisse passer, mais le second fait un écart sur sa gauche. Pour l'éviter je pars a droite, mais on se cogne un peu, mon pied ripe et je glisse dans la pente. Heureusement il me rattrape d'une main et j'arrive a remonter tout seul...
Même si le ciel est bouché, on aperçoit les paysages du coeur de Mafate. On se demande ou il est possible de tracer des sentiers là dedans.
J’arrive à Ilet à Bourse où il me semble que je ne m’arrête pas très longtemps car le prochain ravitaillement n’est pas très loin à Gd place les Bas. Je cours pas mal dans les descentes et gagne encore beaucoup de temps sur le RB (41’ au lieu de 57)
Mais il commence à faire bien sombre et il faut sortir la frontale.
Je fais quand même un arrêt moitié moins long que les 15’ prévues. Je suis bien et je ne veut pas trop refroidir. Il me semble que je rempli bien mes 3 flasques pour avoir assez d’eau pour aller jusqu’à Roche Plate. Il y a 4h de prévue au RB avec 1100mD+ et 500mD- pour 8,5km. Cela ne fait pas une grosse moyenne…
Au final je ne vais en mettre que 3 en gagnant beaucoup de temps dans les montées. C’est quand même bien rude.
32’ pour monter à Gd place les Hauts.
22’ pour descendre jusqu’à la rivière de galet (encore elle).
Sauf qu’il faut traverser la rivère en 2 passages. On est aidé, mais je ne comprends pas les explications (ou ne prends pas le temps d’écouter), et je me retrouve les deux jambes jusqu’aux cuisses dans l’eau avec plein de cailloux dans les chaussures…
Obligé de tout vider. J’ai l’impression de perdre un temps fou…
Je trouve une source en bas de la montée pour remplir ma 3ème flasque. Il faut un peu chaud malgré la nuit et le ravitaillement est encore loin.
Mais je repars avec l’envie d’en découdre. Sur le RB, j’ai 4,7km et 780mD+. Mais arrivé en bas de Roche Plate, ce n’est pas là. Il faut encore monter dans un truc qui est tout sauf un sentier. Ca devient long…
J’arrive finalement au ravitaillement en 1h48 alors que le RB indiquait 2h32 !!
Sur cette section, j’ai gagné 40 places alors que ce n’est pas la grande foule sur les sentiers…
Il est pile 22h. 25 heures de course. Je vais rester 25 minutes à ce ravitaillement. Posé sur une chaise, à manger et à boire.
J'envoie un message sur le groupe: “Arrivé à roche plate. L’état de grâce est fini… dur dur”
Suivi de “Mais je gagne énormément de temps sur le RB. Je ne comprends rien…”.
Faut repartir. Encore une grosse étape de prévue (4h15 au RB) ou il faut les 3 flasques.
Cela commence par 150m de D- et 200m de D+ pour arriver à La Brèche.
Il faut ensuite descendre pour remonter un peu sur l’Ilet des Orangers. Je me pose 5 minutes sur une chaise avant de repartir pour 600m de descente.
Mais en bas, il faut traverser dans l’eau. Je mets un temps fou à me décider entre passer avec les chaussures ou les enlever. Tout ceux que j’avais dépassé dans la descente me repasse.
J’enlève mes chaussures car il faut que je nettoie les pieds. De l’autre côté, difficile de trouver un endroit pour les remettre sans les salir alors je me mets les fesses dans l’eau pour rincer et essuyer les pieds avec un buff. Je perds beaucoup de temps. Plus de 10 minutes pour faire ces 50m…
Et ensuite, bien sûr, il faut remonter. Mais là, impossible de trouver le rythme. Quelques pauses avant que je comprenne que je fais une petite hypo: le cerveau ne veut plus avancer par manque de sucre. C’est vrai que j’en ai eu un peu marre de manger mes barres pâteuses ou il faut beaucoup boire pour que cela passe. Mais j'ai quand même pas mal manger car je n'ai plus grand chose.
Je m’assois, vide mon sac pour trouver ma réserve en fond de sac et je récupère 4 pâtes de fruits. Je sais qu’elles passent bien celle-là. J’en prends 2 tout de suite, une autre quelques minutes plus tard, et ca repars plutôt bien sans arrêt jusqu’au sommet avant de descendre sur la passerelle d’Oussy.
On remonte un peu avant de descendre dans le lit de la rivière. Je double pas mal. Dans le lit, c’est beaucoup de sable et plusieurs traversées sur de gros cailloux posés exprès pour cela. J’anticipe bien et je cours sur les cailloux.
Un coureur me suit de près, mais je ne lâche rien pour rester devant en faisant monter un peu le cardio jusqu’à arriver à la base vie de Deux Bras.
Il est 2h28. Je vais me chercher une belle assiette de rougaille-saucisse-pâte en demandant a être bien servi. Je m’installe a une table et regarde les messages.
Murielle indique aller dormir pour un réveil à 4h30 pour être à 5h30 à Chemin Ratineau. Mais que je peux l’appeler à 4h si je suis plus tot…
Aïe ! Chemin Ratineau est dans 2h30 au RB. Sachant que je vais probablement mettre 30’ de moins, ca va plutôt être 5h.
Je décide de “perdre” un gros quart d’heure pour ne pas être trop tôt et que l’on se manque, en allant me faire masser. En plus, il n'y a personne et j’ai 2 masseuses pour moi tout seul !
Aïe, c’est un peu fort là ! C’est normal, faut que ca fasse un peu mal pour faire du bien… Bon, je prends sur moi…
Le massage fini, je reste un peu sous la couverture car je tremble de tout mon corps !
Et a 3h je reçois un message de Mumu m’indiquant qu’elle est réveillée. Je décide de repartir illico.
Dur dur les premiers pas !
Outch, et là, il y a deux marches à descendre. Impossible ! Obliger de les prendre de travers. Et début de la montée, impossible de lever les cuisses !! Je crois que le massage m’a détruit les cuisses. J’étire un peu les muscles et j'arrive un peu plus à monter les cuisses. Et en bloquant les muscles avec les mains, j’arrive à monter. En plus cette montée est plus de la varappe. Il faut souvent mettre les mains !! Je tire le plus possible avec les bras. Mais dès que cela descend un peu, c’est la galère !
Je vais quand même monter au sommet du Dos D’Âne en 1h35 pour 1h57 au RB. Donc ça va pas trop mal. En plus le soleil s’est levé. Ca donne un peu plus d’énergie.
Mais maintenant, il faut descendre sur Chemin Ratineau. J’apelle Murielle qui m'apprends qu’elle s’est fait jeter par le commissaire de course parce que l’assistance à Chemin Ratineau est interdite ! Tout ça pour ca !?! Rendez vous donc à La Possession, si j’y arrive ! D’un coté, je suis très négatif, me disant que je ne vais pas pouvoir continuer, et de l’autre, je ne lâche rien.
Dans la descente, dès que c’est technique, c’est la mort. Je ne sais pas comment faire. J’utilise au maximum les bras pour m’accrocher aux branches et aux arbres. Descend parfois en marche arrière. J’essais de sauter de marche en marche sans plier les jambes. Parce que je comprends que c’est de me mettre en controle sur une cuisse pour descendre une marche qui m’est impossible.
la fin de la descente après avoir traversée une route est un enfer ! Je vais mettre 7 longues minutes pour faire 200m… 35 minutes au kilomètre !
Une fois sur la route pour arriver au ravitaillement, cela va mieux.
37’ pour cette descente au lieu des 32 du RB. Je limite la casse. Mais je ne sais pas ce qui m’attends…
Après le ravitaillement, je profite de la chaise d’une bénévole (merci à elle) pour vider mes chaussures. A faire n’importe quoi, j’ai plein de cailloux ou morceaux de branches qui sont entrés.
Il y a encore plus de 500m de D- à faire. Le début est encore horrible pour arriver à la grotte Kalla où je discute avec une fille qui me dit être une amie de mes masseuses…
Je vais mettre plus de 30 minutes pour faire 1 km. Et il y en a 6 à faire avant de retrouver le bitume ! Mais bizarrement, personne ne m’a dépassé ici.
Si c’est comme cela jusqu’en bas, j’y suis dans 3h !
Heureusement ensuite, sur la partie plane puis en descente, c’est un peu moins horrible. Je me fais dépasser, mais je dépasse aussi un peu. Je ne suis pas tout seul dans mon malheur !
1h41 au lieu de 1h33.
La fin sur le bitume pour arriver à La Possession se fait rapidement (18’ au lieu de 25) pour retrouver Murielle
Murielle s’est installée dans l’allée pour aller au ravitaillement. Je vais au ravitaillement pour pointer et demander si il y a un kiné. Un bénévolle m’envoie sur une tente, mais ce sont les masseurs… J’explique mon problème (je n’ai peut être pas été très sympathique). Ils me disent que le kiné est de l’autre coté de la barrière et qu’il faut refaire tout le tour… J’abandonne et demande un massage léger pour essayer d’améliorer ce qui peut l’être (le masseur me dit que ce sont des contractures).
Je retourne voir Murielle pour manger un taboulé et un gateau de semoule. Je fais une pause plus longue pour me reposer les jambes. Je ne sais pas ce qu’est la suite du parcours. Juste qu’il y a encore 1200m de D- a faire.
Le chrono tourne quand même. Au bout d’1h a la montre je me décide a repartir. En fait je n’ai fait que 45 minutes d’arrêt, n’ayant pas pris le temps intermédiaire à l’arrivée au ravitaillement, mais en bas de la côte.
Je repars le couteau entre les dents. Le début est sur la route, alors je cours. Probablement plus vite que ce que j’aurais fait normalement.
Je quitte la route pour prendre un chemin sur des grosses dales de pierres. Ha, c’est donc là le chemin des Anglais. Bon, cela se monte plutot bien ! Je comprends assez vite qu’il faut rester sur le rang du milieu. Celui qui est le plus propre. Il y a un passage avec des cailloux mis dans tout les sens. D’autres ou il n’y a que un rang de rocher. Une première descente ou qui se court.
Chouette, c’est déjà ça de gagné. Une ravine à passer où les rochers ont été emportés et mis n'importe comment. Et ca recommence pareil: montée / descente / ravine. Une dernière montée. Tout le long j’ai doublé et personne ne m’a repris.
J’ai un peu peur pour la descente finale sur Grande Chaloupe, mais c’est aussi des cailloux. Je descends moins vite que normalement, mais heureusement ce n’est pas l’horreur.
Une fois sur la route, je cours jusqu’à Grande Chaloupe.
1h19 au lieu de 2h12 au RB !! Yves était très pessimiste sur sa fin de course…
Je fais un arrêt express de 3 minutes. Je rempli les 3 flasques (2 sur le devant du sac, la 3ème en main) parce qu’il commence à faire bien chaud à 9h du matin. J'ai rempli ma bouche de toast et c’est reparti.
Ha ! Le chemin des Anglais repart aussi de ce côté ! Du moins sur les lacets pour monter. Ensuite c’est une grande piste toute droite. Je pousse sur les jambes. Je monte bien, toujours sans pauses.
A la sortie de Saint Bernard, je suis derrière un groupe qui discute de l’heure d’arrivée. Ils disent que c’est possible de faire moins de 40h. Je fais mes calculs. La descente finale de 650m de dénivelé négatif est à 1h07 sur le roadbook. Je vais peut-être mettre 1h30 si c’est l’horreur.
J’ai encore 1h40 de montée à faire selon le RB. Il faut que je mette le turbo pour le faire en moins de 1h ! Jusque là, je n’ai jamais regardé le chrono (de toute façon sur ma montre, je ne l’affiche pas).
Alors je demande a passer devant pendant que nous attaquons le Colorado. C’est joli tous ces canyons rouge, mais pas trop le temps de faire des photos.
C’est mains sur les cuisses pour pousser quand la pente est forte. Quand cela monte moins, c’est en mode marche nordique en air-bâton pour donner le rythme. Je depasse pas mal encore. Je vais gagner 23 places entre Grande Chaloupe et le ravitaillement en haut de Colorado.
Ravitaillement en vue. Je descends en trottinant !
Encore un ravitaillement express. Il me semble juste pour avoir 2 flasques: je préfère avoir les mains libres pour descendre.
Il me reste 1h20 pour descendre afin d’être sous les 40h.
Le début de la descente est sur une piste facile. A chaque pas de course je me dis que c’est toujours ça de gagner.
Et puis commence la partie technique. Je fais comme je peux, mais dès qu’il est possible de courir 3 pas, je cours.
Le RB indique 4,7km. J'essaye de calculer ma vitesse. Je suis un peu ric rac mais j’espère que la fin sera un peu roulante pour arriver jusqu'au stade que l’on commence à apercevoir en bas. Il y a quelques remontées… qu’il faut redescendre ! Je passe le pointage avant l’arrivée. Je vois la route en contrebas qui se rapproche. La fin est galère mais ce sont les derniers rochers. C’est bon, je suis en bas, il ne reste plus qu’a courir jusqu’à la ligne d’arrivée.
Je demande à un enfant de mettre mes lunettes de soleil dans mon sac a dos derrière et c’est parti.
L’entrée du stade. Et puis c’est un peu bizarre… Pas de balisage. Ce sont des spectateurs qui m’indique ou aller (je ne suis peut être pas très lucide).
Murielle est là, 100m avant la ligne que nous allons passer ensemble !!
39h39
3 9 h 3 9. Ce que je pensais mettre avant que je me blesse ! Incroyable !!
Presque 40h de courses. Sans dormir. Sans fatigue. Sans perte de vigilance. Toujours attentif ou mettre le pied.
J’ai pris du plaisir du début à la fin. Bon, ok, sauf dans les descentes entre Deux Bras et La Possession avec mes cuisses détruites par les masseuses. De gros doutes à ce moment-là sur la possibilité de terminer la course. Mais je n’ai rien lâché.
Deux coup de moins bien: juste après Kerveguen, et Ilet des Lataniers que j’ai plutôt bien géré et qui n’ont pas été très long.
Et pas du tout senti mon problème au biceps gauche…
Bref, une course parfaite en partant tranquillement, sans s'inquiétez du chrono mais en faisant le temps espéré initialement.
Et pour parler du roadbook, c'était une erreur d'en faire un lent ! C'est sur que j'allais aller a ma vitesse de base. De toute façon, sur une course de 40h, on ne part pas a fond. Ensuite, soit j'arrivais au bout, soit je m'arretais en cours sur blessure !
Un grand merci à Yves pour ses conseils et les quelques jours passés ensemble, et la team SOS Boubou (Bubulle, super suiveuse et Blandine). J'ai bien aimé lire vos messages pendant les ravitaillements ;)
Je crois que je suis amoureux maintenant de cette île. Ce ne fut que ma première édition. Probablement qu'il y en aura d'autre !!
17 commentaires
Commentaire de centori posté le 02-11-2022 à 16:08:08
trés impressionnant. surtout avec cette blessure. finalement n'aurais-tu pas bénéficié d'un effet repos ?
et les photos me donnent envie. c'est la première fois que je ressens cette idée d'y aller. peut-être un jour. nous verrons.
Commentaire de BouBou27 posté le 03-11-2022 à 12:36:07
Je n'avais vraiment jamais étudié cette course avant. L'impact écologique de l'avion et le fait que ce ne soit pas pendant les vacances scolaires me rebutait.
Mais c'est vraiment génial ! Fonce
Commentaire de rvialles posté le 02-11-2022 à 18:51:15
Super compte-rendu, bravo, j'ai parfaitement revécu le parcours. Superbement géré aussi au vu du contexte, chapeau !
Commentaire de BouBou27 posté le 03-11-2022 à 12:37:43
Bravo pour ta course aussi ! Belle performance pour une première sur ce format.
Sympa de t'avoir vu au départ
Commentaire de Shoto posté le 03-11-2022 à 10:11:06
Bravo ! Chrono de Ouf ! Belle course très bien gérée. c'est trop chouette que ta blessure ne t'aie pas gâché ta course et ton plaisir . C'est top ! Merci pour ton CR de qualité et les photos.
Commentaire de BouBou27 posté le 03-11-2022 à 12:43:36
Merci ! Quelques idées pour améliorer le chrono ;)
Commentaire de bubulle posté le 03-11-2022 à 11:35:29
Amusant de voir ta vision à toi de la course alors que nous, on la vivait au fil des pointages et de la progression de la balise....(et, des calculs sans fin pour essayer de donner à Mumu une heure raisonnable pour ton passage, notamment à Ratineau vu que dans la famille non respect du roadbook, vous avez fait un concours, avec Yves)
Impressionnante régularité, en tout cas. marrant, aussi, devoir que tu vois très peu Yves....alors que vous avez été proches quasiment tout le temps!
ça va commencer à être dur de trouver des objectifs raisonnables, maintenant!
Commentaire de BouBou27 posté le 03-11-2022 à 12:39:23
J'ai un peu oublié de parler du groupe wa... J'ai ajouté quelques lignes (ainsi que ma chute sur le chemin scout que j'ai oublié). Encore merci pour le suivi !!
Commentaire de Twi posté le 03-11-2022 à 13:26:54
Joli, y'a pas à dire, ça donne envie cette affaire. Et bravo pour la perf !!!
On aura bien noté que le chabob, c'est juste pour la photo finisher (genre le mec qui assume pas :-) ).
Commentaire de BouBou27 posté le 03-11-2022 à 13:57:30
Le chabob, c'est pour les touristes !!
Commentaire de st ar posté le 05-11-2022 à 14:03:12
Impressionné !! Par ton aisance à débouler sur les sentiers ! Encore bravo ! Tu as même eu le tps de faire de belles photos :)
Commentaire de BouBou27 posté le 07-11-2022 à 10:16:55
Merci Soffian! "Débouler", c'est un bien grand mot ! Mais j'ai pas mal couru, avec un grand kiff sur le sentier scout
Commentaire de st ar posté le 05-11-2022 à 21:50:31
Impressionné !! Par ton aisance à débouler sur les sentiers ! Encore bravo ! Tu as même eu le tps de faire de belles photos :)
Commentaire de yves_94 posté le 07-11-2022 à 10:04:17
Bravo !!! cette course n'est que du plaisir...il faut y retourner non ?
Commentaire de BouBou27 posté le 07-11-2022 à 10:15:15
M'en parle pas ! J'ai déjà commencé mon roadbook :D
Commentaire de Mazouth posté le 07-11-2022 à 16:16:28
RB fracassé, cuisses fracassées, chrono fracassé, ce mec ne respecte vraiment rien ! Grand bravo pour cette course fracassante ;)
Commentaire de keaky posté le 25-07-2024 à 11:02:57
Deux ans plus tard, bravo pour ta course Benoit, impressionnant !! Autant dans la performance que dans ton maintien d'effort. On ne sent pas de fatigue jusqu'à ton coup de moins bien d'après massage ^^
C'est moi ou tu tiens ton objectif après 2 mois à glandouiller ?? :wink: Tu donnes envie !!
Encore bravo ;)
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