L'auteur : Free Wheelin' Nat
La course : Ultra Trail du Vercors
Date : 7/9/2013
Lieu : Lans En Vercors (Isère)
Affichage : 1912 vues
Distance : 86km
Matos : Inov8 268
Black Diamond
Lafuma cinetic ancienne version DDE
Le Bob...
Objectif : Terminer
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Après l’abandon de l’Ardechois en solo, beaucoup de questionnements , réponses et leçons tirées… mais pas sûr à mon sens que ce soit suffisant pour les 86km de l’UTV 2013…
Arrêt d’un mois ferme pour une histoire de fesse (au singulier, au singulier …on se calme les gars) , activité professionnelle frisant les 45 heures par semaine (je corrige ma coquille...) , et pour finir une prépa consistant en un cycle unique de 6 semaines avec 3 sorties hebdomadaires, un joli vol plané ( fatiguée, moi ???) sur la dernière sortie longue (ouille).
Au passage ,merci les deux bidons Raidlight !
On se foutait de moi sur le plateau avec ma nouvelle poitrine à pipettes, mais en attendant, ça m’a sauvé les côtes…
Bref, cette fois-ci rien n’était gagné, mais à la différence de ce printemps, j’avais une semaine de congés avant l’épreuve et la quasi certitude d’y aller. Rhôôôôôô, c’est bon, ça !
Une fois sur place à Villard de Lans , avant le briefing pré-course, je retrouve l’équipe de choc des Maïounettes (Aurely42 et Titoune en duo) et plein de kikoureurs ( et euses !) connus et inconnus avec lesquels j’aurai le grand plaisir de dîner le soir même .
Ravie de revoir Land, Loic Astro et sa dame, intimidée devant Chrystel, TomTrail, Xahvië, Françoise , Samontetro et consors, et ravie de récupérer ma commande Kikourou par l’intermédiaire de Blob (que bien sûr je vais oublier de porter, pas Blob, le buff…).
La pression monte méchamment par moments, avec des réminiscences de ce que j’ai vécu autour et pendant la MontagnHard…
Elles sont bonnes les ravioles, mais pas trop d’appétit ce soir pour la crème et le fromage, j’en refile un bon morceau à Loïc.
Très bon moment (le repas, pas le passage de ravioles).
Le lendemain matin, départ à 5heures de Villard de Lans, pas de kikous en vue, mais je rejoins Françoise peu après le départ, on s’envoie les formalités d’usage et chacune repart dans son trip, on a un 86km sur le feu, hein ?…
Ca grimpe, et quelle belle image, toutes ces loupiotes qui grimpent vers le ciel, de quoi croire à nouveau à la magie de Noel !
Le lever du jour coïncide presque avec le passage du col Vert , ces falaises qui nous surplombent me rappellent un peu Gréolières chez moi , mais en plus grand !
A l’apparition du soleil, elles nous offrent une de ces palettes de couleurs… Profondes, chaudes et verdoyantes en haut, et vers la vallée ce sont les nuances de bleu, et gris des nappes de l’ombre et du brouillard qui dominent. Et nous on chemine dans le vert qui pète et les petites fleurs…
L’allure est bonne, pas de stress mais je garde une attention soutenue sur le monotrace encore « plat », je vois devant moi des personnes qui trébuchent et la distance entre chacun est encore trop juste pour avoir un minimum d’espacement et être vraiment à l’aise.
J’ai encore en mémoire ma gamelle au Boréon, pas question de remettre ça.
L’ascension au Pas de la Balme (j’en ai une chez moi aussi on y décolle en parapente, même !) sera assez fluide, à une allure qui va bien.
Entre temps les premier duos déboulent et on se pousse ! En principe , « débouler » est, intrinsèquement d’un mouvement descendant, , mais là, non, c’est en montée que ça se passe! Pas question d’entraver leur progression , on risque le strike…
J’apprécierai le passage de témoin de la collègue qui me précède et décrètera que c’est à mon tour de passer en mode traction ferroviaire, et tant mieux, j’adore ça (petit clin d’œil à mon père qui m’a transmis sa fascination pour les locos à vapeur).
La voie est libre et quelques places sont récupérées jusqu’à la bascule vers Corrençon.
J’ai un instant en tête la descente d’anthologie de Jean-Michel Touron vers St Nicolas de Véroce il y a deux ans , et je rigole toute seule en repensant à la mine effarée et outrée des deux pauvres bénévoles qui ont tant craint de le voir voler et s’exploser au sommet d’un sapin !
Le ravito de Corrençon ne tarde pas à venir, et je suis bien aise d’y voir des têtes connues , Aurely et Loic qui semble me trouver un peu lente, je ne sais plus si c’est là qu’il verra ma langue …
Remplissage tranquillou de la poche, je prend ce moment comme une pause, et j’apprécie fort les jerricans disposés sur les tables pour le remplissage de la poche. Pratique !
J’ai dû picorer peu avant quelques fruits secs, je me contenterai du ravitaillement liquide et d’une tranche de sauciflard.
Par contre, outre la douleur aux deux fessiers qui me suit depuis quelques bornes (je me prépare donc à composer « avec » un bon moment), j’ai un coup de mou à la reprise qui me chagrine un peu.
Je décide que ce n’est pas encore le moment d’être dans le dur (y’a pas de raison !) et ça repartira comme en quatorze peu après.
J’attribuerai plus tard le coup de pompe aux quatre heures « maison » contenues dans le camelback qui visiblement, ne me suffisent pas dans le cadre « course », et le redémarrage sera effectif à peu près une demi heure après être passée à ma boisson compète habituelle.
Donc, premier ravito passé , pile poil à la fin de la poche.
Je sortirai là les bâtons, je n’attendrai pas la fatigue pour les déplier.
Bref bilan , l’allure semble correcte à priori et hydratation dans les clous malgré ma difficulté à lire ma montre à aiguilles (celle prévue pour le trail, ma super Géonaute à gros chiffres spéciale taf, m’a lâché dans la nuit qui a précédé le départ … vais pas lui en vouloir, la pile devait avoir au moins 4ans….)
Enfin, je parle d’allure correcte, mais en fait, aucun moyen de le savoir, et je ne m’y intéresse pas non plus. Les barrières horaires sont vraiment une donnée que j’oublie systématiquement à peine le règlement lu, et ce depuis toujours.
J’ai vaguement découpé mon parcours en 4 fois 4h , estimant, Dieu sait comment ou pourquoi, que je bouclerais en à peu près16h…
Des fois, à posteriori, je me fais peur tellement ma gestion temps/allure frise le zéro absolu…
Je me fais doubler un peu plus tard par deux filles solo sur la portion de route qui suit le ravito , mazette, elles vont vite à bâtons, mais ma seule préoccupation est de terminer bien debout sur mes pattes et le coin est joli, et n’ai donc aucun mal à rester en mode contemplatif …
J’ai vraiment apprécié ce parcours, avec par moment vraiment l’impression de voyager, sans autre préoccupation que de voir, sentir, entendre, le nez en l’air , l’esgourde attendrie , l’œil ravi et l’odorat enchanté de changer d’air.
Re -je fais une pause en réapprovisionnant- à Méaudre , (cool, Aurely est là !) toujours pas de calcul compliqué côté poche , c’est chouette quand c’est simple et fluide comme ça.
Je réalise à ce moment que les douleurs des fessiers ont disparu , ainsi que le début de gêne à un orteil qui m’a fait craindre une ampoule (je ne connais pourtant ni la nok ni le citron, là j’aurais découvert quelquechose ! ).
Comme j ’avais bu à droite à gauche sur de petits ravitos, je remplis la poche avec 1,5l et sous dose la boisson (je prévois du chaud dans la montée vers Autrans)
Bien vu, puisque ça tape dur sur ce chemin blanc avant la forêt…joliiii.
Côté souvenirs, ma foi, j’ai en tête la montée dans une sorte de sous bois puis cette sente qui semble se percher sur une crête et qui toujours donne l’impression que ça va basculer juste après ! (comme l’Archas chez moi, on croit toujours qu’on arrive au sommet, mais non, raté, c’est pas pour cette fois !).
Je regrette vraiment de ne voir que des images que je ne remets plus dans l’ordre chronologique...
J’ai bien en tête la fin de la descente sur Autrans je crois, mais avant , alors là… je voyageais peut-être en moi même , qui sait…
Hou la belle piste!! Elle doit être sympa l’hiver , ça descend long et fort mais c’est du gazon qui permettra de relâcher peu , hop, on met tout dans les hanches et c’est parti pour un peu de marche athlétique version trail !
Petit ravito, petite hydratation et c’est reparti , le relief va se calmer un moment , mais ça reste plaisant, on traverse la vallée dans sa largeur ,et à un moment, on traverse une route avec un taureau (je crois) qui braille à ma droite , mais qui braille ! J’ai plaint sur le coup la pauvre bénévole au carrefour qui devait avoir ça dans les oreilles depuis un moment !
Tiens, allez un petit plaisir , du gingembre confit…. Hé, meudeuuu, le sac a dû tomber du filet quand je l’ai remis après pioche d’une chips banane !
Ca, ce fut la grosse déception du jour, il en fallait une !lol
Ce qui m’embêtait plus sérieusement quand même, c’est que je me trouvais en rade de réconfort glucosé , mais ayant mon sac de graines toujours à sa place, les raisins secs dedans feront bien l’affaire , et si besoin, je passe à la bouteille de gauche dosée normalement.
Voilà, affaire réglée , pas envie de me prendre la tête pour du gingembre (mais heuu, je suis déçuuuuue), je sais pertinemment que coté énergétique, je suis loin d’être à sec et c’est ça qui compte.
C’est pas après les cordes ? C’était du raide de chez raide, elles étaient plus qu’utiles vu la fatigue liée à l’ascension , ça ne mouftait pas alentour !
D’ailleurs, ça aussi, c’était agréable , car vu les relais, finalement , j’ai peu de souvenirs de grande solitude , toujours plus ou moins quelqu’un en vue devant ou derrière.
Je ne redoute absolument pas d’être seule , mais avoir des collègues pas loin, c’est sympa aussi !
Je me demande si ce n’est pas lors de l’ascension vers St Nizier que je me suis attrapée une sérieuse rigolade à moi toute seule.
Il fait chaud…
On monte , on monte et j’avise un solo qui redescend , le dossard à la main, mince. On s’échange deux mots, le gars me dit qu’il est fatigué et est allé au bout. Au bout de cinquante bornes, c’est dommage.
Je n’ose pas le lui dire, et regretterai de ne pas l’avoir encouragé à essayer de continuer . Après, si la tête dit « non » , je crois que ce n’est pas la peine d’insister non plus, j’ai déjà testé …
Bref, je rumine l’abandon du type, et continue.
Peu après , j’en vois un autre, assis, un brin décomposé « ça va ? » « pfff, dur…. » « allez ! courage , faut rien lâcher ».
Et quelques instants après, me voilà en train de rigoler comme une baleine, car d’un seul coup je vois... je vois un zombie tout gris , auquel je m'amuse à rajouter un buff sur la tête, un corsaire , un petit sac à dos et des bâtons, (je n’ai pas en stock les petites étiquettes au choix à disposer sur le mannequin, je laisse à vôtre imagination le soin de faire le boulot)
Puis une explosion qui fait "SPUDOW!"
Me v’là en plein Plants VS Zombies !
Avec les tournesols , les repeaters …qui tirent leurs petits pois, le jalapeno (mon préféré)…qui fait « FOUCHHHH »
Un autre traileur un peu plus tard s’arrête un instant devant moi , celui là a fait «POWIE! » ( les cherry bomb…. c'est le potato-mine qui fait "spudow" lol…).
Me voilà repartie un peu après à pouffer de rire avec des « ah trop bon, excellent !! »…
Aucune moquerie, mais je vois des traileurs « exploser » les uns après les autres, et je ne peux m’empêcher de tourner ça à la dérision, le gars derrière a dû se dire « hou làààà, elle a pris, elle… »
C’est ce que les collègues de boulot me disent quand je chante du Brigitte Fontaine ou du Boby Lapointe devant ma plonge…
Hem…
Bref, de mon côté, ça va, et à aucun moment , même si c’est dur, je ne pense à ralentir ou m’arrêter, c’est une question de physique, il est plus facile de maintenir un mouvement que de l’initier, non ? J
St Nizier où j’entends « salut Copine ! »
C’est Aurely partie de Méaudre qui m’a rattrapée , c’est chouette, elles ont bien tourné les filles !
Je fais la connaissance de Seve en visite, que je sentirais presque capable de partir avec nous si elle le pouvait !
Remplissage et babellage sont au menu , et je chope au passage ma troisième rondelle de saucisson (une à chaque ravito, ou presque, juste pour le plaisir !) des abricots et des pâtes de fruits que je fourre illico dans mon sac à graines.
Je retrouverai avec plaisir Loic et Astro à Lans, qui m’annoncent qu’il ne reste plus que « … » et moi j’entends 10 bornes, avec en tête la petite montée avant de redescendre à Villard.
Ouais, ben elle a été in-ter-mi-nable cette portion, ce n’était pas tout à fait 10km !!
De mes souvenirs, il y avait juste une petite butte… Peanut, quoi, à côté du reste ! (oui, j’ai oublié le profil dans la voiture…)
Et ça monte , et ça monte, ça tourne, ça monte et ça fait comme à l’Archas, ça va basculer, et bien naaaaan , ça monte toujours !
J’en ris maintenant, mais sur le coup, c’était du "pfff… " et puis "pfff … ", "oh meeerde", "marre… " " pfff "…
Quelques gouttes… c’est vrai que l’orage gronde depuis un moment, que je suis ravie d’avoir passé le Moucherotte !
Tant qu’il n’y a que le son, je ne m’inquiète pas, enfin si , mais pourquoi on n’est pas déjà en vue de Villard ? Y’en a maaaaarre ! lol
Ca a basculé ,il fait plus sombre sous ce ciel de plomb dans les sous bois, et ça donne une atmosphère sympa avec la frontale allumée malgré le jour, mais toujours pas de Villard ...
J’ai le genou droit qui commence à sérieusement crier grâce , ça avait tout doucement commencé lors de la descente du Moucherotte, dans les bois ,où j’ai discuté très agréablement avec un V2 (au moins), de marathon, d’ultra , de MontagnHard…
Je fuis les cailloux et recherche le moins tourmenté possible pour reprendre une foulée rasante un tant soit peu antalgique.
Un peu de yoyo avec un autre solo qui lui aussi en a tout aussi marre que moi , « Allez ! » que je lui fais, « Ca se tire ! On n’en voit pas le bout mais on va dire que ça se tire ! »
RESTONS POSITIFS ! (« mais quand est-ce qu’on arri-veuuu ???)
Comme réponse j’ai quelque chose du genre « grmmmbll… »
Arrive enfin Villard, la nuit vient juste de tomber !
Là encore c’est long pour finir, mais peu importe, on y est !
Un "petit bout" me tend un buff finisher , trop mignon, sous la flotte…
«Vous êtes de quelle catégorie ? » me demande une dame...
Et la voilà partie me chercher mon lot … Et je suis classée, en plus… :-)
Que de bonnes ondes sur cet UTV…
Un coin superbe, des gens adorables, une météo plus que sympa compte tenu des prévisions…
Et le bonheur d’avoir vécu cet ultra comme un voyage , sans souffrir vraiment , ni entrevoir de difficultés particulières.
Quelle chance j’ai eu !
J’aurais moins rigolé sous la flotte, et j’aurais certainement pas terminé en 15h 21mn, mais je savoure mon second ultra terminé et bien terminé.
Cette fois-ci c’est moi qui me transforme... en Ice Shroom le temps de passer de la salle chauffée à la voiture, (ça ne fait pas de bruit, mais qu'est-ce que c'est froid! )…
Ce qui m'a suivi en fond sonore dans mon petit crâne :
http://www.dailymotion.com/video/x13wofs_elyas-khan-bells_music
Et vers le Pas de Bellecombe , mais en ayant au prélable modifié un peu les paroles pour les adapter à l'ultra dans les moments où ça monte raide (ça , c'est la version orginiale .. :
http://www.youtube.com/watch?v=lVPlG4UDwXM
7 commentaires
Commentaire de Japhy posté le 24-09-2013 à 05:38:01
Bon ben tout s'est bien passé en fait et tu n'as pas eu la pluie! Vu l'allure à laquelle tu avances, tu as raison, ce n'est pas franchement utile de stresser avec les BH, tu es largement en avance dessus!
Commentaire de Jean-Phi posté le 24-09-2013 à 10:41:42
En voilà un chouette souvenir ! Bravo Nath ! Quand tu ne fais pas de vol plané, tu fais de belles perfs n'empêche. ;-)
Commentaire de samontetro posté le 25-09-2013 à 09:36:30
Faciiiiile que tu nous l'as fait cet UTV! Si tu n'avais pas eu les bâtons à la main, j'aurai même dit les doigts dans le nez!
De Lans à Villard il y avait effectivement un peu plus de 10km... et une vrai dernière bosse! 13Km et 400m de D+ (mais groupés les 400m D+ !!!!).
Bravo pour cette belle course rondement menée!
Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 25-09-2013 à 14:22:20
Je copie-colle : "activité professionnelle frisant les 45 heures par mois"
On comprend que tu sois fraîche pour courir, hi hi !
Nan, bravo, t'es un championne !
Commentaire de Free Wheelin' Nat posté le 02-10-2013 à 17:18:41
Ah oui, effectivement, ça faisait léger, je viens de percuter! lol
Commentaire de Karine82 posté le 01-10-2013 à 22:13:33
Bravo pour ton UTV et merci pour ce super récit de course :) Chapeau pour les fous-rires, j'ai pas réussi à rigoler autant pendant la course !!
J'habite depuis qq années à Mougins, et je m'entraine régulièrement au dessus de Gourdon ou vers Gréolières, de temps en temps dans le Mercantour, et dans l'Esterel en hiver... on se croisera peut-être au détour d'un sentier :D
Commentaire de Free Wheelin' Nat posté le 02-10-2013 à 17:31:57
Tu dois souvent courir avec les parapentes au dessus de la tête alors!
Tu seras sur la grande Coursasse en 2014? Ce 60 doit passer sur tes terres!
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