Récit de la course : Celtman Xtreme Scottish Triathlon 2018, par La Tortue

L'auteur : La Tortue

La course : Celtman Xtreme Scottish Triathlon

Date : 16/6/2018

Lieu : Torridon (Angleterre)

Affichage : 741 vues

Distance : 246km

Objectif : Terminer

5 commentaires

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CR Celtman 2018 : le douche écossaise !!!

https://cxtri.com/







Photos prises la veille du départ : le seul moment où l’on a vu le soleil ! Landes, collines, montagnes, lacs et lochs : c’est beau les Highlands, même sous la flotte

 

 

 

Le Celtman, prononcez « Keltman » avec un K majuscule, est un triathlon extrême qui fait partie du « X-tri world tour », label initialement composé de 3 courses : Norseman, Swissman et Celtman, auxquelles se sont rajoutés 4 petits nouveaux l’an dernier: l’Alaskaman, le Canadaman, le Slovak xtrem triathlon et le Swedeman

http://xtriworldtour.com/

 

 

 

Après le Norseman en 2012, le Swissman en 2016, il me tardait de boucler la trilogie historique avec le Celtman en 2018.

 

 

Finish Norseman 2012 avec Pilou

CR Norseman 2012

 

 

Finish Swissman 2016 avec Claire et Pilou

CR Swissman 2016

Ces courses sont complètement à part et différentes de toutes celles que j’ai eu la chance de faire. Ce sont des formats « ironman » sur la distance (3.8-180-42), mais elles sont plus difficiles qu’un IM « classique», avec une natation frisquette, du D+ en vélo et une CAP en partie « trail » avec une montée finale sur une hauteur. De plus, elles se déroulent dans des paysages fantastiques mais austères, et avec un climat souvent rude. Enfin, la grande différence avec toutes les autres courses, c'est que la course doit se courir obligatoirement avec sa « support team », à savoir une voiture suiveuse et au moins une personne qui vous aide pendant les transitions, qui vous ravitaille pendant toute la course et qui effectue obligatoirement à vos côtés une partie de la course à pied (la partie finale dans la montagne). L’idéal est d’avoir deux personnes : 1 « support-crew » officiel qui a le droit de rentrer dans les zones de transition + 1 chauffeur. Cette notion d’équipe donne tout son sel à la course, avec des moments de partage et d’émotions intenses.

Pierre-Louis, mon fils et Claire, ma femme, avaient brillamment rempli leur rôle au Norseman et au Swissman. Cette année ce sera mon gendre Iskan qui fera le « support crew » accompagné pour l’intendance de Marine ma fille et de Claire, toujours fidèle au poste.

 

 

Le team Tortue pour le Celtman 2018 : Claire, Iskan, Marine, la Tortue…

 

 

…et, la vieille tortue Mobile, toujours prête à l’action !

 

La première difficulté de ces courses est d’avoir un dossard. Il y a un tirage au sort avec beaucoup de demandes et peu d’élus : 250 dossards par an. Au Norseman et au Swissman, j’avais eu la chance d’avoir le dossard dès ma première demande ; pour le Celtman, il m’aura fallu attendre 2 ans.

Ensuite, il faut mettre en place une logistique importante et bien organisée. Cette année, nous avions décidé d’y aller en voiture depuis Nantes : Nantes-St Malo le mardi soir puis une nuit sur le ferry, Portsmouth-Glasgow le mercredi, récupération de Marine et Iskan qui vivent à Londres le mercredi soir à l’aéroport de Glasgow, Glasgow-Kinlochewe (notre camp de base pour tout le week end) le jeudi matin : 1200 km de bagnole + le ferry, un sacré périple.

 

Le jeudi à l’arrivée sur Kinlochewe, c’est la tempête : pluie et vent très fort qui n’engagent vraiment pas à se mettre à l’eau. En effet, j’avais prévu une petite reconnaissance du loch Shieldaig dans lequel nous devons nager, mais j’y renonce car il y a un très fort clapot et beaucoup de vent qui rendent la tentative trop dangereuse à mon goût, surtout en solo. Nous allons donc directement à Torridon, lieu du contrôle des sacs obligatoires, récupérer le précieux dossard.

 


La rampe de mise à l’eau bateaux du petit port de Shieldaig qui est la sortie de l’eau prévue pour demain : j’y suis pas allé voir si elle était aussi froide que ça !

 

 

Loch Torridon

 


Vérification minutieuse des sacs avec le matos obligatoire pour la montagne : c'est le seul point où l'oganisation est très vigilante, pour le reste l'ambiance est plutôt cool.

 

 

Petit tour par la boutique officielle pour quelques souvenirs

 

Le vendredi, la tempête s’est calmée, mais il pleut toujours. Je fais quand même une reconnaissance vélo et un petit enchainement CAP, des habitudes bien ancrées que je respecte toujours avant mes courses, plus par routine que par nécessité. C'est balot : mon vélo est tout sale et mes chaussures sont trempées pour le lendemain !

 

 

 



Reco vélo de la veille : beaucoup de ruisseaux, de lacs, et de verdure…climat humide !!!

 

 

Reco CAP de la veille, une petite accalmie météo : il va falloir monter sur le gros tas de caillou au fond

 

 

Déjeuner léger, sieste, briefing, mise en place de la stratégie avec mon team pour le lendemain, préparation des sacs de course en regardant du coin de l’oeil Ronaldo faire son kakou à la TV (Hat-trick contre l’Espagne). Aucun stress, aucune tension ; tout est sous contrôle normalement, et j’ai l’habitude de ces veilles de course... En me couchant très tôt car le réveil est programmé pour 1h45, seules deux questions me préoccupent : la météo pour le lendemain qui ne s’annonce pas trop mal mais aussi changeante, et le "cut-off des 11h". En effet, il faut passer le km 18 de la CAP avant 11h de course pour avoir droit au fameux « blue t-shirt » de finisher, sinon, c’est le white t-shirt, moins prestigieux mais tout aussi difficile à obtenir. Vues mes capacités physiques actuelles, je pense que c’est jouable, mais je n’ai pas une grosse marge de manœuvre. On verra ça demain et je dors comme un bébé d’un sommeil salvateur.

 

 

Briefing de Paul et Stuart

 

Premier Objectif : descendre de 86 kg fin avril à moins de 80 kg pour mettre toutes les chances de mon côté pour passer le cut off des 11h !

 

Le D Day :

 

Localisation géographique de la course (point rouge) : Torridon, Highlands, Scotland

 

 

T1 est située à Shieldaig, tout petit village côtier sur la côte ouest au nord de l’Ecosse, à peu prêt à la latitude de Moscou et d’Oslo, pour situer approximativement. Nous arrivons sur zone vers 3h30 du matin, le jour se lève déjà (latitude très au nord) et miracle, il fait un temps superbe. Le ciel est « rose », le loch est calme, et il n’y a plus de vent, c’est presque le paradis.

 

 

 

 

 

Le loch Shieldaig au petit jour : splendide, la marée est basse. On partira de tout au fond, derrière la petite ile et la marée montante va nous pousser doucement. Pour le village de quelques maisons, c'est l'animation annuelle !

 

Avec Iskan, nous installons la T1 au bord du loch. J’ai prévu un gros sac d’affaires de vélo, ne sachant pas trop sur quelle météo il faudrait compter et j’aviserai en sortant de l’eau sur ce que je mettrais sur le dos. A 4h, tous les concurrents doivent ensuite quitter provisoirement leur team et sont chargés dans des bus direction le départ qui se trouve plus haut dans le loch Shieldaig, à 10 km environ par la route. L’ambiance est assez festive dans le bus. On voit que pas mal de concurrents sont déjà des habitués de ce genre de course. Je me souviens en 2012, sur le bateau qui nous menait au départ du Norseman, du silence et de « l’appréhension » qui régnait. En revanche, mon voisin de bus, Garry, un américain, fait de l’huile en grande quantité ! Il est complétement speedé, n’arrête pas de regarder sa montrer de boire des petites gorgées d’eau et de se gratter partout. J’essaie de le détendre un peu en tentant quelques plaisanteries, mais sans succès.

 


Installation de la T1 avec Iskan


 

Juste avant d’entrer dans le bus : content d’y aller !

 

 

A la descente du bus, nous accédons à la zone de départ. Une petite prairie herbeuse pleine de crottes de moutons en bordure du loch  ! Des braséros sont allumés et un orchestre local avec cornemuse, tambour et grosse caisse nous encourage. Photo de groupe devant le logo formé des 3 « anneaux » celtiques enflammés et c’est l’heure de la mise à l’eau. Il y a une bonne centaine de mètres à faire dans les cailloux pour atteindre la ligne de départ matérialisées par quelques kayaks. L’eau est annoncée à…11 °C ! je n’ai pas été vérifier, mais au début, ça ne m’a pas paru si froid. Comme je suis arrivé sur la ligne de départ 1 ou 2’ avant le top, j’ai eu le temps de mettre doucement la tête dans l’eau ; c’est pour moi le moment toujours le plus difficile car le froid me saisi au visage et j’ai du mal à respirer. J’ai pris la cagoule intégrale que François m’a prêtée, mais j'ai renoncé aux gants et aux chaussons que beaucoup de concurrents portent car je n'étais pas à l'aise pour nager avec. En revanche, j’ai mis un petit lycra sous la combi, et pour l’instant…ça va. Je me suis pas mal entrainé à nager dans le froid avec 4 longues sorties sans combi en mer en mai à Noirmoutiers et à la Baule.

vidéo : le comité d'accueil musical

 

 

La photo de groupe : où est la tortue ? (combi zeroD, bonnet dans la main)

 


Mise à l’eau très progressive des 250 furieux : ça caille un peu quand même !


5h du mat, précises, c’est parti pour 3.4 km de natation. Le parcours est assez simple, il faut laisser une première petite île à main droite, puis traverser tout le loch tout droit, avant de laisser une deuxième île à main droite pour rejoindre la berge à Shieldaig. Juste après avoir passé la première petite ile, on se retrouve dans des bancs de méduses innombrables. L’eau est très claire, on les voit parfaitement, c’est très joli et rigolo, on en attrape dans les mains, certaines frottent sur la tête (je vais me faire piquer à la lèvre et avoir un sourire en biais pendant quelques heures). Malheureusement, pendant la longue traversée entre les deux îles, le ciel se couvre, un vent de face fait naitre un léger clapot et au bout de 40’ environ je commence à avoir bien froid. Je doute sur l’orientation car la deuxième ile qui est pourtant assez grosse et qui paraissait évidente à voir sur le tracé, se confond dans le reste du paysage en arrière-plan. Heureusement, il y a une maison blanche au loin qui donne à peu prêt le cap. En passant au large de la deuxième ile, ma montre indique 50’ de course et il reste environ 500 m pour rejoindre la berge. Mais je commence sérieusement à coincer, j’ai les crampes, et j’ai l’impression de me battre avec la flotte et de ne plus avancer du tout. La berge ne se rapproche vraiment pas vite. Je touche enfin le sol après 1h06, soit près de 15’ pour faire les 500 derniers mètres. Heureusement qu’il n’y avait que 3.4 km et pas 3.8 km et que la marée était légèrement favorable, cela a annulé l’effet contraire du vent ! Des bénévoles aident les concurrents à sortir de l’eau. Je demande de l’aide car avec les crampes, j’ai bien du mal à me redresser, et Iskan me récupère au pied de la rampe de mise à l’eau pour me soutenir jusqu’à la zone de transition.

 



Sortie de l’eau frigorifié, heureusement soutenu par Iskan

vidéo : Sortie de l'eau en musique

 

La T1 est un joyeux bordel, où tout le monde à accès ou presque, « organisé » dans la rue principale (et unique) du petit village de Shieldaig. Pour être plus à l’aise, Iskan a carrément installé mes affaires à l’extérieur des rubalises qui matérialisent la zone, sur la pelouse d’une petite maison. Claire, Marine et Iskan ne sont pas trop de 3 pour m’aider à me dépiauter car je suis complètement incapable d’enlever ma combi seul tellement je grelotte. Je béni l’idée d’avoir amener des thermos d’eau chaude avec moi. Claire verse l’eau chaude dans une bassine, je me rince le corps à l’eau chaude et je mets les pieds dedans. Je grelotte toujours, mais bien aidé par Iskan, j’arrive à m’habiller doucement pour le vélo.

Le ciel qui se couvre de plus en plus, et mon corps frigorifié m’incitent à parti chaudement couvert et avec les gants d’hiver. Je pourrais toujours laisser des affaires dans la voiture plus loin si j’ai trop chaud.

Après 10’ de transition, je quitte ma support team et me voilà parti pour les 200 km avec 2000 m de D+ du vélo. Il est…6h15 du martin, je suis congelé, le ciel est bien gris maintenant, je sens que la journée va être longue, mais je suis bien chaud dans ma tête, remonté comme une pendule….

 


C’est parti pour les 200 km de vélo : pieds gelés mais corps bien couvert

 

Les 10 premiers km se font sur une belle route, au bord du loch Torridon, c’est magnifique et il y a déjà quelques coups de cul qui permettent de se réchauffer. Ensuite du 10 au 30 km, c’est une toute petite route à voie unique, avec des « passing place », où la route s’élargie pendant quelques mètres pour que les voitures puissent se croiser. Je double cyclistes et voitures à la pelle : « tut tut » ! c’est la grosse tortue qui passe. Esprit hyper sport, car tout le monde s’écarte gentiment pour pas gêner et encourage quand on passe à hauteur. J’ai une pensée pour ma team derrière dans la voiture qui doit avoir toutes les peines du monde à sortir du village de départ et qui doit être engluée dans le trafic. Heureusement, j’avais reconnu cette partie du parcours la veille où je me doutais bien que ce serait un peu le binz, et il est donc convenu que je ne les retrouve qu’au km 60, à Gairloch. J’ai les jambes qui tournent comme des bielles et je commence à avoir un peu chaud avec toutes mes couches.

 


La toute petite route entre Torridon et Kinlochewe

 

A 10 km du lieu de notre premier arrêt prévu, mon team de choc me double et file préparer mon prochain stop. Je suis à 35/40km/h, vent dans le dos, et ils ne se doutent pas que je vais arriver juste après eux à Gairloch. Le temps qu’ils se garent, je passe sans les voir en pensant qu’ils se sont arrêtés un peu plus loin car le premier parking est bien complet déjà.

Ne les voyant toujours pas à la sortie de Gairloch, je me doute qu’on s’est loupé. Je tente un appel téléphonique, mais pas de réseau. J’ai toujours ma tenue d’hiver et heureusement finalement que je ne l’ai pas enlevée car nous sommes maintenant au bord de la mer, le vent et surtout la pluie sont arrivés, et je n’ai plus chaud du tout. Je commence à m’inquiéter pour mon team. Ont-ils eu un problème ? Enfin, j’arrive à les joindre au téléphone, ils sont toujours à Gairloch, s’inquiétant pour moi car craignant que j’aie creuvé.

 


Marine qui me guette à Gairloch, mais je suis déjà passé depuis longtemps !

 

Enfin au bout de 100 km, ils me rattrapent et je peux stopper, car j’étais à sec de boisson et de vivre depuis un petit moment (un des rares avantages de ma masse grasse de sénateur est qu’elle me met à l’abri de toute hypoglycémie !). Je n’ai pas trainé jusque-là, mon compteur affichant un joli 29 de My. Mais la partie la plus dure est devant moi : vent de face et pluie sur une chaussée détrempée. Le revêtement rend très mal et du 100 au 170 km, ça sera bien pénible, mais même à 20/25 km/h maxi, mais à bloc et allongé sur les prolongateurs à 250/300 watts…je remonte encore des concurrents, comme quoi je ne suis pas si mal ! En 70 km, la My a chuté à 27 km/h qui est la vitesse basse que je m’étais fixé pour passer dans les temps le cut-off des 11h.

 

 

Enfin 1 bidon plein !

 

 

Vue depuis la voiture au sec

Deuxième stop vers le km 160 pour souffler un peu et me réchauffer l’esprit avec ma team et c’est reparti. Cette fois de peur de me perdre à nouveau, la voiture n’est jamais bien loin de moi. Les routes sont plus larges et c’est plus facile pour eux aussi de progresser. Toutes les ½ heures environ, ils m’attendent sur le bord de la route pour m’encourager, ça me booste mais je ne m’arrête pas car j’ai fait un gros plein au dernier arrêt.

 


Ravitaillement à la volée avec Iskan

 

vidéo : au plus fort du déluge, vue de la voiture

 

Au km 170, arrive enfin le virage à droite que tout le monde attendait depuis quelques heures et le vent redevient favorable. Désormais, c’est 40 km/h sur les prolongateurs, le nez dans le guidon, et pressé d’en terminer avec cette flotte et ce vélo.

Bien que les positions entre concurrents soient de plus en plus établies, je continue à remonter des gonzes de temps en temps. Super sensations, lles longues séances solitaires à l'entrainement paient car ça faisait longtemps que je n’avais pas eu des cannes comme ça !

Au final, T2 arrive après 7h08 de vélo, soit presque 29 de My roulante et 28.5 de My générale. Génial, ça me laisse 2h30 pour atteindre le cut-off des 11h, situé au km 18 de la CAP. Or, je m’étais dit qu’il me faudrait 2h15 pour être large.

Je retrouve avec grand plaisir ma team au grand complet. Iskan a préparé toutes mes affaires pour la CAP et il m’aide à me changer. Mais, tellement content de mon vélo et me voyant déjà en « blue t-shirt », je me déconcentre complètement dans ma transition. Je mets des habits sans vraiment réfléchir à ce que j’enfile. Comme il ne pleut plu, je pars très léger (trop léger), je fais des photos, le kakou, et…je repars plein d’en-train au bout de 10’, mais, en oubliant mon dossard que j’ai enlevé pour me changer !!! Erreur de débutant ! Il n’y a pas d’arbitre et le bénévole qui me pointe à la sortie de T2 ne remarque rien non plus.


 

T2 et départ de la CAP : pas de dossard !!! la boulette du benjamin !


La CAP commence par un petit tour dans les collines puis on rejoint la petite route étroite qui relie Torridon à Kilnochewe. C’est à ce moment là qu’un gros 4x4 arrive en face, je sers à droite pour le laisser passer et je le quitte des yeux quelques instants pour regarder où je mets les pieds car je cours sur le bas côté instable. Quand je relève la tête le pare-choc du 4x4 est juste devant moi, j'esquive mais, le rétro me tape un peu la hanche, pas fort mais suffisament pour me déséquilbrer et je bascule dans le fossé pour éviter de me faire cogner plus franchement.

Je ne me suis pas fait mal du tout (juste quelques égratignres) et j'ai même pas eu le temps d'avoir peur car tout s'est passé très vite. Et, c’est en me relevant du fossé, sous les yeux atterrés des autres concurrents et automobilistes qui ont vu la scène, que je me rends compte que j’ai oublié mon dossard à T2. Même si l’ambiance de la course est assez bon enfant et que je n’ai toujours pas vu un arbitre depuis le départ, je ne veux pas risquer une disqualification, donc j’appelle Marine pour qu’elle m’apporte mon dossard en voiture. Le temps qu’elle fasse les quelques kilomètres en se frayant un chemin sur la route très étroite, je perds 10 à 15’ à l’attendre en voyant passer pas mal de concurrents.

Une fois le dossard récupéré, la première partie trail peut commencer. Une longue montée de 4 km environ dans la lande, avec des pourcentages pas très forts mais un terrain où il n’est pas facile de courir car les bruyères hautes empêchent de voir où on met les pieds. En haut de la montée, on rejoint une piste qui descend assez raide jusqu’au Collin Pass. D’après mes calculs, il me reste 8 km pour atteindre T2A (le cut-off des 11h), ça devrait le faire, mais le coup du dossard oublié a grignoté une bonne partie de mon capital temps.

C’est tout plat maintenant, la pluie redouble, et j’ai un peu de mal à relancer. Un concurrent qui me double m’annonce 2 miles jusqu’à T2A. Ça va le faire !

10h47 de course, soit après 2h10 de CAP, T2A est enfin atteintr . L’objectif que je m’étais fixé pour ce Celtman est réalisé : le blue t-shirt ! Je retrouve ma team, trempée elle aussi ; et heureux car je sais que quoiqu’il arrive maintenant, je vais finir avec Iskan. Mais la météo est de plus en plus mauvaise, et l’organisation a bloqué l’accès à la partie haute de la montagne (the high race) depuis 20’ environ. Seuls les 40 premiers concurrents ont pu passer. Sans l’épisode du dossard oublié, j’aurais peut-être pu arriver avant la fermeture de la montagne, mais c’est la course et on ne saura jamais ! Je suis déçu sur le coup de ne pas monter mais vue la météo pourrie, et l’absence totale de visibilité au sommet, c’est peut-être aussi bien et moins dangereux de terminer par le tracé de replis dans la partie basse de la montagne (the low-race).

 


T2A : changement de tenue car j'ai plus un poil de sec.

10h47 de course, objectif principal atteint

 

vidéo : interview à T2A : toujours une connerie à dire la tortue !

 


Le sommet est fermé, dommage on aurait dû monter tout là-haut dans les nuages !

 

 

 


Départ de T2A avec Iskan pour la low-race. 2 km de route avant d'attaquer le trail

 

Au briefing Paul avait bien insisté : « the low race is not an easy race !”

Et effectivement, après le check des sacs de matériel obligatoire pour la montagne at après avoir mis une tenue un peu plus adaptée à la météo de plus en plus humide, ce sont 16 km de gros trail tout dans la caillasse que l’on va se taper. Le dénivelé n’est pas énorme car au lieu de monter et redescendre la montagne qui culmine à 900m, on doit la contourner complètement par une vallée qui n’en finit pas. Iskan me pousse dans les parties raides, et on trottine sur le plat et les petites redescentes. Les km défilent gentiment. Iskan est hyper facile. Il s’entraine en CAP depuis peu et il a fait son premier marathon en 3h30 en avril à Nantes. Un beau potentiel ! Dans quelques temps ce sera moi qui ferait le support-crew et lui qui fera le concurrent !

La pluie ne cesse pas un instant, mais malgré cela les paysages sont à couper le souffle. Avec un petit rayon de soleil, cela aurait été encore plus joli.

 


Photos prises par Iskan pendant la low-race

 

La fin du trail se fait dans la forêt par un chemin puis par une piste plus facile mais c’est infesté de bestioles qui nous piquent les jambes et le visage (les fameuses « midges », espèces de moucherons qui vous collent à la peau, la plaie de la région). Pour finir, une petite route goudronnée au bord du Loch nous ramène à Torridon. Il reste 3 ou 4 km de plat pendant lesquels nous échangeons beaucoup avec Iskan. J’en ai plein les bottes et je me fais doubler par deux concurrents accompagnés par leur femme qui cavalent comme des lapins. 5h12 pour boucler les 40 km de CAP/trail

 

3 derniers km sur une petite route dans la forêt

 


Les charmantes bestioles : « midges », prononcer mi-djizz qui vous bouffent sur place

 

A 100 mètres de la ligne, Marine et Claire nous rejoignent pour finir tous les 4 main dans la main ! Yes !!!!

 

La vidéo de l'arrivée

 

Et voilà comme toujours sur ces courses, ce sont des heures d'effort  mais aussi de bonheur qui se concrétisent sur ces quelques mètres de la dernière ligne droite. Je ne me laisserai jamais de vivre de tels moments !

 


Le team Tortue au complet sur la finish line

 


Première photo après l’arche d’arrivée ! Ouf !

 

Bilan Tortue Celtman 2018 : 250 partants, 173 finishers, 63ème au scratch, 7ème en sénior, 30ème temps vélo, et temps total de 13h47. Le chrono est pas mal mais trompeur car si j’avais fait la montagne par le haut, je pense qu’il m’aurait fallu 2h de plus au minimum.

Mais comme je le dis toujours, tous ces chiffres n’ont aucune valeur, comparés à l’extraordinaire expérience humaine que procure ces courses de triathlon x-trem avec support team. Pour avoir beaucoup pratiqué les sports co dans ma jeunesse, ce sont des sensations encore plus fortes que celles que l’on peut vivre sur un terrain de volley ou de rugby avec ses co-équipiers. Merci à ma team qui aura été parfaite pendant tout le week end, toujours à mes petits soins avec moi ; sans eux, aucune chance de succès !

Merci Iskan, Merci Claire, Merci Marine, vous êtes des héros !

 


Dimanche matin ; Avec la Team et le blue t-shirt !

 


Bleus et Blancs, tous les finisher réunis : où est la Tortue ?

 

Maintenant que la trilogie Norseman, Swissman, Celtman est bouclée, il va falloir trouver d’autres objectifs : l’Alaska et le Canada, ça fait un peu loin, mais la Suède ou la Slovaquie…pourquoi pas ? Et il y a aussi le « brutal »au Pays de Galle qui me tenterait bien…On verra l’an prochain.

http://www.brutalevents.co.uk/the_brutal.html


Et, en attendant, la saison de tri 2018 ne fait que commencer : dans 8 jours, ce sera mon dixième Altriman…en 10 ans (encore un grand moment à vivre et à partager cette année avec pas mal de copains du club, le TCN) puis l’Icon Xtrem triathlon, dans les alpes italiennes, fin aout, qui s’annonce comme un très gros morceau avec 5000 m D+ en vélo et une montée finale en trail à 3000 m d’altitude !


On the road again…..

 

 

Norseman 2012, Swissman 2016, Celtman 2018  la trilogie intiale “x-tri world tour” est bouclée. Ils valent "chers" ces t-shirt et pourtant ce ne sont que des bouts de tissu !!!

 

 Celtman 2018 memories...pour prolonger l'ambiance !!!

 

 

 

5 commentaires

Commentaire de keepcalm posté le 01-07-2018 à 22:03:13

Encore Félicitations. tu peux être sacrément fier de toi.

Commentaire de TomTrailRunner posté le 02-07-2018 à 08:55:02

Quelle trilogie...
je frissonne rien qu'à lire certaines portions : belle aventure collective assurément.

Bravo le tortueman

Commentaire de Tonton Traileur posté le 03-07-2018 à 10:59:17

quelle belle collec de T-shirts !
magnifique !

Commentaire de Runfredo posté le 06-07-2018 à 09:52:55

Super récit comme d'habitude, merci pour le partage.

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