Récit de la course : Trail de la Ste-Victoire 2006, par LTDB

L'auteur : LTDB

La course : Trail de la Ste-Victoire

Date : 19/3/2006

Lieu : Rousset (Bouches-du-Rhône)

Affichage : 3609 vues

Distance : 44km

Objectif : Pas d'objectif

7 commentaires

Partager :

CR Ste-Victoire 2006

Il n'est même pas 6h30 lorsque j'arrive à Rousset. J'aime bien être sur place en avance, je m'assoie dans un coin et je regarde, attentif, l'effervescence monter dans la salle. C'est un peu comme une ruche qui s'éveille et qui petit à petit monte en puissance. Un moment unique que je savoure à chaque fois.

C'est L'Dingo qui me sort de mon état contemplatif. On échange quelques impressions sur nos états de forme respectifs et nos ambitions tout en terminant de nous préparer.


Il souffle un fort vent d'est et quelques gouttes de pluie tombent encore. Comment m'habiller ? J'ai tout prévu dans mon sac (long, court, chaud, froid...) mais la relative douceur me fait tergiverser. Finalement je me décide pour :
- cycliste Raidlight
- manchons BVSport
- t-shirt technique manches courtes Raidlight
- manches de vélo
- mitaines de vélo
- buff
- casquette
Je laisse la Paclite Millet dans le sac en espérant ne pas le regretter par la suite. Advienne que pourra.

Question ravitaillement j'ai décidé de faire très très simple :
- 1 poche de 2 litres + pipette avec de l'eau et du sirop de menthe
- 1 bouteille en plastique dur de 1,5 litre + pipette avec de l'eau et du Vèe
- des pâtes de fruits
- des ½ tranches de pain d'épice emballées dans du papier alu
- de la compote
- aux ravitos complets je compte refaire le plein en boissons et manger ce qui me tentera

Une dernière vérification durant le briefing d'avant-course puis je laisse mon sac aux vestiaires, donne mon ticket participant aux organisateurs et me dirige vers l'aire de départ.

Il est 8h00 passé de quelques dizaines de secondes lorsque le départ est donné pour plus de 300 participants.

Immédiatement je me cale sur un rythme respectant les pulsations cardiaques maximales que je m'autorise pour cette course, à savoir :
- 140 ppm maxi lors des parties courues plates
- 150 ppm maxi lors des parties courues en légère montée
- 160 ppm maxi lors des parties marchées en côte

Voilà ce que ça a donné pour l'ensemble du trail :


Je fais les premiers km en compagnie d'un pote que je rencontre systématiquement sur toutes les courses de la région. Je l'informe de ma stratégie de course, ce qui lui convient... du moins pour le début. En effet dès les premiers lacets pour accéder à la Barre du Cengle, après un passage bigrement glaiseux, il me distance et arrivera 20 minutes avant moi au final.


Pour ma part je continue à mon rythme et une fois arrivé au Pas de Magnan je me rends compte, en me retournant, que je suis facilement dans les 30 derniers, c'est-à-dire qu'il y a peu ou prou 300 coureurs devant moi. Peu m'importe, j'ai décidé de voir jusqu'au bout si cette stratégie serait payante ou pas (à la fois pour ma hanche folle, mais également pour ma gestion de l'effort).

S'ensuivent quelques km vallonnés où je trottine sans m'arrêter, et ce jusqu'au Collet Blanc de Suberoque, au pied de la Ste-Victoire. Quelques centaines de mètres plus loin nous quittons la partie commune avec le retour. Nous prenons à gauche et j'aperçois, à ma droite, le chemin par lequel nous reviendrons. J'espère simplement être bien à cet endroit, suffisamment pour pouvoir courir les kilomètres qu'il restera à faire...

Mais ceci est une autre histoire et je me concentre sur le moment présent : quand tu bois du thé, tu bois du thé !

Nous cheminons au pied de la Ste-Victoire et une succession de montées / descentes nous est proposée jusqu'à arriver au premier ravitaillement situé au Refuge Cézanne. 2h00 pour 12km, pile-poil dans la moyenne de 6km/h que je vise. Je bois 2 gobelets d'eau et je repars en direction de la première véritable difficulté de ce trail : le Pas du Berger.

Ceux qui ne connaissent pas appréhende un peu l'escalade (car par endroits il n'y a pas d'autre terme à employer) : 220mD+ en 750m. La pluie de la nuit ne facilite pas les choses car les rochers sont bien glissants (et la boue rapportée par les 300 coureurs qui me précèdent n'arrange pas les choses). Le premier verrou est équipé d'une corde afin de pourvoir le franchir et c'est à partir de cet instant que je n'ai cessé de doubler du monde dans toutes les montées. Je surveille mon CFM, entre 155 et 160 ppm dans les parties plus dures, c'est bon. Je rattrape un copain juste avant de déboucher sur le sentier Imoucha, un peu emprunté dans ces passages techniques avec ses bâtons.

Pour l'instant tout baigne, je m'alimente régulièrement, alternant pâte de fruit avec pain d'épice + compote et en buvant régulièrement (2 gorgées de menthe + 1 gorgée d'eau « salée » toutes les 6 minutes, timer oblige). Le Pas du Berger étant à l'abri du sieur Eole j'ai pas froid... mais une fois arrivé sur le sentier Imoucha : plus d'abri !!! La fin de la montée jusqu'au Prieuré et les premiers lacets de la descente sont hyper exposés au vent et je me gèle, surtout les doigts qui sont complètement tétanisés par le froid. Une fois un peu à l'abri dans la descente je secoue vivement mes mains afin de faire affluer à nouveau le sang et ainsi les réchauffer. Fort heureusement cette situation n'a durée pas plus de 15 minutes. Je n'ai donc pas trop regretté ma GoreTex.

Le reste de la descente cassante par le chemin des Venturiers s'effectue sans encombre et j'arrive frais comme un gardon au premier ravitaillement solide du parcours, aux Cabassols. 3h00 pour 18km, le tempo est toujours parfait. Je recharge ma poche et ma bouteille, me déleste des papiers d'emballage à « poubéliser » et me sustente de ce qui me fait envie : saucisson, gruyère, pain. Je bois également 1 gobelet d'eau et 1 verre de coca, pas plus car mon hydratation est parfaite (j'urine parfaitement clair environ toutes les ½ heures, preuve que tout est OK de ce côté-là aussi – et il en sera ainsi jusqu'à l'arrivée).

5 minutes d'arrêt m'auront suffit pour être à nouveau prêt. Une piste roulante nous est proposée durant 1,5km, ce qui me permet à la fois d'assimiler le solide ingéré au ravito et de dérouiller les muscles sollicités notamment par la descente traumatisante précédente.

Mais rapidement se profile le deuxième juge de paix du trail : le sentier des Plaideurs (440mD+ en 1700m). Je prends un bon rythme, tout en restant cool au niveau CFM (aux alentours de 150 ppm). Et malgré cela je double bon nombre de coureurs (j'estime à une bonne vingtaine), sans forcer, alors que la plupart d'entre eux sont déjà bien fatigués (exactement l'état dans lequel j'étais l'année précédente). Je conseille à certains d'entre eux de prendre le temps pour se requinquer car la crête vers le Pic des Mouches et surtout la descente dans le Vallon de l'Aigle sont très difficiles et nécessitent d'être le plus lucide possible.

J'arrive facilement au Col de Suberoque. Sur la crête j'alterne parties trottinées, parties marchées et zone via ferrata équipées de chaînes. Chemin faisant, en passant par le Col de Vauvenargues, la Brèche de Genty, le Col de St-Ser et le Bau de l'Aigle, nous parvenons au Pic des Mouches, point le plus haut de la course : 1010m. Je passe à côté de la table d'orientation tout en jetant un oeil alentour afin de voir si L'Toro et la Vachette sont là, j'avais reçu un SMS de leur part la veille me précisant qu'ils y seraient pour me voir passer. Certainement que la météo les a quelque peu refroidis... Dommage !

Pour ma part tout les voyants sont au vert et je continue sur le GR9 en direction de de la bifurcation vers le tant redouté Vallon de l'Aigle. Quel bonheur que ce fut d'apercevoir à cette croisée des chemins un béret bleu et sa moitié discutant avec un bénévole de l'organisation : L'Toro et la Vachette étaient là, un peu en retard pour le rendez-vous au Pic des Mouches, mais bien sur la crête comme promis. Petite accolade, malheureusement trop courte car je ne voulais pas me refroidir avec le vent et j'entame la descente... la désescalade par endroits. J'entends juste L'Toro me dire : « 100% CroMagnon », mais parlait-il pour lui ou pour moi ? Question sans réponse à ce jour...

J'entame la descente derrière un gars équipé de bâtons avec qui nous allons faire le yoyo jusqu'au ravito de Bramefan : il me distance systématiquement dans les descentes (car je m'astreint à minimiser les impacts du côté de ma hanche folle) et je le rattrape sans forcer dans toutes les petites bosses. Car, cerise sur le gâteau, dès le bas de la descente il faut enchaîner quelques montagnes russes bien cassantes avant d'arriver enfin aux abords du ravitaillement. Et c'est ensemble que nous débouchons sur un chemin roulant (enfin) nous conduisant au ravito. A peine sur le chemin une cohorte d'enfants nous accompagne, il s'agit de la tribu de mon comparse de course du moment : 5 mouflets !!!!

Même cérémonial pour ce ravito qu'au précédent tant au niveau solide que liquide avec un petit bémol : un fond de verre de vin rouge que le paysan du coin faisait goûter à ceux qui le désiraient (je pense que c'est pas l'Electron qui va me houspiller pour ça). On est, théoriquement, au 30°km et je quitte le ravito, après 5 minutes d'arrêt, après 5h50 de course pour les 14km restant. Honnêtement je pense que le ravito doit se situer au 31/32°km et qu'il reste 15 à 16km à faire car j'estime que le tracé final doit titiller les 47km (le tracé avec Carto Exploreur corrobore mon sentiment). Idem pour le D+, il est annoncé 2300mD+ et mon alti marque déjà 2185m, la même chose que l'an passé au même endroit. Il accusera 2720m une fois la ligne d'arrivée franchie (près de 2600m avec Carto Exploreur). Mais tout cela n'est pas trop important en regard de ma condition physique qui est super à ce moment de la course. Quelques tiraillements musculaires surtout dûs aux chocs dans la descente du Vallon de l'Aigle mais rien d'inquiétant. Quand je pense que l'an passé j'étais cuit, vidé, HS, moribond à cet endroit... et ce fut ma fin car j'avais jeté l'éponge.

Heureusement que j'avais abandonné l'an passé car ce qui suit...

Je repars donc du ravito et, hasard de la vie, je me retrouve en compagnie du même coureur que précédemment et de sa tribu. Je demande à ses enfants s'ils comptent rallier l'arrivée en notre compagnie mais ils me disent qu'ils nous accompagnent que sur quelques centaines de mètres, jusqu'à la voiture de leur mère, au pied de l'avant-dernière difficulté : l'Ermitage de St-Ser (200mD+ en 1000m).

Moi qui pensait terminer en sa compagnie j'ai été surpris de le voir se faire rapidement lâcher alors que je restai à mon rythme d'ascension habituel (j'étais même entre 145 et 150 ppm sur cette portion, contre 5 à 10 ppm de plus pour les montées précédentes), il terminera à 20 minutes de moi.

Et je continue à rattraper du monde, sans forcer, inexorablement...

Arrivés à l'Ermitage de St-Ser, on négocie une légère descente pour mieux attaquer la dernière bosse du jour : le Pas de la Torque donnant accès du Refuge de Baudino (240mD+ en 800m). La goutte d'eau qui a fait déborder le vase de pas mal de coureurs, du moins de ceux que je double, quasiment à l'arrêt pour certains. Il est vrai que cette ultime effort n'est pas aisé : forte pente par endroits, éboulis à négocier, petit pierrier final bien glissant, bref de quoi exploser si on n'en a pas conservé sous le pied. J'arrive donc au Pas de la Torque et c'est dans une anfractuosité entre les rochers, entre 3 chênes, qu'il faut se frayer un chemin pour arriver au Refuge de Baudino. Je rattrape 3 coureurs juste à cet instant et double le dernier d'entre eux, claudiquant, au niveau du Refuge.

Je prends la roue des 2 autres mais je dois les laisser filer car la nécessité de rester cool en descente me l'impose. Malgré cela je parviens à doubler 2 personnes avant d'arriver au point d'eau sis au Collet Blanc de Suberoque (ils devaient avoir les quadris explosés). Afin de remercier de leur gentillesse les organisateurs j'accepte un gobelet d'eau tendu par un enfant mais ne m'attarde pas. En effet je me suis mis dans l'idée de trottiner du Refuge de Baudino jusqu'à l'arrivée, soit près de 10km, et rien que le fait d'avoir envisagé cela m'emplit de joie car c'est la preuve d'une excellente gestion de ma course.

J'entame donc la partie du retour et à la faveur d'une zone dégagée j'aperçois les 2 coureurs rattrapés en haut de la dernière montée et qui m'avaient distancés dans la descente. Ouf ! Qu'est-ce qu'ils m'ont mis, pas loin d'un km à vue de nez. Tant pis !

Je continue mon bonhomme de chemin en trottinant entre 9 et 10km/h avec des pulsations cardiaques inférieures à 140 ppm. Que c'est bon d'être dans un tel état dans le final d'un trail tout sauf facile, surtout en continuant de rattraper du monde. Un dernier coup d'oeil au massif de la Ste-Victoire auquel je crie : « Je t'ai eu cette fois-ci, vengeance est faite ! », avant de repasser au Pas de Magnan et de redescendre la Barre du Cengle.

A nouveau ces passages glaiseux, à nouveau des coureurs qui marchent et que je double sans sourciller (pour une fois que ce n'est pas l'inverse) et j'arrive à une traversée de route où 2 personnes me disent : « Courage, il reste environ 3km, vous n'allez pas abandonner maintenant ! » Abandonner ? Ce mot ne m'étais jamais venu à l'esprit depuis le début, pourquoi m'ont-elles dit ça ? Je regarde ma montre : 7h42, soit 18 minutes pour faire les 3km restant. Banco ! Je tente de passer sous les 8h00 sans m'inquiéter de ma FC sur le final.

Et là j'envoie sur un bon rythme en ramenant encore de nombreux coureurs qui, même sur les parties plates, marchent. Je les incite pourtant à prendre ma roue histoire de faire un gruppetto sous les 8h00, quelques-uns essaient mais ils décrochent tous les uns après les autres. On s'approche de Rousset et les jambes tournent super bien. Un petit point à mon adducteur droit (du côté de ma hanche folle) lors du franchissement du dernier ruisseau mais rien d'alarmant puisque je parviens à reprendre mon rythme sans trop de soucis.

J'entre dans Rousset et c'est à ce moment-là que je laisse sur place les 2 coureurs que j'avais vu très loin quelques km auparavant. Je suis bien, je vole, ma hanche folle m'a laissé en paix, j'ai pris du plaisir même si j'ai dû ronger mon frein dans les descentes, bref : tout baigne. Encore un petit effort pour rallier l'arrivée, des policiers me regardent, médusés, passer aussi vite et j'en profite pour en remettre une dernière couche avant de passer la ligne en 7h55'48, dans un état de fraîcheur surprenant. J'ai même entendu quelqu'un dire : « On dirait qu'il n'a pas couru celui-là ! »

Je zappe le ravito d'arrivée afin d'aller récupérer mon sac pour prendre une douche. Arrivé dans les vestiaires je retrouve quelques connaissances, passe un coup de fil à ma tendre & douce pour la rassurer et prend ma douche... froide. Même pas un problème ! Ensuite j'ai pris mon temps pour manger le plateau repas, discuter avec des tas de gens sympas et finir la bouteille de mousseux que L'Dingo avait apporté pour son anniversaire. Puis il fut temps de rentrer chez moi, 1h30 de voiture m'attendaient. Et c'est fier, heureux, content, joyeux mais surtout rassuré que je suis arrivé chez moi où j'ai pris dans mes bras les 3 amours de ma vie.

En guise de conclusion je dirai qu'il n'y a que du positif. Je ne vais pas énumérer tous les points satisfaisants mais je vais m'attacher à adopter la même stratégie le 2 avril prochain à la Via Aurélia Trail (40km et 1800mD+/D-) afin de la valider pour la CroMagnon.

Quoi qu'il en soit je vous félicite tous et toutes pour avoir lu jusque là !!!

Amicalement.

LTDB_enfin_une_saison_qui_commence_bien... pourvu_que_ça_dure

7 commentaires

Commentaire de riri51 posté le 21-03-2006 à 10:17:00

Félicitations et bonne chance pour la CroMagnon.

Commentaire de troll posté le 21-03-2006 à 11:43:00

Félicitations à toi, ton récit est "presque" aussi beau que la course (lol), allez à Cro-magnon ou peut-être avant ???

Commentaire de akunamatata posté le 21-03-2006 à 13:05:00

Bravo LTDB, comme tu dis pourvu que ca dure! Bonne chance pour cro-magon.
Akuna

Commentaire de devey posté le 22-03-2006 à 14:15:00

bravo .bonne chance pour la suite

Commentaire de la linotte posté le 22-03-2006 à 15:44:00

Bravo l'Trailer, toujours aussi agréable de lire tes CR....ton récit donne presque l'impression que c'est une course facile,une gestion exemplaire...merci,

la linotte

Commentaire de joy posté le 23-03-2006 à 14:19:00

B R A V O E T A B I E N T O T

Commentaire de eve posté le 27-03-2006 à 22:56:00

joli cr...le moins qu'on puisse dire, c'est que ça donne envie!
MERCI!

Il faut être connecté pour pouvoir poster un message.

Accueil - Haut de page - Version grand écran