Récit de la course : Trail d'Ecouves et du Pays d'Alençon - 33 km 2013, par Le Lutin d'Ecouves

L'auteur : Le Lutin d'Ecouves

La course : Trail d'Ecouves et du Pays d'Alençon - 33 km

Date : 2/6/2013

Lieu : Radon (Orne)

Affichage : 2948 vues

Distance : 35km

Objectif : Pas d'objectif

8 commentaires

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35KM DE BONHEUR

2 juin 2013
 
 Tu viens chérie, on s'fait un 293 ?
 
La semaine précédente, alors que je faisais l'intéressant en coachant trois filles formidables qui n'avaient pas tant besoin d'un Lutin lors du marathon de Poitiers, ma chère épouse battait son record sur semi qui, s'il est modeste, datait quand même de dix ans. Ce dimanche fut un clair soleil dans ce printemps de glace.
 
Une semaine après, celle avec laquelle je partage tant depuis quarante années était prête à renouveler l'expérience sur nos terres d'Ecouves pour les 35 km d'un trail pas si facile avec ses 1000m de dénivelée positive et son terrain plutôt piégeux. J'étais du voyage.


Les Fougères, c'est comme cela que nous appelons ce chemin de plus de 1500m qui nous emmène vers le nord-est ; dans un mois, ces modestes tiges dépasseront ma taille. Nous sommes les derniers du peloton mais mon épouse n'en est pas plus marrie que ça. Devant nous, un autre couple trop lourdement vêtu pour courir sous cette douce chaleur de juin. Ils doivent venir du sud ...

Rapidement, nous passons ces concurrents pour cheminer derrière nos amies Carine et Carole coachées par Joël qui a la gentillesse de les accompagner, elles qui sont débutantes sur cette distance.

Prudente, Josette marche dans chaque côte pour ne pas s'user, ce qui ne l'empêche pas de s'amuser dans les descentes qu'elle affectionne particulièrement.


L'allure est facile et l'ambiance bon enfant, nous courons un moment avec Brigitte du club de Nogent que les descentes lutinesques de mon épouse effraient un peu.


Les quinze premiers kilomètres se font sans difficultés majeures mais pour autant, le terrain n'est pas facile et demande une attention de chaque instant. Jusqu'ici, la compétition fait plutôt figure d'entraînement dominical et, de fort bonne humeur, nous saluons et remercions chaque bénévole que nous rencontrons.
 
J'ai le temps d'apprécier ces instants d'effort calme avec celle dont j'ai pris la main cet hiver de 1973.
 
 
Le Bouillon passé, nous arrivons enfin sur les premières grosses difficultés qui vont nous faire progressivement grimper jusqu'aux 413 m du Signal d'Ecouves, une série de toboggans qui mettent les organismes à rude épreuve et tarabustent l'imprudent qui s'est trop dépensé dans la première partie du parcours.

Je suis épaté par la très bonne gestion de ma Josette qui sait marcher à 3km/h dans les côtes et poutrer quand il le faut en descente. Je veille constamment à son hydratation, lui tendant une gourde chaque quart d'heure.


 Pas facile, cette montée vers le premier ravitaillement. Josette trace sagement son chemin et c'est avec Brigitte, Carole, Carine et Joël que nous arrivons enfin à la Verrerie du Gast située au milieu de notre périple.


Coca, pain d'épice et même quatre-quart pour votre serviteur, il va bien falloir cela pour terminer notre ascension vers le Signal d'Ecouves. Josette est détendue et suit les filles sans difficulté.


Une fois passé le sommet d'Ecouves, les choses se compliquent car, même si l'on descend globalement, le terrain devient beaucoup plus exigeant.

 
Brigitte a levé le pied et les filles coachées par Joël semblent trouver la recette un peu indigeste. Josette est singulièrement détendue même si elle ressent les premiers effets de la fatigue. Nous courons depuis 3h00 et le premier est arrivé depuis 13 min. Il n'a pas eu le temps de profiter de la splendeur d'Ecouves en juin, le pauvre malheureux.


Dans notre traversée de Pierre-Chien, nous passons par la combe maudite dans laquelle le sentier disparaît, nous obligeant à sauter de part et d'autre du ruisseau sur des terrains hasardeux, chausse-trapes d'une nature qui se mérite. Mes yeux brillent et mes jambes faiblissent ; Josette ne se plaint nullement même si je sens que mon babillage constant la fatigue parfois plus que la dénivelée. 

Belle remontée sur un dévers sévère, nous allons bientôt cesser de souffrir pour basculer vers des sentiers plus familiers. C'est à cet endroit que nous avons la surprise de rattraper deux connaissances du club de Champfrémont, Gégé et Gars Daniel qui ont bossé depuis vendredi comme bénévoles pour préparer cette fête du trail et qui n'ont rien trouvé de mieux que de s'aligner sur le 35 km pour se finir. Et quand je dis finir, on n'en est pas loin, ils ont de la fumée qui leur sort des oreilles et de la vapeur qui leur monte des pieds. Ils sont cuits, quoi.


Malgré les protestations d'un Gégé qui n'en peut mais, Josette entraîne les gars en haut de la combe pour les faire basculer en direction du sud.


Daniel est ravi et Gégé fait ce qu'il peut, je nourris les deux gars de biscuits salés et de pâte d'amande. Ils sont vraiment à cours de carburant. Gégé finit par sagement coucher les pouces.


Entraînant Daniel dans notre sillage, nous arrivons enfin au pied du mur d'escalade où les damnés du 61km bifurquent vers les abîmes insondables des étangs de Fontenai. Un diverticule peu usité nous emmène vite vers le sommet du Vignage que mon épouse incendie de sa ferme mais féminine foulée. On sait descendre dans la famille ...

 
Arrivés au deuxième et dernier ravitaillement au pied du Vignage, cela fait 1h50 que nous attaquons les plissements de face, montant et descendant sans cesse. Il reste juste une de ces rides sur le front d'Ecouves à grimper avant de retrouver Radon. Daniel en a plein les bottes et nous dit d'en profiter pour nous envoler mais ma Josette n'en démord pas, nous allons finir ensemble.


La grande descente, le chemin des chèvres que nous zigzaguons consciencieusement alors que nous en connaissons les raccourcis en bons Ecouviens, la musique, les commentaires, les amis, j'ai le cœur gros d'amour et d'amitié ;  Josette me donne la main. 

"Daniel, prends ma main !" Mon épouse attrape notre compagnon et se met à accélérer sur le champ de l'arrivée. 


Nous franchissons la ligne du pas décidé des vainqueurs alors que nous ne laissons que dix concurrents derrière nous ; mais de cette très modeste performance, ma chère épouse n'en a cure alors que je la prends dans mes bras. Elle est surprenante de fraîcheur et rayonnante d'avoir affronté cette distance qu'elle n'osait plus aborder depuis quelques années.

Photo NCAP

 


 


 
 

8 commentaires

Commentaire de robin posté le 07-06-2013 à 21:32:57

bravo Mr et Mme Lutin !
vous avez été sage en compagnie de madame.
un damné du 61

Commentaire de Arclusaz posté le 07-06-2013 à 21:39:47

c'est beau !!!!!!!

et Josette, quelle descente !

Commentaire de Mustang posté le 08-06-2013 à 20:29:04

un beau moment de partage! vous étiez très émouvants à l'arrivée avec Gégé!

Commentaire de philtraverses posté le 08-06-2013 à 20:35:16

merci de nous faire partager ce beau moment de complicité à travers cette belle course

Commentaire de Benman posté le 09-06-2013 à 22:02:39

Magnifique!

Commentaire de Jean-Phi posté le 10-06-2013 à 13:05:04

C'est beau tant d'amour ! Merci pour ce récit émouvant.

Commentaire de Françoise 84 posté le 10-06-2013 à 17:25:32

Bravo les amoureux!!! Merci de nous faire partager cette jolie balade en photos!

Commentaire de eric41 posté le 11-06-2013 à 13:20:06

Infatigable les tourtereaux.Bravo à vous deux.

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