L'auteur : desprez
La course : Marathon de la baie du Mont-St-Michel
Date : 13/5/2012
Lieu : Cancale (Ille-et-Vilaine)
Affichage : 1367 vues
Distance : 42.195km
Objectif : Se défoncer
Partager : Tweet
Marathon !! Après des années de courses (démarré en 88), du triathlon et beaucoup d'entrainement, j'ai pris un break de 5 ans. Eh oui, c'est une connerie mais on ne fait pas toujours ce qu'on veut.
Je m'y remet tranquille cette année et je m'inscrit sur un 11.8 valonné cet été (1er juillet) que je finis dans le dur. Mal tout le long malgré une allure qui était celle à laquelle je m'entrainais 5 ans avant. Dur retour à la réalité et constat singlant du manque d'entrainement (ben oui, ça sert à quelque chose de courir pour faire des courses).
Dans l'hiver, on fait le pari avec un collègue Nantais un peu dingue de faire un marathon au printemps. Bon ça coûte rien, c'est dans longtemps et ça serait mon 12e marathon. J'ai pleinnnnnnnnn de temps pour m'entrainer. On choisit Le Mont au lieu de Nantes par que 1/ Mon père habite Saint Malo 2/ le parcours de Nantes est un peu trop en ville. Et je me dis que quitte à en baver, autant que le cadre soit joli.
Le printemps arrive à grand pas et je m'aperçois qu'il reste 9 semaines avant la course. Je cours à l'époque 2 à 3x par semaine 30' et je me dis que ça va être chaud pour finir dans un état correct. Je me fais un plan "de la mort" comme je faisais avant quand j'étais jeune et que j'avais du temps. Je ne le respecte pas à cause du boulot et des contraintes diverses et variées.
A 3 semaines du marathon, je fais un semi pour me tester et voir comment ça fait. Je fais Annecy sous la pluie. Mon temps est correct (1h33') mais à des années lumières de mon ancien niveau. Je me fais une raison et je revois à la baisse mes ambitions pour le marathon. On va déjà essayer de finir entier. Je sais que je n'ai pas assez d'entrainement, une seule sortie longue de 1h50' que j'ai fini cramé et donc je ne suis d'un coup plus confiant du tout. Je me dis que je vais avoir le temps de profiter du paysage.
Le 12 je prends le TGV pour Rennes (5h) où mon père me récupère. Il m'a appelé plusieurs fois dans la semaine pour savoir si j'étais sûr de pouvoir le faire vu mon entraînement, mon âge , etc Cool la motivation. Arrivé à Rennes on file récupérer mon dossard et voir les milliers de personnes qui ont décidé comme moi de le récupérer au dernier moment. Je retrouve l'ambiance d'avant course et je visite les nombreux stands. Je retrouve Adrien qui a l'air "un peu" stressé. On voit sa majesté Dominique Chauvelier, notre légende française du marathon (dont j'ai suivi les excellent conseils sur ses vidéos Overstim jusqu'à dire "allez Chauchau" au départ de chaque série de seuil comme dans la vidéo). Après, on va voir Cancale et manger une crèpe sur le port. Ah bon, faut pas ??? Tant pis. Mon père me montre le Mont Saint Michel qu'on aperçois au loin. La vache, c'est méga loin. Je commence à me rendre compte dans quoi je me suis engagé.
Le soir pâtes (oui oui papa, que ça). Je m'écroule avant 22h et je dors super bien. Visiblement, je ne suis pas stressé. 6h30, réveil, Gatosport et un café. On file vers le départ. Ca bouchonne grave avant d'arriver à Cancale. Heureusement, on a prévu large (pas la peine de péter un sprint pour gagner le départ). Adrien est visiblement plus à la bourre que moi.
Je saute de la voiture et je file avec les autres coureurs en footing coolos pour rejoindre le départ. J'ai ma ceinture porte-gels, mes lunettes de soleil (il fait un temps magnifique ce week-end) et une dose de motivation pour aller au bout et renouer avec la distance 9 ans après.
Je me place vers les 3h30 soit le milieu de la zone mais je comprends mon erreur quand je vois les drapeaux 3h30 100m devant. Dur. Même les 3h45 sont devant moi. Je vise entre 3h20 et 3h30 suivant les conditions et la forme. Tanpir.
Le speaker annonce qu'un père fait faire le parcours avec son fils handi dans un fauteuil. Chapeau. Ca me rappelle l'Ironman d'Hawaii avec le team Holt. Belle leçon de courage et d'amour. Je discute avec mon voisin de sas, Sébastien, qui a arrêté le foot et s'est mis au marathon. On échange des impressions et des conseils de dernière minute.
Le départ est donné et ... on part pas. Ca bouchonne un max. J'aurais du me mettre plus devant, quitte à me faire doubler. Pas grave, c'est pas aujourd'hui que je batterais mon record. Il y a une bonne côte pour sortir de Cancale. Je me colle sur la gauche et je me retrouve en file indienne derrière les barrières, quel ahuri. Décidemment, je ne met pas toutes les chances de mon côté aujourd'hui.
Ca monte tranquille et je passe le premier kilo en 6'45. Euh, comment dire ... Je continue à remonter tranquille, toujours avec les drapeaux 3h45' et je ne vois plus celui des 3h30'. Arrivé en haut, ça s'étale un peu plus et je peux enfin trouver mon rythme. L'ambiance est vraiment sympa entre les coureurs et on reçoit de partout beaucoup d'encouragements du public nombreux. Il y a beaucoup d'instruments de musique et de groupes qui jouent sur le bord de la route. C'est vraiment cool et motivant.
Les premiers kilomètres se passent plutôt bien. L'allure est bonne. Je ne tarde pas à rattraper les meneurs d'allure de 3h30 et je les dépasse doucement. Jusque là tout va bien. J'ai un coureur qui s'accroche à moi, qui ralentit quand il part devant. Je lui sert de poisson pilote. Je dois faire vieux et chevroné, c'est pour ça. Il me passe à boire à un moment, plutôt sympa.
Vers le 15 kms, je ne me sens pas super. J'ai l'impression d'avoir pris une cloque sous le pied droit. Je prends mes gels régulièrement mais je ne me sens pas bien "aérien". Bon, on ne va pas commencer à stresser, j'ai eu déjà ça plein de fois dans le temps et je sais que ça peut revenir. En fait, je m'aperçois que ça correspond à la durée de mes sorties "longues" et que je vais passer dans l'inconnue. La forme (et la confiance) reviennent un peu après vers le 18e.
Au 19e, on a les coureurs Duo qui passent leur relai. Les coureurs tous frais de la 2e partie partent de plus belle en nous doublant comme des avions. Cela dit, on en double aussi. Je suis maintenant dans un groupe de 6 bien régulier comme je les aime. On fait des relais tour à tour (on a un petit vent d'est dans la tronche). On commence à voir le Mont Saint Michel se rapprocher alors qu'on oblique vers la campagne en quittant le bord de mer. Il y a des longues lignes droites un peu chiantes mais j'ai débranché le cerveau.
Le 30e est avalé facile (bon ben pas de mur, c'est bon signe). Le 35 passe aussi nickel. On commence à voir des défaillances. et on double pas mal.
Un kilomètre plus loin, boum. C'est à mon tour de prendre une hypo. Je ne suis pas tout seul et la plupart des coureurs de mon groupe ne sont pas bien flamme aussi. Il y a deux grands coureurs devant à qui je m'accroche comme une mouche à un pot de miel. Un des deux s'arrête brusquement pour marcher. On l'encourage mais il ne repars pas. Dur.
Allez, il ne reste plus que 6 kms, on ne va pas craquer complet maintenant. Le deuxième s'arrête à son tour au 39e. Argh, je suis tout seul et passablement mal. Je commence à me faire doubler grave et un rapide calcul me fait dire que les 3h20, c'est raté. Ma vitesse décroit comme neige au soleil et je m'accroche. Je passe même des coureurs plus mal que moi. C'est rassurant mais bon, je suis vraiment super mal.
Plus que 2 kms, un virage, une foule délire et des pom pom girls et plus que le Mont en point de mire, pas loin mais à 2 kms. Je n'ai plus de carburant du tout, j'ai pris mes gels mais ça revient pas. Mais bon, c'est finir sans marcher ou mourir. Je ressors mon 'killer spirit' d'antan et je me motive à chaque fois qu'on me passe pour m'accrocher. Je me fais doubler par le meneur d'allure des 3h30. Grosse désilusion quand même. Il motive les coureurs pour s'accrocher mais j'en suis incapable. Je suis en train de consommer du gras (ok, c'est mieux que rien) et j'ai pas encore attaqué les protéines. Je me traine maintenant et je n'ai qu'une envie, en finir. J'arrive enfin sur le tapis rouge et face au Mont Saint Michel pour savourer cette fin de course et mon retour sur la distance. Heureux quand même malgré le temps final, loin de mes exploits d'antan. Je suis remonté comme une pendule pour les prochaines courses.
Au ravito, je tombe sur Sébastien qui est content d'en avoir fini en 3h36' (plus de 20' de gagnées).
Je retrouve mon père à l'arrivée qui me félicite. J'ai mal partout, dans les jambes (normal) mais aussi les épaules, les bras. J'ai vraiment du tout utiliser pour finir ce truc !!!
Dans l'aprem, j'ai des nouvelles d'Adrien qui finit heureux en 3h59' pour son premier marathon. Je suis super fier de mon jeune Padawan.
Bon ben place à la récup. Super course, super ambiance (entre coureurs et parmi la foule des supporters) !! A refaire !!!
7 commentaires
Commentaire de alebre posté le 14-05-2012 à 14:49:31
Merci pour m'avoir pousser à finir cet aventure...
Cloué à la maison, les deux genoux flingués mais qu'est ce que c'était énorme : le temps, l'endroit l'ambiance !
Commentaire de francois 91410 posté le 14-05-2012 à 15:52:08
et oui, c'est bien dommage que tous les marathons fassent 42,195km ... Les organisateurs limitaient la distance à 35km, ils feraient beaucoup plus d'heureux et beaucoup moins de frustrés... mais ce ne serait plus du marathon 'mythique' ! Bravo pour ce défi relevé en tout cas, et bonne récup
Commentaire de desprez posté le 14-05-2012 à 18:32:57
Ah mais je ne suis pas frustré du tout, je suis juste ramené à la dure réalité du sport. Et je ne ferai pas de 35 kms. :-) La distance mythique, c'est la distance mythique. J'ai qu'à m'entrainer plus. Allez au boulot ... après une bonne semaine de récup. :-)
Commentaire de chris78 posté le 15-05-2012 à 21:07:45
C'est un beau chrono pour un retour apres 5 ans de break !! Bravo !!
Commentaire de kkris posté le 17-05-2012 à 17:52:10
merci pour ce récit, c'est vrai que le manque d'entrainement se paye cash dans les derniers kilos!
Tu as quand même terminé ce beau marathon,pas si facile que ça.
Commentaire de Gibus posté le 27-05-2012 à 18:24:07
Bravo pour ton retour sur cette mythique distance.
C'est pas facile sur la route, en trail ça passe mieux, mais on va moins vite.
a+
Commentaire de desprez posté le 28-05-2012 à 12:06:39
Merci à tous pour les commentaires !!
Fred
Il faut être connecté pour pouvoir poster un message.