La veille encore de la course, je tourne toujours en rond pour savoir si je fais le voyage à Saint-Antonin et les 7 heures 30 de route.

Depuis le 14 avril et le trail des Gypaètes, très difficile pour moi, un trail les 15km de l’Epouvantrail à Sauvagnon chez un ami organisateur puis  2 jours de randos au soleil dans les Calanques qui font un bien fou pour récupérer de la fatigue accumulée pour organiser au mieux le Trail du Barétous! Et dans l’hypothèse où je vais aux 3 Rocs, je préfère garder des forces ces derniers jours ! Pour affronter ces 51km costauds , cela me paraît bien léger.

Je me mets à la place de Michel Eche, le très sympathique organisateur, sûrement très déçu si beaucoup de monde se désistait sans motif vraiment valable et je décide de venir quand même participer au 10^ème anniversaire de ce trail.

Une courte nuit au Formule1 de Montauban et me voilà au départ : surprise, il devrait faire beau !

Brève rencontre et échauffement avec Yvan et  Grumlie, quelques mots avec Leptichat, Psyko et Velvet sur la ligne de départ et c’est parti pour une mise en jambe dans les ruelles du village.

  (photo runningmag)

Puis une longue montée sur la route pour quitter le village. Les 4 premiers sont déjà loin mais je suis sans trop de problème le rythme des suivants !

On enchaîne petits chemins entre murets de pierres sèches et sentiers monotraces avant de déboucher en haut de la falaise de Nibousou, je m’arrête pour prendre une photo car c’est splendide

puis je prends le train en marche.Pour l’avoir déjà fait 3 fois (distance moins longue) je me dis qu’on part dans le sens inverse des années précédentes. C’est bien ça, rapidement, j’entends « merde, on s’est planté ! » Du coup, marche arrière et je me retrouve en tête du groupe qui rejoint la course ! Mais on est sur du monotrace en haut de la falaise puis dans la descente assez technique, impossible de doubler. ça descend doucement mais j’aurai le temps de doubler plus tard. J’ai oublié mon manque d’entraînement et je suis en mode course ! Premier ravito que je ne touche pas, j’ai pris sur moi de quoi aller jusqu’au ravito du 24èkm. J’attaque la montée suivante avec Leïla et Etienne. Je la fais en trottinant, les jambes répondent bien et le moteur n’est pas en surchauffe. j’ai repris pas mal de coureurs depuis l’erreur de parcours. Je vais sûrement le payer ! Une descente sur un lit de cailloux glissant, un passage incroyable dans un autre monde où les arbres sont recouverts intégralement de mousse. Cette première partie est plutôt roulante mais toujours aussi belle. Une nouvelle remontée vers le Causse où je double encore 2 gars et là, ça devient vraiment roulant, goudron, piste large et plane mais le cadre est très plaisant.

j’ai l’impression d’être dans les 20 premiers, ce qui m’étonne ! Pas habitué à ça sur mes trails du début de saison. Une montée assez courte, une traversée de plateau puis la descente raide et rapide sur Saint Antonin arrive.

(photo runningmag)

J’arrive au village assez frais en envisageant la 2^ème partie très costaud avec optimisme. Du monde nous encourage, il fait beau mais pas trop chaud, les jambes répondent correctement…je suis vraiment content d’être venu même si je sais que la suite sera beaucoup plus dure et que cela m’a déjà joué de vilains tours ! Arrive cette fameuse montée où plus on monte, plus il faut s’accrocher aux arbustes, branches, rochers et cordes fixes. Je suis 2 gars, je pourrais les doubler et monter plus vite mais ça me permet de me mettre en mode « presque récup », presque car finalement, cette montée est assez longue. A l’arrivée sur le plateau, pendant les 2 éditions précédentes, j’avais eu des crampes en reprenant le mode course…Là, je préfère anticiper en buvant bien, en marchant un peu, en m’étirant et tout se passe bien. Il faut ça car la suite est technique sur une petite sente mi-terreuse mi caillouteuse serpentant entre les buis.

Après avoir rattrapé un des 2 gars devant, je me retrouve tout seul. Les passages toujours aussi secrets sur le Causse s’enchaînent les uns après les autres, magie des 3 Rocs ! Après une descente sur piste, on remonte sur le plateau par un petit sentier très raide où je garde un bon rythme même si un gars revenu de derrière me rattrape et me lâche et à nouveau on descend vers un village. Puis c’est le passage technique en bord de grotte et de falaise. Des spéléos guident nos pas mais il faut être vigilant car après les échelles, le sentier est très étroit et on longe le ravin à pic. Il faut oser faire passer les coureurs par là !

Toujours du monotrace sous les buis et les chênes avant d’attaquer une nouvelle montée de mauvais souvenir pour moi car j’avais explosé sous la chaleur il y a quelques années ! C’est d’abord une traversée ascendante sur des graviers puis après la traversée de la route et un autre passage sous des arbres moussus,

à nouveau une montée très sèche. Il y a même des cordes que j’utilise pour me hisser et regagner le plateau ! J’ai mal aux jambes mais cela reste raisonnable.

Les manchons de compression aux mollets sont utiles car je sens les crampes proches mais sans qu’elles se développent. Enfin arrive le ravito du 35^ème km, annoncé 37 par les gentilles dames qui nous proposent à boire et à manger. Quand j’y arrive, 2 coureurs en partent et surtout 2 y arrivent peu de temps après moi ! j’ai comme l’impression que ces deux-là ne sont que le début d’une longue file ! En repartant, je prends une poignée de tranches de saucisson pour me changer du goût sucré écoeurant des compotes Maxim que j’utilise. Mais je ne suis pas un fan de la texture et du goût. Je trouve pratique le bouchon qui se visse plutôt que les gels. Comme je n’en prends jamais un en entier, j’ai toujours du gel qui s’écoule sur les doigts, dans la poche et c’est assez pénible.

Un des deux coureurs me rattrape, je reconnais Rafion Balahachi, il a encore des bonnes jambes puisqu’il attaque la montée suivante, pas très raide mais assez longue, en courant. Je ne le reverrai pas ! Je reste un moment avec l’autre coureur qui marche à grande foulée mais arrivé presque en haut, il s’éloigne lui aussi. S’ensuit une grande descente roulante sur un sentier en sous-bois avec quelquefois des parties très raides. Elle sert aussi de descente enduro VTT. Je prends mon temps en prévision de la suite puis, surtout, je commence à manquer d’essence ! On revient au bord de l’Aveyron, je reconnais bien l’endroit. Un groupe de supporters m’encourage, j’en ai besoin. Je n’arrive pas à avancer sur la longue portion plane qui suit. Heureusement, elle est ombragée ! Au bout d’un moment, je me retourne, personne à l’horizon…je m’accorde 50m de marche ! ça y est, c’est le pont à traverser au pied des falaises. Je sais que commence aussitôt derrière l’énorme montée au pied des rochers. En marchant, je sens moins la fatigue et j’arrive à monter correctement. Arrivé en haut, je me dis que c’est bientôt fini avec la descente puis le retour sur Saint Antonin. En me disant ça, je sens confusément que les 51km n’y seront pas ! Je suis cuit, j’envisage donc la première solution…Comme je suis seul depuis longtemps et que personne ne revient, mon rythme décroît doucement mais régulièrement, je flâne un peu.  Je regarde le paysage et même un site particulier qui semble être une carrière à cairns.

Un coureur revient d’un coup sur moi et je m’accroche à ses basques. Mais bien sûr, au bout du sentier en balcon au dessus des gorges, au lieu de descendre, on monte un bon talus. Et erreur funeste, je demande à un signaleur où on en est…réponse 42km !!! Je lui réponds : Quoi ? c’est pas possible,  vous vous trompez ! …avec assez de virulence pour qu’il me regarde l’air surpris ! Je lui explique que le ravito est passé depuis trop longtemps pour qu’on n’en soit qu’au 42^ème ! Heureusement au passage dans le petit tunnel sous la route, on m’annonce 2 bonnes nouvelles, il ne reste que 5km dont peu de montée et que je suis 17^ème ! Je pensais vaguement être dans les 20 premiers, estimation faite au pifomètre par rapport au premier kilomètre.

Après de nouveaux monotraces sauvages sous les buis et les chênes verts, j’arrive sur une piste large et plate en terre. Il me semble voir 2 personnes assez loin, je pense à des randonneurs. Au détour d’un sentier, je vois que ces 2 randonneurs courent et que je me rapproche d’eux !

C’est le début de la descente. au passage de la croix, une jeune fille m’encourage à accélérer. Je suis 17^ème et 3 coureurs juste devant ! J’en rejoins un mais c’est étroit, Finalement, il me laisse passer et le deuxième rapidement aussi. Mais on n’est trop près de l’arrivée et  je ne peux pas rattraper le 3^ème. J’étais cuit mais il y avait pire que moi !

Je passe l’arrivée 15^ème en 5h50  surpris et très heureux. Le jeune et sympathique Alexandre Lopepe me félicite et je lui rends la pareille, lui qui a finit 5^ème en 5h14 !

Leïla et Etienne arrivent peu de temps après. Encore une très belle course pour Leïla, 1^ère féminine !

 

Un trail au parcours et au paysage magnifiques, des monotraces à gogo, des passages étonnants et même mystérieux, une organisation minutieuse, sympathique et chaleureuse. Un nombre limité de coureurs pour qu’on se sente bien accueilli, des bénévoles en grand nombre !

Un trail à conseiller encore et toujours, je reviendrai, c’est sûr !