Trois semaines après ma course des Citadelles -objectif affiché de cette année- me revoilà sur le pont. Il faut dire que j'ai mis quelques temps à digérer ma déception sur cette course que j'ai finie dans le dur. Elle m'aura surtout apporté plus de questions que de réponses mais faudra faire avec. Une des questions est de savoir ce que donnerait une course si je partais plus doucement. Ce trail de Dalou tombait à pic pour un test grandeur nature.

 

     Promis, juré, cette fois-ci je pars tranquille. Je me dis même que je pourrais m'élancer de l'arrière du peloton pour être sûr de ne pas être tenté de suivre ceux de devant mais cette idée ne fera que m'effleurer. Bon, c'est dimanche. Le temps est idéal pour courir. L'ambiance est toujours aussi conviviale pour la 3ème édition de ce trail. Le parcours, cette année a été légèrement modifié et passe de 13 à 16 km. Pour autant le style de cette course reste le même: quelques belles côtes, une portion de plat et un tracé très nature.

 

     L'objectif, ambitieux, est de finir dans le top ten. L'an dernier, j'avais fait 19ème, il allait donc falloir cravacher. D'habitude, je me place au départ, légèrement en deça de la place que je vise à l'arrivée et j'essaye de tenir l'allure mais aujourd'hui, je me le répète, je pars doucement, prudemment, tranquillement. Après une bonne séance d'auto-persuasion je me lance. La première côte arrive très vite...

 

     Le problême en partant doucement, c'est que les gars te doublent...sans aucun respect. Ca passe à droite, à gauche. C'est le grand défilé. Je commence vite à douter de ma tactique de course mais il est trop tard pour changer les plans au risque de tout perdre. Je ronge mon frein et attend patiemment que ça ne remonte plus de l'arrière. Je jette un coup d'oeil sur mon cardio pour qu'il me félicite d'être si bas mais ô surprise, je suis déjà au-dessus de 170!

 

     Je finis cette première grande côte et essaye de bien dérouler derrière pour garder une bonne vitesse. Après une petite descente, le chemin reprend de la hauteur, lentement mais surement. Nous arrivons vers le 5-6ème km et je commence enfin à reprendre du monde. C'est sympa, on croise les marcheurs qui vont en sens inverse. Une jeune marcheuse nous compte au passage...je suis 26ème selon elle. C'est tout à fait possible et cela me confirme la marge qu'il me reste avant de m'approcher de mon objectif.

 

     De toutes façons, je ne me mets pas de pression supplémentaire. La course est maintenant bien lancée, ce n'est plus le temps de gamberger. Il s'agit de courir et de bien courir. Nous sommes maintenant sur la portion de plat. Allez, Berty, déroule, comme à l'entrainement. Ca passe, je reviens sur quelques gars qui commencent à trouver le temps long. Un point de côté m'empêche cependant d'être vraiment à fond mais je continue de bien avancer.

 

     Je reviens même sur deux gars qui devraient être aux avant-poste mais qui ont dû se trouver en sur-régime...je double et les encourage. Allez, je reviens au village pour basculer de l'autre côté de la route et attaquer la dernière portion...de nouveau un bon raidillon. J'arrive encore à récupérer quelques gus mais ils deviennent de plus en plus coriaces et ne se laissent pas doubler facilement. Tant pis, je suis en mode montagne, les mains sur le bas des cuisses, le regard porté vers le sol et la respi bien contrôlée. Et ça passe.

 

     La dernière descente nous ramène dans le village pour un acceuil très chaleureux. J'en termine en bon état avec la sensation d'avoir fait une bonne course tout de même. Les résultats m'indiquent une très satisfaisante 14ème place sur 140, à 12km/h de moyenne. Je suis content et m'attarde un bon moment au buffet. J'enchaîne sur un petit décrassage en sens inverse de la course, qui me fait tomber sur notre chère M-A qui est foudroyée par les crampes à 500m de l'arrivée. Je la réconforte un peu et nous l'aidons doucement à repartir finir sa course...il y aura des jours meilleurs.

 

     La matinée se finira par une bonne bière généreusement offerte et partagée avec notre team.

     Moralité: en partant moins vite, on avance plus vite que si on partait plus vite mais ça ne me dit toujours pas si je serais arrivé plus vite en partant plus vite.