Récit de la course : Raid Le Puy - Firminy 2011, par bubulle

L'auteur : bubulle

La course : Raid Le Puy - Firminy

Date : 20/11/2011

Lieu : Le Puy En Velay (Haute-Loire)

Affichage : 2300 vues

Distance : 71km

Objectif : Terminer

9 commentaires

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Quelle sympathique course que ce Le Puy-Firminy!

Oh, bien sûr, pour le trailer acharné, y'a trop de bitume, pas assez de boue bien grasse, trop peu de cailloux montagnards (quoique le passage des gorges de la Semène, à 60km, je vous le recommande...mais on y reviendra). Mais c'est une course dans l'*esprit* me plaît totalement. De A à Z.

Bon, d'accord, j'ai un avis un peu biaisé, c'est un cousin à moi qui est président du CLCS Firminy et qui l'organise depuis....longtemps. Et, justement, lui et toute son équipe de bénévoles apportent à cette course cette simplicité, cette bonne humeur, cette convivialité qui disparaît dans les grandes organisations.

Vu qu'il y a seulement deux semaines d'écart dans le calendrier, la comparaison avec la Saintélyon (que je n'ai jamais courue) est tentante. Certes, le terrain de la Sainté va plus plaire à ceux qui n'aiment guère le bitume. A contrario, ceux qui ne sont pas confortables dans une course avec un nombre important de coureurs se sentiront peut-être mieux sur LPF, y compris avec la bricole, les temps approximatifs, les ravitos aux crêpes et au saucisson, la salle de l'amicale qui sent le bouc après l'arrivée. Il y a clairement de la place pour les deux approches, y compris par les mêmes personnes.

Cela dit, je trouve effectivement que LPF, c'est une course faite pour les kikous et qui mériterait une large participation de buffs rouges les prochaines années.


Bref (ça va pas être bref, ce CR, vous êtes prévenus), j'avais décidé en début d'année de faire plaisir à mon cousin Gérard et de venir à "son" Le Puy-Firminy pour ma première sur une distance pareille.

Eh oui, ma première. Mon Everest à moi de l'année. Cela, après une première au delà du marathon en allant faire le "petit" Ecotrail au début d'année (et en le couplant avec le marathon de Paris 15 jours après, histoire de rigoler). Mais, quand même, 70 bornes, je n'avais aucune idée d'où j'allais. Sur la base des 6h30 de l'Ecotrail pour 55 kilos, je me suis donc mis 9h comme objectif, ce qui semble raisonnable pour un début.

La prépa n'a pas été vraiment spécifique. Déjà que, pour les marathons, je n'arrive pas à m'astreindre à des "programmes" chiants plein de fractionnés (ce qui me fait évidemment plafonner mais, bon, je m'en moque un peu)....je n'allais pas me faire un programme spécifique. J'ai juste cherché à placer plusieurs de mes séances en fin de journée plutôt qu'en matinée, même le week-end, pour avoir les sensations d'une course *après* la journée. Mais, bon, une semaine en Inde fin actobre a un peu perturbé tout cela (va faire des séances longues avec 30°C de température à 6h du matin ou 22h le soir, 100% d'humidité, et rien d'autre qu'un terrain de cricket pour tourner autour!).

Donc, le bubulle arrive sur la région de Sainté préparé un peu moyennement. Ma première course dans ma région natale, l'air de rien.

Quelques autres kikous annoncés sur la course : tounik, RFB Concept, jcp, laurcaron...et, décidé presque à la dernière minute, Le Chef Kikou, alias Mathias. Je suis à l'avance bien content de voir quelques régionaux. On a même aussi golum et totote qui vont aller exprès au Puy juste pour le départ (faut être bien atteint, quand même, non?).

Par contre, personne de connaissance dans les navettes qui emmènent tout le petit monde au Puy. D'un autre côté, ça peut permettre de dormir un peu au lieu de passer une heure à papoter... En fait, je ne dormirai pas trop (y aurait-il comme un vague stress, on ne peut peut-être le nier...).

Nous voilà à 22h45 au Puy où le départ est donné à l'autre bout de la ville par rapport à Brive-Charensac (où commenceront les vraies hostilités). Accueil de bonne qualité dans la salle du mur d'escalade du gymnase Massot. Coureurs et marcheurs se préparent dans la bonne humeur de rigueur. Eh oui, au fait, LPF, c'est un *raid pédestre* organisé par un club de randonneurs depuis 43 ans. Ce n'est que progressivement que les coureurs l'ont un peu envahi (comme la Sainté, d'ailleurs....mais peut-être à la différence de la Sainté, la priorité n'est pas plus donnée aux coureurs qu'aux marcheurs). Ça aussi, c'est un élément de la convivialité et de l'esprit un peu unique de cette course qui n'en n'est pas totalement une. Comme les anachroniques "cartons de pointage" (qui vont avoir tendance à finir en chiffons dans les sacs), à notre époque des puces électroniques, des tapis de départ, des "temps réel", etc.

Je finis par retrouver Mathias, tounik, golum et totote au milieu du gymnase et on partage un petit moment ensemble. Vaut mieux là que, plus tard, car Mathias et tounik ont d'autres objectifs que moi...:-). Notamment le Mathias, tout auréolé d'un record perso sur semi et qui va rester "mangeur de bitume" (mais pas que...) sur encore une semaine.

On finit par se rendre au départ, Mathias en mode ultra-light et bibi un peu harnaché comme pour une course de 2 jours. Mais, bon, je prévois d'avoir ou chaud, ou froid, de la pluie, de manquer de flotte d'où deux bidons...bref sac à dos ET ceinture porte-bidons, c'est un peu beaucoup, mais je suis l'esprit tranquille et c'est ce qui compte.

Le départ......folklorique, aussi, mais aussi tellement dans l'esprit, encore. D'abord, on est tout fier (surtout mon cousin Gérard) que ce soit Laurent Wauquiez, ministre et maire du Puy, qui le donne. Cela donne quand même une idée du petit retentissement de cette belle organisation de bénévoles. Ensuite, sinon, c'est un gros paquet de coureurs z'et marcheurs qui va devoir passer par un tout petit passage pour démarrer le chemin. Personne ne sait d'ailleurs trop où  est la "ligne". C'est normal, en fait, y'en a pas..:)

Allez, pan, on est partis avec environ une minute ou deux de retard. Enfin, c'est ce que dit ma montre. Je ne suis pas sur que quelqu'un ait remarqué car je ne suis en fait pas sûr qu'il y ait un chrono officiel (en fait, je suis sûr du contraire car à l'arrivée, celui qui note les temps se réfère à l'horloge du bar de l'amicale).

Les 5 premiers kilomètres sont en fait une balade sur un petit chemin assez sympa le long  de la rivière. Tout plat, donc parfait pour se mettre en jambes (ah oui, personne ne semble vraiment s'être "échauffé"....on se réchauffera bien en route, fouilla).

Allure bubullesque autour des 9km/h, peut-être 10. En fait, je sais pas trop car j'ai réglé ma montre sur une conso mini d'énergie vu qu'un Forerunner 405, ça ne tient pas 9h. Mais ce qui est bien, c'est que j'en ai deux des 405, donc l'autre prendra le relais sur les dernières heures. Mais j'ai tellement baissé le contraste que je n'y vois que pouic dessus, à part les gros chiffres (les V2, ça a la vue qui baisse). Donc on y va au pif en mode "si tu te sens bien, c'est que tu vas trop vite"....En fait, la montre me dira plus tard que je tourne à un peu moins de 10, ce qui est très bien.

Première côte la long de la RN88, après avoir traversé la Loire. Je sais qu'on va monter pendant environ 2-3 kilomètres, aux environ de 5%, grâce à la trace GPS procurée par Manuel (j'en ai tiré un genre de "road-book" qui s'avérera bien pratique sur le début de parcours). Assez rapidement, tout le monde se met à la marche, on est tous raisonnables (devant, Mathias semble l'être un peu moins puisqu'il s'est carrément mis dans le groupe de tête...mais ça, je le sais grâce aux forums Kikourou, pas parce que je le vois!).

Rien de bien particulier ici. La montée le long de la RN88 se fait en fait sur un chemin de terre, donc c'est moins horrible que je pensais...et puis la N88 au Puy à 1h du matin, c'est pas l'A86... En plus, c'est sympa, toutes les voitures ou presque klaxonnent pour nous encourager.

Le peloton s'étire assez vite et, assez rapidement, on se retrouve plus ou moins seul. La sensation s'accentue d'ailleurs dès qu'on quitte la N88 pour prendre la route de Malataverne. Montée soutenue  avec de la marche, assez rapide pour moi, où je grignote des "places".  On monte à nouveau sur 2-3 kilomètres pour se retrouver l'air de rien à 800m d'altitude (le départ est à 600 mètres).  

Redescente régulière sur Malrevers. Je m'applique à ne pas aller trop vite, c'est tellement tentant (mais tellement destructeur pour les genoux et les quadriceps). Une fille me dépasse, avec son "véhicule accompagnateur" qui, visiblement l'attend de loin en loin. Il lui annonce qu'elle descend à 10,5, donc je dois être à 10 et c'est très bien. Le GPS confirmera.

On arrive donc sans encombre à Malrevers, km 15 pour le premier contrôle. Aucune idée d'où j'en suis en position. Comme je suis parti plutôt devant, je ne dois pas être trop loin car, finalement, sauf au tout début où ceux qui se sont fait piéger en queue de peloton dépassaient (sans aucune difficulté ni "conflits" parfois usuels en pareil cas), pas grand monde ne m'a dépassé.

Une remontée à nouveau après Malrevers sur un petit chemin de terre (au final, je trouve qu'il y en aura plus que ce que j'imaginais). Je retrouve la fille de tout à l'heure et je commence à repérer les coureurs proches (même si on court assez seul, on n'est pas encore totalement isolé). Difficile cependant, de nuit, de bien repérer les gens comme j'aime bien le faire sur mes courses, en les affublant de surnoms à moi ("Monsieur Noir", "Madame Orange", etc.).

Vers le km 20, à Rosières, un petit "ravito" qui semble improvisé (juste un peu de liquide et des boudoirs!) mais finalement bienvenu. Ça monte et un ou deux boudoirs font du bien. Merci aux gentils inconnus qui ont organisé cela! L'avantage, c'est que tout ça est avant la grande montée vers le point culminant du parcours, 250m de D+ sur environ 5 kilomètres. J'avais cru voir des routes sur la carte, mais en fait une bonne partie se fait sur des chemins. Autant pour ceux qui râleraient qu'il y a trop de bitume sur LPF.

La moyenne sur la montée tourne en fait autour de 8' à 9' par kilomètre, mais ça je ne le saurai que plus tard..:-). Passage au sommet de la course, à 875m d'altitude près de St-Julien du Pinet et sa jolie église éclairée de nuit. On commence à se sentir bien seul dans la nuit de la Haute-Loire, mais il fait bon (j'ai même chaud avec ma veste). En plus, maintenant, à partir du km 24, la route descend légèrement jusqu'à Malataverne, à 740m. Je tourne environ à 6' au kilo et continue à faire le yoyo avec mon "accompagnatrice" et son ami/mari/papa immatriculé 69.

De Malataverne, à nouveau remontée à environ 5% sur un peu moins de 2 kilomètres, encore sur du chemin (en fait, la grosse majorité des montées se fera sur chemins alors que les descentes sont sur du bitume). On remonte vers 800m d'altitude avant de redescendre sur Beaux, au km32 environ.

Beaux est le "gros" ravito, en faire un genre de mini "base vie" de la course, grâce à l'aide précieuse de la municipalité du village qui prête une superbe salle de sport. Je décide de m'octroyer une bonne coupure et m'arrête environ 7-8 minutes, le temps d'avaler un potage et de grignoter quelques trucs ainsi que refaire le plein des bidons (1,5l en 30 kilomètres et 3 heures et quelques, c'est bien, ça). J'ai trop chaud aussi, donc je décide de laisser la veste et ne mettre que mon tee-shirt manche courtes. J'hésite pour les manchettes (mes belles manchettes Kikou) et décide de ne pas les mettre. En fait, ce sera probablement ma seule erreur car, s'il ne fait alors pas froid (probablement 7-8°C et il faisait 10°C au départ du Puy), j'aurai en fait frais tout le reste de la course.

Je repars de Beaux bien en jambes avec juste une alerte : sur les 2 derniers kilomètres, j'ai commencé à sentir une douleur au genou droit et j'ai un peu peur de la descente de 5 kilomètres sur le goudron de la D42.

Longue, cette descente. Très longue et certainement un endroit des plus "cassants" du parcours car cela descend sans cesse jusqu'à la Loire, donc de 800m à 500 avec juste une petite coupure au bout de 1,5km. Donc, environ 6% sur 5 kilomètres et sur du goudron, ça use bien les quadriceps. Pendant toute la descente, j'entendrai derrière moi un groupe de 4 coureurs qui reviennent sur moi TRES progressivement et moi-même reviens  très progressivement sur un coureur isolé. Mais, en fait, on a vraiment l'impression d'être tout seul car, route oblige, les frontales sont rarement à leur puissance maxi (certains ont d'ailleurs des frontales assez "confidentielles").

On passe la Loire à Bransac, au km 38 et s'ensuit immédiatement une assez longue et dure montée sur la route (c'est en fait la seule montée longue sur route) jusqu'à la Croix de l'Horme. Environ 7% de pente, ça ne rigole plus dans les rangs. Cela dit, comme souvent, je refais du terrain et, du coup, je largue mon groupe de 4 coureurs, ainsi qu'un ou deux autres.

À la Croix de l'Horme, on a un passage en forêt, d'abord en montée légère (alternance course-marche), puis en descente d'abord douce...puis carrément sèche, là sur un chemin un peu accidenté. Là, je commence à sentir des douleurs dans les quadri et je m'inquiète un peu pour la suite. Mais, l'un dans l'autre, j'ai bien tourné et ai repris du terrain à mon groupe de quatre. J'ai aussi en ligne de mire un coureur au feu rouge clignotant sur le sac, que je mettrai 5 kilomètres à rattraper, juste avant d'arriver à Confolent. L'air de rien, dans cette "bosse" de la Croix de l'Horme, on s'est fait 150m de D+ suivis de 150 vilains D-. À tous les coups, ce truc va marquer les organismes.

Confolent, c'est la distance du marathon, un peu ma "borne" à moi. Je l'atteins en environ 5 heures et suis maintenant exactement dans les temps de  mon objectif. Conscient qu'il faut en garder sous la pédale pour la fin, je m'octroie encore 5 minutes d'arrêt dans le troquet de l'amicale bouliste, qui sert de ravito.

C'est un peu dur de ressortir de ce petit "nid" douillet pour aller réaffronter la nuit et ce que je sais être la fin difficile de ce raid. Mais, quand faut y aller, faut y aller.

Donc, zou, sortie de Confolent, passage de la Loire sur un pont....qui bouge quand je cours tout seul dessus...et regard langoureux sur l'énorme viaduc de la RN 88, juste au dessus de nous, mais environ 60 mètres plus haut. Eh oui, le problème va être qu'après avoir passé Pont de Lignon, il va falloir aller la rejoindre là haut, la N88!

Donc, hop, nous voilà partis pour monter. Je m'attendais à monter sur l'ancienne RN88, mais en fait c'est un chemin caillouteux qui va nous hisser en quelques 3 kilomètres de 470m à 620m. Et vas-y que je te remarche...mais toujours d'un bon pas, dans les 9 à 10 minutes au kilomètre. Ça permet encore de gratter 2-3 places..:-)

Arrivé en haut, je sais que ça va être dur : trois à quatre bons kilomètres de quasi plat légèrement descendant TOUT DROITS dans Monistrol et ses "faubourgs". C'est interminable et assez cassant. Je comprends que Mathias aie dit arriver à Monistrol "explosé".

Je passe à Monistrol au moment de l'ouverture des boulangeries et commence à croiser quelques habitants qui commencent leur journée...ou finissent leur nuit (pour les quelques noctambules croisés). L'odeur des croissants, ça c'est pas charitable quand il reste vingt bornes à se farcir et que les jambes sont dures dures.

Encore un ravito qui fait plaisir à atteindre, Monistrol. On se rapproche du maxi que j'aie jamais couru et je commence à le sentir (eh, pour l'Ecotrail, à 51 kilomètres, je me trainais en marchant sur les quais de Seine....là, le bubulle, il court toujours tant que ça monte pas!). Tiens, y'a le classement provisoire au tableau et je vois que Mathias était 5ème, ici.

Je repars de Monistrol un peu tout seul. C'est vraiment le moment où j'ai senti comment on peut être seul sur cette course. Heureusement, arrivé en haut de la petite côte de la route de La Chapelle d'Aurec, à la sortie de Monistrol, je rejoins deux autres coureurs qui, sans qu'on se concerte, se mettent à prendre mon rythme. Du coup, on va se relayer ainsi pendant les longs longs kilomètres de plat légèrement descendant qui nous font passer la barrière des 55 kilomètres.

Me voilà donc devant l'ascension finale de mon Everest, je passe les 55km, je rentre en Terra Incognita, c'est comme si j'étais au Col Sud et qu'il me reste l'arête Sud à grimper....y compris le ressaut rocheux des 8600m qui correspond bien aux gorges de la Semène.:-)

Grâce à mes compères, j'ai pu maintenir 6'20" au kilo sur ces kilomètres, mais le bitume a fait mal. Nous voilà donc au pied de la côté de la Chapelle d'Aurec. Encore du sérieux : on part de 540m, on va arriver à 750m. Encore une côte sur des chemins (on coupe le grand lacet de la route) et à 7% environ sur les deux premiers kilomètres.

Le jour est en train de se lever pendant cette ascension. Assez rapidement, la frontale devient plutôt inutile à part pour se signaler sur la route. Les coqs locaux nous saluent à l'entrée de La Chapelle. Je redépasse mes compagnons de route qui m'avaient lâché à la dernière petite descente avant la côte, car je tente de ménager mes cuisses...

Ravito à La Chapelle. Je décide de ne pas m'éterniser, d'autant qu'un râleur qui proteste auprès des bénévoles contre l'annonce qu'il reste 14 kilomètres jusqu'à Firminy me chauffe les oreilles. Eh oui, machin, la course, elle fait 71 bornes et pas 68 comme annoncé sur le flyer. Et alors? T'es pas sur un marathon mesuré au millimètre près et tu ne vas pas nous pondre un coucou suisse pour ça, non? En plus, tu te serais renseigné convenablement (par exemple en venant sur Kikourou), tu l'aurais su que ça fait 71 kilomètres, non mais. Seule fausse note de cette course, ce moment.


Bon, allez on se rejette dehors. C'est quand même de plus en plus dur....et c'est vrai que le fait qu'il reste 14 bornes n'est pas pour me rassurer. La montre n°1 a eu sa batterie qui a rendu l'âme entre Monistrol et la Chapelle. Elle indiquait environ 20 minutes de retard sur mon "tableau de marche" de 9h, je crois. La deuxième a pris le relais depuis Confolent et m'indique déjà 15 minutes de retard en plus. Je me vois arriver vers 9h30.

Ça continue à monter encore après La Chapelle et là, on est vraiment disséminés à des distances respectables. Je suis de loin un gars en rouge qui trace bien dans les côtes, mais ralentit sur le plat. Cela dit, du plat, il n'y en a plus...:-). A partir d'ici, on a pas mal de chemins, en fait.  

Un kilomètre après La Chapelle, on passe une ferme et on entame un assez long plat descendant légèrement sur un chemin caillouteux. Cela demande pas mal d'attention, les cuisses font maintenant très mal et je vais douuuuucement! Plus question de tenir du 9km/h, à peu près 8, je pense. Je sens bien que je risque de ne pas échapper aux crampes. Un peu dommage car ce passage est assez roulant et, avec un peu de réserves, il y a moyen de faire un bon retour.

Et, évidemment, ce qui devait arriver arrive : une première crampe claque à l'avant de la cuisse droite. Bien sévère, arrêt obligé et me voilà réduit à clopiner misérablement, à tenter des étirements, etc. Tous ceux qui me dépassent me demandent des nouvelles, mais il est difficile de dire autre chose que "Crampes.....plus qu'à attendre!".

Au final, juste avant la descente sur les gorges, j'arrive à repartir tout doucement, en permanence à la limite des crampes. Difficile, cette descente. Assez technique, plutôt glissante bien que le terrain soit généralement très sec (mais les gorges sont tellement encaissées que l'humidité est vraiment forte)....et on n'a pas les chaussures pour! Mes Kayano souffrent et je m'applique surtout à de pas faire de faux pas. Descente totalement en marchant ou presque, donc.

Malgré tout, un peu par miracle, j'arrive en bas, je passe le pont et, bim, ça recommence au premier pas montant! Séché sur place, le bubulle, les deux cuisses prises dans les crampes. Plus moyen de bouger, on a l'air fin, tiens, planté sur son caillou....

Là aussi, un peu de patience finit par me permettre de repartir derrière un sympathique coureur en jaune qui compatit beaucoup mais me jure qu'il ne peut pas me prendre sur son dos (vu comme le pauvre descendait, je comprends un peu). Montée très brutale vers Lafayette...cette traversée des gorges est vraiment le juge de paix de la course.

À Lafayette, on trouve le sympathique ravitaillement dans le garage de la maison d'une bénévole, avec les fameuses crêpes. Du coup, je n'en suis plus à ça près et je m'offre une crêpe. Autant profiter, après tout, non? Et c'est ensuite reparti pour une montée bien pénible (eh oui, le ravito de Lafayette n'est pas la fin de la montée depuis les gorges...en tout, on remonte encore 170m de D+ sur 2 kilomètres)...en pensant surtout à la descente qui vient : comment vais-je faire?

L'air de rien, j'ai quand même mis 22 minutes pour faire le 66ème kilomètre..:-)

C'est d'ailleurs ce qu'on s'échange avec un jeune qui me dépasse : on aimerait bien finir en montée plutôt que par une descente. Mais voilà, on est à 660m et le bas de Firminy est à 460m.

D'où descente. Et sur une route au début, en prime. Et avec une pente dans les 7-8%. OUILLE! Cela dit, petit à petit, ça semble revenir alors, allez, je me risque à repartir en trottinant. Et, finalement, ça tient....à une allure d'escargot, mais ça tient et je retrouve quelque moral : je n'arriverai peut-être pas à 10 heures! Certes, elle est longue, cette descente mais je maintiens 150m de retard sur le jeune qui m'avait dépassé et j'ai même l'impression de lui grignoter du terrain. Eh, même qu'il se retourne. Il a PEUR de la fusée clopinante qui lui revient dessus..:-)

Bon, faut pas exagérer, c'est pas le TGV, non plus, le bubulle. Et puis, arrivé en bas....hébin faut remonter à Firminy Vert, sur les trottoirs de la ville. Pas le plus passionnant, mais bon, les lentilles sont là haut, faut les mériter!

Finish en mode sprint brinquebalant....et mon jeune devant qui fait quand même gaffe que je ne revienne pas. Hop, les encouragement des rares pékins qui sont dans le coin et.....descendre les trois volées de marche pour revenir au CLCS que j'ai quitté voici un peu moins de douze heures. Passage de l'arche....dans l'indifférence générale et voilà, c'est fait. Et la bonne surprise sera la chrono final de 9h16 alors que je m'attendais à 9h45 avec mes galères finales. J'ai du calculer un truc de traviole, en fait. J'ai l'air fin d'avoir annoncé à ma chérie que je n'arriverais pas avant 10h!

Il me faudra quand même une bonne demi-heure pour récupérer, dans la salle de l'amicale laïque (dont l'odeur de bouc avarié m'a sauté à la gorge en y rentrant.....faut dire que concentrer chaleur et quelques dizaines de coureurs en un lieu pas bien grand, donne un résultat assez étourdissant..:-)

Voilà, voilà, j'ai fini mon Everest à moi et dans la première moitié du classement, après tout. Je suis plus que content.

Surtout, j'ai énormément apprécié cette course, son esprit, sa façon de ne pas se prendre la tête et, malgré tout, son niveau général bien relevé. J'ai adoré trouver un peu partout des gens (coureurs, marcheurs, bénévoles...) d'une grande gentillesse et qui (les bénévoles) se mettent en douze pour que tout marche bien. Je suis même revenu pour la remise des prix dans l'après-midi et pas que pour refaire la bise à mon cousin et entendre sa fierté d'avoir une fois de plus mené cette organisation à bien.

Vraiment, écrire ce CR sur Kikourou me montre combien cette course correspond bien à l'esprit de ce que j'ai trouvé sur ce site et à celui des coureurs que j'y ai rencontré. Je ne peux qu'espérer arriver, l'an prochain, à mobiliser un grand nombre de Kikous pour venir manger des lentilles après un "petit" tour dehors...

Sérieusement, LPF, revenez-y, venez-y, vous ne serez pas déçu(e)s.

Et, au faut, si vous trouvez qu'il y a trop de bitume, je viens de compter : il y a en fait 27 kilomètres sur 70,5 qui se font sur chemins, donc quand même "seulement" 62% de bitume (OK, je compte pour des chemins les 4 premiers kilomètres sur un parcours dans un parc urbain le long de La Borne, au puy, mais quand même!).

A vous revoir l'an prochain!

La trace GPS : http://connect.garmin.com/activity/130187359 (bon, il y a des bizarreries sur le profil, bug probable de Garmin Connect)

9 commentaires

Commentaire de Arclusaz posté le 23-11-2011 à 22:44:26

Bravo !!!!!

nous avions échangé il y a quelques mois sur nos techniques similaires de "faire les choses par étape".

Tu viens de faire un pas de géant dans ta progression !
Mon "everest" m'attend la semaine prochaine, j'aurai dans un coin de la tête ta réussite....

merci pour ce beau récit et pour avoir fait l'éclaireur pour une future armée de kikoureurs l'année prochaine...

Commentaire de RayaRun posté le 24-11-2011 à 00:34:14

Salut Bubulle, bravo, comme toi je progresse en chargeant les distances et le D+ petit à petit. Bon j'vais à l'usine dans 10 jours ! :mgreen: la SAINTE ! A bientôt pour un off parisien.

Commentaire de philkikou posté le 24-11-2011 à 07:05:22

Commencé ton compte-rendu qui rend bien l'ambiance LPF ... je fais une pause aussi à Beaux, pars bosser, et reviendrai sur ton cr ce soir avec impatience, histoire de replonger dans cete belle aventure conviviale à taille humaine ... bravo à toi ;-)

Commentaire de Loul posté le 24-11-2011 à 09:04:24

En tout cas le Bubulle c'est le "king" du récit !!! Bravo pour ton temps ! bravo pour ton récit ! Promis en tant que "stéphanois d'origine" l'an prochain je "fais" le Puy - Firminy ! Bon récup Monsieur. A bientot !

Commentaire de tounik posté le 24-11-2011 à 17:37:03

Un très beau récit qui permet de comprendre l'esprit de cette course.

On peut souhaiter beaucoup de monde sur cette course l'année prochaine, mais surtout venez nombreux avec le bon état d'esprit. Ceux qui aiment le chrono, la compétition et la course en troupeau peuvent s'inscrire sur la STL.

Commentaire de ch'ti lillois d'vizille posté le 24-11-2011 à 19:29:39

Tout est dit dans le CR sur la simplicité et la convivialité de cette course. J'en avais fait de même en 2010.
9h16 est un très bon temps vu ton curiculum de coureur, d'autant que LPF est plus dure que STL.
Bravo.

Commentaire de philkikou posté le 24-11-2011 à 21:06:31

ca y est je suis un "finisseur" ... du cr lpf version bubulle. Merci à toi de nous avoir fait partagé ton 1° Everest.. bonne récup....

Commentaire de margoulin posté le 12-05-2012 à 23:03:23

Salut,
merci pour ce compte rendu ca me donne envie de tenter le défit :)
J'ai foiré la saintélyion l'an passé à cause d'une blessure donc peut être que le Puy Firminy me réussira mieux.

PS : tu ne parles pas de matos, mais niveau chaussures, que préconises tu ? des pures routes ou des trails ?

Merci,
@+
Margoulin

Commentaire de bubulle posté le 13-05-2012 à 18:56:29

@margoulin: j'étais en chaussures de route. S'il ne pleut pas et que le terrain n'est pas mouillé, je pense que c'est ce qu'il faut choisir. Les chemins sont en général des chemins agricoles de bonne qualité.

Par contre, si le terrain a un peu de risque d'être gras, des chaussures plus typées trail peuvent être préférables (notamment pour le passage des gorges de la Semène)

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