Récit de la course : 3 jours de Chartreuse - Chartreuse Maratour 2012, par Jean-Phi

L'auteur : Jean-Phi

La course : 3 jours de Chartreuse - Chartreuse Maratour

Date : 19/5/2012

Lieu : St Pierre De Chartreuse (Isère)

Affichage : 3406 vues

Distance : 46km

Objectif : Terminer

11 commentaires

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Belle ballade !

 

Samedi 19-05, je suis au départ de la 2° édition du maratour de Chartreuse. Cette course s'inscrit pour moi dans le cadre de ma préparation à l'Aravis trail grand format. J'avoue ne pas être dans ma bulle comme à chaque fois et que, une fois n'est pas coutume, j'aurais préféré rester en famille à la maison. J'ai de la chance, j'ai un hébergement sur place (merci papa !) et n'ai que quelques mètres à parcourir pour me retrouver devant le bâtiment RLT. En attendant le top départ, je farfouille un peu dans le magasin et m'attarde un peu sur la nouvelle attraction RLT : Les chaussures. Au prix affiché, je ne suis pas prêt de les acheter mais force est de constater qu'elles sont très chouettes à première vue ! 8h15, il est temps de rejoindre la ligne de départ. Ca s'est bien rempli ! 250 coureurs sont attendus sur ce grand parcours. Il n'en faudrait pas plus car les sentiers sont étroits et il est certain que ça va bouchonner très vite au départ

La pluie s'est invitée parmi nous depuis le matin. Il fait frisquet et c'est sous une légère pluie qui nous prenons le départ. Je fais 20m, m'arrête pour un besoin naturel et me retrouve bon dernier. Tant mieux, je voulais partir lentement et, bonus, la serre file qui m'attend est charmante ! Langue tirée 1er sentier, j'ai gagné mon pari, ça bouchonne !

 Nous sommes déjà dans un single qui doit nous mener sur les pistes de St Pierre. Ca grimpe fort, on prend d'emblée 250 de D+. J'ai chaud, j'ai bien fait de partir en t-shirt et n'envie vraiment pas tous ces coureurs avec leur gore tex sur le dos. D'ailleurs 10mn plus tard, nombreux seront ceux qui tomberont la veste. Le temps semble s'améliorer gentiment et si je ne me trompe pas, la journée devrait être belle et douce. En attendant, je chemine gentiment, direction le Gd Som à une allure somme toute très relax. Je suis un peu dans les choux, dans une sorte de brume personnelle, comme si j'étais à la fois ici et ailleurs. Décidément, je n'ai plus l'habitude de me mettre en condition de course ! J'ai pris volontairement mon départ dans l'objectif de travailler l'allure Aravis trail et elle me va bien... Tranquille... J'ai également décidé de ne pas m'occuper du chrono et même de ne pas l'afficher, ne m'appuyant finalement que sur mes sensations pour pouvoir tenir le plus longtemps possible à ce rythme sans faiblir. Et de fait, ça marche bien. Le 1er sommet arrive finalement assez vite, je suis toujours très relax, ça grime bien, il faut même mettre les mains sur la partie sommitale qui passe par la cheminée juste après le Recapé. Je connais, c'est spectaculaire mais sans grand risque. Et ça ne glisse pas... encore !

Nous abordons la descente via une main courante, directement dans les névés et les lapiaz. Changement de décor mais aussi de conditions d'appui. Dés que je pose le pied sur le névé et les lapiaz, je pars en glissade. En 500m, je vais chuter au moins une 10aine de fois ! Mes single tracks ne sont pas à la fête sur ce genre de terrain et mes mollets non plus ! Sur une énième chute, je sens mon mollet gauche, déjà fragile, se contracter et cramper. Je passe un peu de neige dessus pour faire dégonfler mais la contracture restera de bout en bout. Je perds ici un temps phénoménal, me faisant passer par des wagons de coureurs ! J'avoue ici que j'ai bien pensé à arrêter au ravito qui allait survenir, pensant bien que je ne serais pas à la noce par la suite si le parcours restait tel quel ! Puis de fil en aiguille, le terrain sèche un peu, je peux reprendre de l'allure et filer vers le monastère de la Grande Chartreuse. Ici, tout est calme et sérénité habituellement. Curieusement, les coureurs qui descendent et arrivent au ravitaillement doivent ressentir cette plénitude car l'endroit, même s'il est un peu plus agité qu'à l'accoutumée, reste relativement serein. Je croiserai un kikoureur venu en famille dans le coin se promener. J'apprendrais à posteriori qu'il s'agissait de notre célèbrissime Tom trailrunner, néo-lyonnais !

 

Ravitaillement, je fais le plein d'eau et stupeur ! je n'ai quasiment rien bu ! Je fais néanmoins les pleins et repars, bien décidé à aller constater de visu si le Charmant Som glisse moins que son grand frère... Je suis désormais souvent seul sur les sentiers, cela me permet de faire abstraction de mon environnement et apprécier ce calme qui m'entoure. Je reprends parfois un coureur ou 2 qui semble être en grosse difficulté, parfois arrêté au bord du sentier, parfois titubant, enivré peut être par ces sentiers d'une rare difficulté pour un coureur. Il est vrai que ces sentiers sont faits pour des montagnards aguerris. Pour ce qui me concerne, cette technicité n'est pas ce qui me permet d'être optimal dans ma foulée mais ce n'est décidément pas ce que je viens chercher ici. Non, la Chartreuse, c'est pour moi redécouvrir les odeurs de mon enfance, m'émerveiller devant les couleurs diverses des arbres, admirer les contrastes naturels entre les pierriers, les sentes boueuses et ces arbres qui trouvent malins de pousser en plein milieu du chemin ! Vous l'aurez compris, je suis depuis le départ dans ma  bulle de randonneur. J'avance ainsi jusqu'au sommet du Charmant Som où nous nous croisons avec les coureurs plus rapides qui redescendent.

 

Pointage rapide, « dossard 575 » et je suis reparti en direction du col de porte ! Faisons le point : Mollet contracturé, jambes un peu dures mais rien d'alarmant, tout tient y compris les adducteurs (bonne nouvelle !). C'est parti pour Chamechaude ! Dernière grosse difficulté du jour. Mais avant cela, il faut se ravitailler au Col de Porte. En parlant de ravitaillement, il faut boire un peu. J'aspire sur le tuyau et... rien ! Plus d'eau ! Pour la bonne gestion, on repassera. Rien bu sur la 1° difficulté égale déshydratation. Résultat, plus d'eau alors que j'aborde la Pinéa et qu'il reste bien 5 kms, soit pas loin d'une heure, avant le ravitaillement. Tant pis, il faudra faire avec !

Heureusement, le ravitaillement arrive finalement assez vite et c'est avec délectation que je me rue sur la fontaine. On refait les pleins, on mange de la tomme de savoie (grosse pensée pour Arclusaz à ce moment ! Je décide de me refaire la cerise un moment ici avant d'attaquer ce dernier sommet. Je ne suis pas à 5mn près !  Je prends le temps de discuter avec les bénévoles, de rassurer quelques coureurs qui se demandent à quelle sauce ils vont être mangés. Bref on est bien ici ! Mais l'orage menace... Je voudrais toutefois rentrer avant la pluie. Car je sais bien que je ne tiendrai pas (physiquement) sur ces pierriers si ils sont mouillés. Et c'est parti pour les 1000 derniers D+, on vient de faire 2500 D+ et 25 kilomètres.

 

Je ne sais même pas depuis combien de temps « je cours ». C'est bien la 1° fois (et sûrement pas la dernière) que le chrono ne m'obsède pas ! Cette dernière grosse difficulté est longue, d'autant que l'on croise à nouveau des coureurs dans la descente qui ont chacun leur estimation sur ce qu'il nous reste à parcourir, 10mn, 30...  Pour ma part, je ne m'en préoccupe pas, je regarde simplement mon alti, sachant bien combien il me reste à grimper. Quelques névés et pierriers plus loin, me voici rendu au sommet ou presque. En effet la partie sommitale a été occultée en raison du danger qu'elle représente. Sage décision... Nous sommes de toute faon à 30m en dessous. Pas de quoi fouetter un chat et la vue reste magique ! Pour la descente et jusqu'à Saint Pierre, je décide, pour la 1° fois, de dérouler de manière un peu plus soutenue. Je vais courir ces 15 derniers kilomètres tout en single sans quasiment jamais m'arrêter pour marcher, sinon dans les côtes. Je connais chaque caillou, chaque racine. Je me sens si bien ici, c'est fou ! J'ai l'impression de ne faire qu'un avec cette nature et pour la 1° fois depuis le début de la course, je voudrais que ça ne se termine pas. Nous sommes dans le bois de Cherlieu, la descente est sévère mais très bucolique, ombragée.

 

 Il faut parfois chercher sa route car le balisage est extrêmement moyen !!! C'est rigolo ! J'arrive très vite sur Cherlieu, il reste 5 kilomètres. Cette fin de parcours sera faite en courant sans arrêt, sous les encouragements des promeneurs à l'affût de leur champion. Martinière, la Diat (je suis à 50m de chez mon père !) et on remonte sur le village. J'ai repris 3 coureurs à la dérive... Je trottine gentiment, débouche sous la place principale et c'est enfin l'arrivée ! Les récompenses sont en train d'être remises. Ma récompense est d'être accueilli sous les bravos, mon père est là qui m'attend. Stop chrono, je regarde pour la 1° fois ma montre : 9h36. Pas grave, le plaisir était ailleurs !

 Toutes mes photos :

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11 commentaires

Commentaire de lalan posté le 20-05-2012 à 13:28:50

T'as bien géré ton allure.Ca devait être costaud comme parcours!!!Sympa de courir chez soi.Bonne récup,t'es bientôt sur l'Aravis trail.

Commentaire de fildar posté le 20-05-2012 à 14:51:57

super prépa pour les Aravis.
Tu as validé l'allure et le matos que veux-tu de plus ?
En plus tu as visiblement pris beaucoup de plaisir.
L'année prochaine j'y retournerai et toi jamais 2 sans 3.

Commentaire de BOUK honte-du-sport posté le 20-05-2012 à 15:30:00

Que dire... Au ravito du 15ème j'étais cuit, alors juste l'idée qu'il faille grimper le Charmant Som PUIS le Chamechaude, ouch !! Je t'adresse mon respect le plus profond...!!!

Commentaire de Arclusaz posté le 20-05-2012 à 15:54:08

Le Jean-Phi nouveau est arrivé !!!
Ne pas regarder la montre, s'arrêter au bout de 20 m de course (ça s'est fort), manger de la tomme de Savoie au ravito,.... bref que des bonnes résolutions !
Continue comme ça et tu iras loin, très loin.... et très haut (au sommet de la Tournette par exemple !)

Commentaire de BRUMBY posté le 20-05-2012 à 16:22:38

BRAVO d'être allé jusqu'au bout de ce Trail qui autant que toi mérite le respect. Moi j'ai arrêté au Col de Porte après 2550 D+. La prochaine fois, je note d'oublier ma montre. Encore Bravo

Commentaire de Maëlwenn posté le 20-05-2012 à 18:11:50

Le plus important sur une course de préparation c'est justement qu'elle te serve de référence pour ton objectif. Allure, matos (jette un oeil aux speedcross, elles assurent sur terrain gras), alimentation... c'est tout cela qu'il te faut optimiser pour les Aravis. En plus tu étais chez toi et tu t'es fais plaisir, que veux tu de plus? Merci de nous faire partager ton récit. Un coin que je ne connais pas, à faire affûté donc!
PS je sais pas comment tu as pu courir sans regarder ta montre, ça c'est truc, je sais pas faire :-)

Commentaire de TomTrailRunner posté le 20-05-2012 à 20:30:31

Beau récit pour une ballade de validation où on voit que la tête a tant d'imprtance. Content de t'avoir croisé (a posteriori)

Commentaire de tidgi posté le 20-05-2012 à 21:51:12

T'as pas voulu rester avec la serre-file ?
La course sans le chrono, en toute simplicité, presque un off çà ?

Bon courage pour l'Aravis.

Commentaire de le_kéké posté le 21-05-2012 à 17:49:07

Bravo jean-phi, belle course et beau récit dans cette si belle Chartreuse qu'on adore (mais qui se mérite)

Commentaire de marat 3h00 ? posté le 22-05-2012 à 07:59:19

beau récit jean-phi ! où l'on voit que le plaisir prime sur la perf et que finalement, c'est bien. Il faut de tout et là, ton mode off (vu ton niveau) est sympa. merci pour ce bon moment.
Reste plus qu'à faire le même départ au aravis ...

Commentaire de sebmelalix posté le 23-05-2012 à 20:46:59

Merci pour ton récit, et des photos qui donnent envies!!!
Une course bien maitrisée par rapport à ton objectif de l'année. Bravo quand même, le dénivelé commence a "causé" et tous mes vœux de réussite pour l'Aravis Trail!!!

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