L'auteur : Benman
La course : Ultra Montée du Salève
Date : 8/4/2017
Lieu : Etrembieres (Haute-Savoie)
Affichage : 1620 vues
Distance : 21km
Objectif : Se dépenser
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Bon, l'Ultra-montée du Salève, c'est un peu mon jardin. 4ème participation. Rien que de penser à cette course, Salève en moi l'enthousiasme à la fois de savoir que je vais lancer mon année pour le D+, et que je vais passer un bon moment.
Salève, les voiles... Salève, toi et marche... Salève l'enthousiasme des foules sentimentales...
Donc pas d'hésitation, je suis gonflé à bloc. Cherry on the cake, pas besoin cette année de me lever trop tôt, le départ se fera de la capitale des Gaules. J'affute les miennes (les gaules, pas la Gaule, que je n'aurai donc pas à traverser).
Je longe le Rhône, ouvre la fenêtre pour humer l'air ambiant du matin qui pointe, et qu'ouiiiije?
clac clac clac. ma voiture claque, mon esprit craque, ça sent l'arnaque.
Tic tac, je me range. Une grosse vis (chieuse) cachée dans le pneu claque et clique à chaque plaque dans le trafic...
Je me dis que ce n'est finalement pas si grave. Je ne vais pas me dégonfler pour si pneu
La vis me plaque finalement sur la voie romaine, mon enthousiasme fait pschhhiiittt, et je suis réduit à un stop and go... loi des séries (la dernière course que j'avais faite, j'y étais déjà arrivé crevé après une lourde semaine pleine de vice)
Les producteurs de voitures ayant tous des origines bretonnes, il ont décidé de nous coller des galettes bien indigestes dans la malle, qui font que lorsque le clou se fait la malle, pas le choix que de repasser au stand, surtout si on a encore pas mal de route à faire, ce qui est mon cas.
Tout cela s'avère donc peu compatible avec un départ de la course à 10h...
Après le passage au stand, ll va me falloir sortir ma meilleure carte pour ne pas arriver trop rard.
J'arrive à Etrembières (quel beau nom pour un course qui commence à sentir le sapin pour moi) après 11h30.
Petite discussion sympa au stand des dossards pour récupérer mon attire-trail. Pas le temps de me changer (oui, j'ai fait le pied de grue en petit short moulant sur le bord de l'autoroute tout en attendant la dépanneuse; non, personne ne m'a demandé le tarif...)
Je jette un oeil depuis l'autoroute: les coureurs sont déjà dans la benne, quand benman s'amène.
Pas le temps de m'échauffer... je pars le mors aux dents, la bave aux lèvres, la rage au coeur...
Puisque tu pars, garde en mémoire, dans ton histoire, notre au-revoir...
Ben oui, mais je vais où? Je passe la ligne de départ tout seul et je vais même un peu chercher la (nouvelle) route... un comble pour moi qui me vantait de bien connaître le coin pour avoir déjà fait 18 fois la montée...
Sauf que cette année, on passe par derrière... ce qui est une bonne occasion d'inaugurer ma toute nouvelle plaque 69. (oui je sais, ce récit n'a ni queue ni tête)
Cette année on passe par là, et finalement, c'est plus long et plus dur!
Je suis donc dernier de la course, mais pas dernier, un peu décroché, hein! DERNIER avec un grand NIER: pas du dernier des Mohicans, non, du dernier de première classe.
Le bitume ajoute à mon amertume. C'est pire qu'après une biture. Je suis amer, dur.
Je vais grogner jusqu'au début du chemin, gros niais que je suis.
Au moins, pas de bouchon pour moi... le trafic est passé.
PUIS... Je commence à doubler des coureurs scotchés sur un vague faux-plat. je comprends vite qu'ils en sont au moins à leur 2ème montée, et que je suis non seulement dernier, mais en plus à au moins un tour de tout le monde!
L'avantage du truc, c'est que je suis frais alors qu'il commence à faire chaud.
Va falloir un peu s'élever pour oublier tout ça...
Je commence à avoir les yeux injectés de sang. Va pas falloir trop me faire monter dans les tours. C'est mon tour.
Commence alors un grand numero de Tartuffe: je vais tenter de me faire prendre pour un autre. Le jeu consiste à monter le plus vite possible, doubler plein de monde et leur reprendre le tour de retard que j'ai, en laissant croire sur un malentendu que je serais déjà en train de leur prendre un tour ... et donc de cheminer en tête de la couse...
Bref j'ai une vision: les derniers seront les premiers...
L'une de mes premières victimes est Jean-Phi qui me demande quand je le double si j'en suis à ma 2ème ou 3ème montée! Je lui avoue tout, dans un grand sentiment de contrition.
Mais ensuite, je reçois pas mal d'encouragements quand je double les coureurs du ventre mou du classement. Je rentre le ventre, je ne suis pas mou, et j'envoie... des vertes et des pas mûres.
Le kiff total finalement cette 1ère montée. J'aurai doublé un nombre dingue de coureurs, avec le sourire et un sentiment de voler. Je passe la ligne, redescends direct au téléphérique sans m'arrêter pour admirer la vue sur le Mont-Blanc qui n'est pas encore encapuchonné.
Ben oui, cette année, on monte tout en haut du Salève, donc on voit le Mont-Blanc. D'ailleurs, saviez vous que le Salève, bien que situé en Haute-Savoie, fait partie géologiquement parlant du massif du Jura?
L'arrivée au téléphérique d'habitude, se passait dans la douleur (l'arrivée du parcours habituel était en montée, là on arrive en descente, sans pression du chrono); J'avais le droit d'agoniser dans le couloir jusqu'à la rampe de départ de la cabine. Là, rien, nickel.
Je souris, me ravitaille de fruits de la passion et papayes (oui oui) fournis par l'organisation.
Une masseuse me propose des papouilles avec passion. Je lui dis non, ma soeur, et refuse comme Adam devant le fruit défendu... et...
... eh ben j'attends la benne... parce que celle d'avant vient de partir.
Comment occuper le benman en attendant la benne?
Je propose de signer des autographes à tous les coureurs que j'ai doublés en route et qui rejoignent la plate-forme... mais je dois en fait très vite ranger mon égo aux vestiaires. Sur la fin de la montée, je n'ai absolument pas fait jeu égal avec les 2 premiers, qui m'ont gobé comme une (vieille) mouche. Dans la descente, ils m'ont lâché. et go, ils ont pris la benne-manne, quand la porte close a refusé le benman.
Le vrai leader est déjà passé. Moi je ne suis qu'un beau-parleur, une sorte de dealer maxi-mots.
Je suis un insecte, un parasite sur cette course. Même comme usurpateur, je ne suis pas à l'heure.
Alors je rentre dans ma carapace. L'insecte éphémèroptère va devoir se la jouer modeste et rentrer dans le rang.
Benman dans la benne, pas super, man.
Bon, le reste de ma course est finalement peu intéressant. Je continue de faire illusion au début de ma 2ème montée. Je bouffe le Mulot à mi-course. Puis s'ensuit une lente mais inexorable décroissance. Je finis ma 2ème montée à l'arrache. Je n'ai plus guère d'énergie pour courir jusqu'au téléphérique. je sais en regardant la montre, qu'il me restera le temps pour faire une dernière montée, et rien de plus...
Alors je sors toute mon expérience et ma science de la course (ben oui, quand on est dernier, il faut sortir la science pour espérer encore quelque chose).
Je décide un stop en haut et cherche l'âme-soeur d'un masseur qui n'hésitera peut-être pas à me redonner des forces.
On répare les outrages de 2 montées un peu trop ra(p)ides .
Le masseur pétrit mes jambes de bois juqu'à ramollir la viande avant qu'elle ne soit complètement cuite. Le Mulot me donne une petite tape sur le bec, le campagnol me danse la carmagnole: il a rongé son frein et me redouble, j'ai l'impression d'être un redoublant à qui on fait la leçon.
Je profite du moment, laisse passer des bennes, descends en compagnie d'une des leader féminines qui, elle aussi, va attendre un peu pour entamer la dernière montée.
Je prévois de la marge pour finir les montées avant les 6 heures... oui, mais pas trop.
La marge est finalement étroite, et la honte absolue de terminer avec 2 montées me fait finalement grimper malgré mon corps qui dit stop.
On m'annonce naviguer avec entre 5 et 10 minutes de rab', va pas falloir marcher en crabe.
A propos d'animal qui marche bizarrement, je croise en sens inverse le Mulot qui a décidé de ronger son dossard, perclu de crampes. Je le laisse dans le feu de la crampe et remets la marche avant.
Un peu de descence avant la descente, pas de panne d'essence, svp
La montée est poussive. Le diesel fume un peu. Finalement, j'arrive 5 minutes avant la fermeture. Je me refais doubler par tous les leader qui me déposent, avides qu'ils sont de faire un dernier tour dans les temps.
Je m'accroche, renacle, et finalement atteint difficilement le haut, en ayant l'impression d'être tombé bien bas.
Je reprends mes esprits en regardant arriver les coureurs de la Verticale du Salève, montée sèche unique qui couronne les grosses cylindrées.
J'avais pour ma part oublié la carte maîtresse de mon jeu
Il est temps de rentrer. La voiture est regonflée, et je suis crevé. L'année prochaine, pas de vice avant la course, hein!
Rideau sur le Salève pour cette année. Salève, la tête de course pour l'année prochaine?
On va se coucher, des images plein la tête. Merci merci.
11 commentaires
Commentaire de Jean-Phi posté le 11-04-2017 à 06:50:53
Joli CR pour r un course bien rocambolesque ! Quelle aventure tout de même !!! Je peux témoigner que tu as fait belle illusion quand tu m'as passé ! Une vraie fusée ! 5 comme ça et tu finissais premier en leader maximo ;-)
Commentaire de fulgurex posté le 13-04-2017 à 13:22:53
Moi qui espérait que tu me venges et que tu mines le Jean-Phi ;)
Commentaire de tidgi posté le 11-04-2017 à 08:58:27
Trop bon !
T'auras p'tet plus de chances avec le monopoly ? ;-)
Commentaire de Arclusaz posté le 11-04-2017 à 11:23:45
A Lyon, on sait accueillir !!!! bon, ça fait un souvenir, une course originale .... et un CR brillant comme d'hab.
Commentaire de Mamanpat posté le 11-04-2017 à 14:25:40
Salève bien raide dis donc !
Merci pour ce bon moment de lecture et bravo !
Commentaire de Papakipik posté le 11-04-2017 à 17:16:50
Excellent ! Vintage ton Mille Bornes ;-)
Commentaire de gangsoleil posté le 11-04-2017 à 19:29:16
Bravo à toi, un bien beau compte-rendu malgré une course pleine de galères. A bientôt j'espère sur une course
Commentaire de Mazouth posté le 12-04-2017 à 20:40:53
Bravo ! Malgré ce mauvais début de journée tu ne t'es pas dégonflé et tu as mis la gomme... après avoir pu constater que le cric salève la bagnole ;-)
Commentaire de fulgurex posté le 13-04-2017 à 13:21:37
En résumé: le temps passe, Salève encore, mais de moins en moins.
Je sens que tu vas user la Combe de Vic ces temps ci.
Commentaire de alain249 posté le 15-04-2017 à 20:20:12
Vraiment sympa ce récit, bravo à vous !
Commentaire de TomTrailRunner posté le 06-04-2019 à 14:03:12
Bon ben rdv de bonne heure pour trouver le bonheur alors ?
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