L'auteur : ch'ti Gone
La course : Le Tour des Glaciers de la Vanoise
Date : 3/7/2011
Lieu : Pralognan La Vanoise (Savoie)
Affichage : 2412 vues
Distance : 72km
Objectif : Pas d'objectif
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3h15 : le réveil sonne. Malgrè la température un peu fraiche seul sous la tente, j'ai bien dormi...suffisamment rare pour le souligner car mes nuits précédents les courses ne sont pas toujours très riches en sommeil.
Je déjeune : 1 riz au lait, 1 banane, 1 flapjack, 1 compote de pomme, l'appétit est bon, je n'ai pas besoin de me forcer...2eme bonne nouvelle, la journée s'annonce bonne!
Préparation des pieds, habillage, bref le rituel que j'imagine identique dans toutes les tentes et tous les camping-cars qui m'entourent.
4h00 : préparatifs terminés, je m'accorde 30' de "préparation mentale"...un grand mot pour dire que je revisionne intérieurement le parcours. J'ai participé au TGV 2009 et en 2010 avec mes 2 ainés, j'ai fait le parcours en rando 4 jours. Je ne pars pas dans l'inconnu et je sais qu'il faut monter le premier col très très cooool! J'adopte la positive attitude en me remémorant les super moments déjà passés sur ce superbe parcours.
4h30 : direction le centre du village
Mon premier objectif est de trouver une boulangerie pour acheter une baguette que j'ai promis à ma femme et mes 3 enfants. Ils sont montés tous les 4 samedi au col de la Vanoise pour nous voir passer et aider au ravito. Connaissant la faible qualité gustative du pain proposé par les refuges, je leur ai promis de leur monter une baguette pour le petir déj...Mais aucune boulangerie ouverte de si bon matin, va-t-on assister à un conflit familial au col de la Vanoise?
L'ambiance est sympa. Il y a ceux qui ne disent rien, un peu tendu...et ceux qui déconnent pour ne pas montrer qu'ils sont tendus! Je discute avec quelques coureurs. 5' minutes avant le départ, je met ma veste dans le sac, je décide de partir en T-shirt malgrè la fraicheur.
5h et quelques minutes : Nous avons une pensée pour Werner. Je l'ai rencontré l'an dernier sur le Tour du Beaufortain, nous avons couru ensemble du col du Bonhome jusqu'aux Saisies...une rencontre riche et encore très présente dans mon esprit.
Ca y est! c'est parti. Comme prévu, je pars en queue de peloton (30 coureurs derriere moi), le début de la montée est un peu sacadé en raison de quelques ralentissements. Au bout de 15', la file s'est étirée et chacun peut monter à son rythme. Je trouve le mien en controlant de temps en temps le cardio. Je me sens très à l'aise et commence à doubler tout en profitant des premieres lueurs qui eclairent les sommets. Les Fontanettes, les Barmettes, la montée se poursuit tranquillement. Le lac des Vaches arrive vite et le dernier coup de cul pour arriver au ravito se passe sans probleme. J'en profite pour contempler la Grande Casse. On distingue clairement des cordées qui sont engagées dans la voie des Grands Couloirs...J'y serai dans 15 jours avec mon fils, une autre très belle journée en perspective. Ma femme et Flore sont venus à ma rencontre, je finis les derniers metres de l'ascencion main dans la main avec ma fille : moment simple et magique.
Guillaume et Alixe sont au ravito et me chambrent un peu...j'ai pas monté la baguette.
Je n'ai pas besoin de m'arrêter pour ravitailler mais prend le temps de discuter un peu avec la famille.
Passage au col : 1h37 (1h31 en 2009), c'est bon signe, j'ai respecté mon plan : partir cooool!
Et je repars, les quelques kilometres qui suivent sont mémorables, la lumiere est belle, les lacs longés magnifiques, les jambes sont OK. Au blokhauss, je me rappele que l'an dernier nous avions rencontré une dizaine de chamois que l'on avait réussi à approcher à moins de 10m. Aujourd'hui, ils doivent avoir pris un peu de recul pour voir passer ces fous qui consacrent une journée de leur vie à tourner autour d'un gros névé!
Le passage du pierrier se fait en souplesse. Eh les jambes! quand allez-vous allez commencer à faire parler de vous?
Arrivée au refuge de l'Arpont (3h40, 3h33 en 2009 : je remplis le camel, grignote quelques tucs, bois un verre de coca et repars rapidement.
5' après, je me rend compte que j'ai perdu mon buff Kikou. Je l'avais accroché à la ceinture de mon sac, il a du tomber lors du remplissage du camel. Faire demi-tour? Non, je prefere avancer, c'est le trésorier des Kikous qui va être content.
4h15 de course...Ca y est! les jambes se manifestent. Dans la montée sous la Dent Parachée, j'ai un coup de moins bien. Les 2 gars que je suivais s'échappent. Je ne m'affole pas , je bois, je prends un gel. Au bout de 15' je retrouve un peu de fraicheur et progressivement, je reviens sur mes 2 anciens comperes. Je finis l'ascension en restant sagement derriere eux.
Nous sommes maintenant sur des terrains plus roulants et je me félicite d'avoir géré avec prudence mon premier moment difficile, j'arrive à courir là ou beaucoup sont obligés de marcher, je double pas mal de monde jusqu'à Plan sec. J'en profite pour regarder le col du Barbier, repérable comme nous l'a dit Philippe Delachenal à son sapin isolé, oups! ça fait loin!
A Plan Sec (passage en 6h23 contre 6h18 en 2009), je retrouve la même ambiance qu'il y a 2 ans : beaucoup de coureurs déjà très entamés, obligés de s'allonger, à la limite de l'abandon. Fidele à mes habitudes, je ne traine pas. Remplissage du camel, verre de coca, casquette sous la fontaine et je repars.
Rapidement j'attaque le col du Barbier, il fait chaud et la montée est dure, j'ai vraiment l'impression d'être dans le dur. Mais personne ne me double...ça doit etre dur pour tout le monde!
Enfin j'arrive au sommet du col. Petite portion de plat avec une vue magnifique sur la barre des Ecrins et descente vers l'Orgere. Je déroule facilement dans la descente, bien mieux qu'en 2009, le départ prudent commence à payer.
Orgere : 8h36 idem en 2009
Ravito rapide à l'Orgere et je repars en me disant que c'est maintenant que cela commence! 900m de D+, je calcule que si je monte à 600m/h, je serai la haut suffisamment tot pour envisager de finir en 12h00.
600m/h = 100m tous les 10', je commence à fatiguer, mais les calculs simples sont encore abordables.
J'attaque la montée, les jambes vont bien mais le cardio commencent à s'affoler. Je double quelques coureurs assez facilement. Je sors de la forêt, il commence à faire chaud. Je tiens le rytme, même mieux que prévu : entre 110 et 120m/10', je commence à y croire...
Mais le col de Chaviere est vicieux. A plusieurs reprises, on redescend un peu...ça fait du bien au cardio mais cela fait perdre du temps et il faut remonter ce que l'on a descendu (merci Lapalisse). Je me raisonne et comprend que je n'y arriverai pas. Je décide de finir la montée plus calmement. 100m sous le sommet, un jeune bouquetin passe 10m devant pas effrayé du tout.
Enfin le sommet (10H19, 10h20 en 2009) et un panorama exceptionnel : Mont-Blanc d'un coté, Ecrins de l'autre... Il y a 2 ans, j'étais passé juste avant que l'orage n'éclate, les nuages étaient dèjà là et on n'y voyait pas grand chose. Je prend le temps 30" de contempler et faire baisser le cardio avant d'attaque la descente. Je sais que la premiere partie est un peu technique, mieux vaux être lucide.
Petite glissade sur un des rare névé traversé...je rattrape sans faire d'effort le coureur qui est devant moi et qui lutte pour rester en équilibre.
Passage Peclet Polset, ravito idem les autres.
J'attaque la longue piste 4x4. Les jambes sont encore assez souples et j'avance à une bonne allure. Personne ne me double alors qu'il y a 2 ans, je me faisais rattraper très fréquemment sans réussir à suivre.
Plus on descend et plus on rencontre de randonneurs. Très sympa, nombre d'entre eux nous encouragent.
Roc de la pêche : mon GPS rend l'ame, plus de batterie. Je connais le coin et je sais ou j'en suis et ce qui m'attend. A partir du parking des Prioux, le tracé est moins interéssant et la fin me parait longue. Je fais un bout de chemin avec quelques coureurs, ça aide...
Enfin, on arrive au camping. J'y retrouve ma fille Alixe qui finit avec moi, pas facile de courir avec des chaussures de randonnée! Dans les dernieres centaines de metres, j'arrive à allonger la foulée, les applaudissements sont stimulants et appréciés.
Je passe la ligne sans savoir si j'ai fait mieux qu'en 2009. Philippe Delachenal me renseigne : 12h18. 5' de mieux et surtout une course bien mieux gérée. Départ plus prudent, alimentation sans probleme. L'expérience commence à payer. Je suis optimiste pour mon prochain objectif : TDS fin aout.
Passé la ligne, je me réfugie à l'ombre. Alixe s'occupe de moi et me ramene à boire. On se congratule avec les coureurs qui arrivent.
Toute la famille me rejoint. On se pose à une terrase pour applaudir les finishers et se raconter notre journée autour d'une boisson bien méritée (quelque soit la marque, la "Biere du Finisher" est la meilleure que je connaisse). Ma femme et mes 3 enfants me racontent plein d'anecdotes vécues au refuge de la Vanoise avec l'équipe qui a géré le ravito. Ils ont adoré aider les coureurs (ils trouvent que la fin du peloton est plus sympa, "les premiers sont pressés et ne s'arretent pas et ne discutent pas" dixit Alixe), adoré la balade.
Retour au camping, douche, pliage de tente. On décide de manger à Pralo avant re reprendre la route. Faites un test : proposez à 3 enfants d'aller manger dans une créperie, vous verrez dans 100% des cas, il sont ravis! C'est le cas.
La route jusqu'à Villefranche fut un peu longue...j'étais le seul à rester éveiller.
Ce matin, les jambes vont bien. Un peu mal au dos (pas assez de gainage!), mais c'est surtout les coups de soleils qui font mal, a quand de la creme solaire au ravito...
Un grand merci aux organisateurs, aux coureurs avec qui j'ai fait un bout de chemin.
12 commentaires
Commentaire de didstzach83 posté le 04-07-2011 à 20:06:10
RESPECT et merci pour ton récit !! un vrai régal !
Commentaire de sonicronan posté le 04-07-2011 à 20:24:09
Bravo pour ta course.
Chavieres a été loin pour toi aussi. C'est marrant je suis entre 15 minutes et 5 minutes devant toi tout le temps et à l'arrivée y'a plus que 3 minutes... On aurait même pu boire une bière ensemble.
Bonne chance pour la voie normale de la Grande casse et pour la crêperie bon choix (je suis breton).
Commentaire de millénium posté le 04-07-2011 à 20:27:30
aurais-je loupé dorothée ?
Merci pour ton récit , et bravo pour ta course !!!
Commentaire de grosjeff posté le 04-07-2011 à 21:45:55
excellent, je retrouve les memes sensations, j'ai fini une minute derriere toi...
Commentaire de Arclusaz posté le 04-07-2011 à 22:23:00
Impressionnant de maîtrise !!!
Bravo pour ta course, ton CR et pour avoir transmis l'amour de la montagne à toute la famille.
a bientôt
Commentaire de totoro posté le 04-07-2011 à 23:46:22
Superbe et félicitations ! Je dirais une course maîtrisée et merci pour le récit !
Commentaire de Jean-Phi posté le 05-07-2011 à 08:41:19
Bien joué ! Belle maîtrise de course ! Merci pour le récit ;)
Commentaire de laulau posté le 05-07-2011 à 18:25:27
Belle course bien gérée, bravo !
Commentaire de martinev posté le 06-07-2011 à 08:23:15
Merci pour ce récit et bravo pour ta course bien gérée.
Commentaire de Pittrail posté le 07-07-2011 à 10:41:38
Salut,
Je te confirme ch'ti gone, ton buff kikou était bien au refuge de l'arpont, au sol près du chalet et non loin de la table de ravitaillement.....Cela aurait été sympa que ton buff te revienne par ses propres moyens mais malheureusement je ne l'ai pas récuperé....En tout cas félicitations pour ton chrono, ca me laisse rêveur car perso je l'ai fini en 15h32 avec une insolation donc grosse défaillance après le 30ème km jusqu'à la fin.....
Commentaire de tidgi posté le 07-07-2011 à 22:50:12
J'ai aussi vu un buff kikourou à l'Arpont. Et j'ai cherché le propriétaire que je croyais pas loin. Mais non, tu étais déjà loin toi !...
Ravi d'avoir fait ta connaissance la veille.
Commentaire de blob posté le 12-07-2011 à 08:34:25
Merci pour ce récit bien sympa. T'as plus qu'à aller sur la boutique pour acheter le buff V3 (pub !) pour tes prochaines courses, et notamment la TDS. On se croisera sans doute à Chamonix.
à +
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