L'auteur : vincevador
La course : Trail de la Galinette - Brèche du Mont Julien
Date : 3/2/2013
Lieu : Cadolive (Bouches-du-Rhône)
Affichage : 1914 vues
Distance : 18km
Matos : Bâtons, cannes, tête.
Objectif : Terminer
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J’ai fait un rêve...
j’ai fait ce rêve une nuit de traîner à nouveau ma grosse carcasse sur les sentiers de mes vacances de gosse face au divin Mont-Blanc.
Puis un soir, en papotant avec quelques runners sur un célèbre réseau social, mon doigt a rippé sur le clavier et a inscrit mon patronyme sur la liste du fameux Cross du Mont-Blanc, version light du marathon du même nom. Je n’étais pas dans la mouise...
Malgré ma perte de poids régulière, passer du bitume fusse-t-il incliné aux sentiers ardus des montagnes savoyardes relevait encore une fois plus du défi que d’un simple projet sportif. Il allait donc falloir se préparer, se délester encore de dizaines de kilos superflus et commencer à inaugurer les premières sorties trail. “Trrrraaaaaiil...”. Rien que le mot me faisait frissonner !
Après un Marseille-Cassis héroïque, mon automne fût pourtant difficile... Comme chaque année. Dans ma tête d’abord, et par relation de cause à effet : dans mon corps. Une reprise de poids fulgurante et mon désormais célèbre tendon qui criait au supplice durant certaines sorties n’empêchèrent finalement pas la “Machine” de garder une cadence d’entraînement intense, avec l’aide essentielle de mes coaches d’ESP Consulting et les nombreux encouragements de mes amis.
Je décidai, par conséquent, de m’inscrire sur quelques courses supplémentaires, afin de motiver encore ma perte de poids et préparer parallèlement mes grandes échéances runnalistiques. Mes régulières séances de Lipox, avec enchaînements squat, développé, renfo, gainage ajouté au vélo ou au run, donnaient le tempo. A moi de faire l’effort diététique pour rattraper le retard dans ma longue quête et être “fin” prêt pour le jour J. J’avais un doute...
La Brèche du Mont Julien, petite sœur du Trail de la Galinette, mondialement connu dans la région marseillaise, paraissait avec ses 18 km et ses 850 m de dénivelé positif un terrain idéal pour débuter dans la discipline. Je rajoutais à cette occasion quelques séances de marche active avec beaucoup de pente et une sortie test de 2h en colline en empruntant le moindre sentier boueux et raide que je trouvais... En essayant au passage d’échapper aux volées de plomb de nos amis chasseurs !
A quelques jours de mon second baptême, mon poids étant toujours au-dessus de la normale saisonnière, mon dos et ma chère Aponèvre invariablement fragiles, je fîs fi de mes ambitions de talonner mon ami Jean ou n’importe quel autre coureur de la Dream Team Salomon qui oserait me défier ! En fait, j’occultais carrément tout vélléité de chrono ou de place au bas du classement... Mon but unique : marcher, trottiner, respirer et profiter de ce paysage garriguesque que j’affectionne tant.
Un première vérification de mon matos (cinq jours avant le départ) : vieux bâtons de marche en parfait état, nouveau réservoir d’eau pour chameau corpulent, une vingtaine d’épingles, manchons et sous-vêtement (moulant !) anti-transpirant, gels en tous genres et autres placebos... J’aurais pu partir en Antartique le lendemain pour ramper derrière Cécile Bertin et ses pingouins tellement j’étais prêt à en découdre.
Jour J.
Une bise générale à la petite famille et décollage pour Cadolive, plus déterminé que jamais. Un bref salut à Jean la Foudre, aussi sympathique scientifique d’ESP que runner talentueux, et ce fût le saut rapide dans le gymase pour récupérer le “précieux”... avec cette ultime appréhension du débutant à qui l’on dirait au dernier moment : “Ah non, vous n’êtes pas sur la liste... trop jeune... ou... trop lourd !!!”. Mais non, mon dossard n°158 en poche, je rejoignais le grand Pat, autre baptisé de cette belle procession dominicale, mes inoxydables kikous et la toujours adorable “The smile” Ingrid. Quelques pentes d’échauffement plus tard, et nous voicîmes sur la place de la Mairie, autel de notre départ.
Encore quelques accolades fraternelles avec Luc et Xenat et un rapide brief, et le départ était enfin donné. Et là, en quelques foulées et un virage : plus personne... ou presque ! Dès les premiers décamètres la pente s’était sauvagement inclinée sous mes lourdes et froides gambettes. Le peloton en avait profiter pour détaler... Ma “vengeance” serait terrible, pensai-je.
Elle ne se fît point attendre et ce, bien malgré moi !... A la lisière du macadam, en entrant dans le sentier forestier, je découvris un embouteillage digne des plus belles heures de pointe dans la cité phocéenne. Un goulot d’étranglement m’avait permis de rattraper la queue de la cohorte. Ne cherchant pas à me calquer sur une autre allure, je trouvais rapidement une cadence adaptée à ma monture pour gravir cette première et longue ascension de façon régulière et sans escale. 2 km et environ 300 m plus haut, je remerciais mes bâtons pour leur aide précieuse et
profitais du panorama splendide qui s’offrait à nous. J’ai beau connaître la région, je ne me lasserais jamais de la redécouvrir.
Pat et Gilou m’avaient attendu au sommet, appareils photos en main. De vrais pros, mais surtout de grands gentlemen. Je ne m’arrêtais quasiment pas et ne sortait pas non plus mon appareil. Dans ma course et seulement dans ma course. Je me régalais ensuite dans la première grosse descente dévalant sagemment la pente en n’oubliant pas que mes tendons n’étaient qu’au début de leur périple.
Quand le dénivelé s’estompa, je calquai ma foulée sur celle de Pat. Un véritable métronome ce géant, plus fiable encore qu’un horloger suisse ! Je profitais aussi de cette accalmie passagère pour faire descendre les pulsations de mon palpitant, me doutant bien que ce trot bien agréable ne durerait pas bien longtemps...
J’avais du flair (et surtout bien désossé les d+/d- sur internet avant de partir). La remontée vers le premier ravito fût moins longue mais bien abrupte. Il fallait mériter sa pitence. Je ne me fît pas prier pour y arriver et c’est sous les vivas d’Emeline, Ingrid et david que j’allais déguster mes quartiers d’orange favoris en échangeant quelques sourires avec des bénévoles bien accueillants.
Je repartis “rapidement”, le chemin était encore long et je ne voulais pas faire attendre mes kikous, déjà adorables de rester un peu à mes côtés.
Une nouvelle rencontre allait cependant perturber mon optimisme exarcerbé. Quelques hectomètres après le rav1, le serre-ligne, tout de jaune fluo vêtu, pointa le bout de ses lunettes. “Et merde !” fût la première expression qui me vînt à l’esprit.
Je ne me démontais pas et ne prêtais pas plus attention à sa tenue de parfait “trailer balai”... Je restais concentré en répondant poliment à ses questions. Jerôme venais de laisser 3 coureurs au dernier ravito et souhaitais juste savoir si j’étais ok. Mon monologue soudain dû le surprendre et le rassurer en même temps.
Je courais ainsi tranquillement dans les descentes, marchais à pas cadencés dans les faux-plats et à pas beaucoup moins cadencés dans les gros dénivelés. Entre deux vallées, je voyais aussi la distance me séparant de Pat et Gilou s’agrandir de façon irrémédiable.
C’est en arrivant au second et dernier ravitaillement du KM14, que je vis au loin mes deux compères kikouraient à nouveau. L’envie me tarabustais de faire une halte éphémère pour tenter de les rejoindre, mais mon petit ange gardien et la sagesse acquise au fil des entraînements ou autres courses m’obligèrent à faire une pause et me resucrer à grandes gorgées de Coca (P..., mon régime !). Je fît facilement l’impasse sur la soupe à l’oignon, le saucisson et le fromage.
Les 4 derniers kilomètres, quoique roulants n’en furent pas moins longs. Jerôme, accompagnés de deux accolytes sympathiques, courait puis marchait... alors que je ne faisais que courir ! En fait, j’imagine par solidarité, il se replaçait près de moi et essayait de calquer sa foulée sur la mienne (si l’on peut encore parler de foulée !). Dans tous les cas, si ma motivation était intacte, j’appréciais l’élégance du geste.
Nous arrivâmes ainsi au gymnase où l’on fût apparament surpris de voir encore un “18 km” arriver alors que les “40 km” rentraient au bercail... Une poignée de main chaleureuse avec mon “balai” et ses potes et je réalisais enfin... J’étais trailer !!!
Mon émotion était contenue (pour une fois) mais ma joie facilement perceptible. Je rejoins mes kikous et la bande à Xenath en lançant un généreux “Ola !” qui fût repris en cœur par une assemblée déjà attablée devant un bon plat de pâtes ! J’étais heureux et je lisais dans quelques regards la satisfaction de me voir arriver (en bon état).
Pour couronner ce baptême déjà mémorable, c’est à peine assis et pendant qu’Aurore était aux petits soins avec nous que j’entendis un “Vincent ?” survoler ma chevelure ébouriffée. Souriant et frais comme un gardon, Michel Lanne, vainqueur haut la main du 40 km (une sortie courte pour lui !!!), était planté juste là... devant moi. THE champion of THE Dream Team Salomon venait me saluer et papoter un peu.
Dans une période où la tricherie et les tralalas sont devenus monnaie courante, l’esprit sportif, la courtoisie et l’amitié font presque figure d’image chevaleresque. C’est donc sur cet épilogue heureux que je clôturais ce merveilleux dimanche de février où même mon sempiternel embonpoint était devenu un fardeau presque aussi léger que la plume bercée par le Mistral. J’appréhendais tout juste le retour bercail pour affronter l’autre trail qui m’attendait : celui de mes adorables marmots !
Je n’appris que dans la soirée certains résultats dont la belle perf de Raphaël et la splendide “première / seconde” place de Jean, du Team ESP Consulting. Magic !
I did it !... For Mum and Dad.
Vince
(Ah oui, j'oubliais mon chrono, comme toujours ! J'espérais faire moins de 4h. Je suis donc satisfais de mes 3h52, mais il reste encore du taf !)
10 commentaires
Commentaire de patmar13 posté le 04-02-2013 à 22:41:17
Un superbe récit à la hauteur de ta magnifique performance! Je suis heureux d'avoir pu partager avec toi ''notre'' première en la matière. RDV à Cuges début mars pour poursuivre la préparation de nos objectifs savoyards :))
Commentaire de ElisaM posté le 05-02-2013 à 15:25:07
Bravo Vincevador pour cette superbe perf et ce récit magnifique où on court presqu'avec toi !!!
A bientôt sur les chemins de montagne. :o)
Commentaire de Matchbox posté le 05-02-2013 à 16:30:52
Bravo Vincevador !
Magnifique récit, à la fois drôle et émouvant.
On retrouve dans ton histoire la magie des "premières fois", chacun à son niveau et ses prétentions mais avec l'immense fierté d'être arrivé au bout.
En te souhaitant des deuxième, troisième, ..., centième course tout aussi magique !
Commentaire de lapinouack posté le 05-02-2013 à 17:11:17
Bravo DarkVincent :-)
Commentaire de CROCS-MAN posté le 05-02-2013 à 17:49:01
Bravo Vince. Autre défi à ne pas oublier: le marignane marathon des familles ;)
Commentaire de loizoo posté le 05-02-2013 à 20:46:11
Bravo pour cette belle balade encore une fois, super récit, un détail supplémentaire !! J'étais avec Ingrid et Émeline au rav1...et il faut préciser ton entrain et ton sourire était plus que flamboyant ;) malgré la sueur :)
A bientôt sur les chemins.
Steve
Commentaire de Rudyan posté le 05-02-2013 à 23:51:37
Bravo Vincent! Un joli récit qui fait bien ressentir l'émotion d'une première fois...en trail. Et tu verras que ce qui est magique, c'est que chaque trail te procurera tout autant d'émotions, certes variables.
En tout cas bravo pour cette belle perf et place à un prochain rdv! (TSB?)
Yannick
Commentaire de vincevador posté le 06-02-2013 à 17:04:59
Merci à tous pour vos commentaires et encouragements.
J'ai mis entre temps des visages sur certains pseudos :-)
Rendez-vous à coup sûr pour d'autres "aventures" sur les sentiers et les routes, notamment celles de Marignane évidemment !!!
Commentaire de regneriebambip posté le 06-02-2013 à 17:42:57
tout simplement bravo
signe : bambip
Commentaire de alex_adonf posté le 12-02-2013 à 09:00:23
Bravo Vince pour ta belle perf et ton excellente plume.
alex_adonf (pour mettre un pseudo sur un visage que tu connais).
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