Récit de la course : Marathon Seine-Eure 2006, par al27
L'auteur : al27
La course : Marathon Seine-Eure
Date : 15/10/2006
Lieu : Val De Reuil (Eure)
Affichage : 1889 vues
Distance : 42.195km
Matos : Chaussure mizuno
Short chaussettes et t-shirt kalenji. porte gourde asics et gourdes kalenji, casquettes adidas
Objectif : Pas d'objectif
5 commentaires
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Premier Marathon
Il fait nuit, il n’est pas encore sept heure que déjà des dizaines de voitures sont arrivées près de la ligne que nous franchirons (peut être) dans quelques heures. Cet instant je l’attends depuis le 15 août 2005, le jour où j’ai arrêté de fumer. Des années à laisser le sportif qui était en moi sommeiller.
Les somnambules du dimanche matin rejoignent les navettes qui vont nous conduire au point de départ situé 20 Kms plus loin. Le départ est un peu sommaire, je ne suis donc pas dépaysé, traileur par nature je sors de mes sentiers sauvages pour affronter pour la première fois la dure réalité du goudron sur la distance mythique du marathon. Un métier épuisant, des enfants en bas âge et donc un entraînement sur le fil du rasoir, je sais que je ne vais pas faire d’étincelles, c’est même trop tôt mais je n’ai pas pu raisonner mes baskets, elles le voulaient ce marathon. L’objectif est donc de finir, je laisse les résultats aux autres, pas compétiteur pour un sou.
Les choses se précisent, nous sommes peu nombreux, un peu plus de 400 pour le marathon et un peu plus de mille avec les relais.
Le départ est donné, je passe la ligne 15 secondes après le départ (à faire rêver un marathonien de Paris !). Habitué aux distances de 30 Kms sur trail, je sais que les ennuis ne seront pas pour tout de suite. Les 5 premiers kilomètres en campagne se font en peloton, on cause, on se réchauffe, le premier ravitaillent sépare déjà les groupes. Pas de grands événements pour l’instant, je suis à 5.3 minutes du km, c’est mon temps. A partir du dixième kilomètre je joints un groupe qui courre au même rythme que moi, les premiers ekiden nous rejoignent. Au 15ème, le petit groupe se disloque, je ne m’attarde pas au ravitaillement, j’avais pas mal de quoi me ravitailler sur moi. C’est cette erreur que je n’aurais pas du faire, j’aurais du attendre le groupe à près du vingtième je me retrouve seul, cette solitude augmente le rythme, j’ai beau me raisonner je n’arrive pas à tenir mon train, j’arrive sur un groupe et leur dit qu’ils ralentissent, eux me disent avoir accéléré. Mes doutes sont fondés je n’ai pas su tenir mon allure.
Au bout de 25 Kms un douleur sourde arrive aux cuisses, je sais que c’est mon point faible, je courre peu sur route, je sais aussi que même si maintenant au 27 Kms j’ai réussi à reprendre mon train, je vais avoir du mal à aller jusqu’au bout. Le souffle est réglé comme une horloge, lui ne me causera pas de problème. Je n’avais pas d’objectif mais le raisonnable était d’arriver dans les 4 heures. Je courre pendant 3 Kms avec une dame qui souffre beaucoup, sa respiration est forte et elle se plaint aussi de ses cuisses. Nous subissons un faux plat en montée dans une ligne droite à n’en plus finir. Au 30 elle s’arrête pour s’alimenter, je reste un peu, encore une faute, je m’aperçois de mon erreur en repartant.
La douleur lancinante s’accentue et du 30ème au 35ème, c’est une lutte acharnée qui s’annonce, bien évidemment je me fais doubler de plus en plus, je me refroidi mes cuisses deviennent du bois. Au 35ème je suis persuadé de trouver une âme charitable pour me masser (dans l’orne, la croix rouge sait faire ça) je suis tombé sur une équipe qui n’avait même pas un brin de crème pour me soulager. Tanpis pour moi, c’est moi qui me suis mis dans cette galère après tout. Le groupe que j’avais laissé avant le 20ème m’a rejoint et me double. La c’est le moral dans les chaussettes, je me dis que je ne vais pas aller jusqu’au bout, je serre les dents mais pendant 2 Kms je me retrouve tout seul, je me rappelle ce que m’a dit ma compagne, « tu n’es pas encore marathonien » (ben oui c’est le premier), ça me mets les boules, je me remets à trottiner, il n’est pas question d’abandonner, je ne rentrerais pas avec une défaite.
Une moto arrive en sens inverse et discerne en moi les symptômes d’une déroute genre : t’as appris à courir avec un clown bourré dans un champs de mines ? Ben non m’sieur j’mets pris pour un marathonien et pis j’crois qu’c’est pas vrai en fait ! V’la ti pas que le passager motard se matérialise en kiné de campagne (ouah c’est noël). Papa noël quand tu descendras de ta moto n’oublie pas mes cuisses. Un kiné donc, très sympas (forcément, pour venir soigner des hurluberlu un dimanche matin sur le bord d’une route faut forcément être sympa, répare ce qu’il peut, me soigne le moral et je repars, toujours comme un clown bourré mais sans le champ de mines !
Il me reste donc 4 Kms et des brouettes et c’est encore long. Au détour d’un chemin je rejoints une dame (ben oui que voulez-vous à mon allure j’ai le privilège de rencontrer plein de charmantes dames), je courre un peu plus vite qu’elle mais mon instinct de traileur (ou de saint-bernard) me colle à son allure et je lui demande donc si nous pouvons finir ensemble, elle me réponds qu’elle allait me le demander. Nous avons tous les deux mal aux jambes mais ma douleur s’atténue en parlant. Nous discutons de tout et de rien pour avancer. Nous ne sommes pas bavards de nature mais chacun prends le relais, elle me demande une fois de ralentir l’allure, depuis que nous courrons ensemble, je n’ai pas marché une seule fois.
Je sais maintenant que je vais terminer mon premier marathon, un tour de 800 mètres d’un pâté de maison (des immeubles horribles et personne pour encourager) et ça se termine, bien entendu je cède le pas à ma collègue et c’est par une poignée de main pleine de fatigue, de bonheur d’avoir terminé et de gratitude pour nous être encouragé que nous nous séparons, chacun à notre épuisement.
La suite c’est une douleur atroce en attendant mon tour auprès des kinés. Eh messieurs pour qui un marathon n’est pas douloureux, sachez reconnaître dans la file celle ou celui qui est en détresse. Décidément je préfère le trail, je n’y vois pas tous ces détritus balancés encore 3 Kms après le ravitaillement, et les coureurs sont plus à l’écoute de l’autre (pas un seul ne m’a adressé la parole pendant ma détresse !
Chapeau à l’organisation, pour une deuxième édition, c’est déjà réglé comme une horloge (un p’tit vestiaire au départ ne serait pas de refus.
Pour finir, je descend de ma voiture, j’ouvre la porte un bambin me saute dans les bras, l’autre et dans les bras de sa mère à qui je dis « je suis marathonien. (bon en 4h22 mais ça c’est vraiment un détail).
Al 27
5 commentaires
Commentaire de luclafrat posté le 17-10-2006 à 00:06:00
Bravo al27,
le but étant de finir et bien voilà, c'est fait.
Reposes toi bien et à bientôt sur nos routes, même si tu préfère les sentiers.
Au fait, si les certains coureurs semblent ne pas soutenir ceux qui souffrent, c'est qu'eux mêmes sont à la limite du supportable et préfèrent s'accrocher à ce qui leur reste de volonté pour finir la distance, à méditer...
RDV pour une troisème édition,
amicalement,
Luc.
Commentaire de calimero posté le 17-10-2006 à 07:55:00
Le premier est toujours le plus beau, quel que soit ton temps.Le chrono viendra plus tard.
Bravo pour cette première.
Commentaire de nicou2000 posté le 17-10-2006 à 08:32:00
félicitations! et merci pour ce beau CR..
Commentaire de roro posté le 17-10-2006 à 13:00:00
Bravo Al! Quelque soit ton temps, tu as surmonté des difficultés et tu as réussi. Tu es marathonien et ça c'est un défi que reste à relever pour la plupart des coureurs (moi compris!). Merci pour le récit.
Commentaire de mao14 posté le 17-10-2006 à 19:31:00
l'essentiel était de finir
bravo pour ta course et je crois qu'un premier marathon ca fait toujours mal mais apres quel bonheur!!!!!!!!!!!!
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