L'auteur : trankilou
La course : Le Grand Raid des Pyrénées - Grand Trail
Date : 28/8/2010
Lieu : Vielle Aure (Hautes-Pyrénées)
Affichage : 3570 vues
Distance : 80km
Objectif : Pas d'objectif
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Mon grand rendez-vous sportif de mon année 2010 arrive. Je suis un peu dans l'inconnu, c'est mon premier grand trail en milieu montagnard, ma première expérience sur l'Aravis Trail (2 étapes sur 3) en juin étant plus courte mais source de plein d'enseignements pour moi, que je vais essayer de mettre à profit.
Tout est nouveau, pour la première fois :
j'ai essayé de suivre un plan de préparation, merci Bertrand de TRACE DE CIMES, en modifiant l'original en fonction de ma famille, de mes envie et de mon emploi du temps.
je me suis fixé un objectif de 16h30, en utilisant SOFTRUN, un peu dans l'inconnu toutefois.
j'ai décidé d'une « tactique de course », que j'avais testé lors de l'étape 1 de l'Aravis Trail, partir en fond de peloton et le remonter régulièrement.
Le temps des réponses est arrivé.
Vendredi, étant en location à St Lary à 15 mn de Vielle Aure, on se rend en famille à pied pour récupérer le dossard. Un petit tour sur les stands présents et retour pour préparer le sac.
Erreur de bleu, je charge sûrement trop mon sac, je le trouve très lourd, mais bon tout ce que je prends me semble nécessaire, et je suis là pour apprendre, donc un fera le bilan du matériel emporté à la fin.
Samedi matin, pendant que tout le monde dort direction la ligne de départ 15 mn à pied, çà me permet d'arriver tranquillement. Il y a déjà foule, j'arrive 15 mn avant le départ et traîne à la fin du sas de départ.
Le décompte débute, et c'est parti, du coup je suis vraiment au fond du peloton.
Veille Aure – Restaurant MERLANS
Le temps que le flot s'écoule on marche jusqu'à la sortie du village, après on commence à trottiner on traverse Vignec, et on attaque la montée vers Espiaube et le col de Portet, une route au départ qui se transforme en joli chemin avec des passage de barrières. Jusqu'à Espiaube je marche et cours dès que le terrain le permet, j'aime cette période entre nuit et aube.On atteint Espiaube et la montée au col de Portet débute par une piste de ski, là çà grimpe. Déjà quelques uns ont du mal, je les plains.
Je monte régulièrement et voilà le col et le restaurant MERLANS.
Arrivée MERLANS 2h47 473ème
J'ai 6 mn de retard sur mon temps de passage prévu, et tout va bien.
Je bois du coca et repart en grignotant des TUCS, j'ai décidé de ne pas traîner aux différents ravitos.
Restaurant MERLANS – ARTIGUES
Après une courte montée,un terrain un peu plus propice à la course se profile, je déroule tranquillement.
C'est le lac de Bastan qui se profile et on remonte, je me mets en position marche on arrive au refuge de Bastan où des randonneurs nous encourage.
Et voilà les cailloux, pour atteindre le col de Bastanet. Le brouillard se lève et le soleil levant rougie les pointes qui nous entourent, avec une mer de nuage derrière, c'est époustouflant de beauté et de quiétude. Cette partie reste pour moi la plus belle, je serai presque resté, m'asseoir sur un rocher et profiter. Mais bon c'est quand même une course, et j'ai un objectif.
Le col de Bastanet est passé sans encombres, et c'est la descente vers Artigues. Au refuge de Campana des randonneurs espagnols font un bruit terrible, on se croirait presque sur une étape du Tour. Ambiance magique.
Un peu gâché par l'apparition des coupeurs de lacets. J'y peut rien çà m'énerve. Mais bon, j'ai décidé d'être zen. On croise un marcheur, qui nous annonce notre classement, il remonte la foule en comptabilisant. C'est sympa.
Après une belle descente, j'arrive à Artigues. Tout va bien.
ARRIVEE ARTIGUES 6h12 417ème
J'ai 50 mn de retard sur mon plan de passage. A çà devient compliqué pour le tenir.
Mais bon je ne me formalise pas, tant que je continue avec les mêmes sensations. Un petit coup de fil à la petite famille pour voir si tout le monde est réveillé et donner les premières nouvelles.
Je refais le niveau de l'eau, un peu de coca dans la gourde avec de l'eau, 2 verres de coca des Tucs, un caillou retiré dans chaque chaussure, c'est reparti.
ARTIGUES - PIC DU MIDI - COL DE SENCOURS
Je sais que la partie à venir, jusqu'au PIC du MIDI ne me permettra plus de courir, je décide dès le départ de la montée de suivre un rythme régulier sans m'occuper de celui des autres.
Et ce rythme ne doit pas être si mauvais puisque je double pas mal de concurrents.
Le PIC du MIDI apparaît, c'est magnifique. Mais bon maintenant, il faut y arriver.
Une portion dans le brouillard se présente avec des vautours qui tournent BRRRR, çà n'incite pas à flâner.
J'atteins le col de Sencours, avec le retour du soleil, en étant me semble-t-il pas trop entamer.
Un rapide détour par le ravito et je décide d'attaquer la montée vers le PIC de suite et de me ravitailler plus correctement à la redescente. Je continue à mon rythme. Cette partie est sympa, on croise ceux qui redescendent en s'encourageant. On est accompagné par des randonneurs qui chambrent un peu gentiment, comme des allusions sur la différence entre les avantages de certains sportifs en Afrique du Sud et notre récompense si on termine un T SHIRT finisher.
Le PIC est atteins dans de bonnes conditions physiques, si ce n'est le passage sous les rails qui fait un peu tirer sur les cuisses.
ARRIVEE PIC DU MIDI 9h34 369ème
1h10 de retard sur mon plan, je sais que c'est cuit pour les 16h30 et me fixe comme nouvel objectif de finir en moins de 20h. C'est pas la peine de faire n'importe quoi et de me griller pour quelque chose d'impossible pour moi.
Je ne m'éternise pas, un coup d'oeil à la vue, on était monté en famille le jeudi, un appel à cette petite famille pour les informer sur ma progression et de mon nouvel objectif.
Et en avant pour la descente, je cours tout le long, sans ressentir de mal dans les cuisses (super les séances de vélo).
Au détour d'un virage, un coureur est assis, il me semble bien entamé. Je m'arrête, lui pose la question con çà va?, non c'est sûr que çà va pas, mais j'ai rien trouvé à lui dire d'autre.
La réponse était sûre, il me demande si j'ai du coca, je lui tends ma gourde il boit un peu. Je lui demande si il veut que j'informe les secours, il me répond par la négative et me dit que son objectif est d'arriver jusqu'au PIC. Il a l'air d'y tenir, je souhaite très fortement, qu'il y soit arrivé.
Je le laisse en me disant qu'il se trouve sur une partie bien passagère et que les secours sont à proximité.
Retour au col de Sencours, passage par le ravito. Je refais le niveau d'eau, du coca dans la gourde des Tucs et c'est reparti.
COL DE SENCOURS – TOURNABOUP
C'est une portion bien agréable en descente qui permet de courir tout le long. Ce dont je ne me prive pas. On passe derrière le Tourmalet.
ARRIVEE TOURNABOUP 11h16 353ème
J'ai stabilisé mon retard par rapport à mon objectif premier, toujours 1h10.
Je refais les niveaux, je sais que la partie à venir est longue. Coca + Tucs + compote.
Un coup de fil à la famille, ma femme m'apprends qu'ils suivent ma progression à Veille Aure et que je gagne régulièrement des places. C'est vrai que pour l'instant je ne m'étais jamais intéressé au classement, mais cette info me booste. Ils ont l'air de bien s'amuser, les enfants s'éclatent surtout mon fils qui accompagne les arrivées avec une cloche. J'ai pas très bien compris. Mais bon tout le monde est content.
TOURNABOUP – RESTAURANT MERLANS
Plein d'entrain j'attaque la montée vers le col de Barrèges, tout les voyants sont au vert pour l'instant.
La montée commence à se durcir, et les sensations deviennent moins bonnes. Le moment que je redoutais semble poindre. C'est maintenant que la deuxième partie de mon équipée débute, celle que je pressent être la plus dure.
Je passe la cabane d'Aygues cluses sans m'arrêter au ravito en eau proposé par des bénévoles enthousiastes, comme tout le long. J'en profite pour tous les remercier, ils étaient vraiment géniaux à tous les points de ravito et sur tout le parcours.
Je vois le col au dessus, au bout d'une longue pente. Mais non ce n'était pas le col juste un premier mamelon. Il faut continuer. Le moral en prend un coup, et je commence à être dans le dur à puiser dans mes dernières ressources. Je décide de me poser et de faire le point. Je m'assied sur un rocher, surtout ne pas commencer à gamberger, je fais l'inventaire de ma poche où je range mon ravito, j'élimine les gels vides dans mon sac et les remplace par des pleins.Cà m'occupe l'esprit. Je me dis qu'il me reste environ 2h/2h30 jusqu'au Restaurant Merlans, et que de toute façon il faut que j'atteigne ce point, j'ai pas le choix.
Je me relève et me remet en route, je me dis chaque pas te rapproche du but. C'est peu être idiot mais çà m'a aidé.
Le col est enfin atteint dans le brouillard, le froid et les cris lugubres de vautours. Ces conditions sont elles réelles ou est ce le reflet de mon état physique.
Pas le temps de cogiter il faut redescendre. Le terrain ne permet pas de courir au départ, ensuite je trottine de temps en temps mais j'ai plus trop le goût.
Enfin le restaurant apparaît. Il fait nuit, le brouillard est de plus en plus épais et il fait froid.
ARRIVEE RESTAURANT MERLANS 16h12 357ème
J'ai 2h12 de retard sur mon plan initial, mais çà n'a plus d'importance.
Je me donne 20 mn pour repartir. Je rentre dans le resto, m'installe dans un coin et me mets dans ma bulle pour me ressourcer. Je pose mes affaires pour repartir sur la table frontale, veste gant.
Des gars de l'Ultra s'installent en face de moi et commencent à manger. Je suis époustouflé par leur fraîcheur.
Je décide de prendre une soupe, en ne connaissant pas le résultat. Et comme par enchantement la fatigue s'estompe, j'ai faim et surtout j'ai une énorme envie de repartir. Pile 20 mn après mon arrivée me voilà prêt à en finir, à le bouffer ce GRP.
Un coup de fil à la famille pour leur dire que je repars
Au vue des conditions, on doit partir par groupe de 3 mini. On forme un groupe de 4 avec 2 Ultras et 2 Grands.
RESTAURANT MERLANS – VEILLE AURE
En partant un bénévole nous dit de prévoir un temps de 3h environ pour rejoindre l'arrivée.
Je prends la tête du groupe en direction du col de Portet, j'ai de super sensations. Le brouillard est de plus en plus dense et le froid piquant. On reprend 2 coureurs qui se joignent à nous.
Le col est atteint, la descente vers Soulan débute, les conditions font qu'on progresse doucement pour éviter de perdre le balisage.
Mais à un moment on commence à monter et plus de balises, mauvaise pioche on a du louper une bifurcation. Et le jardinage commence, un groupe nous rejoint, les frontales s'agitent dans tous les sens pour retrouver les balises.
Soudain un cri, le chemin est retrouvé et nous nous retrouvons un groupe assez nombreux.
Plus on descend, plus le brouillard s'estompe. Enfin la vallée apparaît, des bénévoles nous indiquent une descente vers Soulan à travers un champs. A partir de là chacun part à son rythme.
Et je cours avec des superbes sensations. Soulan est traversé et c'est la plongée vers Vignec, je reconnais la route du matin, les mêmes personnes devant la même maison qui encouragent toujours MERCI.
Vignec est là, vite le portable j'appelle, la petite famille est toujours là à m'attendre, minuit passé c'est pas beau çà. MERCI à eux.
Veille Aure se profile, je rentre dans le village, les applaudissements, le monde, mes enfants je les prends par la main, je passe la ligne d'arrivée. Comme dans un rêve, non c'est la réalité tu l'as fait.
ARRIVEE VEILLE AURE 19h33 355ème
Je remercie très chaleureusement l'organisation, les bénévoles immenses dans leur gentillesse, leur dévouement,leur présence.
Je remercie ma petite famille de m'avoir supporter dans tous les sens durant cette aventure et sa préparation.
Rapide débriefing
Pour le négatif, c'est confirmé j'avais emporté trop de chose, surtout en ravitaillement, j'ai pas mangé 20% de ce que j'avais pris.. Je me suis rendu compte que je consommais quasiment que lors des ravitos, c'est pas la peine de trop me charger.
Le ravitaillement a été mon gros soucis, j'aurai du manger à Tournaboup afin d'éviter le gros passage à vide dans le col de Barrèges.
L'objectif initial n'est pas atteint, mais je pense qu'il était trop élevé pour moi, sur cette course je dois être à 18h/18h30, en tenant compte du temps perdu entre Merlans et Veille Aure du fait des conditions climatiques.
Pour le positif, la préparation a porté ses fruits car j'ai fini assez frais et en courant sans de grosses douleurs.
Ma « tactique »n'est pas mauvaise pour moi, le fait de remonter constamment des coureurs m'a bien aidé mentalement.
J'ai réussi à surmonter un grand coup de pompe, en repartant plus fringuant, c'est ma plus grande victoire, ceci me permettra de m'en servir sur les courses à venir.
4 commentaires
Commentaire de ouster posté le 19-10-2010 à 15:13:00
Bravo pour ta course qui avait l'air bien géré et qui t'a donné pleins d'infos pour tes prochaines aventures !
Si le coureur mal en point que tu as croisé mal en point en besoin de coca au Pic du Midi était vêtu en rouge alors c'était l'Dingo :)
Bonne continuation !
Andrew
Commentaire de raspoutine 05 posté le 19-10-2010 à 15:23:00
Tu n'as pas atteint ton objectif ???
Mais être finisher sur une pareille course, c'est tout simplement un super résultat !
Bravo pour ta course !
Commentaire de la panthère posté le 19-10-2010 à 19:44:00
et puis le chrono ne veut pas dire grand chose sur une course comme celle là, on serait même tenté de traîner rien que pour profiter plus longtemps du paysage somptueux....non?
Alors...bravo et encore bravo!
Commentaire de TomTrailRunner posté le 20-10-2010 à 10:54:00
Les Aravis ont été, pour toi comme pour moi, une bonne préparation :)
Belle réussite sur une non moins belle course. Bravo
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