L'auteur : nanard7th
La course : Trail Nivolet-Revard - 51 km
Date : 5/5/2019
Lieu : Voglans (Savoie)
Affichage : 2583 vues
Distance : 51km
Objectif : Terminer
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Nivolet Revard 2019 ... Une douce euphorie !
Après une année 2018 marquée par trois abandons (Grand Duc, UT4M et STL), je me posais beaucoup de questions ...
Car même si j'avais terminé l'UTV 15 jours après mon abandon à l'UT4M, les problèmes physiques mais aussi mentaux rencontrés lors de ces courses m'avaient affecté et m'interpellaient ... A l'aube de mes 57 ans, mon déclin (inévitable j'en ai bien conscience) venait peut-être de s'accélérer ...
Début Avril, mon temps et mon classement au semi Grenoble-Vizille m'avait quelque peu rassuré mais ma 7ème Nivolet Revard devait me fixer sur mon avenir dans mon sport favori ...
L'année passée, j'ai terminé la NR à l'agonie, cette année je vais partir la tête remplie d'interrogations ...
Je me suis quand même fixé un objectif de 9h-9h15.
Depuis quelques jours, la météo ne varie plus : un temps glacial va s'installer sur les Bauges et la neige sera présente sur une majorité du parcours.
Petit problème, je passe la soirée du samedi à l'anniversaire de Peno38, binôme du Keke ! Je résiste du mieux que je peux au champagne et autres binouzes mais je me jette comme un mort de faim sur la salade de pâte spéciale Nanard7th ...
Dimanche Matin, donc après une courte nuit mais étonnamment avec un sommeil profond, je me retrouve à Voglans à 7h30. Je retire mon dossard et se pose une première question : comment s'habiller ?
2 ou 3 couches ?
Il ne fait pas si froid (6°) alors j'opte pour 2, avec un Mizuno Thermobreathe et une sweat léger Decath.
J'ai décidé de partir un peu plus vite que d'habitude (ou je pars systématiquement avec les serre-files).
A 8heures, le départ est donné et je m'élance au milieu d'un peloton bien garni (près de 600 participants au 51km) ...
Mais 200m après le départ je vois Coco38 (illustre Kikourou) parmi les spectateurs (il va faire la Malpassant) ... une accolade et je le félicite pour son 24h, on discute un peu et il me presse de repartir, les serre-files sont déjà là ... Décidément !
Je fais 500m avec eux puis il ralentissent pour suivre une coureuse très très lente .. J'accélère un peu ... La petite bute au-dessus de Voglans est franchie sans problème. Dans la montée sur Mery je discute avec un coureur qui avance bien malgré un certain âge (67 ans, il terminera la course), ça me regonfle le moral. Après Mery la pente se fait un peu plus forte et on aborde le long passage vallonné qui nous emmène aux Mentens. La pluie fait son apparition, la boue aussi.
Et là, il faut que je parle de mes XT7 de Décathlon ... Depuis plus de 10 ans j'étais fidèle aux Asic Fuji Trabucco mais depuis 3 ans Asic a changé la forme de la chaussure (plus étroite) et elles ont perdu un peu de stabilité ... j'ai essayé quelques NB (MT Leadville, Hierro 2 & 3) sans vraiment être satisfait et depuis peu, suite aux retours très positifs de collègues trailers, j'ai acheté une paire de XT7 et une paire de MT7 en solde pour respectivement 45 et 60€ !!! La semaine avant la NR pour ma première sortie longue en montagne les XT7 m'ont donné toute satisfaction, mais cette NR devait être leur baptême du feu !
Et bien disons le tout de suite, elles ont répondu présent au-delà de mes espérances.
Nous avons rencontré des terrains très variées : boue liquide, boue épaisse, neige fraiche, neige tassée (voir gelée) : jamais une glissade (et pourtant devant moi j'ai vu beaucoup de coureurs en difficulté). Il y a seulement sur les dalles de pierres et les cailloux/rochers lisses que je devais être prudent (mais je ne sais pas si une chaussure a du grip sur ce genre de surface) et même sur les rares portions de bitumes, je ne trouve pas qu’elles tapaient !!! Incroyable vu le prix ... Bon, elles sont super moches ...
Donc, sur cette portion, j'avance bien dans un groupe qui va a bonne allure (même si on est dans les derniers), je suis tranquillement sans essayer de doubler (ce qui est de toute façon difficile).
On arrive au Mentens, 1er ravitaillement, 1h36 (490ème) ... j'ai 10' d'avance sur le temps prévu ...
Je prends quelques pates d'amandes, un verre de coca j'enlève ma deuxième couche et j'enfile ma veste Décath.
Et là, il faut que je parle de cette veste Décathlon !!! Après avoir usé jusqu'à la corde une Gore en Goretex et une Salomon Bonnati, j'ai décidé d'essayer la nouvelle veste technique Decathlon à 70€. Après 4h sous la pluie et la neige en Chartreuse la semaine dernière, j'avais été plus qu'emballé par sa protection contre la pluie et sa respirabilité. J’avais été parfaitement protégé ... Eh bien, même niveau de satisfaction sur cette NR ou dès que je l'ai mise, je suis resté bien au chaud malgré des conditions plutôt rudes ... Vu le prix .... Bon, elle est quand même un peu moche !!!!
C'est donc parti pour près de 800m de D+ jusqu'au col du Pertuiset en 3 km. La pente est raide et rapidement les premières traces de neige apparaissent.
Vers 800m d'altitude, tout est blanc ! Il fait vraiment froid avec le vent qui s'est levé. On arrive vers un passage un peu technique ou un bouchon s'est formé. Je récupère ... pourtant je me sens bien et dans la suite de la montée je vais dépasser plus d'une dizaine de coureurs. J'arrive au col après un peu plus d'une heure, je suis surpris de ne pas avoir regardé l'altimètre de ma montre une seule fois ... c'est la première fois que ça m'arrive dans une grosse montée !!!
On croit en avoir fini mais non, le Revard est encore loin ! Dès qu'on sort de la forêt, le vent se fait plus présent, l'ambiance est vraiment glaciale et la neige abondante (20 à 30 cm !!!), on longe la départementale qui amène au Revard. D'habitude c'est un champ de boue. J'apprécie la neige qui l'a recouverte sans fondre (il doit bien faire -5°). On subit de grosses rafales de vent, c'est digue ce temps !
Arrivé au Revard, on ne passe pas le long de la barrière sur l'arrête du massif comme d'habitude (pour profiter de la vue magnifique sur le Lac du Bourget). De toute façon c'est tout bouché donc on ne perd rien ! On traverse la route qui est complètement verglacée (le 5 Mai !!!) et on attaque le faux plat descendant sur la Féclaz. C'est ma 7eme NR et pourtant je ne reconnais pas le paysage ! La neige change les repères ... en revanche la trace bien tassée par les 500 concurrents passés devant moi permet d'avancer rapidement et pour la première fois je vais faire la traversée du Revard à la Féclaz (6km) sans pratiquement jamais marcher !
J'arrive à la Féclaz (24km - 1600m D+) en 4h05 (474ème) avec 25' d'avance sur la BH et le plan prévu. Je n'ai jamais été aussi vite sur cette portion ! Je suis aux anges !
Au ravitaillement j'ai la surprise et la joie de retrouver Franck, un ami. Je ne l'avais pas vu au départ mais comme il est normalement plus rapide que moi je ne pensais pas le voir de la course. Là il est frigorifié ... il n'a pas regardé la météo et n'a pas pris de gants ! Il est au bord de l'abandon. Par chance, j'ai deux paires ! J'attends un peu qu'il se réchauffe et nous repartons, bien décidé de terminer ensemble cette NR comme en 2014.
La montée vers la Sire se passe bien, on prend le temps de prendre quelques photos au sommet et on se dirige vers La croix du Nivolet.
On passe dessous sans y monter (sans doute dangereux vu les conditions météo) et on attaque la descente vers la cascade de la Doriaz. Mes XT7 font des miracles et Franck a un peu de mal à me suivre. On passe le col de la Doria et arrive à la cascade (toujours aussi splendide), je prends quelques photos et comme le soleil daigne faire son apparition, j'en profite pour tomber la veste.
Je redoute la montée qui nous emmène vers les Grands Prés. Il y a deux ans, j'avais explosé sur les 400m de D+ qui nous attendent maintenant. Rapidement je dois remettre la veste, le ciel se couvre de nouveau... Après une première partie plus facile on attaque la dernière partie beaucoup plus raide. Franck me distance un peu mais je tiens un bon rythme et peu de coureurs me dépassent ...
Je prends une dernière compote...
Et là, il faut que je parle des compotes Decathlon ... Nannnn, je plaisante ...
Je suis sur un petit nuage, heureux de voir que malgré mon peu d'entrainement en Montagne depuis le début de l'année, je suis capable d'enchaîner les montées (on vient d'atteindre les 2500m de D+).
Franck m'attend au sommet et on attaque ensemble la descente vers Pragondran. C'est la partie la plus difficile de cette NR. La pente est très raide et extrêmement glissante. Les coureurs descendent comme ils peuvent : sur les fesses, en s'accrochant aux arbres ... Avec mes chaussures magiques (et mon agilité en descente) j'avance rapidement dépassant des coureurs en perdition. Puis, en confiance, j'envoie "du lourd" (à mon niveau évidemment) sur le reste de la descente et j'arrive sur le ravitaillement (38km) en 7h avec 15' d'avance sur mes prévisions.
J'y attends Franck, qui a fait une descente plus prudente pour préserver ses chevilles.
On repart après 10' d'arrêt (476ème).
Maintenant nous abordons le nouveau tracé qui nous envoie vers les bois du Fournet. Dans la succession des montées descentes, je commence à fatiguer et à maudire les organisateurs qui ne nous on pas fait passer cette année par le Malpassant (une seule montée et basta) !!!
Pourtant, peu de temps après avoir passé une crête, nous arrivons sur un fantastique single de près de 3km qui nous emmène au Fournet, dernier ravitaillement liquide. Et malgré la fatigue maintenant bien présente, j'apprécie ce passage.
Peu après le ravitaillement, on rejoint le tracé habituel... et comme d'habitude c'est long, long, long !!! Pourtant nous courrons la plupart du temps.
Le dernier raidillon ne nous arrête pas (il faut dire que je ne veux absolument pas me faire dépasser par un groupe qui nous suit de près !!!). Enfin nous basculons vers Voglans pour débouler rapidement vers la ligne d'arrivée que nous passons ensemble avec Franck, main dans la main comme en 2014 !
Temps 9h07 - 477ème/537 (sur 588 partants)
Une de mes plus belles courses de ces dernières années !
C'est vrai que j'aime ces conditions, mais ce Dimanche, j'ai retrouvé cette douce euphorie, sensation si difficile à expliquer aux profanes, cette sensation qui donne un gout intense à la vie !!!
Et c'est plein d'espoir et d'optimisme que j'envisage la suite de ma saison avec deux objectifs majeurs : la 6000D et mon 9ème UTV !!!
8 commentaires
Commentaire de coco38 posté le 10-05-2019 à 12:57:51
Bravo ! Effectivement tu ne peux qu'être optimiste... tu es comme le bon vin... meilleur d'année en année. Visiblement la descente vers Pragodran a fait des dégats et pourtant tu es passé facile (je crois qu'il va falloir que j'essaye les chaussures décat).
Rendez-vous à la Plagne... aucune chance que je te suive... peut-être un petit bout de montée ensemble comme à l'UTV !
JC
Commentaire de nanard7th posté le 10-05-2019 à 14:28:57
Merci Jean-Claude !
Sur la 6000D, j'espère qu'on ira jusqu'au sommet ensemble !
Commentaire de chirov posté le 10-05-2019 à 20:19:49
bravo ! Belle course
Commentaire de carapauch posté le 11-05-2019 à 10:02:47
Quel recit Nanard7th!!! Et quel plaisir de voir de si belles photos de Franck et toi! Bravo
Commentaire de loiseau posté le 12-05-2019 à 21:24:42
Joli récit Bernard, et bravo pour ta course ! C'est de bon augure pour l'UTV !!
Je ne savais pas que tu travaillais pour D......on ;-) !
A bientôt dans le Vercors,
Jan
Commentaire de samontetro posté le 12-05-2019 à 21:40:35
Mais ça sent bon tout ça! Une "hivernale du Nivolet-Revard" envoyée en deux temps trois mouvements dans des conditions aussi difficiles c'est pas rien! Il y a de l'expérience la dessous, de la gestion et de la condition physique! Les 3 ingrédients du plaisir de courir! Bravo Bernard.
Commentaire de peno38 posté le 20-05-2019 à 17:57:05
Bravo Bernard pour cette belle course, je craignais que la soirée à la maison ne te soit pas bénéfique ... c'est tout le contraire et en plus avec des conditions hivernales!
Merci à DKT ... et à la salade de pâtes de Véro 😁
Philippe
P.S : Tu es tout bô en DKT 😉
Commentaire de Shoto posté le 29-05-2019 à 19:49:05
Un beau récit de guerrier traileur revenant du monde des blessures, des doutes et abandons. Çà fait plaisir de ressentir le plaisir que tu as pris sur ce NR 2019. Nous avons toi et moi un point commun ... j'ai en effet également fini le NR en 2016 .... également une édition sous la neige !
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