Récit de la course : Ultra Trail Côte d'Azur Mercantour - 45 km 2020, par catcityrunner

L'auteur : catcityrunner

La course : Ultra Trail Côte d'Azur Mercantour - 45 km

Date : 5/9/2020

Lieu : St Martin Vesubie (Alpes-Maritimes)

Affichage : 3009 vues

Distance : 45km

Objectif : Balade

10 commentaires

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UTCAM 45 km - Un petit clic et une grosse claque

UTCAM 45 km - Un petit clic et une grosse claque

 

Samedi 1er Août 20h

mail kikourou :

Bonjour catcityrunner,
Oh oui oh oui oh oui !
Tu viens de gagner un dossard grâce au TASK n°65 !

 

Voilà, il a suffi d'un petit clic sur le coup des 19h le 1er Août pour participer au TASK (Tirage Au Sort Kikourou pour les non initiés) et être tiré au sort.

Bon les candidats au TASK n'étaient pas légion, visiblement, puisque Maître Benman y est allé de sa relance sur le fil ad hoc. Le trail et la course A pied, c'est un peu le désert des Tartares depuis Mars.

 

Pour le premier et peut-être le seul dossard de l'année, j'opte pour le 45km, qui en fait offre le parcours le plus montagnard en boucle autour de Saint Martin Vésubie, avec 3500 D+, soit un ratio de dénivelé plus que respectable. Les vrais ultra-trailers partent, eux, sur le 70 et le 130 km.

 

Le Mercantour sera une découverte pour moi.

 

Lundi 24 Août

La préfecture vient de donner son feu vert

 

Les annulation de courses se sont multipliées, et l'épidémie semble reprendre un peu partout et notamment dans le Sud-Est. Mais l'organisation UTCAM s'est bien préparé face au Covid et les voyants sont au vert. J'avoue ne pas avoir cru au maintien de la course jusqu'à la dernière minute. Du coup, le projet de passer quelques jours pour découvrir le Mercantour en famille s'est transformé en aller-retour express.

 

Samedi 5 Septembre 7h00

Covid oblige, prise de température frontale avant accès aux sas :36°1, bon pour le départ !

Nous voilà dans les sas de départ, affublés du masque et en respectant à peu près la distanciation physique.

 

Le départ est donné par vagues, avec une petite boucle dans Saint Martin Vésubie, ce qui permet d'étirer un peu le peloton.

A peine 1,5km pour se dégourdir les jambes et on attaque brutalement les choses sérieuses en obliquant à gauche dans la forêt, dré dans le pentu.

Les bâtons sont dépliés, ça grimpe sec, mais en forêt et avec une petite fraîcheur matinale. Je prends mon rythme et monte tranquillement.

La pente est très régulière et permet une montée sans à coup. Je surveille la vitesse ascensionnelle sur ma montre, qui oscille entre 800 et 900 m/h. Ça me semble un peu trop rapide, mais je reste très facile et les bâtons aident beaucoup.

Avant de passer sous la Cime de la Palu à 2100 m, quand on sort de la forêt, je fais une petite pause photo. Les paysages sont superbes avec la belle lumière du matin.

 

 

 

A partir de là, le parcours a été modifié pour éviter un troupeau et son Patou du côté de la baisse de Férisson. On perd 200 m de dénivelé et 1 km avec ce nouveau traçé. Au lieu de rester à proximité de la ligne de crête, on descend sur le versant Nord pour suivre un beau sentier forestier, qui descend gentiment à flanc de montagne, avec quelques remontées par moment.

Il y a des sections assez faciles pour courir et des parties juste un peu plus techniques. J'aime bien cette partie, même s'il faut tout de même rester vigilant : une petite glissade sur un rocher humide me rappelle à l'ordre et m'incite à la prudence. Je laisse passer quelques avions qui descendent bien plus vite que moi.

 

Madone de Fenestre 9h28, 12km, 1300D+

 

Le ravitaillement de la Madone de Fenestre ne comporte que de l'eau, une contrainte aussi liée au Covid. Je fais une courte pause, le temps de procéder au remplissage de mes deux flasques et de finir une petite barre énergétique.

Juste après ce ravitaillement, on découvre l'autre côté de la vallée et le début de la début de la montée vers la Cime du Pisset, deuxième montée au programme, après un court passage sur la route.

 

 

 

Contrairement à toute la première partie de la course, on se retrouve rapidement à découvert sous un soleil éclatant. Je décide de ménager mes forces dans cette montée, j'en profite pour quelques poses pour photos.

 

 

 

Encore de très beaux paysages; c'est un avantage de cette course entièrement de jour, on peut profiter un maximum des paysages. Je pense aux coureurs du 130 km qui sont passés de nuit sur cette partie, dommage...

 

 

La montée vers la cime du Pisset n'est pas trop raide et le temps magnifique permet de bien profiter et de s'en mettre plein les yeux. Les jambes vont bien et il ne fait pas (encore) trop chaud.

 

Cime du Pisset 10h23, 2200m, 16,5 km, 1900 D+

 

Ensuite on évolue sur une sorte de prairie en plateau.

La descente vers le Boréon d'abord assez roulante puis plus raide et plus technique.

La trace rejoint un chemin plus large mène au Boréon. Cette partie m'a un peu éprouvé et je commence à avoir le ventre qui me tarabuste. Il va falloir refaire le plein d'énergie au Boréon, seul ravitaillement solide de la course.

 

Boréon 11h13, 22,5km

Après environ 700 m de dénivelé négatif, j'arrive au ravitaillement, avec le masque remis sur le nez. Pas de buffet avec la foire d'empoigne comme dans certaines courses, il suffit de demander et les bénévoles aux petits soins nous apportent notre commande.

Au menu, un verre de coca et un quartier de banane. Je remplis une flasque avec de l'eau gazeuse coupée d'eau plate, et deux autres flasques d'eau plate. 1,5 l ne sont pas de trop pour passer la prochaine section, qui fait 1200 D+ et 17km avant la Colmiane.

 

Après une bonne dizaine de minute d'arrêt, je repars sur une partie pas très agréable, 2 km de montée sur bitume sous le soleil. J'ai pris un peu de fromage que je vais grignoter en marchant tranquillement.

Le prochain objectif, le Mont Archas, est en face avec ses 1000 D+, avec un final bien raide.

Me viens une sensation un peu nauséeuse, j'espère que ça va passer en adoptant un rythme modéré. Étant un habitué des problèmes de digestion sur les trails, surtout en montagne, je sais que le ventre lâche avant les jambes et j'essaye d'anticiper en levant le pied, si on peut dire.

 

La bonne nouvelle, c'est qu'on retrouve un sentier en forêt, de quoi profiter d'un peu de fraîcheur. La mauvaise c'est que l'estomac a décidé que l'Archas c'était pas son truc. J'essaie de boire de petites gorgées régulièrement, mais la machine est visiblement enrayée.

On est à l'heure de la sieste, donc je trouve un petit coin où je peux m'allonger et reprendre quelques forces. J'ai encore 6h pour arriver dans les temps à Saint Martin Vésubie, même en marchant ça doit le faire.

 

Je dois être à la moitié de cette montée de l'Archas. Normalement 1h de montée, mais là je vais mettre quasiment 2 heures.

L'estomac se décide à une première vidange, et le ravitaillement du Boréon finit sur les pentes de l'Archas...

L'avantage c'est que je peux reboire un peu d'eau et limiter la déshydratation. J'avance à un rythme d'escargot, mais j'avance quand même.

 

J'arrive enfin sur le col qui mène à la montée finale au sommet de l'Archas.

 

 

 

Plus que 300 m de dénivelé, le moral remonte un peu. A force de me faire dépasser, je retrouve des trailers qui avancent aussi péniblement que moi.

Le ventre se fait oublier quelque peu, et la délivrance arrive enfin avec le panorama au sommet de l'Archas.

 

Archas 14h40, 2510m

 

Il y a une équipe de l'organisation au sommet qui propose de l'eau. Le cerveau a été aussi à moitié débranché dans la montée ; il réalise enfin que j'ai très soif.

Deux grands verres d'eau fraîche avalés rapidement, ça fait un bien fou. J'attends un peu avant de reprendre un peu d'alimentation solide, de peur que ça ne passe pas.

Après la pause photo, il faut tout de même repartir. J'ai compris en discutant avec d'autres trailers que la descente de l'Archas, hors sentier, est bien pénible.

Mais j'ai dû boire trop vite, car les nausées reprennent et je suis contraint de me poser dans l'herbe et je vomis tout ce qui me restait dans l'estomac.

Après ça va beaucoup mieux, mais je ne vais pas rester là couché dans l'herbe, il faut quand même redescendre tout en bas !

 

Une fille de l'organisation vient me voir. Elle repère les concurrents en difficulté et me dit qu'il y a une possibilité de se faire rapatrier au col un peu plus loin, mais que si par contre je m'engage dans le vallon il faut aller au bout. Je lui réponds que j'irai au bout tranquillement.

Maintenant il faut que j'arrive à boire, car je suis en train de me déshydrater sérieusement.

Une petite gorgée de temps en temps, ça passe. Pas de quoi reprendre des forces et recourir vraiment, mais au moins assurer l'arrivée en mode randonnée.

 

Au col de la Valette des Adus, on bascule hors sentier. Cette descente est vraiment piégeuse : on évolue dans une pente raide avec de l'herbe bien glissante, parsemée de rochers et avec quelques pierriers pour agrémenter le tout. Mon seul objectif étant de terminer sans y laisser une cheville ou un bras, je descends hyper prudemment et c'est interminable.

A un moment, je me dis qu'à ce rythme là, je vais finir hors délai !

 

J'imagine les trailers du 130km, qui ont dû en baver en passant de nuit sur cette partie.

 

Vallon Anduebis 16h40

 

Enfin, on sort de cette descente infernale pour retrouver un chemin, où je pourrais même courir en théorie.

Mais les batteries sont complètement à plat et mes tentatives de réalimenter la machine sont vaines.

L'estomac renvoie dans la nature le micro-bout de barre énergétique que je tente d'ingurgiter.

Il faut que je me résigne à la gorgée d'eau intermittente, qui évite que je solidifie sur place. Heureusement, j'ai assez d'eau pour tenir jusqu'au ravitaillement de La Colmiane.

 

La descente vers la Colmiane n'est pas très glamour : un chemin sans difficulté et sans trop d'intérêt. J'abandonne toute vélléité de recourir et comme je ne vois plus personne me doubler, je me dis que je pourrai peut-être viser la dernière place. A ce point de la déroute, finir dernier plutôt que 300ème, ça a plus de panache et on a droit à son heure de gloire à l'arrivée !

 

La Colmiane 10h19 de course

Quand je débouche au ravitaillement, je vois que le démontage est déjà en cours et qu'il ne doit plus rester grand monde derrière.

Je bois un petit verre d'eau, ça passe.

 

Ensuite la descente vers Saint Martin Vésubie n'en finit pas. Je retrouve quelques trailers de fond de classement et je me sens moins seul.

A ce stade, l'esprit ne pense plus qu'à la bière fraîche et à une douche bienfaitrice et la moindre montée un peu raide se transforme en un obstacle intolérable. Et on me dit que la fin de course est à 19h00 et non pas 20h00. Bon je ne vais pas être hors délai quand même, mais tout juste !

 

Saint Martin apparaît enfin en contrebas, plus que 10 ou 15 minutes !

Enfin c'est la descente finale vers le village et la petite boucle avant de franchir la ligne.

Les « Allez Gilles » qui fusent des spectateurs attablés au bar près de l'arrivée font bien plaisir.

C'est fini, il est 18h42.

Pour ce premier dossard de l'ère du Covid, je me suis vraiment pris une grosse claque.

Un grand merci à l'association Kikourou pour les TASK, ainsi qu'à l'organisation de l'UTCAM, qui m'ont permis de découvrir ce trail et cette région magnifique.

Une fois digéré cet épisode, j'aimerais revenir découvrir le Mercantour.

Quant au trail en montagne, il me reste des progrès à faire dans la gestion de course. Ça va, je suis encore un jeune trailer avec juste 5 ans d'expérience dans la discipline.

 

 

10 commentaires

Commentaire de Free Wheelin' Nat posté le 12-09-2020 à 16:47:08

Ravie que tu aies apprécié le beau terrain de jeu qu'est le Mercantour (tout du moins sa lisière, tu n'as pas vu le reste!)
Tu t'en es bien sorti et tu as gardé la motivation jusqu'à la fin, de bonne augure pour la suite, bravo!

Commentaire de catcityrunner posté le 12-09-2020 à 18:05:19

Merci, bien envie de revenir passer plus de temps sur les sentiers du Mercantour !

Commentaire de shef posté le 12-09-2020 à 17:02:33

Bravo d'être allé au bout dans ces conditions. Je te confirme que la descente d'Anduébis était un petit plaisir de nuit ;)

Commentaire de catcityrunner posté le 22-09-2020 à 20:24:34

L'avantage la nuit, c'est qu'on ne voit pas l'étendue du désastre !

Commentaire de Arclz73 posté le 13-09-2020 à 23:33:21

Bravo pour l'avoir terminé ! Quel mental admirable. Peut-etre que ce task t'auras donné envie d'y revenir dans de meilleures conditions :)

Commentaire de catcityrunner posté le 22-09-2020 à 20:25:22

Bien envie de revenir dans le Mercantour, pour randonner ou courir !

Commentaire de Mazouth posté le 14-09-2020 à 23:16:06

Bravo ! Grâce à toi le TASK a vaincu le COVID ;) J'espère que malgré tes soucis d'estomac tu auras pu savourer la bière du finisher.

Commentaire de catcityrunner posté le 22-09-2020 à 20:26:23

Oh oui, jamais autant apprécié une bière de finisher ! La bière ça passe toujours...

Commentaire de samontetro posté le 22-09-2020 à 15:02:45

Dure la fin de course quand il faut enclencher le mode "survie" tout en fertilisant les bords du sentiers! C'est l'expérience qui rentre! Le mental, lui est déjà prêt pour la suite. Bravo!

Commentaire de catcityrunner posté le 22-09-2020 à 20:35:44

Merci, je ne connaissais pas vraiment ce mode survie, j'espère ne pas l'activer trop souvent !

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