Récit de la course : L'Echappée Belle - Intégrale - 149 km 2019, par thomas69

L'auteur : thomas69

La course : L'Echappée Belle - Intégrale - 149 km

Date : 23/8/2019

Lieu : Vizille (Isère)

Affichage : 2746 vues

Distance : 149km

Matos : Hoka mafate evo
Sac UD

Objectif : Objectif majeur

8 commentaires

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Patience et calme quoi qu'il arrive

Cette fois, il y a tellement de chose dans ma tête, que je vais les mettre par écrit, car je ne veux pas les oublier.

L’échappé belle je connais depuis 2015. Pacer de Benjamin lors de sa victoire j’avais couru les 40 derniers kils depuis Super Collet. Quasi tout de nuit donc pas de souvenirs impérissables de paysage, mais déjà l’impression que cette EB est une course un peu à part, et que le chantier est quand même énorme. Au moment de l’ouverture de l’inscription, j’ai vaguement en tête d’y aller, la vitesse à laquelle partent les places va accélérer les choses ! Le 14 janvier je suis inscrit… Y a plus qu’a s’en remettre au Boss !

La prépa sera bonne, pas de question à se poser, je suis ce que dit le coach. Des cross durant l’hivers, quelques courses de préparation au printemps et en début d’été. Une anecdotique 80ème place à Buis les Baronnies (y avait des avions de chasse), un DNF au Nivolet Revard, une bonne course au trail des allobroges (12 ème), un chemin de croix à Val d’Isère (23éme), malgré tout, ces courses m’ont mis en confiance, les progrès sont présents. J’arrive donc le 23 août à Vizille plutôt confiant sur mon état de forme avec la phrase du coach en tête qui ne me quittera « patience et calme quoi qu’il arrive ». Le plan est simple, laissé venir la fatigue, arrivé au Pleynet « frais », arrivé au Gleyzin confiant pour ne pas refuser l’obstacle « Moretan » que je devrais franchir seul de nuit. Et après, serrer les dents. Tout ça devrait m’amener à Aiguebelle en 33H30 !

 

Départ en mode footing avec Ianis, évidement plein de monde me double avec une ventilation qui me parait complètement délirante. 2 min avant l’organisateur insistait sur le fait de gérer, d’être prudent…visiblement il y a des poissons rouges dans le peloton. La montée à Arselle se fait en mode rando et malgré ça j’arrive avec 10 min d’avance sur le temps prévue. Sarah et les enfants sont là, ravito express, petit coucou à Flo l’organisateur qui me filme. A ce moment je commence à serrer le frein. Les débuts de course sont trompeurs, je sais que je suis dans une forme que je n’ai jamais eue, alors évidement cette première montée me semble facile, mais je sais que c’est trompeur, il faut se forcer à ralentir. Je fais un bout de chemin jusqu’à la Pra derrière Lucas Papi. Mais quelle pipelette Rigolant A partir de là le parcours devient incroyable ! c’est un régal. La monté à la croix se fait à la cool je ralenti dès que je commence a ventilé. J’essaie d’apercevoir D’Haene vers le col de Freydanne…mais il est déjà de l’autre côté. Descente de la croix et freydanne toute en prudence et je file vers jean Collet où m’attendent mes parents et … si mon père a suivi les consignes, un Perrier menthe. Les consignes ont été suivies, je descends le Perrier menthe, mange un peu de riz, compote, enfile une saharienne, et file.

Je connais la section qui arrive, elle est belle et technique, elle me plait, je pars serein, et toujours en me limitant, « patience et calme quoi qu’il arrive ». A partir de maintenant je vais être quasi seul jusqu’à l’arrivée ! c’est ce que je voulais ! Je reprends 3 coureurs dans cette section et je sais qu’au Habert d’Aiguebelle je vais me faire un petit plaisir. J’arrive au ravito et fil directement dans le refuge, frappe à la porte de la cuisine. Le gardien m’ouvre et dans la seconde annonce « un Perrier un menthe ». La serveuse se retourne et rigole ! Je complète la commande par un morceau de tarte aux myrtilles ! Cet été lors des recos j’avais discuté avec le gardien et lui avait annoncé que le jour de la course je passerai prendre un Perrier. Tout se passe comme prévu, j’ai juste 45 min d’avance sur l’horaire que je lui avais annoncé ! Le gardien m’offre le morceau de tarte ! Super souvenir. Je sais que je vais payer pendant 15/30 min ce petit écart mais peu importe, plaisir avant tout !

L’enchaînement qui suit est terrible, col de l’Aigleton, plus col de de la Vache. Je sens une faiblesse dans le col de la Vache, je me force à m’alimenter et gagne encore deux places sur cette section. La descente est abo ! je prends le temps de rependre de l’eau à une source et pars en direction du Pleynet. Descente interminable, mais je l’avais intégré donc ça passe. Au Pleynet tout le monde est là, Sarah, les enfants, les parents, Benjamin, Anne, Margot (qui finit les restes 😊).  Là il faut remettre le bonhomme à neuf, nok chaussette, chaussure, T-shirt, frontale, manger, boire, massage.

Je repars comme neuf, direction les Gleyzin. L’accueil au sommet est sympa, mais je refuse le Ricard !!! La nuit tombe dans la descente qui se termine par une saleté de piste forestière bien raidasse. Mode économie des quadris !

Sarah est au Gleyzin avec le café. Je prends le temps car je sais que ce qui arrive est le moment clé de la course. La section jusque Super Collet où je retrouverais mon sac d’allègement sera très longue. Il est 21H50 je cours depuis 15h50 je suis exactement à mi-course, je pars vers le Moretan en 16ème position, la course commence à se jouer maintenant. La montée se passe bien, un stop express à la moitié pour recharger en eau et j’attaque le pierrier final qui me sèche comme il faut. Je passe le col en poussant quelques râles… on commence à se rentrer dedans !!! La descente est bien à l’image de sa réputation… ce n’est pas encore là qu’on allonge la foulée. L’accueil à Perioule aussi est à l’image de ce qu’on m’avait décrit. Je prends le temps de boire un thé et mange un bout de pizza et je file au pied de la monté du pré carré. Je me fais décrocher par le mec que j’ai repris dans la descente. La section jusque super collet est interminable, l’arrête de l’évêque est abominable. Les lumières de Super Collet ne s’approchent pas, je suis rincé ! J’arrive à Super Collet et une fraction de seconde je pense stopper ou aller dormir. Mais très vite je me ressaisis, je prends ma doudoune dans mon sac d’allégement pour pas prendre froid, un café, de la soupe je m’installe à une table et prend le temps de manger. Je suis exténué, je savais que la fatigue arriverait, elle est là, maintenant il faut le dompter… Je laisse filer le coureur qui est arrivé 5 min après moi, ne pas penser à la place, il reste 10 h de course, rien n’est fait, je peux encore tout perdre, alors plus que jamais, « patience et calme quoi qu’il arrive ». Je finis par me refaire la cerise, un dernier café, une St Yore, la flasque de gels et je sors les écouteurs. Il est temps de débrancher le cerveau, de mettre la playlist et d’avancer quoi qu’il arrive.

Je repars et m’étonne à monter à bon rythme. La descente technique et humide qui suit m’use mentalement. Mais la magie de l’ultra opère, au lever du jour après le refuge des Feries dans un décor magnifique, « Kill’em All » dans les oreilles j’ai 3 coureurs en vue, je monte beaucoup plus vite eux, et rapidement je les dépasse, état de grâce ! Les kils qui suivent sont du pur bonheur, le terrain est moins technique je peux commencer à dérouler un peu dans la descente. Grisé par les sensations et l’annonce que le top 10 est juste devant moi, j’accélère encore un peu sachant le ravito de Val pelouse proche. Erreur ! « Quoi qu’il arrive » ça veut aussi dire « quand ça va bien voire trop bien ». J’aurais dû rester calme dans cette descente. J’arrive au ravito avec les cuisses aux bords des crampes. J’hurle en voulant enlever mes chaussures, impossible de plier la jambe. Sarah devra noker mes pieds immondes ! Quelle belle équipe ! Je mange, prends du café aspire des gels. Le coureur que je viens de doubler rentre dans le ravito et va s’allonger pour dormir. Le Top 10 se dessine.

A partir de maintenant Sarah sera là pour imprimer le rythme, ce qu’elle va faire parfaitement. Elle parle un peu dans le vide…j’ai plus la force de lui répondre. Avancer. Les montées passent encore pas trop mal, mais je porte ma croix pendant toute la descente vers le Pontet Je sais en plus que l’arrivée au Pontet est interminable, et je me souviens que Benjamin avait lui aussi à ce moment commencé à sombrer. La vue des enfants et les encouragements de la famille me redonnent un peu d’énergie juste avant le ravito. Je sais que sauf blessure ma course sera une réussite. Je ne tarde pas au ravito, j’ingurgite tout ce qui peut encore passer, café, compote, gel, et repars pour la dernière section.

2h10 encore à avancer en maitrisant les crampes…c’est long, mais j’accepte, je savais que ça finirait comme ça, même certainement je le voulais. Enfin la pancarte « Aiguebelle », le gymnase, l’entrée dans le parc, main dans la main avec les enfants, la cloche ! C’est fini, 31h39, 10ème 1er V1.

Ça a été formidable à tous points de vue. Le parcours est majestueux, l’ambiance et l’organisation excellentes. Sportivement ce fût ma meilleure course, et faire sa meilleure à l’échappée belle…Jamais je n’ai été chercher aussi loin aussi longtemps.

Tout ça évidement ne ce serait pas réalisé ainsi tout seul. L’implication de Sarah et des enfants a été extraordinaire. Le soutien de la famille a été essentiel. Et Magic Patrick a fait des miracles !!! Merci à vous !

8 commentaires

Commentaire de Mazouth posté le 27-08-2019 à 19:56:07

Bravo !! Belle maîtrise, la patience a payé !

Commentaire de courotaf posté le 27-08-2019 à 20:11:23

Bravo à toi! Et quelle famille!

Commentaire de Benman posté le 27-08-2019 à 22:00:33

Canon Thomas. Bravo pour ta belle course qui montre une préparation sans faille.

Commentaire de shef posté le 28-08-2019 à 07:47:02

Bravo !
Comme un air de famille dans le style du CR ;)

Commentaire de BouBou27 posté le 28-08-2019 à 09:58:43

Bravo ! Un autre monde que la tête de course

Commentaire de franck de Brignais posté le 28-08-2019 à 16:45:55

Vu comme ça, on a 'impression que c'est rapide... bravo ! Très impressionnant !

Commentaire de Benjamin73 posté le 02-09-2019 à 12:22:58

Bravo pour ta course. Tu as su gérer et rester centré sur toi même, c'est indéniablement une des clés principale de la réussite en utra. J’espère pouvoir venir te faire l'assistance du côté de Cham très rapidement !!!

Commentaire de thomas69 posté le 02-09-2019 à 17:27:40

Merci ! J'espère aussi être du coté de Cham rapidement...mais ça peut prendre quelques années !

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