L'auteur : laulau
La course : Andorra Ultra Trail Vallnord - Celestrail
Date : 6/7/2012
Lieu : Ordino (Andorre)
Affichage : 3938 vues
Distance : 83km
Objectif : Se dépenser
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Le Célestrail est une des 5 distances proposées par l’organisation de l’Andorra UltraTrail Vallnord. La distance est de 83km pour 5000m+ et a pour particularité un départ à 9h du soir.
Il y avait aussi le Solidaritrail 10km 750m+ accessibles aux handicapés
Le Trail samedi 35km et 2500m+ 3300m-
L’Ultra Mitic 112km et 9700m+
La Ronda dels Cims 170km 13000m+
J'ai pu retrouver les noms et les altitudes grâce au road-book sur le site.
Ce Célestrail ne devait être qu’une étape dans ma préparation du 160km du Grand Raid des Pyrénées. J’en suis revenu très fatigué et pleins de questions sur l’intérêt d’aller fin août à Vieille-Aure. Mais c’est vraiment de ma faute, je savais depuis longtemps que j’y arriverai fatigué mais comme j’étais inscrit, je me suis obligé à y aller.
Je n’arrive pas vraiment à me motiver et j’ai beau me dire que je vais y aller mollo, je sais que ça va être dur.
Je ne trouve pas le sommeil les quelques heures avant le départ. Je me prépare en essayant de ne rien oublier.
Dans le sas de départ, je discute avec Francis (qui nous prend en photo) et Florence
puis avec les trailers de Saint Pée sur Nivelle qui obtiendront de brillantes places.
Il y a beaucoup de public pour nous encourager. Je laisse filer et me cale en milieu de peloton.
On suit le fond de la vallée jusqu’au village de Llorts en passant devant des sculptures étonnantes.
Après le village, c’est l’attaque des difficultés avec un sentier ombragé où il faut assez vite allumer la frontale. On peut admirer le long serpentin de points lumineux quand on quitte le sous-bois. Je double le gars devant moi, malgré l’air frais, j’en ai marre de sentir régulièrement des relents de chorizo, son repas d’avant course ! On traverse même un névé avant d’atteindre la crête et le col.
Il fait frais et il y a un petit vent froid. Mais une fois passé le col, à l’abri du vent, il fait à nouveau doux.
Durant toute la nuit, comme je n’ai pas trop regarder la carte ni le profil, je ne sais pas trop où je suis. J’essaie de me souvenir du topo fait lors du briefing dans une magnifique salle de conférence.
Je me souviens du premier ravito devant le refuge Joan canut au plaa de l’Estany, où l’espace est restreint pour pouvoir accéder aux tables de ravitaillement. Puis on traverse une zone marécageuse, la descente devient raide et ça traîne devant alors je fais les bordures pour doubler et aller un peu plus à mon allure. Après un bout de piste sur la fin de la descente, on reprend un sentier pour remonter au refuge de Comapedrosa. Je suis entre 2 petits groupes mais je monte sans forcer. A l’arrivée dans le refuge, je constate qu’il y a déjà des coureurs en difficulté. Il fait bon à l’intérieur et l’ambiance est agréable.
Avant de partir, je mets un manche longue sous le maillot. Après le passage au 2ème col, la portella de Sanfons, 2592m, la redescente se fait par des hauts de piste de ski. On passe à côté de l’arrivée d’un télécabine, c’est même assez lugubre. C’est raide encore Puis c’est l’arrivée dans un autre refuge au col de la Botella.
La fatigue se fait un peu sentir. Je cours, ça descend, je ne sais pas où j’en suis ni où je suis. A un col, on laisse l’itinéraire du mitic et des Cims pour descendre sur un chemin très caillouteux dans les pins. La descente devient longue entre piste, sentier et route, je suis seul depuis un moment et dans la nuit, j’essaie d’apercevoir des animaux tout en surveillant quand même où je mets les pieds. Puis on arrive peu à peu dans les faubourgs des Escaldes. S’ensuit un trail urbain jusqu’au ravito dans une salle de sport en pleine ville. Nous nous retrouvons à 3 en train de chercher notre chemin, pas vraiment facile à trouver dans les grandes rues quasi-désertes. Quelques bénévoles et des jeunes qui sortent de boîtes de nuit sont les seuls personnes rencontrées. J’arrive après plus de 8h de course déjà. Je pensais qu’on avait fait 48km, en fait c’est seulement 44 !
Les bénévoles sont vraiment aux petits soins pour nous. Il y a encore des coureurs bien fatigués qui ne repartiront pas, certains somnolent. On quitte la ville après un dédale de rues pour prendre un chemin pavé très pentu. Enfin, peu à peu, le jour se lève. J’entends les oiseaux chanter, je découvre le paysage, invisible depuis de très longues heures. Pour la première fois, je sens le sommeil me tomber dessus, sensation bizarre mais finalement qui s’estompe avec le jour maintenant bien présent. C’est la fatigue générale qui prend le relais et, elle, ne me quittera plus jusqu’à l’arrivée. La montée est belle mais rude jusqu’au col Jovell. Puis j’alterne marche et course sur du terrain facile et agréable dans de superbes forêts de pins. Après un bout de route, on arrive au ravito des Pardines. J’en ai plein les jambes mais cela ne me vient pas à l’idée d’abandonner au contraire d’autres qui ont décidé de s’arrêter là. 500m après le ravito, je m’aperçois que j’ai oublié mes bâtons et je repars les chercher. Au ravito, tout le monde est désolé pour moi en me voyant les récupérer avec lassitude. Puis on court sur un magnifique sentier en balcon, hélas en balcon au dessus de la route nationale entre Andorre et la France. On entend même la « musique » d’une rave party. J’en ai plein les bottes mais on est plusieurs dans ce cas là alors ça aide un peu à avancer ! Dernier ravito devant nous…mais long à atteindre car il faut aller chercher le fond du vallon avant de revenir sur l’autre versant.
Et puis, je n’ai plus d’eau, j’avale ce qui me reste dans la poche, des bouts de chocolat avec du fromage puis des petites rondelles de saucisson. Goût bizarre en bouche !
Plus que 5km de montée (1000m+) et 10 de descente ! Dans ma tête, c’est bientôt fini !
Grossière erreur, je n’aurais jamais trouvé le temps aussi long sur un trail ! La montée est d’abord sympathique mais le dernier km est droit dans la pente.
Les bâtons ne servent plus à pousser mais à m’écrouler dessus pour me reposer. Le paysage est magnifique mais j’ai du mal à l’apprécier ! Arrive enfin le col d’Arenes, 2540m .
J’essaie de rejoindre les 2 jeunes andorrans et la fille devant moi mais au début de la forêt, je n’ai plus rien dans les jambes. La descente vers Ordino, très raide dans la forêt, est un véritable calvaire. Même le dernier kilo sur la route, je le fais en marchant. Le nombreux public 200m avant l’arrivée « m’oblige » à passer la ligne en trottinant, 16h22 après le départ !
Je n’ai plus aucune envie d’aller sur l’ultra du GRP fin août, je suis exténué, vidé !
Heureusement, une bonne douche et le repas me requinquent un peu.
Au final, il faut vraiment envisager ce trail comme un objectif à bien préparer.
L’organisation est formidable, chaleureuse, les bénévoles nombreux et très sympathiques, le balisage sans faute si on est un minimum vigilant. Voir des signaleurs seuls ou à deux en pleine nuit nous indiquer le chemin est très émouvant.
Le parcours est dur mais il y a des portions bien roulantes quand on a encore des jambes ! Les montées et les descentes sont raides et plutôt techniques. On trouve aussi souvent de superbes passages en forêt.
4 commentaires
Commentaire de Francis31 posté le 11-07-2012 à 07:13:28
C'est une belle course que tu as réalisée avec un temps plus que correct ! Et surtout c'est une sacrée "sortie" de préparation en vue de ta grande boucle fin août !
Récupère bien d'ici là !
Commentaire de grumlie posté le 11-07-2012 à 20:16:34
Hé Laulau, il n'y a pas de question à se poser! Rendez vous à Vielle Aure en pleine forme et reposé pour faire un superbe course lors du Grp.
En tout cas bravo pour ce celestrail en étant fatigué...
A bientôt
Commentaire de Mustang posté le 16-07-2012 à 12:01:59
Quelle ténacité! Pas évident du tout comme parcours; un jeune de mon club l'a réalisé en 15h20!!
Commentaire de Miche posté le 17-07-2012 à 19:38:02
Belle course malgré le manque de sommeil. Repose toi pour le GRP et tu vas nous faire une autre belle course !
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