Récit de la course : Trail du Maquis 2013, par Berty09

L'auteur : Berty09

La course : Trail du Maquis

Date : 10/2/2013

Lieu : Dun (Ariège)

Affichage : 1170 vues

Distance : 22km

Objectif : Pas d'objectif

4 commentaires

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Restons nature

    

     Idéalement placé, ce trail me tendait les bras. Et oui, dans trois mois, je m'alligne sur mon deuxième marathon, alors c'était la dernière chance pour moi de sortir du bitume. Je rêvais d'un trail blanc, comme lors de mon premier trail "Citadelles 2009". Une sorte de retour aux sources, à mes premiers amours quoi. N'entendre que le crissement de la neige et rien d'autre dans une nature si belle lorsqu'elle s'habille de blanc...Ok Berty, tu repasseras pour la carte postale. Cette année c'est dans la fraîche bouillasse que tu pourras t'ébattre et râle pas car tout va bien.


     C'est vrai, c'est quand même là l'essentiel. Etre là, bien présent. Fort dans son corps et dans sa tête. Alligné avec les autres fadas. Tout heureux de partir à l'assaut de ce nouveau défi, cette nouvelle conquête. Et ce dimanche, le terrain de jeu vallait le déplacement. Au programme, 22 km de pleine nature; trois collines à enchainer pour 900m de dénivellé. Un circuit que j'avais reconnu il y a 15 jours. Je savais ce qui m'attendait, ça allait être costaud.


     Les derniers choix sont délicats. J'hésite à ne prendre que mon seul tee-shirt. S'il se met à flotter, comme on le distingue un peu plus loin vers les montagnes, je vais le regretter. Je m'échauffe et je gamberge: veste de pluie, coupe-vent, gants?? Finalement, je fais confiance à Francis qui en a vu d'autres: "Tu vas vite avoir chaud!". Ouf, c'est réglé, je pars léger, le dernier choix est fait, place à la course.


     Comme à mon habitude, je me suis donné un objectif chiffré. Etre dans les dix premiers et viser le podium V1. Je me place en 2ème ligne derrière Jean-Robert. Départ dans les rues du village, 500m pour se placer avant d'attaquer la première montée. J'avance bien mais ils sont quand même une bonne quinzaine devant moi. Je suis sûr que parmis eux, quelques uns ne se doutent pas trop de ce qui les attends. Ca va être long, on va s'user.


Sortie du village



Adieu, bitume.


     Les premières montées s'enchaînent. Un seul mot d'ordre pour le moment: ne pas perdre du jus inutilement. Pour cela, bien regarder où on met les pieds. Les appuis sont fuyants, instables, glissants. Accrocher une touffe d'herbe, choisir une rigole pierreuse, ne pas se remplir les chaussures de flotte. Tout ça sans se crisper, la course ne fait que commencer. Ca se passe bien pour l'instant, je garde un rythme correct et espère petit à petit remonter vers les 10 premiers.


     Pas le moment pour moi de profiter du paysage, par contre je goûte pleinement la joie de fouler ces sentiers. Quelques plaques de neige, des épineux qui nous griffent gentiment les mollets, une descente toute en glisse, la traversée d'une prairie hors sentiers...Je profite. La fatigue ne m'a pas encore rattrapé. Je ne me fais pas doubler, c'est bon signe mais j'en veux encore plus.


Relance


     La première difficulté est derrière. J'arrive au ruisseau, je suis prêt à piquer tout droit mais un petit pont en bois fera l'affaire. "Allez petit, allume!" C'est Francis qui est là et qui m'encourage. Ca fait du bien à mon âge d'être encore le petit de quelqu'un. Mais c'est ce "allume!" qui résonne à mes oreilles. Mais oui Berty, t'as de quoi envoyer encore ou tu vas t'éteindre petit à petit. Allez, remets les gaz et attaque la deuxième difficulté de la journée. Au passage, je reprends encore un type mais c'est pas encore assez, j'ai faim, j'en veux plus, je ne sais même pas si je suis rentré dans les 10.


Encore un peu de neige sur les hauteurs


Je me croyais mieux que ça.


     Je prends plaisir à retrouver les sentiers déjà repérés. Les souvenirs reviennent des moments passés sur cette côte, montée 4 à 5 fois pendant la reco par groupe de deux. Cela m'empêche de penser à mes jambes qui commencent déjà à sentir l'accumulation. Je pique à gauche, ça descend sévère pour récupérer la piste forestière. Il reste 1/3 du parcours. C'est simple, rejoindre la montée de Thuriège, avaler la côte et redescendre vers l'arrivée.


     Je dois garder du rythme, interdiction de s'affaisser, rester droit pendu par un fil invisible. Le terrain est gras, ça ne change pas, malgré tout j'avance bien et ça me rassure. Personne encore n'est revenu de l'arrière. Au contraire, j'ai deux mecs en vue. Je m'en garde un en apéro, pour la montée de Thuriège. Magnifique petite montée bien exposée et au fort pourcentage. Ca va faire mal! Je la connais bien. A la reco, j'avais tout fait en courant, et maintenant?


Un pied vers Thuriège


Salut Thierry et Francis!


     La voilà la dernière côte. Je sais bien que je ne suis plus trop frais mais ça vaut le coup de se bouger. Je croque mon trailer dès l'attaque de la pente. Je sais que dans ces moments là, il ne faut pas se laisser accrocher. Même si t'es pas au top, tu dois passer vite, sans réfléchir. C'est fait, je cours mais ne vole pas. J'alterne à regret marche et course mais impossible de faire autrement.



Jean-Robert Premier


Un peu de répit


     Tiens, je croise Jean-Robert, en tête de la course, qui fini sa descente. C'est pas si mal, je n'ai qu'une grosse bosse de retard sur les premiers. En haut de Thuriège, je suis pointé à la 9ème place. C'est tout bon, si j'en croque un ou deux de plus, c'est du bonus. Il reste maintenant 5 km relativement roulant. Les jambes sont lourdes, je sens les crampes proche. J'attrape mon deuxième comprimé de Sporténine. Effet réel ou auto-suggestion, je sens le risque de crampe s'éloigner. Je reprends encore un gars, me voilà huitième.


     Dernier km. La vue est dégagée jusqu'à l'entrée du village d'arrivée. Deux gars sont en vue. Le premier trotinne allègrement mais le second est quasi à l'arrêt. Sûr, c'est l'effet-crampe. Pas de pitié, j'allonge ce que je peux de ma lourde foulée pour fondre sur lui. J'arrive à sa hauteur. Dans ces moments, je sais jamais trop quoi dire. Si je double sans rien dire, je passe pour pour un salaud et si je l'encourage, je passe pour un faux-cul. Bref, je passe et pousse vers l'arrivée.



Fatima, victorieuse à Dun


     Ca y est, j'entre au village, traverse le pont et me retrouve dans le village. Petit moment de doute, plus de rubalise, pas de signaleur. Je me suis quand même pas planté de rue?!!! Mais non, voilà Momo qui gueule au bout de la rue. Allez Berty! Mais oui, il arrive Berty. Content de te voir mon ami, pas le temps de prendre le thé, on m'attend. 500m plus loin, la délivrance. C'est bizarre mais ils sont de moins en moins à m'attendre les coureurs. Seulement 6 cette fois, pourvu qu'ça dure.




    Quoi, ma gueule

    

4 commentaires

Commentaire de Francis31 posté le 12-02-2013 à 17:18:28

Bravo pour ce beau chrono...Et cette belle 7ème place. Impressionnant pour moi qui ai souffert sur la fin, très loin derrière..Ton petit mot d'encouragement m'a permis de finir avec le sourire .Merci.

Commentaire de Yvan11 posté le 12-02-2013 à 17:26:10

Belle perf et agréable récit.Continues comme çà et on sait jamais, un jour peut être personne ne t'attendra à l'arrivée !

Commentaire de zidoc posté le 13-02-2013 à 18:57:06

Bravo! Belle perf et belle prose!

Commentaire de laulau posté le 14-02-2013 à 20:43:35

Sacrée belle perf, à fond jusqu'au bout, bravo !

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