Bon, après une petite période de digestion, et comme il va bien falloir tourner la page, je me suis décidé à écrire enfin le CR du marathon de Boston 2022

Je ne vais pas faire une intro trop longue, mais juste quelques chiffres sur la prépa :
- 14 semaines de prépa avec une moyenne à 90 kms/semaine
- 2 tours de cross (régionaux IDF Ouest et LIFA)
- 1 semi couru en 1h25mn45 avec les 10 premiers kilos AM

On verra ce que je n'ai pas fait dans la conclusion ;-)

Pour commencer, on va parler budget, inscriptions, qualifications, comme ça si ça en intéresse certains tout sera synthétisé ci-dessous...

Boston est le seul Major (Boston, Chicago, New York, Londres, Berlin et Tokyo) auquel vous ne pouvez pas participer en passant par un tour operateur.
Il y a deux choix, se qualifier ou courir pour une association caritative.

Dans mon cas perso, pour pouvoir essayer de s'inscrire, la barre était fixée à 3h10 dans ma tranche d'âge et ayant fait moins de 3h à Paris (juste en dessous), j'avais 10 mn d'avance sur le good for age. Il faut savoir que sur une année normale, il faut être 4 à 7mn sous cette barre pour pouvoir s'inscrire, 2022 est une des rares années où le cut était à 0 car beaucoup d'américains anti-vax ont très mal pris la décision de la course d'exiger le pass vaccinal pour courir.

Si vous décidez de passer par une association caritative, attention, elles sont très gourmandes à Boston et elles vous demandent en moyenne de récolter 10 000$ de don pour votre dossard. Si vous ne les réunissez pas, c'est pas grave, la différence est prélévée sur votre compte 

Concernant le budget, il vous faudra compter :
- 250$ le dossard
- j'ai pu avoir, en passant par Reykjavik, un billet d'avion A/R à 330€
- 400/500$ la nuit passée sur place si vous dormez à l'hotel (prix exhorbitants le week-end de la course)

Perso, en comptant toutes les dépenses (resto, souvenirs (dont la veste) ...) en étant logé sur place, cela m'a coûté environ 1 000€ pour 5 jours.

Allez, passons au CR proprement dit ....

Marathon de Boston 2022

Nous sommes le vendredi 15 avril, il est 16h20 heure locale (Reykjavik) et je m'apprête à embarquer pour Boston.

Je vous conseille vraiment Icelandair comme compagnie, l'espace supplémentaire aux pieds n'est pas qu'un argument marketing et en classe éco, on peut largement étendre ses jambes ....

J'arrive à Boston à 19h heure locale, je passe la sécurité en à peine 5 minutes et rejoins Vincent, le fils d'un collègue qui m'hébergera, pour se poser à Newton, mon lieu de résidence pour 5 jours.
Cette ville est bien connue des runners locaux, puisque c'est ici que se situe la fameuse Heartbreak Hill :ouch:

Je vous fais pas un dessin, avec les 6h de décalage horaire, le premier samedi, je me lève à 4h, impossible de me rendormir.
Je regarde par la fenêtre, et je vois le coiffeur en face qui va ouvrir (à 6h30 !!).
Je regarde ma tête dans la glace, je me dis que c'est une bonne idée, je pars chercher quelques $ au DAB le plus proche.

Petit footing de décrassage avec Vincent sur les coups de 10h et comme il m'a fait un programme aux petits oignons, cet après-midi, direction Boston, non pas pour aller à l'expo (j'irais le dimanche), mais pour aller voir un match des Red Sox (base-ball).

Comme la saison de base-ball a à peine repris et que c'est le deuxième match des Sox à domicile, il y a énormément de monde et une grosse ambiance ! Comme lorsque la sono envoie, comme à tous leurs matchs, Sweet Caroline au milieu de la 8éme manche.

https://youtu.be/BhKjxB0Wpyw

Dimanche matin, footing de warm-up (la course est le lundi à Boston), avec 4mn AM encadré de 20mn d'échauffement et 20mn de récup.

L'après-midi, direction l'expo pour récupérer le dossard. C'est super bien organisé, je mets même pas une minute à récupérer le mien, et j'en profite pour prendre mon nom en photo sur la liste des participants.

Je garde ma carte bleue au chaud malgré la tentation

Mais finalement je craque pour la veste :lol:

On s'improvise quand même une petite visite sur le freedom trail (ligne rouge traversant Boston qu'il suffit de suivre à pied pour voir les principaux monuments).

Le Jour de la course

Il est 4 h du mat et je suis déjà réveillé depuis une bonne demi-heure.

Je fais un tour de mes affaires, vérifie que j'ai bien tout et commence à prendre mon petit déj (céréales sans lait, tranches de pain de mie et café).

Le départ des bus est à 6h45 pour la première vague (il y en a 4) et je suis donc sur site à 6h30 (grâce à Vincent qui m'a déposé).

Je vais déposer mon sac d'arrivée dans les bus prévus à cet effet, je retrouve sur place un coureur français rencontré sur Internet et nous voilà montés dans le bus pour Hopkinton, lieu de départ de la course.
La conductrice de bus tartine comme une malade, on passe à deux doigts de l'accident sur l'autoroute mais on arrive quand même entier sur place .

Là c'est assez étrange, on est sur un des 6 plus gros marathons du monde et on attends sur une gigantesque pelouse entourée de WC chimiques que l'on nous donne le droit de rejoindre la ligne de départ.

L'attente est super longue, je commence à avoir faim (petit déj à 5h pour départ à 10h c'est limite, heureusement j'avais pris quelques barres à grignoter. Il fait super beau, mais il fait assez froid (moins de 5° je pense à 8h) et le temps passe vraiment lentement.

A 9h30, mon "Corral" (il y en a 8 par vague) est enfin autorisé à rejoindre la ligne de départ.

Il y a un bon km entre les deux, tout le monde marche en essayant de s'échauffer

10h, je suis dans mon sas, et l'hymne américain démarre... puis deux avions de l'US Air Force passent au-dessus de nous.

https://drive.google.com/file/d/1RIDSo9_YY72wFBdlj10DsehfKfLDEBHD/view?usp=drivesdk

Bon on a beau dire, ça en jette !!!

Le départ est donné, je marche comme tout le monde jusqu'à la ligne et c'est parti.

Le départ est en descente, le peloton est assez resserré, et je choisis pas trop mon allure sur les trois premiers kilos (premier ravito).
Il y a un ravito tous les miles, ce qui est plutôt cool, par contre que des gobelets et pas de bouteilles. Résultat, pour boire c'est pas vraiment génial et je mets plus d'eau à côté que dans ma bouche.

La tactique est définie depuis le début, courir jusqu'à 10s plus vite dans les descentes et 10s moins vite dans les montées.

Les 5 premiers kilos sont passés en 20mn30 (20s d'avance), les 5 suivants en 21mn, 21mn05 et 21mn23, je passe au semi, tout va bien sur la montre mais je sens que ça commence à être dûr sur les quadris. A force d'envoyer un peu plus en descente, ils ont pris cher et je sais qu'Heartbreak Hill avec ses 4 côtes du 25 au 34 arrive .....

Bon si je suis vivant en haut, j'aurais plus qu'à bombarder dans la descente ..... (si j'avais pas 45 ans, je me traiterais de jeune con aujourd'hui)

Finalement, les montées se passent bien, en rythme et je perds peu de temps sur cette portion difficile dans les montées, par contre je n'arrive plus à accélérer dans les descentes.

Je croise Vincent et Jen qui sont venus pour m'encourager, je leur fais un signe comme quoi tout va bien, mais je sais déjà que la fin va être longue et difficile.

Je passe Heartbreak Hill, et je viens de passer au dessus des 5mn/km. J'essaie d'accélérer dans les descentes mais je n'y arrive pas, les quadris brulent, j'ai déjà des envies de marcher alors qu'il reste 10 putains de km !!!!

Je regarde la moyenne dégringuoler minute après minute et je suis totalement impuissant. Bon le chrono c'est mort (que ce soit l'objectif primaire à -3h ou secondaire à 3h05) et j'ai de moins en moins envie de lutter pour pas grand chose.

L'entrée dans Boston est superbe, il y a plein de monde, mais je suis vraiment dans le dur

Je commence à devoir marcher de temps en temps car j'ai peur que les quadris se mettent à cramper et se bloquent, et autant j'ai fait une croix sur le chrono, autant j'ai pas fait une croix sur la breloque.

Il y a une super ambiance, je profite à fond, bises aux femmes qui le proposent, je prends même une bière avec un américain qui offre une bière gratuite (bon j'ai pas bu les 50 cl quand même ;)

Il reste quelques centaines de mètre, un virage à droite, une légère montée et me voilà sur Boylston Street avec la ligne d'arrivée en point de mire.

Les encouragements sont dingues, des deux côtés de la route, je retrouve quelques forces, je cours (enfin je cours à 10 km/h quoi)

Je franchis enfin la ligne d'arrivée en 3h24 !

Je récupère ma médaille et une couverture de survie

Sur le coup, je suis tellement content que ce soit fini qu'il n'y a pas vraiment de déception par rapport au déroulé de la course.

Sur le chemin du retour, je me laisse pas abattre, Shakeshack offre le burger aux marathoniens aujourd'hui

Le soir, on se fait un resto super sympa (Le Trillium) que Vincent a réservé deux semaines à l'avance. C'est blindé et je goute les huitres local (24$ les 8 quand même)

On va quand même faire quelques photos souvenirs

Puis une dernière bière au Harpoon (Bar blindé lui aussi)

Après un bon dodo, nous retournons avec une collègue du club sur les lieux du crime pour manger un Lobster Roll et boire notre bière offerte par Samuel Adams, la brasserie locale qui sponsorise le marathon

J'en profite pour faire graver la médaille (même si le chrono fait pas rêver) dans la boutique Under Armour de Boylston Street

Je fais aussi un petit tour à la librairie de Boston où j'ai l'occasion de rencontrer Running Addict et de discuter 5mn avec lui (il est de dos en bas à droite sur la photo)

Je vous mets en dessous en vrac des photos des visites du dernier jour avec Harvard, le MIT et la brasserie Samuel Adams où j'ai été acheté quelques décapsuleurs en cadeau pour mes soutiens français.

Le bâtiment où Matt Damon a passer ses années d'étude à Harvard

La fameuse statue de John Harvard

Le MIT

En rentrant, je croise des employés municipaux qui sont en train de retirer les décorations du marathon dont les grands drapeaux accrochés aux réverbères.

Je fais les yeux doux à l'employée qui les range dans le camion et elle m'en donne un. Une semaine plus tard, l'organisation les vendait 100$ pièce :whistle:

Bravo à ceux qui ont été au bout du récit ;-)

Conclusion

Franchement, ça a été une super aventure.

Des émotions lors de l'inscription quand j'ai su que j'étais accepté, la découverte de deux personnes super sympas qui m'ont accueilli chez eux pendant ces 5 jours et la découverte d'une ville vraiment super, entre Europe et USA.

Le marathon de Boston, c'est vraiment quelque chose à part. La ville ne vit que pour ça pendant la semaine de la course, tout le monde encourage les coureurs et c'est vrai que les spectateurs US n'ont pas leur pareil pour mettre l'ambiance (que ce soit au stade ou sur le parcours du marathon).

Bien sûr j'ai quelques regrets.
Je regrette d'avoir sous-estimé le profil en partant du principe que si ça descend plus que ça monte je serais gagnant.
Je regrette de ne pas avoir pris en compte ce profil à minima sur les sorties longues pour préparer spécifiquement des muscles à ces descentes infernales.
Et oui je regrette d'avoir été trop fainéant pour faire de la PPG spécifique

Mais purée que c'était bon quand même !!!! Si vous pouvez le faire, faites le, parce que c'est sans doute à faire dans une vie de coureur.

Ca flambe moins que New-York à la machine à café, mais pour en avoir discuté avec plusieurs français qui avaient fait les deux sur place, Boston c'est clairement au-dessus

Merci de m'avoir lu

Yohan

PS : Si quelqu'un peut me filer un programme de muscu spécifique course à pied (2 séances par semaine max quand même), je suis preneur