Récit de la course : 10 km de Tournon 2015, par les machine-gônes

L'auteur : les machine-gônes

La course : 10 km de Tournon

Date : 29/11/2015

Lieu : Tournon Sur Rhone (Ardèche)

Affichage : 1054 vues

Distance : 10km

Matos : Des pieds

Objectif : Faire un temps

9 commentaires

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Tournon en boucle

 
Tout a commencé lundi soir. Lundi 23 novembre pour être précis. Richard nous a envoyé un post : "Alors, la musaraigne, elle bouffe le bitume par les deux bouts maintenant ? J'ai vu que t'étais inscrite au 10 km de Tournon :)"

Musa : « Richard, tu cours trop de Marathons, dimanche prochain je chausse les skis et je fais Giron-les rousses-Giron samedi et Lamoura-Mouthe-Lamoura dimanche – enfin si ils ont damé »

Richard : « Bah, écoute, je viens de vérifier, il y a bien une Musa Machinegône sur la start-list. Donc t'es inscrite. C'est bien dans la continuité de ce que tu as fait hier... »

Automne 2015 : la musaraigne se frise les moustaches sur les trails du département... Pourquoi irait-elle s'abîmer les canines sur du bitume ?



Musa : « Hier c'était un hasard, un accident, un... enfin j'étais bien au 21 bornes de Venissieux. Mais c'est à cause d'une Pauline qui m'a battu au finish dans un trail dans la Loire et je voulais voir si c'était que du bol d'avoir résisté à sa cadence infernale ou si je pouvais faire aussi bien qu'elle sur un semi. Mais je vais pas non plus me mettre à respirer les gaz d'échappements tous les dimanches.
Richard : T'es inscrite !
Musa : Arrête ton char Richard >>

Le bitume, ça heurte, c'est dur, ça fait mal aux pattes... Et côté chrono, la musarainge n'a rien à prouver. D'ailleurs à chaque voisinade, même constat, pas une traileuse ne lui arrive à la griffe sur tout le pâté de maison !




Le muscardin géant : << Mais si Musa, c'est possible, c'est l'autre Musa Machinegône, celle dont on voit les résultats sur ta fiche Kikourou, qui dépasse jamais le 10km/h de peur de se faire flasher – elle doit se croire sur Meetic.
Musa : Oui, oui, je me souviens, c'est l'homonyme qui a torpillé ma réputation dans toute la région en finissant ses semi en 2h. A cause d'elle, Asics ne m'approvisionne plus en running, quand je vais sur un Podium au Granjeon, on me donne des Mizuno en 46. Et après avoir cru voir que je courrais le marathon en 6h30, mon sponsor en ski de fond paraît regretter que je ne sois pas partie en Finlande pour élever des morses près du cercle polaire.
Richard : Faut réagir Musa. Y a rien qui compte plus que la réputation. Tu dois venir laver l’ambiguïté et lever l'affront. Ou le contraire. En plus que tu tournes comme un bimoteur à hélice en ce moment. 1H32 au semi pour une petite mammifère comme toi même pas préparée, c'est drôlement prometteur.


Pauline a des références sur route alors la musaraigne aussi veut être "référencée" comme les autres. Mais pas de quoi lancer une nouvelle habitude.



Musa : oui mais le 10km, je sais même pas comment ça se court.
Muscardin : c'est pas dur, tu vas tout droit et c'est fini. En plus Richard a raison... les copains de Kikourou, ils peuvent pas deviner que t'as percé dans le panier du haut niveau. T'as quand même fait au moins 10 fois 2e en trail, t'as coulé un bronze aux Championnats du monde master d'Asiago, t'as remporté le challenge des Alpes du Sud, une deuxième couronne de 3e au Marathon Ski Tour, tu as gravi les échelons deux par deux au kilomètre vertical, affolé les compteurs au Challenge de l'Ain, remporté la plus belles des victoires aux Manants. Le public doit savoir ! En plus pour une fois qu'on finit l'année sans que tu te fêles le coccyx, te tordes les genoux, te fractures un col du fémur ou te fracasses la clavicule, allez on y va quoi !
Richard : Alors c'est bon, pas de cinéma ? ça tourne à Tournon ?
Musa : Ok je suis votre chose ! Faites de moi une championne !



Il y a une terrible méprise : on confond les deux Musa Machine-gônes !



Quelques minutes plus tard, ça chauffe dur chez les machine-gônes. Les neurones sont câblés directement sur les armoires IBM qu'on a dépoussiérées pour l'occasion. On a sorti les calculatrices solaires des tiroirs et les murs se remplissent d'équation sous l'impulsion de Richard qui envoie une ribambelle de posts plein de tableaux de conversions, de vitesse anaérobie lactique exprimés en miles par secondes et de courbes en cloche sur la physiologie supposée de la musaraigne. Le muscardin est remonté comme une bretelle. Il finit par écrire dans le petit carnet rouge d'entraînement : « La musaraigne n'est pas un tigre de papier. Elle va tourner en 41'57'', surtout si ça bouchonne au départ ». Musa s'en désole : « Un Tain l’Hermitage bouchonné c'est possible ? ». Muscardin : « On croze les doigts ».
Il est tard lundi soir et les rongeurs se préparent à se coucher dans leur nid de brindilles, quand Richard prévient : « vous en êtes où sur le fractionné ? » Musa : « Plus entraîné depuis la 5e, mais j'ai révisé les tables de multiplications de 4 à virgules samedi pour le semi de Vénissieux ».

Pour courir un 10 km sur route, le plus important c'est les piles !


« Non Musa, rectifie Richard, j'te cause des exercices de préparation en course à pied ! Les fractionnés quoi, vous allez faire comme je vous dis. Bon là, allez faire une récup' de 30 minutes ! » On obéit, pyjama, running, bonnet de nuit et frontales, nous voilà à 8 à l'heure aux abords de la Villa Gillet. Mais on entre pas – par peur des loups garous – vu que c'est pleine lune.
Mardi et mercredi, Richard est occupé. Ce qui nous permet de faire repos-boulot-dodo. Mais voilà, si certains courent avec leurs jambes, pour Richard c'est accessoire.
Et comme un super calculateur se manifeste toujours un nombre x de fois au carré, jeudi, Richie renvoie un post : « Votre mission du jour, du 30''-30'' à 110% de la VMA ! Bon courage ». On est partants mais comme c'est pas très clair, le muscardin décide de faire des accélérations de 2 minutes à 18km/h entrecoupés d'une récupération active couchée sur le dos avec un bol d'air Jacquier dans les narines et la musaraigne fait du vélo sur un hometrainer qui traîne avec des petits moments de danseuses pour voir comment ça fait dans le miroir. Tout ça pendant environ une heure. On rappelle Richard pour lui dire que c'est bon, qu'on a bien fait la séance comme il a dit.
Du coup, Richard nous redonne une mission pour vendredi : « Today, footing à 70% avec 10' au seuil. Keep running les amis ! ». Comme c'est pas plus clair que la veille, on fait la même séance et on le prévient que tout s'est bien passé.
Samedi : « 25 minutes de footing ledge les zigottos », dit Richard. On décide d'aller faire le marché bio.
Dimanche, c'est le grand jour. Arrivée une heure avant. Puce accrochée dans les lacets en moins d'un quart d'heure, puis une séance d'échauffement à base de flexion-extension, triple saut, un peu d'abdos et quelques pompes. Richard arrive tout guilleret avec de la crème solaire sur le nez. Ce qui est bizarre vu qu'il fait 3° et une grosse chape de nuages. Sûrement une histoire d'aérodynamisme. Richard ne laisse rien au hasard. Avec la surcompensation de l’affûtage (ou quelque chose dans ce goût là), il confie qu'il veut faire sous les 39.


Richard paraît en effet particulièrement affuté !



« Vous courrez ensemble ? » il demande. « Dans les 42' » on lui dit. Mais Musa précise qu'elle n'est pas sûre de prendre le départ parce qu'elle a « un muscle lustré du côté de l'adducteur ». Le muscardin lui est au top. Et il ne s'inquiète pas trop pour Musa qui avait fait le même cirque une semaine avant, prétendant qu'elle avait « un genou qui couine et tire comme s'il était rouillé », avant de le lâcher au bout de 500m comme un pauvre rongeur malhabile.

Dans les courses sur route, le plus, c'est le côté convivial : Les supporters et les encouragements !


Les machine-gônes vont se placer. Et c'est une place de choix ! Troisième rang. Mais il y a du retard et les retardataires rentrent par l'avant si bien que ceux qui étaient à l'heure reculent, reculent... ça donne quelques instants pour négocier les temps intermédiaires. Normalement 4'10 pour musa, 4'15 pour le musca, mais compte tenu des plaintes répétées de la première qui menace de sortir du sas dans les derniers instants, on convient d'aller tous les deux à 4'15 et surtout pas plus vite. Sur ce, ça part !

Comme à la fête de la musique, le muscardin donne le "la" !



Comme prévu, le muscardin fait le rythme et la musaraigne suit gentiment.
Enfin pendant 150 mètres.
Au 150e mètre, premier coup de semonce de l'insectivore.
Le rongeur s'accroche.
Au 250 mètre, musa se détache inexorablement. On ne la reverra plus.
Fin du premier kilo : muscardin en 4'15. Comme prévu. Musa en 3'58. No comment.
La musaraigne pense en effet que si elle met trop de temps à se chauffer elle risque de ne jamais se chauffer. Après, c'est la logique des petits mammifères... faut pas forcément chercher à...
Au 2e kilomètre, Musa est dans sa bulle. Musca lui a un début de contracture à l'ischio.
Au 5e kilomètre, Musa est en 21'. Musca en 21'35 et doit s'arrêter pour ne pas compromettre la saison de ski qui s'annonce.


Le muscardin ne veut pas partager le sort de ce pauvre garçon obligé de courir avec des bandes et des prothèses...


Il a raison le muscardin car ses encouragements aux autres participants donnent des ailes, même à ceux ou celles qui sont "dans le dur".


Richard a une fille aux fesses. Pour une fois que c'est pas à cause d'un stationnement non réglé.

De son noisetier d'observation, le muscardin ne loupe pas une miette du spectacle !



Il y a des féminines qui ont une foulée à faire pâlir d'envie un rongeur de course. D'ailleurs, voilà musa en vue dans la dernière ligne droite.



20'55'' plus tard donc, la musaraigne arrive déjà. Le muscardin est déjà là pour l'applaudir...
Finalement sur ce genre de course, il n'y a pas grand chose à raconter.
Richard dit que le contrat est rempli : « 41'55'', musa, t'es de la race des golden insectivores ! »
Et pour la malheureuse homonyme qui ruine bien involontairement la réputation de musa dans la région en finissant des semi en 2h... c'est pas si mal : 54 '16 ''
Les deux musa ne se sont pas donc pas croisées, c'est peut-être mieux ainsi.
Autre paradoxe spatio-temporel l'une est de 1987, et l'autre de 78. On a frôlé d'abîmer le vortex espace-temps et d'empêcher le passé de devenir notre avenir. Merci Richard, ça valait la peine de revenir vers le futur en différant les premières glisses à décembre.



La vraie musaraigne et deux cadors. Respect les champions.



Des provisions pour le grignotage du retour...



D'ailleurs sur le chemin du retour, ça chantonne gaiement dans la voiture : "Elle a fait de ma vie des cocottes en papier. Des éclats de rire. Elle a dû faire tous les terriers pour être si forte aujourd'hui... elle a dû faire tous les terriers et les arbustes aussi..."

On arrive à la maison, on se gare, la nuit tombe soudain. Et il y a une atmosphère éléctrique. Sur les trottoirs, il y a plein de coureurs bizarrement fagottés. Des coureurs avec des chemises brunes et des petites moustaches. "Tous les mêmes", remarque musa façon Stromae. On monte avec le panier de victuailles qu'on a gagné, on allume l'ordi, il y a un post de Richard :"Heil musa, mein got tu bouffes le pitum' maintenant, nein ?"... on est lundi soir, lundi 23 novembre pour être précis. Il y a du avoir un truc qui a cloché quelque part, on dirait que ça fait juste que recommencer...

 

9 commentaires

Commentaire de BOUK honte-du-sport posté le 19-12-2015 à 09:03:43

Trop bon les machines-gones!!!
Encore 76 récits à rattraper, heureusement que les vacances sont là et vont vous permettre de rédiger tout ca...

En tout cas elle envoie du steack la musaraigne

Commentaire de les machine-gônes posté le 21-12-2015 à 11:55:32

On aurait bien covoituré dimanche pour aller à la peine avec toi - d'ailleurs notre voiture sent déjà pas mal le bouc - mais l'idée de se retrouver à l'arrière seuls avec l'hermine nous a semblé un peu inquiétante. Du coup on a opté pour les foulées bellegardiennes -mince ça nous remet à 77 gluuuuupsss !-

Commentaire de L Iguane posté le 19-12-2015 à 09:12:18

Et dire que j'avais envisagé de courir un 10 km bitume bien dégoutant loin de mes terres... Et maintenant savoir qu'il y avait Physikos le Chasse-Neige et les machines-Gones, aaaaarrrgghh

Commentaire de les machine-gônes posté le 21-12-2015 à 11:51:50

D'ailleurs, ne jamais faire comme Physikos qui a marché sur les moustaches de la musaraigne juste devant la ligne d'arrivée. La prochaine fois, on lui tire les poils des pattes pour qu'il voit !

Commentaire de Arclusaz posté le 19-12-2015 à 19:48:51

c'est fort cette histoire d'homonymie pour justifier votre nouvelle passion pour le bitume.
Mais va falloir penser à faire votre coming-out de routard, on peut pas vivre éternellement dans l'hypocrisie.

Commentaire de les machine-gônes posté le 21-12-2015 à 11:50:02

Mais non, "l'asphalte" ça reste toujours un peu mad-max même pour nous. Entre les rats des villes et les rats des champs, on reste bien sûr dans la seconde catégorie. ;)

Commentaire de Gibus posté le 19-12-2015 à 21:12:06

Bravo, mais un 10 kil sur route ! Bande de touche à tout

Commentaire de the dude posté le 21-12-2015 à 15:08:30

Ah ah bien vu le coup de l'homonyme qui fait baisser les perfs!
Moi j'ai un jumeau maléfique qui touche les fesses du kéké quand il le double ;o)
En tout cas bravo ça envoie du chrono chez les rongeurs...enfin surtout une, parce que le Musca j'ai l'impression qu'il est presque aussi souvent blessé que moi, non? (je ne pensais pas que ce fût possible).

Commentaire de Jean-Phi posté le 21-12-2015 à 15:22:04

On a retrouvé les MG ! Chouette, chouette, chouette !
(C'est pour paraphraser la pub en ce moment, je kiffe, je kiffe, je kiffe)
Bref, c'est pas mal quoi (non, en fait c'est bon et c'est un super CR, j'ai bien rigolé !)

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