L'auteur : Turtle1975
La course : Saintélyon
Date : 6/12/2015
Lieu : St étienne (Loire)
Affichage : 4878 vues
Distance : 72km
Objectif : Terminer
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Une SaintéLyon, surtout quand c’est la première, ce n’est pas seulement pendant, c’est aussi tout ce qu’il y a avant et après…
L’INSCRIPTION
Après avoir découvert, du bout des baskets, un morceau de cette course en faisant la Saintésprint en 2014, et décidé à faire les choses par étapes, je m’inscris sur la Saintexpress, en me disant que je ferai la « vraie », la « grande » en 2016.
J’atteins mon objectif de finir le marathon sous la barre symbolique des 4h, dans mon élan, je m’emballe et me dis que j’aurai peut-être pu tenter la SaintéLyon dès cette année…
Tant pis, je reste sur mon idée de départ, en plus franck de brignais avec qui nous avons effectué plusieurs offs lyonnais est aussi sur le 44km cette année en pacer de son épouse Caro, je me dis que je pourrai tenter de faire la course avec eux.
LE SORT S’EN MELE
Trois jours après le marathon, via le facebook de Mizuno, je tente ma chance pour gagner un dossard sur le 72km, sans trop y croire, je n’ai jamais rien gagné, pas même à la tombola de kermesse des enfants.
Je clique, et là je n’en crois pas mes yeux !
Dans les heures qui suivent je reçois la confirmation par mail de Mizuno, j’ai gagné mon dossard pour la grande, la vraie, la SaintéLyon solo !
LE DOUTE
Qu’est-ce que je viens de faire ?
Je cours depuis peu (décembre 2013).
Ai-je les moyens de m'aligner sur ce format ?
Je sors tout juste du marathon, est-ce que je vais pouvoir attaquer un plan alors que je suis encore en récupération ? Une préparation pour un 72km ce n’est pas la même que pour un 44 !
Je me rapproche donc des kikous lyonnais, pour avoir leur avis.
Kikourou, en plus de la convivialité qui accompagne chacun des offs, est vraiment riche en partage, en effet, je reçois de nombreux et précieux conseils, ainsi que des avis favorables pour me lancer.
LA PREPARATION
Je me rapproche alors du « coach » (marath 3h00 ?), en lui donnant par mal d’informations (résultats de mes courses, résultat de test d’effort, disponibilités, etc…), et lui demande s’il peut m’établir un plan avec pour seul objectif : finir !
Dans la foulée, je reçois la réponse avec pour commentaire : « ça va piquer !» et le plan d’entrainement en pièce jointe.
Plan qui lorsque je le découvre, me plait bien, très chargé, beaucoup de sorties longues, des enchainements 2h30 le matin, 1h30 le soir et 2h le lendemain matin, etc…
Je le respecte scrupuleusement, en effet ça pique parfois, mais les séances courues sur la fatigue, à ma grande surprise, s'enchaînent plus facilement que je ne l’imaginais.
LES RECO/OFFS
Une prépa SaintéLyon, c’est également, l’occasion de faire des offs/reco, notamment :
Parenthèse concernant Arclusaz, à chaque off il est de la partie, nous avons même joué au yoyo sur le 26km de la Val Lyonnaise fin octobre, c’est mon compagnon de route !
Je profite de cette sortie pour échanger avec le coach et écouter ses conseils.
Toujours agréable de faire ce off nocturne.
et l’after qui va avec !
sur la portion St-Christo-Soucieu
Pour ceux qui veulent voir à quoi ressemble cette partie de jour, voici la vidéo de cette reco.
https://www.youtube.com/watch?v=OP5sDmUc6gs
Au final, durant cette préparation démarrée huit jours après mon premier marathon, ce sont 540 km qui sont effectués en sept semaines soit une moyenne de près de 80km/hebdo.
Du côté de l’organisation, j’ai pu transférer mon dossard du 44km via le site de la course et donc être remboursé. Le système mis en place est vraiment très bien, et cela évite de voir des dossards se vendre les derniers jours à des prix exorbitants.
LA DERNIERE SEMAINE
J’ai prévu d'aller au Flore pour le partage avec les kikous et pour le confort, mais Mizuno m'informe qu'en tant qu'invité je vais bénéficier d’un traitement particulier, avec retrait du dossard directement sur le stand Mizuno. Ainsi qu’à Saint-Etienne, un accès à l'espace privatif, avec coin repos et repas.
Afin de mettre toutes les chances de mon côté, j'opte pour cette formule en privilégiant le confort à la convivialité, je sais que j’aurai d’autres occasions pour revoir les copains kikous de Lyon.
Côté entrainement c’est très léger avec deux petites sorties de 40’ ce qui me permet d’être relativement frais.
Le matériel et l’alimentation ont pu être testés durant toute la prépa, je sais ce que je vais prendre, et pour le textile, j’aviserai le jour J selon la météo qui s’annonce très très clémente.
RETRAIT DU DOSSARD
J-1 : Vendredi 4 décembre
Je suis à la Halle Tony Garnier vers 14h45, et me présente directement sur le stand Mizuno, la personne qui m’accueille me dit que c’est elle qui a fait gagner les dossards via Facebook, j’en profite donc pour la remercier de vive voix.
Avec mon dossard, j’ai droit à une serviette éponge, un oreiller gonflable, un buff, ainsi qu’un petit bracelet bleu qui me donnera accès à l’espace privatif de la marque à Saint-Etienne, le tout siglé Mizuno et emballé dans un sac en toile de jute.
Je remercie encore pour le dossard et les goodies, puis commence tranquillement le tour du village en me disant que je suis, comme tous les coureurs, une belle cible, un bon pigeon à plumer en voyant tout le marketing en place avec tous ces stands.
LE VILLAGE
Je n’ai besoin de rien, je jette un œil désintéressé par ci par là, dès fois que je loupe le stand qui vend la super poudre du Père Linpimpin grâce à laquelle je vais finir en moins de 9h, ou le nouveau sac super léger qui va bien, qui ne donne pas chaud, ou bien encore la magic supra hypra FLY soft flask qui vole au dessus de ta tête, même plus besoin de la porter, malheureusement je ne l’ai pas trouvé…
J’ai bien repéré des godasses qui avait l’air d’avoir un super amorti et une bonne accroche mais elles étaient trop grandes.
Je pars donc directement au retrait du cadeau : un petit bonnet qui complète ainsi la paire de gants de l’an passé.
Puis direction la sortie, un dernier regard vers l’arche d’arrivée en me disant de bien la garder en tête jusqu’à ce que je la franchisse dimanche matin, je suppose entre dix heures et midi sans pouvoir être plus précis dans mes prétentions.
EQUIPEMENT
De retour à la maison, je termine la préparation de mon sac pour la course ainsi que celui pour le parc expo.
Pour la tenue, sur moi je prévois :
En haut : première couche ML Mizuno Thermobreath, maillot ML Salomon, coupe vent sans manche Quechua.
En bas boxer et collant Kalenji, manchons de molet Compressport.
Contre le froid, un buff au cou, un buff sur la tête, et une paire de gants.
Aux pieds ça sera bonne couche de Nok , chaussettes X-Socks trail et Mizuno Wave Mujin 2.
Dans le mon sac Raidlight XP6 : barres, gels, noix de cajou, amandes. Sur les bretelles dans les poches à flasque : deux bidons de 600 ML (un d’eau et un avec de la boisson iso), deux doses de boisson iso en poudre pour faire deux bidons, deux buffs et une paire de chaussettes de rechange, un coupe vent ML ultra light Btwin au cas ou le sans manche ne suffise pas, téléphone, couverture de survie, un accu de secours pour la frontale, 2 Mg de paracétamol, un paquet de mouchoirs.
Pour la frontale, je prends mon Armytek Wizard achetée en novembre et dont je suis très satisfait.
La montre : ma Suunto Quest (achetée d’occasion en avril 2014) avec pod GPS et la ceinture cardio.
LA TACTIQUE
Partir lentement, cardio bas, marche rapide dans les premières côtes, arrêt à tous les ravitos( même si en lisant les CR de la STL tout le monde ou presque préconise de sauter le premier car c’est la cohue), je me dis que ça devrait bien aller quand même. Ne pas perdre de temps au ravito certes, mais se ressourcer pour la suite de la course. Avec comme livre de chevet l’encyclopédie du jogging de Cottereau, difficile pour un bleu comme moi de s’imposer de sauter un ravito.
DERNIERE NUIT
Je vais au lit de bonne heure, en me disant : « pfiouu demain à cette heure là, je n’aurai pas encore commencé, ça sera surement l’heure du caca mou ! », puis je me fais le film de la journée : Halle Tony Garnier, navette, parc Expo, repas, repos, digestion, vidange, préparation, sac à la consigne, ligne de départ, respect de la tactique !
JOUR J
La nuit a été très bonne, tout est prêt. Après le repas de midi je fais une petite sieste.
L’AUREVOIR A LA FAMILLE
17h, j’embrasse mes enfants et mon épouse et leur dit un « à demain » qui n’a pas le même impact que d’habitude. Je vois dans leurs yeux beaucoup d’amour et aussi d’inquiétude.
C’est ma mère qui me conduit jusqu’à la Halle, ce qui m’évite d’avoir à chercher une place dans le quartier. Je sais que le créneau de 17h à 18h45 sera bon niveau circulation puisque le match de l’OL est en cours.
Elle me dépose juste devant, lors de lui dire au revoir, je sens qu’elle aussi est inquiète mais fière.
LA NAVETTE
Je vois les navettes et vais me renseigner auprès des gens qui font la queue pour savoir comment ça marche et où acheter le ticket.
On m’indique que l’achat se fait au kiosque, j’y vais donc rapidement, il y a une palpation à passer puis la queue à faire.
Je vois aussi qu’il y a une sacrée queue pour ceux qui doivent aller retirer leur dossard et je suis très content d’avoir effectué ce retrait la veille (le top aurait été d’avoir pu prendre le ticket de navette dès le vendredi ou même carrément de pouvoir l’acheter en amont avec le dossard, histoire de ne pas faire deux fois la queue).
Dix minutes plus tard, j’ai mon ticket, je me dirige donc en tête de file des navettes, l’attente est courte, il est 17h40, l’aventure commence.
Dans la navette j’ai l’impression qu’un panneau indiquant « première SaintéLyon » clignote au dessus de ma tête tellement je suis fermé dans ma bulle ! C’est calme, peu de personnes sont en groupe, les visages sont fermés, chacun est concentré, j’en profite pour somnoler.
LE PARC EXPO
18h50 Parc Expo de Saint-Etienne, petit contrôle des sacs, palpation et je rentre dans le parc expo.
Je vois deux petits barnums Mizuno et me dirige vers eux. L’espace est tout petit, des participants sont déjà en place dans leur duvet. Je leur demande si c’est l’espace privatif Mizuno, ils me répondent qu’ils ne savent pas, j’en déduis que non, vu la taille minuscule du truc et son emplacement qui n’a rien de privatif.
Je pose tout de même mes affaires ici, et vais faire un tour aux toilettes puis demander aux bénévoles qui sont à la sortie de la pasta party s’ils savent où se situe le coin Mizuno, ou s’il y a un autre hall, malheureusement ils ne savent pas et me disent qu’il n’y a que ce hall, que tout le monde est ici.
De retour vers mon sac, je vois la queue qui se forme pour la pasta party, je décide d’y aller aussi, car je souhaite manger tôt, tant pis pour l’espace Mizuno, je verrai plus tard.
L’ESPACE PRIVATIF MIZUNO
19h45 le repas est terminé, je retourne vers mes affaires, je mets des bouchons anti-bruit, un buff sur les yeux et me roule dans une petite couverture polaire, j’arrive à dormir un peu. Entre deux petits sommeils, je perçois vaguement le son « Hi ou no », j’enlève le buff et les bouchons et vois deux personnes avec un sac en toile de jute Mizuno, je leur demande si eux aussi ont gagné un dossard et s’ils cherchent l’espace privatif, ils me disent que oui, qu’on va venir les chercher puis quelques minutes après ils ont eu l’information, c’est dans le Hall A.
Je remballe vite fait, mes affaires et ressort du hall dans lequel je suis (le hall B donc) et effectivement il y a un autre hall auquel je n’avais pas prêté attention en arrivant.
Celui-ci est chauffé et je vois dans un coin un petit visuel Mizuno, je m’y présente et là effectivement c’est privatif, avec des tables dressées, une cuisine spécialement dédiée à cet espace et une dizaine de poufs géants. Dommage pour le repas, car celui-ci avait l’air plus varié que celui de la pasta party.
Les poufs sont tous occupés, je m’installe au sol et me repose sereinement.
Arrive un peu plus tard Nathalie Mauclair avec sa petite famille. Elle est à quelques pas de moi, je ne suis pas du genre groupie, alors je la regarde un instant sans insistance, simplement admiratif de sa simplicité en me remémorant son interview après sa victoire sur l’UTMB 2015 où elle rendait hommage à sa famille, à cet instant, je me dis qu’ils sont beaux tous les quatre ensemble.
L’heure avance, je commence à me préparer, Nok, chaussettes, chaussures.
PAUSES TECHNIQUES D’AVANT COURSE
Je fais la queue aux pissotières, il ne fait pas spécialement froid mais immobile et exposé au vent, ce n’est pas terrible.
Je retourne au chaud pour un dernier long moment de repos, j’échange quelques mots avec mon voisin pour qui c’est également la première, puis remballe mes affaires dans mon sac et l’apporte à la consigne.
En voyant la queue pour les toilettes fermées, je me dis qu’il faut y aller maintenant, c’est donc partie pour quinze minutes d’attente, pas d’angoisse particulière d’avant course, je suis serein, caca mou n’est donc pas présent pour ma première SaintéLyon.
Bon cette fois c’est le dernier passage au chaud avant de partir, je salue et remercie encore la personne qui m’avait accueilli la veille sur le stand de Mizuno, pour ce beau cadeau.
L’ARCHE DE DEPART
Sur le chemin qui mène au départ, je fais une dernière vidange contre un arbre.
Je cherche des buffs ou des bonnets kikourou ou des visages familiers mais je n’en vois aucun.
Il y a déjà beaucoup de monde, je suis juste après l’hôtel des ventes, je ne me rends pas compte mais je pense être à peu près au milieu.
Pendant l’attente, mon voisin de derrière vide sa vessie tranquillement au beau milieu de la foule de participants, sous le regard hilare de ses potes, bon ça va il a maitrisé il n’a pas arrosé mes pompes, mais bon un minimum de tenue aurait été de bon goût.
Le speaker rend hommage aux victimes du 13 novembre, allumage pleine puissance des frontales, décompte et ça y est c’est le départ ! U2 à fond pour passer l’arche avec ce message du speaker : « Si c’est votre première SaintéLyon : ne lâchez rien ! A demain matin ! »
LA COURSE
Une odeur nauséabonde de dégazage en masse incite à quitter rapidement le secteur, après dissipation du nuage toxique, je me cale sur mon rythme comme convenu, je suis à l’aise, je compte rester ainsi.
Les premiers kilomètres défilent tranquillement il y a beaucoup de monde, je me fais beaucoup doubler mais cela ne m’inquiète pas.
Les premières pentes arrivent, je me mets alors en marche rapide, ça double encore, il y a tellement de monde que je n’utilise pas encore ma frontale.
J’entends le souffle court de pas mal de coureurs, je me demande comment ils vont finir si c’est déjà chaud au bout de six kilomètres…
Quand arrivent les premiers chemins, la densité est encore plus forte mais ça ne me gêne pas.
C’est le seul tronçon que je ne connais pas, je me sens très bien, je prends quelques secondes pour me retourner et admirer le serpent lumineux, c’est magique ! C’est la SaintéLyon !
J’arrive en 1h49 au ravito de St-Christo, je vois qu’il y a beaucoup de monde, je souhaite faire le plein en eau mais je renonce, mes bidons suffiront pour tenir jusqu’à Sainte-Catherine, je veux prendre du chaud, je perd un peu de temps pour obtenir un thé, j’hallucine en voyant comment ça joue du coude, et devant la tension et la nervosité de certains. Le thé est très très sucré, limite écœurant. J’avais lu que ce ravito n’était vraiment pas une étape impérative, j’en repars quatre minutes plus tard avec le sentiment de m’être arrêté strictement pour rien.
La densité est toujours aussi forte mais ça ne bouchonne pas sauf à ma grande surprise dans quelques descentes anodines, je suis très bien, l’alimentation passe bien je bois régulièrement.
Au Km 22 je passe saluer brièvement un collègue de ma femme qui anime la course avec les membres de l’association Courir pour des Pommes, bravo à eux, ils avaient l’air de bien s’amuser.
J’ai hâte d’être au ravito de Sainte-Catherine, j’ai envie de salé et de chaud, et surtout je veux faire le plein d’eau.
J’arrive après 3h40 de course à ce ravitaillement, et je vois qu’il y a une queue monstre aux robinets d’eau.
Je ne comprends pas pourquoi la rotation est aussi longue, puis j’aperçois enfin les robinets et je vois un minuscule filet d’eau sortir, je prends mon mal en patience, je refais le niveau de mon bidon de boisson iso en le remplissant d’eau car je le trouve trop sucré et je rempli l’autre bidon d’eau.
J’ai envie de soupe, l’accès aux tables est comme à St-Christo, un vrai parcours du combattant, chacun pour soi, esprit trail où es-tu ? C’est bien beau de communier tous ensemble au départ et de se comporter comme des animaux devant la nourriture.
J’entends des mécontents qui s’indignent à grands coups de : « putain au prix qu’on paye, c’est honteux ! »
Vu mes temps de passage, je suis autant amusé que dépité de voir l’agressivité de certains. C’est bon c’est juste une course avec 6000 partants et si nous sommes là à 3h40 du matin c’est que nous ne sommes pas devant à jouer ne serait-ce qu’un top 1000.
J’arrive à obtenir, non sans difficulté, un fond de soupe et quelques tucs.
Neuf minutes et de nombreux bourrages plus tard (bourrage subis et non émis par mes soins), je quitte ce ravito, en espérant sans grande certitude que celui de St –Genoux sera moins rempli car la course sera plus étalée.
Je repars avec en tête ces images de comportements qui me gâchent un peu le plaisir.
Le densité est un peu moins forte, du coup je vois un peu plus loin que les chaussures et les éléments réfléchissants des personnes juste un mètre devant moi.
Ce qui me laisse tout le loisir de contempler régulièrement au sol des tubes de gels, des emballages de barres et diverses cochonneries qui sont bien entendu malencontreusement tombées des poches de coureurs à l’insu de leur plein gré.
La palme revient au malchanceux qui se décarcasse à acheter des gels bio qui finissent dans nos beaux sentiers…
Allez, après tout, c’est comme ça, pas la peine de ruminer. Un gars qui tirait la langue disait : « Deux choses sont infinies : l’Univers et la bêtise humaine. Mais en ce qui concerne l’Univers , je n’en ai pas encore acquis la certitude absolue ».
Les passages un peu plus exposés au vent provoquent des variations de température, je commence à être un peu moins frais, c’est la portion la plus « difficile » du parcours, le sucré ne passe plus trop.
Je bois toujours régulièrement en bonne quantité.
Le Trail des Coursières assure une sacrée animation avant la montée au Signal Saint-André
L’ascension se passe relativement bien, dans la descente quelques légers maux de ventre font leur apparition, il est temps de se requinquer au prochain ravito.
J’arrive à St-Genou après 5h53. Le bordel, la chaleur et les bousculades, me mettent très mal à l’aise.
J’ai la tête qui tourne, je vois un coin avec deux gars par terre assez mal en point, je me dis qu’il faut que je me pose avant de verser, si je ne vais pas mieux je devrais abandonner…
Je me laisse tomber au sol pour m’asseoir avec le dos en appui contre la structure du ravito. Je bois beaucoup, et mange mes noix de cajou et mes amandes. Je reste assis comme ça pendant 10 minutes, je vois des personnes abandonner.
Allez il faut que je vérifie si je peux repartir, je me remets debout, ça à l’air d’aller, je regarde mes bidons, il faut que je fasse le plein, un petit tour aux robinets et hop je repars après un arrêt de près de 20 minutes.
Je me remets en route, ça va beaucoup mieux, je sais que le jour va se lever sur cette portion, je pense à l’arche d’arrivée, je dois la franchir, j’ai fais toute ma préparation pour finir, je dois finir !
Le coup de mou est passé, je sais que ma petite famille sera à la halle Tony Garnier.
La course est enfin étalée, il y a tout de même encore beaucoup de monde mais c’est plus confortable.
Je passe les 42,195 km en 6h37, sacré temps pour le marathon !
Et à partir de cet instant, double découverte, d’une part la distance, je n’ai jamais dépassé le marathon et d’autre part la durée puisque mon effort le plus long est de 6h40 lors du petit Tour des Fiz en juillet dernier.
Il reste encore 30 kilomètres, mais le jour va se lever, j’ai hâte qu’il se lève, pourquoi je ne sais pas, mais j’ai le sentiment que ça me fera du bien.
Dans une petite descente j’ai la cheville gauche qui se tord, mais sans douleur particulière et vue ma vitesse la torsion a été de faible intensité.
Comme depuis le début, je fais les montées en marche rapide et je cours le reste.
Quelques kilomètres après l’épisode de la cheville, je ressens une petite gêne sur l’extérieur de la cheville (sous la malléole) juste à l’endroit en contact avec la chaussure, je n’arrive pas à savoir si c’est du à un frottement ou si c’est articulaire.
La gêne s’accentue pour se transformer en douleur mais uniquement en descente.
C’est bête parce que la SaintéLyon c’est plutôt descendant et « roulane » et encore plus sur la partie restante…
Quelques kilomètres plus tard, c’est le genou gauche qui coince un peu, je ne sais pas si c’est ma cheville douloureuse qui m’a fait changer de foulée et qui provoque cette douleur au genou, ou si c’est juste la fatigue générale…
C’est vraiment dommage car sur le plat, tout va bien et je peux courir avec aisance.
Je passe le bois Bouchat et la ligne symbolique qui marque le début de la course, en repensant à chaque off durant lesquels ça déconne bien la dessus.
Sauf que mon coté gauche lui il ne veut pas que la course elle commence ici. Tant pis, je vais donc finir avec des douleurs dans les descentes.
Soucieu est en point de mire.
J’arrive au ravito après 7h52 de course.
Ravito grand luxe, spacieux, accessible, avec de tout dont des tartelettes à la confiture, des palets bretons et même des Pim’s. De la Saint-Yorre, de l’eau sans faire la queue... le bonheur.
Je me pose cinq minutes sur un banc, et j’en profite pour changer mes buffs, ça fait du bien de mettre des trucs secs.
J’ai la flemme de changer de chaussettes, mes pieds vont bien. L’arrêt a duré dix minutes au total..
Je repars et appelle ma femme pour lui dire que je quitte Soucieu, que c’est dur mais que ça va le faire.
Ça me fait du bien de l’entendre, je me projette déjà sous l’arche d’arrivée.
Allez, maintenant même si c’est difficile, il faut relancer, autant courir ça durera moins longtemps.
La plupart des concurrents sont dans le dur, nous sommes tous marqués, ça boite, ça coince quasiment chez tout le monde.
Je plaisante avec une fille et lui demande si elle a un genou gauche en rab car le mien fait des siennes, elle me répond que non mais rebondit en me demandant si j’ai du paracétamol pour son ami, à sa grande surprise je lui réponds par l’affirmative, je prends un moment pour le sortir de mon sac, son ami arrive et me remercie en me donnant quelques morceaux de saucisse sèche.
Petit moment tout simple de partage, mais qui fait du bien et redonne le sourire à tout le monde, on se souhaite bon courage pour la suite.
Je n’ai pas de souvenir particulier, je suis dans un état second, je sais que je vais finir ma première SaintéLyon, et cela suffit à me faire arriver à Chaponost 9h37 après avoir passé l’arche de départ.
Arrêt de trois minutes, le temps de remettre de l’eau dans les bidons et de grignoter une ou deux bricoles.
Allez ce coup là, ça sent la fin, mal ou pas mal, même plus mal !
Ça caille un peu le long de l’étang, mais au soleil c’est vraiment agréable.
D’habitude je suis en train de faire ma sortie longue alors j’essaye de me convaincre que je suis en train de la commencer… mais l’échauffement de 60 km et ma douleur sous la malléole se rappellent tout de même à moi, l’allure reste donc lente.
J’espère que je vais voir Arclusaz du côté des marches du chemin du grapillon, il aime venir encourager les kikous (et tout le monde même), mais avant ça il reste Beaunant à passer.
Après cette formalité qui permet de discuter avec tous les « tamalous » en collant avec un dossard, il est temps d’entrer dans le parc aventure, et au détour d’un virage, qui vois-je apparaitre, telle une oasis au milieu du désert ? L’ambassadeur, le rassembleur de kikous, monsieur Arclusaz en personne !
Quelle joie ! Il m’emboite le pas et me dit qu’il va m’accompagner jusqu’à la Halle, je lui saute au cou et lui tape la bise tellement ça me fait plaisir.
Décidément, en plus des offs/reco STL, de la reco Col Moretan en juillet et notre yoyo lors de la Val Lyonnaise, ça commence à en faire des kilomètres ensemble, mais ceux que je suis en train de partager à cet instant sont très particuliers, car ils sont difficiles mais aussi parce que je commence à être submergé par l’émotion.
Heureusement Laurent me rend les choses plus faciles et nos discussions permettent de calmer mes émotions et de penser à autres choses.
Il reste deux kilomètres, nous allons bientôt attaquer les marches, on peut apercevoir notre duo de choc un instant sur la vidéo suivante :
https://youtu.be/b8jD4B5-Pp4?t=28m15s
Arrivés vers la Saône, Laurent commence le reportage photo
Je suis content !
La magie de la STL ! Comment ça il est glauque ce coin ?!
Avec le sourire dans les dernières marches
A partir du dernier kilomètre, je dis à Laurent que je vais chialer, tout se bouscule : la fin toute proche de l’aventure, le passé, l’instant présent !
La beauté du ciel aujourd’hui ! Le décès de mon père en 2001 ! Les 22 kg que j’avais en plus il y a trois ans ! Les 71 kilomètres précédents ! Ma famille dans la Halle ! Le croissant de lune de la nuit dernière ! L’entrainement des dernières semaines ! Le dépassement de soi ! Deux ans en arrière « je cours deux minutes je marche une minute » ! Le plaisir de courir ! L’inquiétude de mes enfants quand je cours longtemps. Les spectateurs sur la passerelle Raymond Barre, les encouragements, les enfants qui tendent leur main, Laurent qui continue de photographier, ma gorge qui se noue, mes yeux qui se remplissent de larmes !
La fatigue a décuplé mes émotions : Je me sens vivant et heureux comme jamais !
Je plane.
Merci Laurent !
C’est l’euphorie, sur les dernières centaines de mètres
Cela fait 11h18 que j’ai passé l’arche de départ à Saint-Etienne, encore quelques mètres et je vais franchir celle que j’ai gardé en tête toute la nuit.
Yes !!!
On dirait que je ne réalise pas bien !
LES INSTANTS APRES
Je cherche de partout ma femme, mon fils et ma mère, (ma fille ayant une répétition de danse ne pouvait pas être présente).
Ça y est je les vois, je m’approche d’eux, je suis fatigué, et n’arrive pas exprimer ce que je viens de vivre.
Je suis encore sur mon nuage, je les embrasse mais pas trop hein parce que je pue un peu (beaucoup).
Je meurs de soif et mes bidons sont vides, je les quitte en leur disant qu’on se retrouve rapidement.
Je fonce aux tables en espérant de la Saint-Yorre car il n’y en avait plus à Chaponost, hélas je vais me contenter d’un sirop de menthe et d’eau plate.
Je vais ensuite récupérer mon t-shirt finisher en vérifiant bien le modèle (l’an passé sur la Saintésprint j’avais eu un tshirt avec le col en V modèle femme !)
Je récupère mon sac au fin fond de la halle, je suis éreinté, j’ai mal partout, je suis douleurs !
Je sors de la halle et donne RDV à ma famille, la voiture n’est pas garée trop loin.
Je retrouve Laurent, qui reste avec moi un moment, et le remercie de m’avoir accompagné sur les derniers kilomètres. Je lui retape la bise pour lui dire au revoir.
La voiture arrive, je m’assois et là je découvre que j’ai oublié de mettre de la Nok aux miches… ça a un peu frotté on dirait, j’ai l’impression d’avoir un cul de babouin !
J’ouvre grand ma fenêtre car je pue c’est une horreur. Ma pauvre famille qui m’a attendu longtemps dans la halle, pour me voir en coup de vent puis me retrouver puant dans la voiture qui nous ramène à la maison, pour eux aussi la SaintéLyon c’est difficile !
LES HEURES D'APRES
Après une bonne douche, un repas très léger (je n’avais pas faim du tout) et le récit de cette SaintéLyon à ma famille, je tente d’aller faire la sieste, mais je me prends des crampes de tous les côtés, impossible de rester couché. Au bout d’une heure, je renonce et je descends glander/comater dans le canapé.
J’en profite pour regarder kikourou et les premiers commentaires.
Je regarde aussi mon temps et mon classement
11h18min34sec
4238ème comme d’habitude dans la queue du peloton (80%), je n’ai pas choisi mon pseudo pour rien !
Mais l’objectif de finir est atteint !
LE JOUR D'APRES
Plus de crampes et donc une nuit réparatrice, j’appréhende un peu pour les jambes au réveil… et finalement ça va.
Contrairement au marathon, je n’ai pas posé mon lundi, et au boulot c’est plutôt chargé à cette période de l’année, j’espère que ça va aller.
Comme pour les jambes, tout va bien, je suppose que je suis encore dans l’euphorie et qu’il y a des restes d’adrénaline, je me dis que le coup de bambou arrivera dans les jours qui viennent.
Mon genou ne me fait plus mal, par contre la malléole au contact d’une chaussure basse est hyper sensible, alors je mets des chaussures montantes et ça va.
Le soir je regarde les photos et vidéos de la course ainsi que les réseaux sociaux. J’ai encore la tête à la SaintéLyon
La nuit, mes rêves me refont faire la portion St-Catherine-St Genou
LA SEMAINE D'APRES
Le coup de bambou n’est jamais arrivé : deux hypothèses !
Après six jours de repos complet, j’ai effectué deux sorties tranquilles d’une heure chacune, le genou et la malléole ne se manifestent plus.
J’ai pris mon temps avant de publier ce compte-rendu, pas très bien écrit, simple témoignage d’un énième parmi les autres qui a couru (et marché aussi, hein car 11h18 c’est un temps de rando) sa première SaintéLyon.
Merci à tous les kikous lyonnais qui de près ou de loin ont contribué à la réussite de mon objectif.
Merci à ma petite famille pour le soutien sans faille.
Je pense que je serai de nouveau présent sur la SaintéLyon en 2016.
17 commentaires
Commentaire de didscott69 posté le 16-12-2015 à 21:32:44
bravo a toi!
la durée de l'effort ne compte pas quand on arrive au bout.
bonne récup!
Commentaire de Arclusaz posté le 16-12-2015 à 21:49:45
Ce CR est une escroquerie. Cette STL, soit disant en solo, a été effectuée en relais à 4. C Jérôme qui s'est élancé, puis ce fut David, puis Julien et enfin Raoul. Tous ces prénoms dont ma mémoire de poisson rouge t'a affublé depuis notre première rencontre....
Pour être plus sérieux, je voudrais simplement te dire que ton CR me touche beaucoup et que ta victoire m'a fait très plaisir. Tu as su te donner les moyens de réussir ce pari qui te semblait fou, tout ça avec plein d'humilité et en t'intégrant parfaitement à notre groupe où tu fais l'unanimité.
RDV l'année prochaine pour un yoyo de 72 km. Mais avant, on a plein de km à faire ensemble....Raoul !
Commentaire de bruno230 posté le 16-12-2015 à 22:38:02
Ben moi je le trouve très bien écrit ce CR.
Merci à toi de m'avoir fait revivre ce dépucelage du 1 er passage sous cette arche d'arrivée de la Saintélyon qui,quoi qu'on pense de cette course à une saveur particulière.
A très vite aux coursières et encore bravo
Commentaire de lapuce92 posté le 17-12-2015 à 07:16:35
Bravo pour cette belle première!! On a du se croiser dans la nuit j'arrive en 11h26 ;)
Commentaire de Davitw posté le 17-12-2015 à 10:10:33
Bravo pour ta STL bien méritée ! Une bien belle histoire ta course ;)
Commentaire de Mazouth posté le 18-12-2015 à 13:28:59
Il y a une anecdote liquide qui me laisse penser que vous étiez près l'un de l'autre au départ non ? ;-)
Commentaire de marat 3h00 ? posté le 17-12-2015 à 11:27:40
Bravo pour ton assiduité (ça paye) et ta volonté !
et place à la récup maintenant ! sois sage jusqu'à Noël et tu aura vraiment récupéré.
Merci pour ton CR
Commentaire de Jean-Phi posté le 17-12-2015 à 11:36:51
Très joli CR ami Irignois !! Je t'ai suivi à distance dans tes prégrinations et dans ton évolution tout au long de l'année, une chose est sûre, tu as sacrément assuré ! Quelle progression !
Commentaire de helmut posté le 17-12-2015 à 20:45:24
Splendide récit. Bravo à toi pour cette STL. J'ai revécu ma course à travers ton récit. 9 h 54 pour moi en faisant le féneant sur la fin. C une course sans pareil, pleine d'émotion et de volonté humaine. BRAVO
Commentaire de Benman posté le 17-12-2015 à 21:09:24
Vu les dernières photo, on dirait que t'as fait un urban trail de banlieue (moi j'ai pas vu ce coin, j'étais déja plus e état de voir quoi que ce soit). Alors que c'est pas vrai, t'as vécu une nuit magique. Bravo pour cela et merci de l'avoir partagée.
Commentaire de franck de Brignais posté le 17-12-2015 à 22:05:40
Il est beau ce récit, merci.
Tu m'as replongé, avec les même sentiments, les mêmes douleurs et les mêmes larmes dans ma STL 2010.
Merci pour ces belles images et ce que tu nous a livré. Continue à vivre aussi intensément ce sport..
A très bientôt
Commentaire de Mazouth posté le 18-12-2015 à 13:31:32
Bravo mec ! Missions accomplies ! Au pluriel oui car pour moi les 2 missions d'une première STL sont : finir + vivre de belles émotions.
A bientôt Babouin1975 xD
Commentaire de Turtle1975 posté le 19-12-2015 à 10:46:46
Merci à tous pour ces commentaires qui font plaisir à lire.
A très bientôt dans les chemins pour faire plein de km ensemble.
Commentaire de Kirikou69 posté le 30-12-2015 à 21:00:05
Merci pour ce cr et bravo pour cette belle STL.
Tu as fait une sacrée année!!!
Commentaire de Yoann69 posté le 31-12-2015 à 15:46:46
Bravo super CR, on ressent bien toutes les émotions que tu as vécues.
Moi mon corps à dit stop à St Genoux :(
A plus sur une course :)
Commentaire de Arclusaz posté le 10-10-2016 à 22:46:36
tiens, j'ai relu à froid ce récit et je l'ai encore trouvé plus beau que la première fois !!!
merci pour toute cette humanité : j'espère qu'on sera ensemble sur la ligne de départ. Après, tu t'envoleras !
Commentaire de coco38 posté le 11-10-2016 à 20:57:25
Ben super compte rendu que je lis en prévision de ma 1ère participation... en fin de peloton également bien sur. Plein de détails et beaucoup d'émotions dans ce récit. Vivement la ligne de départ pour vivre tout ça.
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