Mes biens chers frères, mes biens chères sœurs,

 

En ce 3ème dimanche de Pâques, les pas de votre serviteur ont été conduit à fouler les très monastiques terres de la Chartreuse.

 

Après l'incendie de ma maison, les allées et venues des experts de tout poil, l'agitation ambiante pour vider nettoyer sauver ce qui est récupérable, j'avais besoin de me ressourcer et d'être au calme. Quoi de mieux que d'aller sur les terres silencieuses des moines de Chartreuse.

 

« Heureux ceux qui ont soif de calme, en ces terres vous trouverez silence et séreinité.. »

 

 

N'ayant pas l’habitude de trails aussi techniques, j'étais anxieux à l'idée des chutes de neiges qui sont tombées vendredi dernier.

 

 

 

Dois je déclarer forfait ? N'est ce pas trop risqué de reprendre sur une telle course après mon entorse avec fracture de malléole et rupture du ligament antérieur ?

Mon kiné ma demandé de mettre de la glace après toute sollicitation de ma cheville.

Et là c'est la révélation !

Cette neige tombée est une bénédiction ! : je pourrai refroidir en « direct » ma cheville !

 

« Heureux les blessés aux chevilles, ils auront de la glace à volonté ! »

 

Dimanche 30 avril 2017, 7h15

 

 

 

J'arrive à Saint Laurent du Pont assez tôt pour pouvoir récupérer mon dossard, discute un peu avec Noruas qui me dit que Bouk ne peut pas être la pour cause de mariage. Albacor non plus n'est pas là : il se tâtait pourtant... Je suis un peu décu de ne pas les voir. Tant pis de toute façon je les verrai bientôt pour le Grand Duc.

 

« Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés! … le 24 Juin prochain! »

 

Il ne fait que 3 degrés... en bas.  J'opte donc pour une tenue très couverte (bonnet, gants, collant long...) Je comprends mieux l’expression : En avril, ne te découvre pas d'un fil !

 

Puis à 8 h pétante le départ est donné.

Les deux courses (23+ 1) et (42 - 5), partent en même temps pour des trajets de repli permettant d'éviter des zones dangereuses dues à la neige !

 

« Heureux les traileurs de cette course, car ils sont protégés par des organisateurs vigilants et réactifs ! »

 

 

Après un courte traversée de la ville, la première ascension commence au niveau de la promenade de la chapelle. (6 km pour un dénivelé de +875 m). Pendant un bon moment aucun  dépassement ne sera possible, le chemin est trop étroit.

Mais ce n'est pas grave car Rich nous avait prévenu qu'il ne fallait pas partir trop vite car la deuxième montée avec la neige serait difficile.

 

« Heureux les coeurs confiants, ils finiront leur trail en bonne forme... »

 

 

Très vite, c'est à dire dès le troisième kilomètre, la neige apparaît.

 

La montée est longue, il faut être vigilant, cela glisse souvent. Il y a une couche de neige d'une dizaine de centimetre environ. On passe a proximité du rocher du pain, allez il reste encore 200 m environ pour atteindre le premier sommet.

 

On aborde enfin la première descente par la chemin des Nones. Je suis prudent car je n'ai vraiment pas envie de me blesser. Je constate avec plaisir que les organisateurs ont vraiment pensé à tout : même les rigoles ont toutes été signalées.

 

9ème km, le terrain devient très boueux, et mes jambes, telle la madone, se retrouvent « pleines de grasses » terres boueuses. Et aïe une légère torsion sur la cheville... mais pas d'inquiétude, elle tient.

 

Plouf on traverse un petit torrent j'ai les pieds trempés et gelés...

 

On retrouve les plaisirs enfantins de se rouler dans la boue et de sauter dans les flaques d'eau.

 

« Heureux ceux qui ont un cœur d'enfant, car ils vivront des moments de joies et de bonheurs ! »

 

 

 

On arrive au niveau de la chartreuse de Curière  :

 

 

Puis on reprend un sentier étroit boueux et traversé par des petits ruisseaux. Ce sentier de Galère porte bien son nom car par moment que dire... il est peu franchissable : on se croirait à Kho Lanta.

 

« Heureux ceux qui passeront par la petite porte, car ils accéderont au paradis ».

 

Ces visions de paradis apparaissent dès la jonction avec la route du désert.

Mon Dieu que la Chatreuse est belle !

 

 

Un peu de bitume (dur dur!) avant d’accéder au ravito et on ammorce la deuxième montée.

 

Aïe dès le 13ème kilomètre, je commence à avoir des crampes aux quadriceps, on n'est pas encore dans les zones les plus enneigées et comme cette montée sera plus longue que la précédente... Je ne sais pas comment je vais tenir.

 

Que donnerais-je pour un bon massage de cuisses ?

 

La neige devient de plus en plus importante, la montée est difficile pour moi, j'opte désormais pour le mode ballade et en profite pour prendre quelques photos...

 

Je m’arrête, m'accroupis, bois, et repars tant bien que mal.

 

« Heureux ceux qui souffrent, leur récompense sera grande à l'arrivée »

 

 

La montée est interminable, je laisse passer de nombreux coureurs tous plus sympas les uns que les autres.

 

Arrive la variante : au lieu de descendre par la cheminée de Fetrus et on continue l'ascension en passant par la montée par la Cellière jusqu'à rejoindre la piste forestière de Pertuis.

 

La descente s'annonce délicate, je glisse souvent d'autant plus que je suis fatigué. En plus des crampes aux quadriceps, je commence à avoir des crampes aux mollets.

Être prudent, ne pas se blesser... arriver entier.

 

Je m’arrête de nouveau pour profiter des magnifiques vues sur Saint Laurent du Pont.

 

 

J'arrive au dernier ravitaillement au niveau du Monastère de Piquetière, il me reste que 3 km à parcourir. Comme il y a une nouvelle montée sur la gauche. Je dis en riant aux ravitailleurs que je ne m’arrête pas sinon je ne pourrais pas repartir...et que m’arrêter maintenant ce serait balot.

J'ai suffisamment d'eau dans mon sac tout va bien.

 

Après une dernière descente glissante et périlleuse je retourne sur le bitume et rentre dans Saint Laurent. Je serre les dents, je tiendrai, je tiendrai.

 

Allez plus que un kilomètre. Quoi? Il faut descendre des marches d'escalier... Un vrai supplice...

 

« Heureux ceux que l'on persécute, leur récompense sera grande ! »

En effet, quelle joie ! Quelle satisfaction une fois la ligne d'arrivée franchie. Certes avec un temps dépassant les 4 h (4h 10 min pour être précis …) mais quel bonheur !

 

C'était une course magnifique qui valait le coup d'être réalisée !

 

Bravo aux coureurs, bravo aux organisateurs ! Pour une première, c'était un coup de maître !

Quant à moi, qui n'était pas très trail, j'ai vraiment pris goût pour ce type d'épreuve.

 

C' est en quelque sorte mon sermon de la montagne à moi !

 

Amen