L'auteur : poucet
La course : L'Ardéchois - 98 km
Date : 28/4/2012
Lieu : Desaignes (Ardèche)
Affichage : 2727 vues
Distance : 98km
Objectif : Pas d'objectif
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Presque qu’une semaine après avoir coupé la ligne d’arrivée de ce premier Ultra Ardéchois, des impressions et sentiments contradictoires se mélent encore dans mon esprit. Il va falloir prendre du temps pour analyser et faire un bilan constructif pour la suite de la saison .....
LE PLAN
J’ai pris la route de Desaignes accompagné par Philippe, un copain trailer de Sélestat, en préparation pour le Grand Raid Dentelles Ventoux qui aura lieu le 19 Mai prochain à Gigondas. Philippe a prévu de prendre le départ avec les coureurs de l’ultra et de nous quitter à la bifurcation vers le 57km.
Nous arrivons au village le Vendredi en fin d’après midi, et nous filons directement au retrait des dossards. La présence de quelques visages habitués des magazines confirment que "ça y est, on y est … " Tout est tranquille, il n’y a aucune attente, aucun stress …. En fait nous ne sommes que 250 inscrits sur le 98 km qui se court le Samedi. Le gros de la troupe, qui s’alignera sur les distances "classiques" de 57 et 34 du Dimanche, arrivera sur place le lendemain. Je suis un peu surpris par le calme qui règne au village. Vu la réputation de l’Ardéchois je m’attendais à un peu plus d’effervescence ….
Dans le paquetage remis à l’accueil on trouve évidemment le sempiternel gobelet écolo que tout organisateur "dans le vent" se croit obliger d’offrir …. Comme d’habitude il est précisé qu’il faut se trimballer le bazard, because il n’y aura pas de gobelet jetable sur les ravitos ... Et comme souvent, la réalité ne se montrera (malheureusement) pas conforme au discours.
Philippe qui sature un peu de la salade de pâtes me propose une soirée pizza. C’est pas trop dans mes habitudes à la veille d’une course, mais bon, pourquoi pas. On se dégôte donc une petite terrasse sympa au cœur du village . Là on fera la connaissance de Jean Philippe, un baroudeur parisien dont la sœur coureuse est installée en Alsace …. qui se révélera être une connaissance commune !!!! Malgré une expansion florissante, le petit monde du trail reste propice aux rencontres sympathiques et conviviales.
On est hebergés dans un petit dortoir mis gracieusement à disposition par l’organisation. Nous sommes une petite trentaine, sur des tapis de sols ou des lits de camps, chacun préparant religieusement son matos pour le lendemain …. Je trouvrerai le sommeil sans souci, pour une toute petite nuit réparatrice.
LA COURSE
Le RV est fixé sur la place de la Mairie, une demi-heure avant le départ. Là encore, l’ambiance est détendue, tout est d’une tranquillité absolue … On aurait juste apprécié de trouver un p’tit café et un biscuit pour patienter en attendant le breafing à Loulou. Bien sur les troquets étaient ouverts sur la place, mais comme le porte monnaie n’était pas mentionné dans le matos obligatoire, on sera obligé de faire l’impasse sur le p’tit noir. Par contre nous aurons droit à un feu d’artifice et à une très belle mise en lumière pour un tour de chauffe dans les rues du village, avant de repasser sur le tapis pour l’arche pour le grand départ.
J’ai trouvé le parcours de l’ultra très agréable, esthétique et bien équilibré, conforme à ce que j’attendais. Belle émotion en passant sur les passages mythiques, notamment en descendant sur Rocheblonne et la cascade, au levé du jour. Puis un peu plus loin en escaladant le chicot perché de Rochebloine. Loulou nous avait précisé que le plus dur était concentré au début de course, et qu’il fallait donc en garder sous la semelle. J’ai suivi à la lettre les conseils du patron, mais pourtant jamais je n’ai trouvé de portion "facile". Certes, le tour du lac de Devesset vers la fin était plat … mais avec les tourbières et le vent violent qui nous faisait vaciller, tout le monde courbait l’échine en esperant retrouver au plus vite un abri dans la foret. Il y avait bien également les trois derniers kilométres, le long de la rivière, mais à ce moment j’étais tellement en panne de jambes que je pouvais à peine courir.
La journée fut assez bizarre au niveau des sensations …. Pas terrible sur toute le première moitié, un petit peu mieux sur le troisième quart, qui d’ailleurs m’a un instant laissé entrevoir un chrono sous les 14h …. Et un dernier quart catastrophique, des douleurs terribles aux cuisses, des pieds en déconfiture et une une grosse panne d’energie. La totale …. Je me suis lamentablement trainé sur les 20 derniers kilométres, sans même pouvoir profiter des longues portions de descente qui d’habitude me régale.
Pendant ces moments j’ai serieusement gambergé en pensant à la suite de la saison …. Mais c’est aussi cela qui m’a permis de m’accrocher, pour terminer coute que coute. Cette expérience ardéchoise à le mérite de me rappler tout le chemin qui reste à accomplir pour esperer venir au bout de la Diagonale d’Octobre. Malgré toute les souffrances, les derniers centaines de sous les applaudissements dans un village bondé de trailers furent un grand moment de plaisir !!!!
Question chiffres, nous étions 250 inscrits, 225 partants et 142 classés !!! Sans surprise c’est Antoine Guillon du Team Lafuma, le grand favori, remporte tranquillement l’épreuve en 10h56 …. Le podium est complété par Cyril Cointre (qui à quitté Raidlight pour rebondir chez Hoka …mouais .. elle est facile) et Renaud Rouanet, également de chez Lafuma, qui arrivent ensemble 20 minutes plus tard. Superbe performance d’Emilie Lecomte du Team Quéchua, première féminine et 7ème au scratch en 12h31 !!!!
Je termine en 14h56’14’’ à la 29ème place au scratch …. On m’avait annoncé 24ème Samedi soir, Dimanche matin j’étais affiché 28ème et donc aujourd’hui je suis 29ème ….. A ce train là, je vais bientôt me trouver hors délais !!!! Je serais curieux de savoir quel est le premier finisher non teamé ???
Beaucoup de positif au niveau du matos testé en vue de La Réunion. Je suis très satisfait de mon nouveau sac Endurance de chez Raidlight, au volume parfaitement adapté à ce type d’épreuve, stable et pratique. Idem pour ma poche à eau Platypuss à glissière, bien plus facile à remplir que les modèles à bouchons. J’apprécie également le fait de pouvoir disposer en plus d’un bidon à la ceinture, ce qui permet de varier les boissons …. Poudre énergétique dans la poche, 640 ou eau dans le bidon.
Un très bon point pour ma nouvelle Led Lenser, très légère et très puissante, pratique avec un système de focale et un variateur bien utile pour passer en mode éco dans les montées, ou envoyer la sauce dans les descentes et les passages techniques.
La mauvaise surprise viens des pompes … j’étais pourtant parti avec les Nike Pégasus, qui d’habitude m’apportent toutes garanties de confort. Cette fois j’ai souffert des pieds, et j’ai carrément explosé un ongle d’orteil …. J’imagine que c’est une conséquence des descentes en mode crispé, sur le final ????
Pour la bouffe, hormis le 640 de chez Overstim, j’ai tourné aux produits Décathlon pour la poudre et les gels … pas de soucis de ce coté là. Au niveau digestif en tous cas. Au niveau perf, évidemment, le coup de bambou sur la fin pose question …. J’avais pourtant pris pas mal de temps au dernier ravito pour avaler une soupe et faire les niveaux. Bizarre ….
Question flop, je mentionnerai la douche d’après course, carrément sinistre et radicalement glaciale … Pas question de jouer les pleureuses quand on est finshers d’un ultra de ce niveau, on est un dur, un tatoué …. N’empéche, j'ai trouvé ça un peu leger pour une course de cette réputation. J’imagine l’état des lieux après le passage des deux milles trailers crottés du Dimanche !!!!
Au rayon des anecdotes d’après la course, nous avons eu droit à une grosse ration de pâtes servies dans une énorme assiette rectangulaire …. Normal vous allez me dire …. Oui, sauf que nous découvrirons (un peu par hasard) que l’énorme assiette une fois vide se trouvait être le "trophée finischer" . Voila qui change de l’habituelle polaire, même si je ne sais pas bien ce que je vais pouvoir faire de l’objet. Comme me soufflait Jean Philippe, faudra revenir quelques fois pour se monter un service …. Parfait pour compléter ma collection de gobelet éco inutile.
Question top, la palme pour les kinés …. Aucune attente lorsque je me suis pointé, après la bouffe, en début de soirée. J’ai pu profiter d’un massage longue durée vraiment trop bon !!!! Pour un peu je serais presque reparti pour un deuxième tour de 98 bornes !!!
LE JOUR DES SEIGNEURS
C’est bien connu, le Dimanche c’est le jour des Seigneurs …. Le vent a soufflé et il est tombé des cordes toute la nuit, et il pleut encore au petit matin …. Pourtant les fidèles se pressent nombreux pour la cérémonie du jour. Aux premières loges, on n’observe que de beau linge (technique) au départ de cette 5ème étape du Challenge Salomon …. En franglich marketté ça donne tout simplement "National Running Cup 2012 Salomon - Trail Endurance Mag" .Au pays de Jean Ferrat, voila qui nous rappelle les origines terroirs du trail. Pourtant, que la montagne est belle ….
Philippe et moi on avait prévu de suivre la course à VTT, mais vu les conditions météo nous a finalement opté pour la voiture, à priori plus étanche. Après avoir suivi le départ, équipés du petit papier "ou les voir passer", nous avons pris la direction du premier point indiqué … Syalles, Km 8 …. Troublés par des voitures stationnées trop en aval et par des informations erronées des pompiers, nous renonceront finalement pour foncer jusqu’à Rochebonne afin d'essayer de choper la tête de course.
Perdu, la tête est déjà passée lorsque nous arrivons …. Je reconnais Gilles Guichard, puis Laurent Brochard un peu après. Difficile de bien comprendre la course, puisque les coureurs du 34 et du 57 sont encore ensemble. Les conditions météo sont correctes à cet instant, c’est génial de sentir la course de prêt. La première féminine semble descendre sur des œufs (apparemment elle bifurquera sur le 34). Maud Gobert arrivera assez décrochée, mais quelle différence de style dans la descente !!! Impressionnant !!!
Nous reprenons la voiture en direction de Sautereau, lieu du second ravitaillement …. Heureusement l’organisation a placé un petit panonceau pour indiquer la petite route à prendre pour rejoindre le hameau. Pas facile à trouver.
Là il a recommencé a pleuvoir, mais pourtant quel pied d’être au contact de la tête de course …. Patrick Bringer et Andy Simons se présentent les premiers. C’est Patrick qui mène, Andy suit tranquillement, il dégage une incroyable impression de facilité. Les lascars ont creusés un bel écart. L’ancien VTTiste Greg Vollet pointe en troisième position, a dix bonnes minutes … Je suis un peu surpris de le voir là; J’avais l’impression qu’on le voyait moins ces dernières années, depuis l’époque Quechua. Un petit "merci" en passant, sympa le Greg.
Emmanuel Gault pointe 3 minutes plus tard … il parait surpris des écarts que je lui annonce. Je ne reconnais pas le 5ème, puis c’est l’inoxydable Gilles Guichard qui se présente. Le "vieux" se porte bien, il dégage une belle sérénité … Pareil pour Dawa, un peu plus tard, avec un grand sourire évidemment.
On observe encore quelques coureurs et reprend la voiture pour aller au ravitaillement de Labatie d’Andaure … Impossible de retrouver ce foutu ravito dans le village, un jardine comme des nazes. Lorsqu’on l’aperçoit enfin, on devine que les leaders sont passés depuis belle lurette. On poursuit donc vers Rochebloine par une toute petite route qui serpente interminablement sur les coteaux.
En traversant Nozières on croise le second qui dévale déjà vers Desaignes … Ce passage à Rochebloine est extraordinaire, je me régale à observer ces champions à visages humains, au cœur de l’effort. Qu’il est beau ce sport. J’espère que les grands Manitous du business qui tourne autour auront la sagesse de le préserver, naturel, authentique, hermétique aux sirènes mercantiles qui polluent le sport pro.
On attend le passage de Maud, notre sympathique championne du monde, avant de reprendre la route de Desaignes pour profiter de l’ambiance et du bœuf à la broche (qui m’a un peu laissé sur ma faim) avant de prendre la longue route du retour en Alsace ….
Ce WE en Ardéche m’a bien donné envie d’y revenir … à vélo. Je me prends à rêver d’un challenge "Ultra Ardéchois – Ardéchoise Vélo Marathon" …. Ca aurait de la gueule, non ???
En attendant, le prochain épisode trailistique est prévu pour le 27 Mai à Annécy le Vieux, avec l'ami Bricolo ... : Au programme la Maxi Race, 85 bornes et 5000D+ .... Glups !!! Tout juste une demi Diagonale !!!!
Mais avant cela …. Encore un peu de voiture, beaucoup d’excitation et de plaisir à rejoindre le Team Bridou pour suivre une nouvelle aventure de mon pote Pascal en Slovénie
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7 commentaires
Commentaire de serge posté le 04-05-2012 à 14:49:49
bravo !
Commentaire de philkikou posté le 04-05-2012 à 15:09:32
"Ultra Ardéchois + Ardéchoise Vélo Marathon" : un sacré challenge !!!
Pas encore vu tes photos, mais lu ton récit : belle analyse et récit avec les hauts, les bas, les coups de mou, et de bonne sensation... et un sacré programme pour 2012 !!! bonne récup. et continuation
Commentaire de ch'ti lillois d'vizille posté le 04-05-2012 à 16:24:02
Beau récit et belle accroche également pour finir. La fin dans l'dur ? le vent chaud qui assêchait en est peut-être la cause ?? Chouette les photos...j'en ai piqué quelques unes....chuut. Merci.
Commentaire de poucet posté le 04-05-2012 à 19:20:26
Le vent m'a géné, comme tout le monde ... mais bizarement je n'ai pas eu de sensation de chaud, di d'asséchement d'ailleurs.
Les photos c'est fait pour que ça serve ...
@+++
Commentaire de Byzance posté le 04-05-2012 à 20:22:51
Bravo à toi !
Commentaire de lulu posté le 04-05-2012 à 23:32:53
Très beau récit hyper complet.. Merci et bravo !!
Commentaire de lapinouack posté le 05-05-2012 à 10:33:15
sympa ton récit
et trés belles les photos
bonne récup
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